Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

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Page 40

n'est pas fait au grand monde, il s'y aguerrira avec le temps.

AGUERRI, IE, participe .

AGUET. s.m. Il n'a d'usage qu'au pluriel, & dans ces phrases: Être aux aguets, se tenir aux aguets, pour dire, Epier, observer le temps, l'occasion; être aux écoutes, soit pour surprendre quelqu'un, soit pour éviter d'être surpris. Il étoit aux aguets pour prendre ses avantages.On dit aussi dans le même sens, Mettre aux aguets. Le Prevôt a mis des gens aux aguets pour se saisir d'un tel voleur.

AH. Interjection qui sert à marquer la joie, la douleur, l'admiration, l'amour, &c. suivant la différence des sujets. Ah! que je suis aise de vous voir! Ah! que vous me faites plaisir! Ah! vous me faites mal. Ah! que cela est beau!

AHAN. s.m. Peine de corps, grand effort, tel qu'est celui que font ceux qui fendent du bois, ou qui lèvent quelque pesant fardeau. C'est un de ces mots qui se forment du son de la chose qu'ils signifient. Suer d'ahan. Il est bas.

AHANER. v.n. Avoir bien de la peine en faisant quelque chose. Il a bien ahané avant que de venir à bout de ce travail, de cette affaire.Il est bas.

AHEURTEMENT. s.m. Obstination, attachement opiniâtre à un sentiment, à un avis. C'est un étrange aheurtement que le sien.

AHEURTER, S'AHEURTER. v. récipr. S'opiniâtrer, s'obstiner. S'aheurter à un sentiment, à une opinion. Il s'aheurte à cela contre l'avis de tous ses parens. S'aheurter à faire quelque chose. C'est un homme qui s'aheurte tellement à ce qu'il s'est mis une fois dans la tête, qu'on ne le fait jamais revenir.

AHEURTÉ, ÉE, participe C'est un homme aheurté à son opinion.

AHURIR. v.a. Interdire, étonner, rendre stupéfait. N'ahurissez pas cet enfant. Il est familier.

AHURI, IE, participe Interdit, stupéfait. Il est tout ahuri. Il est familier.

AIDE. s.f. Secours, assistance qu'une personne donne à une autre. Aide prompte. Aide assurée. Donner aide. Donner aide & faveur. Demander de l'aide. Crier à l'aide. Appeller à son aide. Avoir besoin de l'aide de quelqu'un.

On dit proverbialement, Un peu d'aide fait grand bien, pour dire, qu'Un petit secours ne laisse pas d'être quelquefois très-utile. Et Bon droit a besoin d'aide, pour dire, que Quelque bonne que soit une affaire, il ne faut pas laisser de la solliciter.

AIDE se dit aussi des secours & des graces de Dieu. Il faut tout attendre de l'aide de Dieu. Mon Dieu, soyez à mon aide. Dieu vous soit en aide, Façon de parler populaire, dont on se sert quand quelqu'un éternue, ou quand on n'a pas de quoi donner l'aumône à un pauvre qui la demande. Il vieillit.

AIDE se dit aussi du secours, de l'utilité, de l'avantage qu'on tire de certaines choses. On a fait de grandes découvertes à l'aide des lunettes de longue vûe. Il n'eût pas réussi sans l'aide d'une telle machine.

AIDE se dit aussi, tant de celui dont on reçoit du secours, que de la chose dont on en tire. Dieu seul est ma force & mon aide. Vous êtes toute son aide, tout son secours. Il n'a point eu en cela [alt p. 29] d'autre aide que les mémoires qu'on lui a donnés.

AIDE en matière ecclésiastique, se dit d'une Église, d'une Chapelle bâtie pour servir de secours à une Église paroissiale, dont les habitans sont trop éloignés. Sainte Marguerite, dans le fauxbourg saint Antoine, étoit une aide de la Paroisse de saint Paul.

AIDE s.m. Terme dont on se sert en parlant des personnes dont l'emploi consiste à être auprès de quelqu'un, pour servir conjointement avec lui, & sous lui. Ainsi on appelle Aide des cérémonies, Un Officier dont la fonction est de servir sous le Grand-Maître des Cérémonies.

On appelle Aides de cuisine, Aides d'office, Les bas Officiers qui servent sous un chef de cuisine & d'office. Et Aide à Maçon, se dit d'un garçon qui sert sous un Maçon.

On appelle Aide de Camp, un Officier de Guerre, qui sert auprès du Général, ou d'un Officier Général, pour porter ses ordres par tout où il est nécessaire. Aide de Camp du Roi. Aide de Camp du Général. Aide de Camp d'un Lieutenant Général, d'un Maréchal de Camp.

On appelle dans l'Infanterie, Aide-Major, un Officier de Guerre qui sert avec le Major, & qui fait toutes les fonctions du Major en son absence. Aide-Major des Gardes. Aide-Major d'une place de Guerre.

AIDE se dit aussi de celui qui contribue aux frais de l'ustensile des gens de Guerre, avec l'hôte chez lequel ils sont logés. Donner des aides à un hôte, afin qu'il ne soit pas surchargé.

À L'AIDE Façon de parler adverbiale. Au secours.

AIDES. s. f. pl. Subsides établis sur le vin, & sur les autres boissons, pour aider à soutenir les dépenses de l'État. Les Fermiers des Aides. Les Aides montent à tant. L'octroi des Aides.

On appelle Cour des Aides, Une Compagnie supérieure, dans laquelle les affaires qui concernent ces sortes de subsides sont jugées en dernier ressort. Premier Président de la Cour des Aides. Conseiller de la Cour des Aides.

AIDES se dit aussi au pluriel en termes de manége, De toutes les choses dont le Cavalier se sert pour bien manier un cheval. Les aides de la voix, les aides des talons, de la gaule, de l'éperon. Le cheval connoît les aides, répond aux aides.

AIDER. v.a. Secourir, assister. Aider quelqu'un dans son besoin. Aider les pauvres dans leur nécessité. Dieu les a bien aidés. Aider quelqu'un de son bien, l'aider de sa bourse, l'aider de son crédit. Les lunettes de longue vûe ont fort aidé les Astronomes dans les découvertes qu'ils ont faites. Cette méthode aide beaucoup la mémoire. Il faut s'aider les uns les autres. Aidez-vous. Vous ne vous aidez point. On dit proverbialement, Aide-toi, Dieu t'aidera.

AIDER se met aussi avec la préposition à devant la personne; & alors il signifie ordinairement, Secourir un homme trop chargé. Aidez un peu à ce pauvre homme.

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