Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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An bissextil. Voyez Année bissextile.

L'an du monde; l'an de grâce, l'an du salut, l'an de Notre-Seigneur, l'an de l'Incarnation. Formules dont on se sert, suivant qu'on suppute les temps par rapport à la création du monde, ou à la naissance de JÉSUS-CHRIST.

An premier, an deux, an trois, etc., se disait particulièrement pour indiquer Les années de l'ère républicaine des Français, commencée le 22 septembre 1792. La constitution de l'an III, de l'an VIII. Le 16 floréal an IV ou de l'an IV.

Le jour de l'an, Le premier jour de l'an.

Bon jour et bon an. Façon de parler proverbiale et populaire, employée pour saluer les personnes la première fois qu'on les voit, dans les premiers jours de chaque année.

Bon an, mal an, Compensation faite des mauvaises années avec les bonnes. Bon an, mal an, ce pré lui rapporte tant de foin. Bon an, mal an, sa terre lui vaut dix mille francs de rente.

Par an, Chaque année. Sa terre lui rapporte tant par an.

En termes de Jurispr., An et jour, L'année révolue, et un jour par delà. Prescription de l'an et jour. Voyez ANNÉE.

ANA. s. m. Terminaison ajoutée au nom d'un auteur pour indiquer Un recueil de ses pensées détachées, de ses observations, de ses bons mots, ou des pensées, des anecdotes qu'il a recueillies. Le Ménagiana. Le Carpentériana. Le Furetériana.

Il s'emploie souvent isolé, pour désigner Un recueil de ce genre. C'est un ana. Défiez-vous des faiseurs d'ana. Cela traîne dans tous les ana.

ANA est aussi un mot employé dans les ordonnances des médecins, pour signifier que les drogues qu'on mêle ensemble sont en égale quantité.

ANABAPTISTE. s. et adj. des deux genres Nom d'une secte de chrétiens qui soutiennent qu'on ne doit pas baptiser les enfants avant l'âge de raison, ou qu'à cet âge il faut les rebaptiser.

ANACARDE. s. m. Fruit en forme de coeur, dont l'amande est bonne à manger.

ANACARDIER. s. m. T. de Botan. Arbre des Indes orientales, qui produit les anacardes.

ANACHORÈTE. s. m. (On prononce Anakorète.) Ermite, religieux qui vit seul dans un désert. Il se dit par opposition Aux religieux qui vivent en commun, et qu'on appelle autrement Cénobites. Les anachorètes de la Thébaïde. Une vie d'anachorète. Un saint anachorète.

ANACHRONISME. s. m. (CH se prononce comme K.) Faute contre la chronologie. Il se dit principalement de La faute qui consiste à placer un fait, un événement avant sa date. Virgile s'est permis un anachronisme en supposant Énée contemporain de Didon. L'erreur contraire s'appelle Parachronisme: ce dernier mot est de peu d'usage, et l'on donne au premier la plus grande généralité.

Il se dit, par extension, de Toute erreur qui consiste à attribuer des usages, des idées, etc., aux hommes d'une époque où ces idées, ces usages n'étaient pas encore connus. Les peintres italiens ont fait beaucoup d'anachronismes dans le costume. C'est un véritable anachronisme que de prêter des discours chevaleresques à un Athénien, à un Romain.

ANACOLUTHE. s. f. T. de Grammaire. Sorte d'ellipse, par laquelle on omet, dans une phrase, le mot, le terme qui est le corrélatif ordinaire de l'un des mots, des termes exprimés. Il ne s'emploie guère qu'en parlant De phrases grecques ou latines. En latin, la suppression de tot devant quot est une anacoluthe.

ANACRÉONTIQUE. adj. des deux genres Qui est dans le genre, dans le goût des odes d'Anacréon. Vers anacréontiques. Ode anacréontique. Poésies anacréontiques. Pièce anacréontique. Genre anacréontique.

ANAGALLIS. s. m. Voyez MOURON.

ANAGNOSTE. s. m. T. d'Antiq., emprunté du grec. Nom que les Romains donnaient à celui de leurs esclaves qui faisait la lecture pendant les repas.

ANAGOGIQUE. adj. des deux genres T. de Théol. Il ne se dit guère que dans cette locution, Interprétation anagogique, Interprétation qu'on tire d'un sens naturel et littéral, pour s'élever à un sens spirituel et mystique.

ANAGRAMMATISER. v. n. S'occuper de l'anagramme des mots. Il est peu usité.

ANAGRAMMATISTE. s. m. Celui qui fait des anagrammes. Il est peu usité.

ANAGRAMME. s. f. Transposition et nouvel arrangement des lettres qui composent un mot, un nom, disposées de telle sorte, qu'elles forment un ou plusieurs autres mots ayant un autre sens. Faire une anagramme. Les mots écran, nacre, rance, et crâne, sont des anagrammes les uns des autres.

ANAGYRIS. s. m. (On prononce l'S.) T. de Botan. Arbrisseau de la famille des légumineuses, dont les feuilles purgent violemment, et dont l'écorce et le bois sont très-fétides L'anagyris croît dans les pays chauds. On le nomme aussi Bois puant.

ANALECTES. s. m. pl. T. de Philologie. Fragments choisis d'un auteur ou de plusieurs. Les Analectes de Brunck.

ANALÈME. s. m. T. de Géogr. astronomique. Projection orthographique de tous les cercles de la sphère sur les colures des solstices.

ANALEPTIQUE. adj. des deux genres T. de Médec. Il se dit Des remèdes ou des aliments propres à rendre les forces aux convalescents. Chocolat analeptique.

Il s'emploie aussi comme substantif masculin. Le salep, les gelées, etc., sont des analeptiques. Un bon analeptique.

ANALOGIE. s. f. Il se dit d'Une sorte de rapport, de ressemblance, de similitude qui existe à certains égards entre deux ou plusieurs choses différentes. Il y a de l'analogie entre l'homme et l'animal, parce que tous deux ont le mouvement et la vie. Il y a beaucoup plus d'analogie entre l'homme et le singe, qu'entre l'homme et le cheval. La partie basse d'une montagne s'appelle le pied de la montagne, par analogie avec le pied de l'homme. Analogie frappante, remarquable, évidente. Faible analogie. Indiquer les analogies et les différences.

Il s'emploie dans le même sens en parlant De choses intellectuelles ou morales. Cette langue a beaucoup d'analogie avec telle autre. L'analogie qui unit entre elles les diverses acceptions d'un mot. Il y a de l'analogie entre le substantif abîme et l'adjectif profond, parce que l'idée d'abîme comprend celle de profondeur, etc. Il y a entre ces deux récits des analogies de temps et de circonstances, qui font soupçonner que c'est le même fait diversement raconté. Ces deux hommes se sont liés par l'analogie de leur caractère et de leurs goûts.

Raisonner par analogie, Former un raisonnement fondé sur les ressemblances ou les rapports d'une chose avec une autre. On dit de même: Conclure, juger par analogie. Être guidé par l'analogie. L'analogie est souvent trompeuse. Le fil de l'analogie. Etc.

ANALOGIE se dit particulièrement, en Grammaire, Du rapport qu'ont entre elles les consonnes qui se prononcent avec la même partie de l'organe vocal. Il y a de l'analogie entre le B et le P, consonnes labiales, le D et le T, consonnes dentales, etc.

Il se dit aussi pour marquer Le rapport que divers mots d'une langue ont ou doivent avoir ensemble pour leur formation. Le mot passionné est formé de passion, par la même analogie qu'affectionné est forme d'affection. Les mots nouveaux ne peuvent guère s'introduire qu'à l'aide de l'analogie. Consulter l'analogie. Les lois de l'analogie. Violer l'analogie.

ANALOGIE s'est dit également, en Mathématique, pour Rapport, proportion. Il y a la même analogie entre deux et trois qu'entre six et neuf.

ANALOGIQUE. adj. des deux genres Qui a de l'analogie. Termes analogiques.

ANALOGIQUEMENT. adv. D'une manière analogique. Le mot de pied se dit analogiquement du bas d'une montagne.

ANALOGUE. adj. des deux genres Qui a de l'analogie avec une autre chose. Comparer les êtres, les faits analogues. Ces deux idiomes sont analogues. Des formes analogues. C'est un cas tout à fait analogue à tel autre. Le pied de l'homme et le pied d'une montagne sont des termes analogues. Cette acception est analogue à telle autre. Le B et le P, le D et le T, etc., sont des lettres, des consonnes analogues.

Il s'emploie substantivement, au masculin. Plusieurs terrains de notre continent renferment des animaux fossiles et des végétaux pétrifiés auxquels on ne connaît point d'analogues vivants, ou dont les analogues n'existent que dans d'autres parties du globe. Les analogues. Ce sont deux analogues. Ce terme n'a point d'analogue en français. Cette locution et ses analogues ne s'emploient que dans tel style.

ANALYSE. s. f. T. didactique. Résolution d'un tout en ses parties. Faire l'analyse d'une fleur. L'analyse d'un mot composé. On le dit plus particulièrement, en Chimie, de L'opération qui consiste à décomposer les corps et à séparer leurs éléments. Analyse chimique. L'analyse de l'eau, du sang, du lait. L'analyse d'une plante.

Il se dit aussi Des choses morales. L'analyse de nos facultés. L'analyse du coeur humain, des sentiments, des passions.

Il se dit, en Logique, de La méthode de

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