Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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deux ll des aûtres.] L'Ab. Du Resnel écrit orgueuil, et c'est ainsi qu'il faudrait écrire pour conformer l'ortographe à la prononciation. En prononçant ce mot et ses dérivés, on exprime le son de la diphtongue eu, qui n'est pas indiqué par la terminaison ueil. Un étranger voyant ces caractères, et suivant l'analogie de la Langue, croirait devoir prononcer orgheil, et non pas orgheuil. = L'u devant l'e n'est là que pour doner au g un son fort, qu'il n'a pas devant cette voyèle: il faut donc un autre u aprês l'e, pour exprimer la diphtongue euil.
   ORGUEUIL, est l'opinion trop avantageûse de soi-même. Orgueuil, vanité, (Synon.) L'orgueuil fait que nous nous estimons; la vanité fait que nous voulons être estimés. GIR. Synon. = Orgueuil, se prend quelquefois en bone part; mais alors il est toujours acompagné de quelque épithète avantageûse comme un noble orgueuil.
   ORGUEUILLEUX, qui a de l'orgueuil. "Il est orgueuilleux. "Esprit orgueuilleux. = Subst. "C'est un orgueuilleux. Dieu se plait à abaisser les orgueuilleux = Qui est l'éfet de l'orgueuil. "Réponse, entreprise orgueuilleûse. "Il lui répondit d'une manière orgueilleûse. Voy. SUPERBE et GLORIEUX.
   Rem. 1°. Dans le haut style, orgueuilleux aime à précéder le substantif. "Les orgueuilleux transports; l'orgueilleûse colère. = 2°. Il se dit élégamment au figuré des chôses inanimées. "Les flots orgueuilleux; l'orgueilleux Apennin. "Les cimes orgueuilleûses des montagnes.
   Superbes monumens, qui portez jusqu'aux cieux
   Du néant des humains l'orgueuilleux témoignage.
       L. Rac.
= 3°. Orgueuilleux, régit quelquefois la prép. de devant les noms et les verbes. "Rome toute orgueuilleûse encôre de la gloire de son premier Empereur. L'Ab. De Cambacérès.
   Tout orgueuilleux d'avoir par son ramage,
   Du poulaillier mérité le suffrage.
       Rousseau.
Dans le Dict. Gram. on traite de latinisme cette phrâse: orgueuilleux d'un commandement universel; mais c'est un latinisme admis par l'usage. = 4°. Quoiqu'on dise substantivement, c'est un orgueuilleux, les orgueilleux, il n'en faut pas conclûre qu'on puisse dire, cet orgueilleux, comme a dit Brébeuf.
   De là cet orgueilleux plus fier que les torrens, etc.

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