Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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s'apelle tête d'ail.
   Rem. Plusieurs ont pensé et pensent encore qu'ail n'a pas de pluriel. Balzac et autres Auteurs, que Ménage apelle modernes, et qui sont à présent anciens, ont dit aux. L'Auteur des Réflexions, etc. soutient qu'on doit dire ails, et il avoue pourtant qu'il aimerait mieux dire, deux têtes d'ail, que deux ails. C'est, je crois, celui qui a le mieux rencontré. On conseille dans le Dict. de Trév. d'éviter de se servir du plur. L'Acad. avait d'abord mis aux; dans la dern. édit. elle met aulx; et cependant elle ne donne d'exemple que du singulier. — La Touche prétend avec Ménage qu'on ne dit ni ails, ni aux. M. de Wailly met aux, ou aulx. Le plus sûr donc est d'éviter de le dire, et de préférer deux têtes d'ail, à deux ails, ou aux ou aulx. — Ce qui est sûr, c'est qu'on dit l'haleine lui sent l'ail, et non pas les aulx, une gousse d'ail, un gigot de mouton à l'ail, froter son pain d'ail, etc.

AILE


AILE, s. f. [Èle, 1eè moy. 2e e muet. Ce mot se prononce comme elle, pron. pers. fém. mais il s'écrit bien différemment.] 1°. Ce qui sert aux oiseaux à voler, et à quelques insectes. = 2°. Les Peintres et les Poëtes donnent des ailes aux vents, au temps, aux heures. = 3°. Il se dit au figuré: "Fille élevée sous les ailes de sa Mère.
   Cache la sous ton aile au jour épouvantable.
       Desportes
Et son âme étendant ses ailes
Fut toute prête à s'envoler.
Malherbe.
Mais c'est abuser de la permission que de doner des ailes à l'argent, pour qu'il s'envole dans les mains des paûvres.
   Que l'or prenne en vos mains des ailes charitables.
       Roucher.
Dans le style familier et proverbial, baisser les ailes, c' est être lâs, ou ruiné, confondu. — Ne batre plus que d'une aile, ou en avoir dans l'aile, ne faire plus que de foibles efforts; avoir essuyé des revers. "L'Académie n'est point tombée; mais elle ne bat plus que d'une aile: peut-être qu'elle se remettra Leibnitz. — Rogner les ailes, tirer une plume de l'aile, diminuer le pouvoir, les apointemens, etc. — On dit aussi d'un téméraire, qu'il a voulu voler avant que d'avoir des ailes, et qu'il n'avoit pas l'aile assez forte pour aller si loin.
   4°. Par analogie, on dit les ailes d'un

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