LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
Previous page
Page 36
aiguillettes. Les Barbares lui arrachèrent
toute la peau du dos par aiguillettes.
AIGUILLETTER
AIGUILLETTER. v. a. C'étoit attacher
ses chausses à son pourpoint.
La mode de s'aiguilletter a duré long--temps.
En termes de Marine, Aiguilletter les
canons, Les amarrer fortement dans un
gros temps.
Aiguilletter des lacets, Les ferrer.
Aiguilleté, ée
Aiguilleté, ée. participe.
AIGUILLETTIER
AIGUILLETTIER. s. m. Artisan
dont le métier est de ferrer les aiguillettes
et les lacets.
AIGUILLIER
AIGUILLIER. s. m. Petit étui où
l'on met des aiguilles. Un aiguillier
d'argent. Un aiguillier de chagrin.
AIGUILLON
AIGUILLON. s. m. (On fait sentir
l'U dans ce mot et dans ses dérivés.)
Il se dit proprement d'Une pointe de
fer qui est au bout d'un grand bâton,
et dont on se sert pour piquer les
boeufs. L'aiguillon d'un Bouvier. On
pique les boeufs avec un aiguillon pour les
faire aller.
Aiguillon
Aiguillon, se dit aussi d'Un petit
dard des mouches à miel, des guêpes,
des frelons. Les abeilles laissent ordinairement
leur aiguillon dans la piqûre.
On dit que la Reine des abeilles n'a point
d'aiguillon.
Aiguillon
Aiguillon, se dit figurément De
tout ce qui incite à quelque chose. La
gloire est un aiguillon, un puissant aiguillon
à la vertu. L'intérêt est le seul
aiguillon qui le puisse faire agir. On dit
dans le langage de l'Écriture, L'aiguillon
de la chair, pour, Les tentations
de la chair.
AIGUILLONNER
AIGUILLONNER. v. act. Il n'est
guère d'usage qu'au figuré, et signifie,
Inciter par quelque chose. C'est
un homme lent et paresseux, qu'il faut
un peu aiguillonner pour le faire agir.
Aiguillonné, ée
Aiguillonné, ée. participe.
AIGUISEMENT
AIGUISEMENT. sub. mas. Action
d'aiguiser. L'aiguisement d'un canif. (On
fait sentir l'U dans ce mot et dans le
suivant.)
AIGUISER
AIGUISER. v. act. Rendre aigu,
rendre plus pointu, plus tranchant.
Aiguiser le fer d'une lance. Aiguiser la
pointe d'un couteau. Aiguiser des coins
de fer. Pierre à aiguiser.
On dit figurément, Aiguiserl'appétit,
pour, Donner plus d'appétit,
rendre l'appétit plus vif; et Aiguiser
l'esprit, pour, Rendre l'esprit plus
prompt, plus pénétrant. Le travail modéré
aiguise l'esprit. La nécessité aiguise
l'esprit.
On dit proverbialement et figurément,
Aiguiser ses couteaux, pour, Se
préparer au combat.
Aiguisé, ée
Aiguisé, ée. participe.
AIL
AIL
AIL. s. m. (Il fait AULX au plur.)
Espèce d'ognon d'une odeur et d'un
goût très--forts, et qui vient par petites
gousses. Une tête d'ail, une gousse d'ail.
Un gigot de mouton à l'ail. Frotter son
pain d'ail. Sentir l'ail.
AILE
AILE. sub. fém. Partie du corps des
oiseaux et de quelques insectes, qui
leur sert à voler, et à se soutenir en
l'air. Les ailes des oiseaux sont revêtues
de plumes. Les ailes des chauvesouris sont
membraneuses. Les ailes des insectes sont
si déliées, qu'elles en sont transparentes.
Un oiseau qui étend les ailes, qui déploie
ses ailes. Un oiseau qui vole à tire--d'aile.
Les pigeons ont l'aile forte, l'aile roide.
Un moineau qui bat des ailes, qui trémousse
des ailes. Un oiseau blessé qui ne
bat que d'une aile. Une poule qui rassemble
ses poussins sous ses ailes. Les ailes
d'un moucheron. Les ailes d'un papillon.
On peint ordinairement les Anges avec
des ailes. Les Anciens donnoient des ailes
à la Victoire, à la Renommée, à l'Amour,
au cheval Pégase. Les Peintres et les
Poëtes donnent des ailes aux Vents, au
Temps, aux Heures, à Mercure, etc. Et
on dit poétiquement, Sur les ailes des
vents. Sur les ailes des zéphyrs. Sur les
ailes du temps.
On dit proverbialement et figurément,
Ne battre que d'une aile, pour,
Être fort déchu de vigueur, de crédit,
de considération. Depuis sa maladie il
ne bat plus que d'une aile. Sa disgrâce
fait qu'il ne bat plus que d'une aile.
On dit proverbialement et figurément,
d'Un homme à qui il est survenu
quelque altération considérable
dans la santé, quelque disgrâce, ou
d'un homme qui est devenu amoureux,
qu'Il en a dans l'aile.
On dit proverbialement et figurément,
Tirer une plume de l'aile à quelqu'un, pour, Le priver, le dépouiller
de quelque chose qui lui appartient,
tirer de l'argent de lui; et Rogner les
ailes à quelqu'un, pour, Lui retrancher
de son autorité, de son crédit, de ses
profits.
On dit proverbialement et figurément,
Vouloir voler sans avoir des ailes,
pour, Entreprendre une chose au--des--sus de ses forces; et Voler de ses propres
ailes, pour, Etre en état de se passer
du secours d'autrui.
On dit aussi proverbialement et figurément,
Tirer pied ou aile de quelque
chose, pour, Trouver moyen d'en tirer
une partie de ce qu'on prétendoit en
avoir.
On dit aussi proverbialement et figurément,
qu'Une fille est encore sous l'aile
de sa mère, pour, qu'Elle est encore
sous la conduite de sa mère.
Dans le langage de l'Écriture, L'aile
du Seigneur, signifie, La protection de
Dieu. Seigneur, couvrez -- moi de vos
ailes. Je ne craindrai rien à l'ombre de vos
ailes.
Aile
Aile, se dit aussi De cette partie
charnue d'un oiseau, qui prend depuis
le haut de l'estomac jusque sous les
cuisses; et en ce sens il ne se dit que
Des oiseaux préparés pour être mangés.
Servir une aile de perdrix, une aile
de chapon, une aile de bécasse. Le haut
de l'aile, le bas, le bout de l'aile.
En parlant De plumes à écrire, on
appelle Bouts--d'aile, Les plumes du
bout de l'aile des oies.
Aile
Aile, se dit De diverses choses par
analogie. Ainsi on dit, Les ailes d'un
moulin à vent, en parlant De ces grands
châssis garnis de toile que l'on met à
un moulin, et qui étant mus par le
vent, font moudrè le blé.
On dit aussi, Les ailes d'un bâtiment,
en parlant Des deux parties d'un bâtiment
qui sont jointes de chaque côté
au corps du principal édifice. Les deux
ailes d'un bâtiment. Un bâtiment qui n'a
qu'une aile. On dit aussi, Les ailes d'une
Eglise, pour, Les bas côtés d'une
Église.
On dit aussi, Les ailes d'une armée,
pour, Les deux flancs d'une àrmée
supposée rangée en ordre de bataille,
lesquels sont ordinairement composés
de cavalerie. L'aile droite, l'aile gauche
d'une armée. L'aile droite de la première
ligne, l'aile gauche de la seconde ligne.
On avoit jeté des pelotons d'infanterie sur
les ailes. L'aile droite enfonça les ennemis,
mais l'aile gauche plia au premier
choc. Le Général N. commandoit l'aile
droite.
AILE
AILE. s. f. Mot emprunté de l'Anglois,
qui désigne Une espèce de bière
qui se fait sans houblon. Boire de l'aile.
AILÉ, ÉE
AILÉ, ÉE. adj. Qui a des ailes. Il
ne se dit guère que De certains animaux
à qui il n'est pas ordinaire d'avoir
des ailes. Des serpens ailés. Des
poissons ailés. Un cheval ailé.
On représente ordinairement Un
foudre ailé, pour Symbole de la puissance
et de la vîtesse.
AILERON
AILERON. sub. m. L'extrémité de
l'aile d'un oiseau, à laquelle tiennent
les grandes plumes de l'aile. Un oiseau
qui a l'aileron rompu. Un ragoût, une
jricassée d'ailerons.
Aileron
Aileron, se dit aussi Des petites
planches, des petits ais qui font tourner
les roues des moulins à eau.
Il se dit aussi Des nageoires de quelques
poissons. Les ailerons d'une carpe.
AILLADE
AILLADE. s. f. Sauce faite avec de
l'ail.
AILLEURS
AILLEURS. adv. de lieu. En un
autre lieu. On souffre cela ici, mais ailleurs
on ne le souffriroit pas. S'il ne se
trouve pas bien où il est, que ne va--t--il
ailleurs? Qu'il aille se pourvoir ailleurs.
Vous chercherez inutilement ailleurs.
Vous ne sauriez trouver cela ailléurs que
chez lui. Je tâcherai de l'avoir d'ailleurs.
Je le ferai venir d'ailleurs. La voie dont
vous vous servez pour vos lettres, n'est
pas sûre, il faut les faire tenir parailleurs.
Ailleurs
Ailleurs, en parlant d'Un livre,
signifie, Dans un autre passage du
même Écrivain. Nous avons dit ailleurs.
... Ailleurs il dit.... Ailleurs
encore.
On dit aussi D'ailleurs, pour dire,
D'un autre principe, d'une autre cause,
pour un autre sujet. Vous lui attribuez
mal--à--propos votre disgrâce, elle vient
d'ailleurs, elle procède d'ailleurs. Il le
querelle sur un sujet de rien, c'est qu'il
lui en veut d'ailleurs.
Il signifie aussi, De plus, outre cela.
Je vous dirai d'ailleurs. D'ailleurs il faut
considérer que....
AIM
AIMABLE
AIMABLE. adj. des 2 g. Qui est
digne d'être aimé, qui mérite d'être
aimé. La vertu est aimable. Un objet aimable,
un caractère aimable, des manières
aimables. Aimer tout ce qui est aimable.
C'est le lieu du monde le plus aimable.
Next page
PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.