Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

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de toutes sortes de choses, & que l'on substitue souvent à la place des termes propres & particuliers de chaque chose. Ainsi en parlant d'une victoire remportée sur les ennemis, on dit, que C'est une grande affaire, une affaire glorieuse. En parlant d'un mauvais succès, que C'est une affaire fâcheuse. En parlant d'une entreprise, que C'est une affaire aisée ou mal-aisée. Vous me contez-là une étrange affaire. Le bon de l'affaire est... Ce que vous dites-là est une autre affaire.

AFFAIRES, au pluriel se dit généralement de toutes les choses qui concernent la fortune & les intérêts du public & des particuliers. Affaires publiques. Affaires d'État. Ce Ministre est chargé de toute la conduite des affaires du Roi. Le train, le courant des affaires. Pour les affaires urgentes. Pour les expresses affaires du Roi. Les affaires d'une Ville, d'une Communauté. Les affaires d'une succession. Un homme dont les affaires sont en bon état, en mauvais état. Ses affaires vont bien, vont mal. Il est bien dans ses affaires, ses affaires sont nettes, sont claires, sont décousues, sont en désordre. Donner ordre à ses affaires. Affaires domestiques. Chacun a ses affaires, doit savoir ses affaires. Il a soin de ses affaires. Il a donné la conduite, le maniement de ses affaires à un tel. Ce ne sont pas là mes affaires. Pourquoi en parlez-vous, sont-ce là vos affaires? Mêlez-vous de vos affaires.

On dit ironiquement à un homme, que Son affaire est faite, pour dire, qu'Il ne doit plus rien espérer, qu'il n'a plus rien à prétendre.

On dit familièrement, Faire ses affaires, aller à ses affaires, pour dire, Aller aux nécessités naturelles. On appelle chez le Roi, Chaise d'affaires, La chaise percée. Et Brevet d'affaires, Le privilége d'entrer dans le lieu où le Roi est sur sa chaise d'affaires.

On dit, Avoir affaire de, pour dire, Avoir besoin de. Il a affaire d'argent. J'ai affaire de vous, ne sortez pas. En ce sens on dit par ironie, J'ai bien affaire de cet homme-là, pour dire, Je ne me soucie guère de lui. Et dans une pareille acception, J'ai bien affaire de tout cela. Qu'ai-je affaire de toutes ces querelles? Il est du style familier.

On dit, Avoir affaire à quelqu'un, avec quelqu'un, pour dire, Avoir à lui parler, avoir à traiter, à négocier avec lui de quelque chose. J'ai affaire à lui, il faut que je l'aille voir. Il faut les laisser, ils ont affaire l'un à l'autre, ils ont affaire ensemble. Ils sont en affaire. J'ai affaire à des gens difficiles. Un Marchand a affaire à toutes sortes de gens.

On dit aussi, Avoir affaire à quelqu'un, pour dire, Avoir quelque contestation, quelque démêlé avec quelqu'un. Et dans ce sens on dit proverbialement, Avoir affaire à la veuve & aux héritiers. Avoir affaire à forte partie.

On dit dans le même sens, & par manière de réprimande, lorsqu'un homme a manqué en quelque chose envers quelqu'un, qu'il ne connoissoit pas, Il faut prendre garde à qui on a affaire. Et par manière de menace, on dit, Il verra à qui il a affaire, pour dire, Il verra que je saurai bien lui tenir tête. On dit aussi, pour marquer qu'on prend hautement la défense & les intérêts de quelqu'un, Si on l'attaque, on aura affaire à moi.

On dit qu'Un homme a eu affaire avec une femme, ou Une femme avec un homme, pour dire, qu'ils ont eu mauvais commerce ensemble.

AFFAIRÉ, ÉE. adj. Qui a bien des affaires. Il est si fort affairé, qu'il n'a pas une heure à lui. Il fait l'affairé. Il est du style familier.

AFFAISSEMENT. s.m. État de ce qui est affaissé. L'affaissement des terres. J'ai trouvé ce malade dans un grand affaissement.

AFFAISSER. v.a. Faire que des choses qui sont l'une sur l'autre, s'abaissent, se foulent, & tiennent moins d'espace en hauteur. Les pluies affaissent les terres.

AFFAISSER Signifie aussi, Faire ployer, faire courber sous le faix. Et dans ce sens on dit, qu'Une trop grande charge de blé a affaissé le plancher d'un grenier.

Il est aussi réciproque. Une terrasse qui s'affaisse. Les terres rapportées sont sujettes à s'affaisser. Ce monceau de paille, ce monceau de foin s'est affaissé de tant de pieds.

On dit dans la même acception, Un plancher qui s'affaisse, qui commence à s'affaisser.

On dit figurément d'un vieillard qui se courbe, qu'Il s'affaisse, qu'il commence à s'affaisser sous le poids des années.

AFFAISSÉ, ÉE, participe .

AFFAITER. v.a. Terme de Fauconnerie. C'est apprivoiser un oiseau de proie.

AFFAITÉ, ÉE, participe .

AFFALER. v.a. Terme de Marine. Abaisser.

AFFALÉ, ÉE, participe .

On dit qu'Un vaisseau est affalé, lorsqu'il est arrêté sur la côte, par le défaut des vents ou par les courans.

AFFAMER. v.a. Ôter, retrancher les vivres, causer la faim. Affamer une ville, une place, une province, tout un pays. Vous ne faites que l'affamer en lui donnant si peu à manger.

On dit figurément en parlant d'un grand mangeur, qu'Il affame toute une table.

On dit figurément, Affamer son écriture, pour dire, La rendre trop déliée, trop maigre.

[alt p. 23] On dit figurément, Affamer un habit, affamer un ameublement, pour dire, Y épargner trop l'étoffe. Mais en ce sens son usage le plus ordinaire est au participe.

AFFAMÉ, ÉE, participe Écriture affamée, habit affamé.

On dit figurément, Ventre affamé n'a point d'oreilles, pour dire, qu'Un homme qui a faim, n'écoute guère ce qu'on lui dit.

AFFAMÉ, ÉE. adj. Signifie figurément, Qui a de l'avidité pour quelque chose, qui souhaite quelque chose avec ardeur. Être affamé de gloire, affamé d'honneurs, affamé de nouvelles. Je suis affamé de le voir.

AFFÉAGEMENT. s.m. Action d'afféager.

AFFÉAGER. v.a. Terme de Coutume. Donner une partie de son fief à tenir en fief ou en roture.

AFFÉAGÉ, ÉE, participe .

AFFECTATION. s.f. Attachement vicieux à dire, ou à faire certaines choses d'une manière singulière. Il y a de l'affectation en tout ce qu'il fait, en tout ce qu'il dit. Affectation vicieuse. Affectation de langage. Il n'y a rien de naturel en elle, elle est pleine d'affectation en toutes choses. On ne sauroit la corriger de ses

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