LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
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de l'indicatif, où il ne s'emploie qu'impersonnellement,
et où il fait appert,
au lieu qu'Apparoître fait apparoît. S'il
pous appert que cela soit. Comme il appert
par un tel acte.
APPAROÎTRE
APPAROÎTRE. v. n. Il se conjugue
comme Paroître: il y a cette seule différence,
qu'Apparoître emploie les deux
auxiliaires Être et Avoir avec le participe;
au lieu que Paroître n'emploie
que l'auxiliaire Avoir. Devenir visible,
d'invisible se rendre visible. Quand
Dieu apparut à Moïse dans le buisson ardent.
L'Ange qui apparut en songe à Joseph.
Les spectres qu'on dit qui apparoissent.
Ce spectre lui a apparu, lui estapparu.
Il se met aussi impersonnellement.
Il lui apparut un spectre.
Apparoître
Apparoître, se dit aussi en termes
de Pratique. Ainsi on dit à l'impersonnel,
S'il vous apparoît que cela soit. En
cas qu'il vous apparoisse que cela soit,
pour dire, Si après avoir fait les perquisitions
nécessaires, vous trouvez
que cela soit ainsi.
On dit aussi, en parlant De Négoeiation,
Faire apparoître de son pouvoir,
pour dire, Donner communication de
ses pouvoirs dans les formes, les notifier.
Les Ambassadeurs ayant sait apparoître
de leur pouvoir.
Apparu, ue
Apparu, ue. participe.
APPARTEMENT
APPARTEMENT. s. m. Logement
composé de plusieurs pièces de suite
dans une maison. Bel appartement.
Grand appartement. L'appartement de
Monsieur, l'appartement de Madame,
l'appartement des Enfans. Appartement
d'hiver, appartement d'été, etc. On lui
a donné un appartement sur le devant, sur
le derrière. Appartement haut, appartement
bas. L'appartement d'en--haut, d'enbas.
Sa maison est grande, il y a quatre
appartemens complets, quatre appartemens
de Maltre.
Appartement
Appartement, se prend aussi quelquefois
pour Étage. Il est logé au premier,
au second appartement.
On appelle aussi Appartement, Un
divertissement accompagné de musique
et de jeu, que le Roi donne quelquefois
à toute la Cour, dans ses appartemens.
Il y aura demain appartement
à Versailles.
APPARTENANCE
APPARTENANCE. s. fém. Dépendance,
ce qui appartient à une chose,
ce qui dépend d'une chose. Vendre une
maison avec toutes ses appartenances et dépendances.
Cette métairie est une des appartenances
de ma Terre. Ce village est une
appartenance d'une telle Châtellenie.
APPARTENANT, ANTE
APPARTENANT, ANTE. adject.
Qui appartient de droit. Les biens appartenans
à un tel. Une maison à luiappartenante.
Il n'est presque d'usage
qu'en ces sortes de phrases.
APPARTENIR
APPARTENIR. v. n. Il se conjugue
comme Tenir. Être de droit à quelqu'un, soit que celui à qui est la chose
la possède, ou qu'il ne la possède pas.
Les biens qui appartiennent à des particuliers.
Il retient injustement un bien qui
m'appartient. La part et portion qui lui
appartient dans cette succession. Il m'en
appartient une moitié. Les honneurs qui
vous appartiennent. Ces droits appartiennent
à ma Charge. La connoissance de
cette affaire appartient à un tel Juge.
Il signifie aussi, Avoir une relation
nécessaire, ou de convenance. Cette
question appartient à la Philosophie. Cela
appartient à la matière que je traite. Cela
appartient à la Grammaire. Cela n'appartient
pas à mon sujet.
Il signifie encore, Être parent. Il
appartenoit à d'honnêtes gens. Il appartient
aux plus grands Seigneurs du Royaume.
L'honneur que j'ai de vous appartenir.
Il y a toujours quelque sorte de supériorité
du côté de ceux à qui l'on dit que l'onappartient.
Il signifie aussi, Être attaché à quelqu'un, être domestique de quelqu'un.
Je ne savois pas que ce laquais vousappartînt.
On dit impersonnellement, Il appartient,
pour dire, Il convient, il est de
droit, de devoir, ou de bienséance. Il
appartient aux Supérieurs d'avoir soin de
ceux qui sont sous leur charge. Il appartient
aux pères de châtier leurs enfans.
il appartient à l'Évêque d'instruire ses
ouailles. Il ne vous appartient pas de le
reprendre. Il n'appartient qu'aux Princes
et aux grands Seigneurs de faire une si
grosse dépense.
On dit en termes de Formule, Ainsi
qu'il appartiendra, pour dire, Selon
qu'il sera convenable. Pour être statué
ce qu'il appartiendra. Et on dit encore
en termes de formule, dans les Actes
publics, À tous ceux qu'il appartiendra.
APPAS
APPAS. s. m. pl. Ce terme ne se dit
guère que pour exprimer Les charmes
de la volupté, ou ceux de la beauté.
Les appas de la volupté. Soupirer pour les
appas d'une belle semme.
On dit aussi figurément, Les appas
de la gloire, de la vertu, etc. Le jeu a
de grands appas pour les jeunes gens,
c'est--à--dire, A de grands charmes, de
grands attraits.
APPÂT
APPÂT. s. m. Pâture, mangeaille
qu'on met, soit à des piéges, pour attirer
des bêtes à quatre pieds, et des
oiseaux; soit à des hameçonst, pour pêcher
des poissons. Appât friand. Appât
trompeur. Le sel, la pâte salée, le salpêtre
sont un excellent appât pour attirer
les pigeons. Les vers, les moucherons,
sont de bons appâts pour prendre des
poissons. Mettre l'appât à la ligne. Le
poisson a avalé l'appât, a mordu à
l'appât.
Il se prend figurément pour Tout ce
qui attire, qui engage à faire quelque
chose. L'intérêt est un grand appât pour
un avare. Ce bon accueil, ces paroles obligeantes
ne sont autre chose qu'un appât,
pour l'engager à faire ce que l'on souhaite
de lui.
APPÂTER
APPÂTER. v. a. Attirer avec un
appât. Il faut appâter les oiseaux, appâter
les poissons.
Appâter
Appâter, signifie aussi, Mettre le
manger dans le bec des petits oiseaux,
ou donner à manger à quelqu'un qui ne
peut pas se servir de ses mains, Il
faut l'appâter comme un enfant.
Appâté, ée
Appâté, ée. participe.
APPAUMÉ
APPAUMÉ. adj. Terme de Blason.
Il se dit d'Un écu chargé d'une main
étendue, et qui montre la paume.
APPAUVRIR
APPAUVRIR. v. a. Rendre pauvre.
Le grand nombre d'enfans l'a fort appauvri.
L'interruption du commerce appauvrit
un pays. Et on dit proverbialem. Donner
pour Dieu n'appauvrit homme.
On dit figurément, Appauvrir une
Langue, pour dire, En retrancher des
mots et des façons de parler, et la
rendre par--là moins abondante; moins
expressive. Il faut prendre garde d'appauvrir
la Langue à force de la vouloir
polir.
S'appauvrir
S'appauvrir. Devenir pauvre. Ce
pays là s'appauvrit tous les jours. Il s'est
appauvri en peu de temps par ses dépenses
excessives. Un État s'enrichit par la paix,
et s'appauvrit par la guerre. Les Langues
vivantes s'enrichissent, et s'appauvrissent
selon la différence des temps et des esprits.
Appauvri, ie
Appauvri, ie. participe.
On dit, Un sang appauvri, pour dire,
Un sang qui a perdu de sa qualité.
APPAUVRISSEMENT
APPAUVRISSEMENT. s. m. L'état
de pauvreté, d'indigence où l'on
tombe peu à peu, par la diminution
des choses nécessaires à la vie. De là
vient l'appauvrissement de la Province.
L'appauvrissement des peuples.
Il se dit figurément De l'état d'une
Langue devenue moins abondante,
moins expressive. Ce qui fait l'appauvrissement
d'une Langue, c'est que l'usage
en supprime des termes et desphrases.
On dit aussi, L'appauvrissement du
sang.
APPEAU
APPEAU. s. masc. Sorte de sifflet
avec lequel on contrefait la voix des
oiseaux pour les faire tomber dans les
filets. Un appeau pour prendre des cailles.
On appelle aussi Appeaux, Les oiseaux
dont on se sert pour appeler les
autres oiseaux.
APPEL
APPEL. s. m. Recours au Juge supérieur.
Action d'appeler d'un Juge
subalterne à un Juge supérieur. Acte
d'appel. Relief d'appel. Causes et moyens
d'appel. Appel comme d'abus. Appel simple: Fol appel. Par appel. Juge d'appel.
Interjeter appel. Relever son appel. Juger
sans appel. Il y a appel.
Appel
Appel, se dit aussi De l'appellation
à haute voix des personnes qui se
doivent trouver à une revue, à une assemblée.
Ce Garde--du--Corps ne se trouva
pas à l'appel. Cet ouvrier n'étoit pas à
l'appel, il a été rayé. Pour être payé des
rentes sur l'Hôtel--de--Ville, il faut être
à l'appel. Se trouver à l'appel. Il a manqué
à l'appel. L'appel ne se fera que dans
une heure.
Appel
Appel, se dit aussi d'Un signal qui
se fait avec le tambour ou la trompette,
pour assembler les soldats. Battre
l'appel.
Appel
Appel, signifie aussi Le défi qu'on
fait à quelqu'un de se battre en duel.
Faire un appel. Recevoir un appel. Les
appels sont défendus comme les duels.
Il se dit figurément De toute provocation,
même littéraire. On l'a défié de
prouver ce qu'il avançoit, il n'a pas répondu
à l'appel.
APPELANT, ANTE
APPELANT, ANTE. adj. Qui appelle
d'un jugement. Il est appelant
de cette Sentence. Elle est appelante. Se
rendre appelant. Être reçu appelant.
Il est quelquefois substantif. L'Appelant et l'Intimé. En parlant d'Un homme
qui est triste d'avoir perdu son
procès, et qui en a appelé, on dit,
qu'Il a un visage d'Appelant.
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