Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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ABATTRE. v. a. (Il se conjugue comme Battre.) Mettre à bas, renverser à terre, faire tomber. Abattre des maisons, des murailles. Abattre des arbres. Abattre par le pied. Les grands vents abattirent bien des chênes dans la forêt. Il a fait abattre, il a abattu son bois de haute futaie. Il le prit rudement au collet, et l'abattit sous lui. Il lui abattit la tête de dessus les épaules. Il lui abattit le bras d'un coup de sabre. Ce cheval est fougueux, on est contraint de l'abattre pour le ferrer. Ces moissonneurs abattent tant d'arpents de blé en un jour. Abattre des quilles. La pluie abat la poussière.

En termes de Marine, Abattre un navire, l'abattre en carène, Le mettre sur le côté, pour travailler à la carène, ou à quelque autre partie qui est ordinairement submergée.

Au Jeu de trictrac, Abattre du bois, Jouer beaucoup de dames de la pile, afin de caser plus aisément. Il se dit aussi au Jeu de quilles, et signifie, Abattre bien des quilles.

Fig. et fam., Abattre bien du bois, Expédier beaucoup d'affaires en peu de temps. On dit de même, Abattre de la besogne.

Aux Jeux de cartes, Abattre son jeu, Le mettre sur la table pour le montrer. On dit quelquefois absolument, Abattre.

Prov., Petite pluie abat grand vent, Ordinairement, quand il vient à pleuvoir, le vent s'apaise. Cette phrase signifie figurément, Peu de chose suffit quelquefois pour calmer une grande querelle.

ABATTRE signifie quelquefois, Assommer, tuer. Ce boucher abat bien des boeufs. Ce chasseur abat bien du gibier.

ABATTRE signifie figurément, Affaiblir, diminuer, abaisser, faire perdre les forces, le courage. Une fièvre continue abat bien un homme. Cette maladie a bien abattu ses forces. Cette perte lui abattit le courage, abattit son courage, sa fierté. La moindre affliction l'abat. Rien n'abat comme une souffrance continuelle. Ne vous laissez pas abattre par la douleur.

ABATTRE s'emploie avec le pronom personnel. La violence du choc fut telle que l'arbre, que le mât s'abattit. Ces deux maisons, ces deux puissances sont ennemies, elles font leurs efforts pour s'abattre l'une l'autre.

Il se dit particulièrement D'un cheval à qui les pieds manquent, et qui tombe tout d'un coup. En galopant, son cheval s'est abattu sous lui. Le terrain est glissant, si vous poussez votre cheval, il s'abattra.

Il se dit aussi D'un oiseau qui fond, qui descend avec rapidité sur quelque chose. L'épervier s'abattit sur sa proie. Une volée de pigeons s'abattit sur mon champ. On dit dans le même sens, Un orage terrible va s'abattre sur nous.

Le vent s'abat, s'est abattu, est abattu, Il s'apaise, il s'est apaisé, il est apaisé.

ABATTU, UE. participe Aller, courir à bride abattue. Voyez BRIDE.

Fig., Un visage abattu, Un visage où se peint l'abattement.

ABATTURES. s. f. pl. T. de Chasse. Foulures qu'un cerf laisse dans les broussailles où il a passé.

ABAT-VENT. s. m. Assemblage de petits auvents inclinés et parallèles, qui garantit du vent, de la neige et de la pluie les ouvertures d'une maison, d'un clocher, etc., sans empêcher la circulation de l'air: les abat-vent des beffrois et des clochers servent en outre à rabattre le son des cloches, à le diriger en bas. Un abat-vent couvert de plomb, d'ardoise. Les abat-vent d'un beffroi, d'un clocher. Les fenêtres de ce séchoir, de ce magasin sont garnies d'abat-vent. Les persiennes sont des espèces d'abat-vent. Il ne prend pas d'S au pluriel.

ABAT-VOIX. s. m. Le dessus d'une chaire à prêcher, lequel sert à rabattre vers l'auditoire la voix du prédicateur. Cette chaire n'a pas d'abat-voix, aussi on entend mal le prédicateur.

ABBATIAL, ALE. adj. (T se prononce comme C.) Appartenant à l'abbé ou à l'abbesse, ou bien à l'abbaye. Palais abbatial. Maison abbatiale. Les droits abbatiaux. Fonctions abbatiales. Dignité abbatiale. Mense abbatiale.

ABBAYE. s. f. (On prononce Abéie.) Monastère d'hommes, qui a pour supérieur un abbé, ou de filles, qui a pour supérieure une abbesse. Abbaye royale, ou de fondation royale. Abbaye sécularisée. Une abbaye fort riche. Abbaye de l'ordre de Saint-Benoît, de l'ordre de Cîteaux, de l'ordre de Prémontré.

Il se dit quelquefois Du bénéfice attaché au titre d'abbé. Le roi lui donna une abbaye, une riche abbaye. Il avait, il possédait jusqu'à trois abbayes.

Abbaye en règle, Celle à laquelle on ne peut nommer qu'un religieux. Abbaye en commende, Celle à laquelle on peut nommer un ecclésiastique séculier.

ABBAYE se dit quelquefois Des bâtiments du monastère. Une abbaye bien bâtie. Une abbaye qui tombe en ruine.

Prov. et fig., Pour un moine l'abbaye ne faut pas, Quand plusieurs personnes ont fait quelque partie ensemble, et qu'une d'elles manque à s'y trouver, on ne laisse pas de faire ce qui avait été résolu.

PC2625.A19 n="2"> ABBÉ. s. m. Celui qui possède une abbaye. Abbé de l'ordre de Saint-Benoît. Abbé régulier. Abbé crossé et mitré. Élire un abbé. Bénir un abbé. Abbé triennal. Abbé commendataire.

Prov. et fig., Pour un moine on ne laisse pas de faire un abbé, Si un homme manque à une assemblée, à une partie de plaisir où il devait se trouver, on ne laisse pas de délibérer, de s'amuser sans lui, de faire en son absence ce qu'on avait résolu.

Prov. et fig., Nous l'attendrons comme les moines font l'abbé, S'il n'arrive pas à l'heure du dîner, nous nous mettrons à table sans lui.

Prov. et fig., Le moine répond comme l'abbé chante, Ordinairement les inférieurs prennent quelque chose du ton, des habitudes de leurs supérieurs.

Jouer à l'abbé, Jouer à une sorte de jeu, où l'on est obligé de faire tout ce que fait celui qu'on a pris pour être le conducteur du jeu, et auquel on donne le nom d'Abbé.

ABBÉ se dit, dans un sens général, de Tout homme qui porte un habit ecclésiastique. Un jeune abbé. Un petit abbé. Un abbe de cour.

ABBESSE. s. f. Supérieure d'un monastère de filles, qui a droit de porter la crosse. Abbesse triennale. Abbesse perpétuelle. Nommer, élire, bénir une abbesse.

A B C. s. m. (On prononce Abécé.) Petit livret contenant l'alphabet et la combinaison des lettres, pour enseigner à lire aux enfants. Acheter un A b c pour un enfant.

Il signifie figurément et familièrement, Le commencement d'un art, d'une science, d'une affaire. Ce n'est là que l'A b c des mathématiques. Cette maxime est l'A b c de la politique.

N'en être qu'à l'A b c d'une science, d'un art, N'en avoir que les premières notions.

Prov. et fig., Renvoyer quelqu'un à l'A b c, Le traiter d'ignorant; et, Remettre quelqu'un à l'A b c, Le ramener aux éléments, aux premiers principes d'un art, d'une science, etc.

ABCÉDER. v. n. T. de Chirur. Se terminer par abcès. Cette tumeur abcédera.

ABCÈS. s. m. Apostème, amas de pus dans quelque partie du corps. Avoir un abcès au poumon, au foie. Vider un abcès. L'abcès a percé, a crevé. Il s'est formé un abcès dans sa poitrine.

ABCISSE. s. f. Voyez ABSCISSE.

ABDALAS. s. m. pl. Nom général que les Persans donnent aux religieux, aux hommes que les Turcs appellent Derviches, et que les chrétiens nomment Moines.

ABDICATION. s. f. Action par laquelle on renonce volontairement à une dignité souveraine dont on est revêtu. Il se dit en parlant De celui qui abdique, et De la chose abdiquée. L'abdication de Dioclétien. L'abdication de Christine, reine de Suède. Charles-Quint fit abdication à Bruxelles. L'abdication d'une couronne, d'un empire est quelquefois suivie de regrets.

ABDICATION signifiait aussi, dans notre ancienne Jurisprudence, L'acte par lequel un père privait son fils des droits que celui-ci avait, à ce titre, dans sa succession. L'abdication était une exhérédation prononcée pendant la vie, et susceptible de révocation.

ABDIQUER. v. a. Abandonner la possession d'une dignité souveraine, et y renoncer entièrement. Abdiquer la royauté. Abdiquer la couronne. Abdiquer l'empire.

Il se dit aussi en parlant Des magistrats de l'ancienne Rome. Abdiquer la dictature. Abdiquer le consulat. Abdiquer les honneurs.

Il se dit, par extension, Des principaux emplois et des places éminentes. Ce général d'ordre a abdiqué.

Il s'emploie aussi absolument. Ce prince a abdiqué, on l'a forcé d'abdiquer.

ABDIQUÉ, ÉE. participe

ABDOMEN. s. m. (On fait sentir l'N.) T. d'Anat., emprunté du latin, qui signifie Le ventre. Les muscles de l'abdomen.

Il se dit, en Entomologie, de La partie postérieure du corps des insectes.

ABDOMINAL, ALE. adj. T. d'Anat. Qui appartient à l'abdomen. Région abdominale Membres abdominaux.

ABDUCTEUR. adj. m. T. d'Anat. Il se dit

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