Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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toujours un bel auditoire, un auditoire nombreux et choisi.
   Rem. Le Peuple fait auditoire fém. et dit: une grande auditoire: il faut dire, un grand auditoire. — L'Acad. avait dabord dit qu'auditoire est fém. quand on parle du lieu où l'on plaide. Dans la dern. Édit. elle le marque masculin.
   P. Corneille apelle auditoire, les spectateurs à la Comédie. "Je devois choisir des sujets plus répondans au goût de mon auditoire. Épître qui précède la Suite du Menteur. On ne le dirait pas aujourd'hui.

AVÉ


AVÉ, ou AVÉ MARIA, s. m. C'est ainsi qu'on apelle la Salutation Angélique, en style familier. L'Acad. dit qu'il n'a point de pluriel. Cependant on dit, plusieurs Avé, un grand nombre d'Avé. Il est vrai qu'il ne prend point d's en ce nombre. — Je suis ici, dans un Avé, dans un Avé Maria; dans un moment.

AVEC


AVEC, prép. conjonctive. — Ensemble, conjointement. C'est une des conjonctions, dont l'usage est le plus étendu dans la langue. Elle sert à marquer la convenance: marier une fille avec un honête homme; la liaison et l'union: être bien avec tout le monde; le mélange: du vin avec de l'eau; l'assemblage: manger avec ses amis; l'acompagnement: aller avec quelqu'un; le moyen: avec de la fermeté et du courage on réussit; le sentiment: avec plaisir, avec peine; la manière d'être ou d'agir: soufrir avec constance, parler avec éloquence, danser avec grâce, etc. etc.
   Rem. 1°. On disait autrefois avecque et avecques. C'était une commodité pour les Poètes. Malherbe s'en est souvent servi.
   J'avois toujours fait compte, aimant chôse si haute,
   De ne m'en séparer qu'avecque le trépas...
   Avec tous ses sujets, avecque tous les miens.
   AVECQUE n'est plus dans Racine que dans ce seul vers de l'Alexandre.
   M'entretenir moî seule avecque mes douleurs.
Cet excellent Auteur l'a corrigé par-tout ailleurs où ses premières éditions nous aprènent qu'il l'avoit employé. — L'Acad. dit qu'avecque n'est plus en usage qu'en Poésie, où même il vieillit. On peut dire qu'il est même si vieux dans la Poésie noble et sérieuse, qu'aucun Poète n'oserait aujourd'hui l'employer. Il ne se maintient que dans la Poésie marotique.

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