Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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abjura dans l'église de Notre-Dame. Après qu'il eut abjuré entre les mains de tel évêque.

Il s'emploie aussi figurément, et signifie simplement alors, Renoncer à. Abjurer une opinion, un sentiment. J'abjure mes soupçons, mes craintes injurieuses. Elle avait abjuré toute pudeur, tout principe d'honneur et de vertu. Abjurer Aristote, Descartes, Abjurer la doctrine d'Aristote, de Descartes.

ABJURÉ, ÉE. participe

ABLATIF. s. m. T. de Gram. Le sixième cas des déclinaisons latines. Ablatif singulier. Ablatif pluriel. Cette préposition régit l'ablatif. L'ablatif absolu rend la langue latine très-propre au style des inscriptions.

ABLATION. s. f. T. de Chirur. Action de retrancher une partie quelconque du corps. L'ablation d'un membre, d'une tumeur, etc.

ABLATIVO Terme adverbial et populaire, qui ne s'emploie que dans cette phrase, Ablativo tout en un tas, Tout ensemble, avec confusion et désordre. Il a mis cela ablativo tout en un tas.

ABLE. s. m., ou ABLETTE. s. f. Petit poisson dont les écailles servent à faire l'essence d'Orient, employée à la fabrication des fausses perles.

ABLÉGAT. s. m. Vicaire d'un légat.

ABLERET. s. m. T. de Pêche. Espèce de filet carré attaché au bout d'une perche, avec lequel on pêche des ables et d'autres petits poissons.

ABLUER. v. a. Laver. Il est vieux en ce sens. Il signifie ordinairement, Passer légèrement une liqueur préparée avec de la noix de galle sur du parchemin ou du papier, pour faire revivre l'écriture.

ABLUÉ, ÉE. participe

ABLUTION. s. f. Action d'abluer, de laver. Ce mot est particulièrement consacré aux cérémonies de la messe, et il désigne, Le vin que le prêtre prend après la communion, ainsi que le vin et l'eau qu'on verse sur ses doigts et dans le calice après qu'il a communié. Avant l'ablution. Après l'ablution. Quand le prêtre prend l'ablution.

Il se dit aussi d'Une pratique commandée par quelques religions, et qui consiste à se laver diverses parties du corps, à des heures déterminées. Les musulmans font plusieurs ablutions par jour. Les Indous font leurs ablutions dans le Gange.

ABNÉGATION. s. f. Terme de dévotion qui n'est usité que dans cette phrase, L'abnégation de soi-même, Le renoncement à soi-même, et le détachement de tout ce qui n'a point rapport à Dieu.

Il s'emploie quelquefois dans le langage ordinaire, et signifie, Renoncement, sacrifice. Je fais abnégation de mon intérêt propre, de ma volonté. Je fais ici abnégation de tout sentiment personnel.

ABOI. s. m. Bruit que fait le chien en aboyant. L'aboi de ce chien est fort importun. En ce sens, il est moins usité qu'Aboiement.

ABOIS au pluriel, se dit proprement de L'extrémité où le cerf est réduit quand il est sur ses fins. Le cerf est aux abois, tient les abois.

Fig., Être aux abois, se dit D'une personne qui est près de sa fin, près de mourir, ou D'une personne qui a épuisé toutes ses ressources, qui est réduite à la dernière extrémité. Il n'a plus le sou, il est aux abois. On dit aussi, Cette place, cette citadelle est aux abois, Elle ne peut plus se défendre. On dit encore, Sa vertu est aux abois, Elle est bien près de succomber.

ABOIEMENT ou ABOÎMENT. s. m. Aboi, cri du chien. L'aboiement d'un chien. De longs aboiements.

ABOLIR. v. a. Annuler, mettre hors d'usage, mettre à néant. Les nouvelles coutumes ont aboli les anciennes. Cette loi fut abolie par le fait, sans être formellement révoquée. Louis XIV fit des édits pour abolir les duels. Le culte des faux dieux fut aboli. Plus d'une fois les Romains firent des lois pour abolir les dettes.

En termes d'ancien Droit criminel, Abolir un crime, En arrêter ou en interdire la poursuite judiciaire par un acte d'autorité souveraine.

ABOLIR s'emploie avec le pronom personnel, et signifie, Cesser d'être en usage. Cette loi trop sévère, cette coutume bizarre s'est abolie d'elle-même. C'était une ancienne pratique, qui s'est abolie.

Tout crime s'abolit au bout d'un certain nombre d'années, Il est couvert par la prescription, et ne peut plus être poursuivi.

ABOLI, IE. participe Loi abolie. Usage aboli. Crime aboli.

ABOLISSEMENT. s. m. Action d'abolir. L'abolissement des anciens usages.

ABOLITION. s. f. Anéantissement, extinction opérée par un acte de la volonté législative, ou par la longue désuétude. Il se dit principalement en parlant Des lois, des coutumes, et des institutions. L'abolition des cérémonies de l'ancienne loi. Abolition d'une loi. Abolition d'un culte superstitieux. L'entière abolition de l'ordre des templiers. L'abolition des cours prévôtales.

ABOLITION signifie aussi, Le pardon que le prince accordait d'autorité absolue, pour un crime qui, par les ordonnances, n'était pas rémissible. Lettres d'abolition. Abolition générale. Prendre, obtenir une abolition. Il a eu son abolition. Le parlement a entériné son abolition. On appelait Porteur d'abolition, Celui qui avait obtenu une abolition.

ABOMINABLE. adj. des deux genres Exécrable, détestable, qui est en horreur, qui mérite d'être en horreur. Crime abominable. Un homme abominable. Action abominable. C'est une abominable calomnie. De pareils écrits sont abominables.

Il se dit, par exagération, De tout ce qui est très-mauvais en son genre. Cette comédie, cette musique est abominable. Cela a un goût abominable. Une odeur abominable. Il fait un temps abominable.

ABOMINABLEMENT. adv. D'une manière abominable. Il se conduit abominablement.

Il se dit aussi par exagération. Il chante, il écrit abominablement, abominablement mal.

ABOMINATION. s. f. Détestation, exécration. Avoir en abomination. Il est en abomination à tous les gens de bien.

Il se dit aussi De ce qui est l'objet de l'abomination. Ce méchant homme est l'abomination de tout le monde.

Il signifie encore, Action abominable; et, dans ce sens, il peut s'employer au pluriel. C'est une abomination. Ce crime est une des plus grandes abominations qu'on puisse imaginer. Commettre des abominations. Les abominations des gentils, Le culte idolâtre des gentils.

L'abomination de la désolation. Phrase tirée de l'Écriture sainte, et dont on se sert pour exprimer Les plus grands excès de l'impiété, la plus grande profanation.

ABONDAMMENT. adv. En abondance. Cette source fournit de l'eau abondamment. Ses larmes coulaient abondamment. Il ne doit plus souhaiter de biens, il en a abondamment.

Il signifie quelquefois, Amplement. Cela est abondamment expliqué, abondamment démontré dans plusieurs livres. Ses voeux sont abondamment satisfaits. Il y a dans ce sujet de quoi remplir abondamment un poëme entier.

ABONDANCE. s. f. Grande quantité. Abondance de tout. Abondance de biens. Ses larmes coulaient en abondance, en grande abondance, avec abondance. Avoir abondance de toutes choses. Une grande abondance de pensées, de paroles, de citations.

Il s'emploie absolument en parlant Des biens de la terre et des choses nécessaires à la vie. Ce fleuve répand l'abondance dans les contrées qu'il parcourt. Pays d'abondance. Année d'abondance. Il vit dans l'abondance. L'abondance a remplacé la disette.

Parler d'abondance de coeur, Parler avec épanchement, avec une pleine confiance. Parler d'abondance, Parler sans préparation, ou Parler sans réciter de mémoire; et, Parler avec abondance, Parler avec facilité, sans sécheresse, sans chercher ses paroles.

Corne d'abondance, Corne remplie de fruits et de fleurs, qui est le symbole de l'abondance. Selon quelques mythologues, la corne d'abondance est la corne de la chèvre Amalthée, qui avait nourri Jupiter.

ABONDANCE dans les colléges et les pensions, se dit d'Un mélange de peu de vin et de beaucoup d'eau, servant de boisson aux écoliers.

ABONDANT, ANTE. adj. Qui abonde. Pays abondant en toutes sortes de biens. Maison abondante en richesses. Il est abondant en paroles, en comparaisons.

Il s'emploie aussi absolument, et signifie, Copieux, ample, riche. Une récolte abondante. Une nourriture abondante. Une pluie abondante. Une langue abondante. Une matière abondante.

D'ABONDANT. loc. adv. De plus, outre cela. Je vous ai dit telle et telle raison, j'ajouterai d'abondant. Il a vieilli.

ABONDER. v. n. Avoir en grande quantité. Abonder en richesses. Abonder en toutes choses. Cette maison abonde en biens. Cette province abonde en blés, en vins, en soldats, en gens d'esprit.

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