Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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Page A326a

répondre brusquement; charger brusquement les énemis; promptement et vivement.
   BRUSQUE peut suivre ou précéder; caractère brusque.
   Dans vos brusques chagrins, je ne puis vous comprendre.       Mol.
L'oreille et le goût doivent guider l'Orateur, ou le Poëte dans le choix de ces deux manières; brusque caractère ne serait pas si bien, et chagrin brusque ne vaudrait rien du tout.

BRUSQUER


BRUSQUER, v. act. BRUSQUERIE, s. f. [2e é fer. au 1er, e muet au 2d: 3e lon. au 2d.] En parlant des personnes: brusquer, c'est les ofenser par des paroles rudes et inciviles: en parlant d'une place de guerre, l'emporter d'emblée. — Brusquerie n'a que le 1er sens: insulte, action de brusquer: faire une brusquerie à... "Il est insuportable avec ses brusqueries continuelles.
   Rem. L'usage de brusquer n'est pas ancien: on n'a comencé à s'en servir que du temps du P. Bouhours, à la fin du siècle passé.
   On dit; dans le 2d sens, brusquer une afaire, la terminer promptement, ce qui est le fruit de l'habileté; ou, la faire avec précipitation, ce qui est un défaut.

BRUT


BRUT, BRUTE, adj. [Dans le masculin, on prononce le t final: 2e e muet au 2d.] Qui n'est pas poli, qui est âpre et raboteux. Diamant, marbre brut, pierre brute.
   Rem. Plusieurs Auteurs ont écrit brute au masc. comme au fém. "Ces morceaux (de corail blanc) ont de petits rameaux brutes et parsemés de petits trous. Miss. du Lev.La Bruyère, parlant de l'âme du sot après la mort, dit: Je dirois presque qu'elle rougit de son propre corps et des organes brutes et imparfaits, auxquels elle s'est vûe atachée depuis si long-temps. — Et Massillon: "Le peuple, livré en naissant à~ un naturel brute et inculte, etc. et M. l'Ab. Grosier: "Ce talent râre de polir le diamant brute que le génie tire de la mine, etc. — L'Acad. met brut; et c'est l'usage le plus commun.
   BRUT se dit figurément des ouvrages d'esprit qui ne sont qu'ébauchés: "L'ouvrage est encôre tout brut; l'Auteur n'y a pas encôre mis la dernière main. — La Touche semble préférer brut au propre, et brute au figuré. Voy. Brute, à la fin.
   Bossuet l'emploie dans le sens de bestial: "Les animaux, qui devoient vivre d'une vie brute et bestiale. Ce mot n'est pas usité en ce

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