Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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la première place, Y aspirer, travailler à l'obtenir. Toucher ses revenus, Les recevoir; et Toucher à ses revenus, En employer, en dépenser une partie. Suppléer quelque chose, L'ajouter, le fournir lorsqu'il manque: Pour faire cette acquisition, il lui manquait six mille francs; son père les a suppléés; et Suppléer à quelque chose, Le remplacer, en réparer l'absence, le défaut: Dans des temps de disette, on a suppléé au pain par le riz et par les pommes de terre. Etc.

À, s'emploie dans certaines phrases elliptiques exprimant Un appel, un avertissement bref, une imprécation, un souhait, etc. À moi! À nous! Au feu! Au voleur! À l'assassin! Au secours! À la garde! Aux armes! À bas, à bas! À l'eau! Au diable! À d'autres! À votre santé. À votre aise. Au nom du ciel!

À, placé à la suite de quelques adverbes ou de certains autres mots, forme des locutions prépositives. Conformément à l'usage. Quant à moi. Sauf à y revenir. Par rapport à lui. Etc.

Pour toutes les autres locutions, telles que, Au moins, au plus, à peu près, à cela près, à mesure, au reste, au surplus, à l'égard de, etc., et pour les diverses phrases qu'on n'a pu rapporter ici, telles que, À trompeur trompeur et demi; à bon chat bon rat; C'est à savoir; c'est-à-dire; qu'est-ce à dire? etc., voyez aux différents articles des mots qui servent à les former.

La particule relative Y remplace très-souvent la préposition À et son régime. Voyez l'article Y.

À, dans la composition des mots, marque également Tendance, rapprochement, addition, etc. Apporter. Amener. Attirer. Aborder. Appauvrir. Accoupler. Accroître. Etc. On voit qu'alors il perd ou plutôt ne reçoit point l'accent, et que souvent il détermine le redoublement de la consonne par laquelle commence le mot simple.

ABAISSE. s. f. Pâte qui fait la croûte de dessous dans plusieurs pièces de pâtisserie. L'abaisse de ce pâté est brûlée.

ABAISSEMENT. s. m. Action d'abaisser ou de s'abaisser, et Le résultat de cette action. L'abaissement d'un mur. L'abaissement des eaux. L'abaissement du mercure dans le baromètre. L'abaissement de la voix. Faire l'opération de la cataracte par abaissement.

ABAISSEMENT est plus en usage au figuré, et il signifie, Diminution, affaiblissement. Abaissement de fortune. Abaissement de courage. Louis XI travailla beaucoup à l'abaissement de la maison de Bourgogne. Après l'abaissement des Carthaginois, Rome ne garda plus l'austérité de ses moeurs.

Il s'emploie quelquefois absolument, et signifie, Humiliation volontaire, état dans lequel on se met quand on s'abaisse volontairement. Se tenir dans l'abaissement devant Dieu. Un parfait chrétien doit se plaire dans l'abaissement.

Il signifie aussi, Humiliation forcée, état de bassesse où l'on est mis malgré soi. Cet esprit altier se révolte contre un si grand abaissement. Cette famille est réduite à vivre dans l'abaissement.

ABAISSER. v. a. Faire aller en bas, faire descendre. Abaisser un store. Abaisser une lanterne. Abaissez votre chapeau sur vos yeux. Abaissez vos regards sur cette plaine.

En termes de Chirur., Abaisser la cataracte, Faire descendre le cristallin devenu opaque au fond de l'oeil, afin de rendre la vue à un malade affecté de la cataracte.

ABAISSER signifie quelquefois, Diminuer la hauteur d'une chose. Abaisser une muraille. Abaisser le terrain, la route. Abaisser une table.

Abaisser la voix, abaisser le ton de la voix, Parler plus bas.

En Géom., Abaisser une perpendiculaire sur une ligne, Mener une perpendiculaire à une ligne, d'un point pris hors de cette ligne.

En Algèbre, Abaisser une équation, Réduire à un moindre degré une équation d'un degré supérieur.

En termes de Pâtissier, Abaisser de la pâte, La rendre aussi mince qu'on le désire, en l'étendant avec le rouleau.

ABAISSER s'emploie figurément, et signifie, Déprimer, humilier, ravaler. Dieu abaisse les superbes. Il faut abaisser ces esprits altiers. Je n'abaisserai point ma dignité, mon caractère à me commettre, jusqu'à me commettre avec lui. Cet historien étranger affecte d'abaisser nos grands hommes.

ABAISSER s'emploie avec le pronom personnel, et signifie, Devenir plus bas, moins élevé. Le terrain s'abaisse insensiblement à mesure qu'on avance vers la mer. Le soleil s'abaissait sur l'horizon. Sa voix, son ton s'abaisse à mesure que son esprit se calme.

Il s'emploie de même au sens moral, et signifie, S'avilir, se dégrader. Je ne m'abaisserai point à me justifier, à feindre. Il s'abaisse à des démarches indignes de lui. Il descend au style naïf sans jamais s'abaisser,

Il signifie particulièrement, S'humilier, se soumettre. S'abaisser devant la majesté de l'Être suprême. S'abaisser sous la volonté de Dieu, sous la main de Dieu.

ABAISSÉ, ÉE. participe

ABAISSEUR. adj. m. T. d'Anat. Il se dit De différents muscles dont la fonction est d'abaisser les parties auxquelles ils sont attachés. Muscle abaisseur.

Il s'emploie aussi substantivement. L'abaisseur de l'oeil, de la lèvre.

ABAJOUE. s. f. Espèce de poche située dans l'épaisseur des joues de certains animaux, qui s'en servent pour y placer leurs aliments, et les y conserver quelque temps.

ABANDON. s. m. État d'une personne, d'une chose abandonnée. Ce vieillard est dans le plus affreux abandon. Il mourut dans l'abandon, dans un abandon absolu. Il vit dans un abandon général. Il laisse sa maison dans un abandon, dans un état d'abandon qui en augmente tous les jours la dégradation. Il est dans l'abandon de Dieu, dans l'abandon de tous ses amis.

Il a quelquefois une signification active. Son absence et l'abandon de sa maison, de sa terre, ont achevé de le ruiner. L'abandon de ses amis l'a consterné.

Il s'emploie de même activement au sens moral, et signifie quelquefois, Oubli blâmable de soi, de ses intérêts, oubli de ses devoirs. Pourquoi cet abandon de vous-même? Cet abandon de tous soins, cet abandon de vos intérêts nous désole. D'autres fois, il signifie, Désistement, renoncement, sacrifice, résignation. Il a fait sans hésiter l'abandon de sa fortune et même de sa vie. Il consent à l'abandon de ses droits. Le chrétien vit dans un parfait abandon à la providence, à la volonté de Dieu.

Il se dit particulièrement, en Jurisprudence, d'Un acte judiciaire ou conventionnel par lequel un débiteur délaisse ses biens à ses créanciers. Il a fait à ses créanciers l'abandon de sa terre. Il a signé l'abandon de tous ses biens. On dit plus ordinairement, Cession de biens.

ABANDON se dit aussi en parlant Des manières, des discours, des ouvrages d'esprit et des productions des arts, pour exprimer Une sorte de facilité, de négligence heureuse qui exclut toute recherche, toute affectation, et ne laisse jamais sentir l'effort, ni le travail. Cette femme a dans ses manières un abandon séduisant. Le maintien, les gestes de cette actrice ont un gracieux abandon, un doux abandon. Il a dans la conversation le plus aimable abandon. On trouve dans cet ouvrage, dans l'exécution de ce tableau un heureux abandon.

Il se prend quelquefois dans la signification de Confiance entière. Il m'a parlé avec abandon, avec un entier abandon. Il m'a touché par l'abandon qu'il a mis dans ses discours, dans ses confidences.

À L'ABANDON. loc. adv. Sans soin, sans précaution, avec négligence. Aller à l'abandon. Laisser à l'abandon. Tout est à l'abandon.

ABANDONNEMENT. s. m. Action d'abandonner, de délaisser entièrement. Il a fait un abandonnement général de tous ses biens. Il a eu tort de consentir à l'abandonnement de ses droits.

Il signifie aussi, État d'une personne entièrement abandonnée, délaissée. Plaignez-le, dans l'abandonnement où il est de tous ses parents et de tous ses amis.

Il s'emploie quelquefois au sens moral, et signifie, Action de s'abandonner, de se laisser aller, de se livrer avec trop de facilité, sans aucune réserve. Il avait pour elle une tendresse qui allait jusqu'à l'abandonnement de toute volonté. Les fautes de ce prince résultèrent de son entier abandonnement à d'indignes favoris. N'avez-vous pas honte de votre abandonnement à une passion si méprisable?

ABANDONNEMENT employé absolument signifie, Déréglement excessif dans la conduite, dans les moeurs. Abandonnement infâme. Vivre dans l'abandonnement, dans le dernier abandonnement.

ABANDONNER. v. a. Quitter, délaisser entièrement. Les gens de guerre le contraignirent d'abandonner sa maison. Il abandonna le pays. Abandonner un chemin pour en prendre un autre. Un soldat ne doit jamais abandonner son drapeau. C'était un crime chez les Grecs que d'abandonner son bouclier. La mer a abandonné une partie de cette côte. Abandonner une place, une province conquise. Abandonner sa femme et ses enfants. Dieu n'abandonne pas les siens. Vous m'avez abandonné dans le besoin, au besoin.

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