Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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Ce père a abandonné son fils, l'a entièrement abandonné, Il ne prend plus aucun soin de lui, il ne s'en met plus en peine.

Les médecins ont abandonné ce malade, Ils ont cessé de le voir, ou Ils ne lui ordonnent plus rien, parce qu'ils désespèrent de sa guérison.

ABANDONNER signifie quelquefois, Laisser échapper, ne pas retenir. Tenez ferme, n'abandonnez pas cette corde. N'abandonnez pas les rênes de ce cheval. N'abandonnez pas votre cheval. On dit dans un sens analogue, Abandonner les étriers, Retirer les pieds de dedans les étriers, et quelquefois, Perdre les étriers.

ABANDONNER s'emploie figurément, et signifie, Renoncer à une chose, s'en désister. Abandonner la poursuite d'une affaire. Abandonner une cause. Abandonner un projet, un dessein, une entreprise. Abandonner une succession. Abandonner ses prétentions, ses droits. Abandonner un ouvrage. Abandonner la vertu, le vice. N'abandonnez pas l'étude de cette science.

Il se dit aussi Des facultés, des qualités physiques ou morales, lorsqu'elles viennent a nous manquer. Mes forces m'abandonnent. Son courage, sa prudence, sa présence d'esprit l'abandonna dans cette circonstance. L'appétit, le sommeil m'abandonne.

ABANDONNER signifie encore, Laisser en proie, exposer, livrer; et, dans ce sens, il est toujours suivi de la préposition à. Abandonner une ville au pillage, à la fureur des soldats. Abandonner un vaisseau à l'orage, au vent. Abandonner à la merci de, à la discrétion de, etc. Abandonner quelqu'un à son caractère, à ses penchants, à son mauvais sort.

Abandonner un ecclésiastique au bras séculier, c'était Le renvoyer au juge laïque, afin qu'il le punît selon les lois.

Fig. et fam., Abandonner au bras séculier, se dit en parlant De ce dont on ne se soucie plus, et dont on ne veut pas profiter. Les restes du dîner furent abandonnés au bras séculier, c'est-à-dire, furent laissés aux domestiques.

Dans le langage de l'Écriture, Dieu abandonne souvent les méchants à leur sens réprouvé, Il les laisse s'endurcir dans leur péché.

Abandonner une chose, une personne à quelqu'un, Lui permettre d'en faire, d'en dire ce qu'il lui plaira, lui en laisser l'entière disposition, lui laisser une entière liberté à son égard. Abandonner tous ses biens à ses créanciers. Je vous abandonne les fruits de mon jardin. Vous vous plaignez de cet homme: dites-en ce qu'il vous plaira, je vous l'abandonne.

Je vous abandonne ce point, Je vous l'accorde, je vous le concède, je renonce à le soutenir, à m'en prévaloir.

ABANDONNER signifie quelquefois, Confier, remettre. Il a abandonné son fils, le soin de son fils à la conduite d'un sage gouverneur. J'ai abandonné le soin de mes affaires à un homme intelligent et probe.

Il s'emploie souvent avec le pronom personnel, et signifie, Se laisser aller, se livrer à quelque chose, à quelqu'un, sans aucune retenue, sans aucune réserve. S'abandonner à la débauche, au vice. S'abandonner aux passions. S'abandonner aux femmes. S'abandonner à la douleur, à la tristesse, aux pleurs. S'abandonner à la joie. Je m'abandonne à vous, à vos sages avis.

S'abandonner à la Providence, Se remettre entièrement entre les mains de la Providence. S'abandonner à la fortune, Laisser aller les choses au hasard.

C'est une femme qui s'abandonne à tout le monde, se dit D'une femme qui se prostitue. En ce sens, il s'emploie aussi absolument. Les mauvais exemples d'une mère portent quelquefois une fille à s'abandonner.

ABANDONNER avec le pronom personnel, s'emploie de même absolument pour signifier, N'avoir plus confiance en soi, perdre courage. Si la fortune vous abandonne, ne vous abandonnez pas. Vous êtes perdu, si vous vous abandonnez.

Il signifie aussi, Se négliger dans son maintien, dans son habillement. Il s'abandonne trop. Il ne faut pas s'abandonner ainsi, lorsqu'on veut plaire.

Il signifie encore, Se laisser aller à des mouvements naturels. Ne vous roidissez pas, abandonnez-vous. Cet acteur ne s'abandonne pas assez.

ABANDONNÉ, ÉE. participe Abandonné de Dieu, de ses amis, du médecin.

Prov., Il faut être bien abandonné de Dieu et des hommes pour faire telle chose, se dit D'une personne qui prend le plus mauvais parti, le plus contraire à ses intérêts, à ses goûts; qui fait une chose honteuse ou dont les suites doivent être pour elle très-fâcheuses, très-nuisibles.

Un enfant abandonné, Un enfant qui se trouve sans secours, loin de ses parents.

ABANDONNÉ est aussi substantif; et alors il se dit d'Un homme perdu de libertinage et de débauche, et d'Une femme qui se prostitue. C'est un abandonné. C'est une abandonnée. Il est plus usité en parlant Des femmes.

ABAQUE. s. m. T. d'Archit. La partie supérieure du chapiteau des colonnes, sur laquelle porte l'architrave. On la nomme autrement Tailloir.

ABASOURDIR. v. a. Étourdir, assourdir par un grand bruit. Ce coup de tonnerre m'a abasourdi.

Il s'emploie plus ordinairement au figuré, et signifie, Consterner, accabler. Il a été abasourdi de sa disgrâce, de la perte de son procès. Cette nouvelle l'a abasourdi, l'a tout abasourdi. Il est familier dans les deux sens.

ABASOURDI, IE. participe

ABATAGE. s. m. Action d'abattre les bois qui sont sur pied, de les couper; ou Les frais que ce travail nécessite. On ne commencera l'abatage de ces bois qu'au mois de novembre. C'est à l'acheteur à payer l'abatage.

Il signifie aussi, en termes de Marine, L'action d'abattre un navire.

Il signifie encore, L'action de tuer, de mettre à mort les chevaux, les bestiaux, etc. L'abatage est prescrit par les règlements, dans le cas de maladie contagieuse.

ABÂTARDIR. v. a. Faire déchoir une chose de son état naturel, la faire dégénérer, l'altérer. Le défaut de soins a tout à fait abâtardi cette race d'animaux. La mauvaise culture abâtardira ces plants.

Il s'emploie aussi figurément. Une longue servitude abâtardit le courage.

Il s'emploie, au propre et au figuré, avec le pronom personnel. Cette race s'est abâtardie. Ce plant de vigne s'abâtardit de jour en jour. Les jeunes gens s'abâtardissent dans l'oisiveté, dans les délices. Les plus heureux talents s'abâtardissent dans l'oisiveté.

ABÂTARDI, IE. participe Une race abâtardie. Talent, courage abâtardi.

ABÂTARDISSEMENT. s. m. Altération d'une chose, déchet, diminution. Il se dit au propre et au figuré. L'abâtardissement d'une race d'animaux. L'abâtardissement d'un plant de vigne. L'abâtardissement des esprits.

ABATÉE. s. f. T. de Marine. Mouvement horizontal de rotation par lequel l'avant d'un navire en panne ou à la cape s'écarte jusqu'à un certain point de la ligne du vent, soit d'un côté, soit de l'autre, pour y revenir ensuite. Le navre est dans son abatée, a fait son abatée.

ABATIS. s. m. Quantité, amas de choses abattues, brisées, démolies, telles que bois, arbres, pierres, maisons. Les ennemis embarrassèrent les chemins par de grands abatis d'arbres. Abatis de siége. Abatis défensifs. Cette rue est bouchée par un abatis de maisons. On a fait un grand abatis de chênes dans cette forêt.

Faire un abatis, un grand abatis de gibier, En tuer beaucoup.

ABATIS signifie aussi, Les pattes, la tête, le cou, les ailerons, le foie et le gésier d'une volaille. Un abatis d'oie, de dindon, etc. On dit dans le même sens au pluriel: Des abatis en ragoût. Servir des abatis.

ABAT-JOUR. s. m. Sorte de fenêtre dont l'appui est en talus, renversé en forme de trémie, afin que le jour qui vient d'en haut se communique plus verticalement dans le lieu où elle est pratiquée. Les marchands ont des abat-jour dans leurs magasins pour faire paraître leurs marchandises plus belles. Ordinairement les fenêtres des églises sont taillées en abat-jour. Les croisées de cette prison sont garnies d'abat-jour. Il ne prend point d'S au pluriel.

ABATTEMENT. s. m. Affaiblissement, diminution de forces, ou de courage, d'énergie. Ce malade est bien mal, je le trouve dans un grand abattement. L'abattement des forces est un des caractères de cette maladie. L'abattement des esprits. Il y a dans les esprits un grand abattement, beaucoup d'abattement. Cette mauvaise nouvelle l'a mis, l'a jeté dans un étrange abattement. Il était dans l'abattement du désespoir. Il est tombé dans l'abattement. Il resta plongé dans l'abattement. L'abattement de son âme est extrême. Son âme est dans l'abattement. Sortez de cet abattement.

ABATTEUR. s. m. Celui qui abat. Il ne se dit guère absolument. Ce bûcheron est un grand abatteur de bois.

C'est un grand abatteur de quilles, se dit D'un homme fort adroit au jeu de quilles. Il se dit, figurément et familièrement, D'un homme qui a fait des choses difficiles, extraordinaires; mais plus ordinairement, par ironie, D'un homme qui se vante de prouesses qu'il n'a pas faites.

ABATTOIR. s. m. Bâtiment où l'on tue les bestiaux pour les boucheries. Cet abattoir est vaste, bien aéré. Les abattoirs de Paris sont situés près des barrières.

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