Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

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Abolir un crime, se dit lorsque le Prince par des Lettres qu'il donne, remet d'autorité absolue la peine d'un crime, qui par les Ordonnances n'est pas rémissible.

S'ABOLIR. v. récipr. Cette coûtume s'est abolie d'elle-même. C'étoit une ancienne pratique, qui s'est abolie.

On dit, que Tout crime s'abolit au bout d'un certain nombre d'années, pour dire, qu'Alors cesse le droit.

ABOLI, IE, participe Loi abolie. Crime aboli.

ABOLISSEMENT. s.m. Anéantissement. Il n'a d'usage qu'en parlant de loix & des coûtumes. L'abolissement des cérémonies de la Loi.

ABOLITION. s.f. Anéantissement, extinction. Il se dit principalement en parlant des loix & des coûtumes. L'abolition des cérémonies de la Loi. Abolition d'une Loi. Abolition d'un culte superstitieux. L'entière abolition de l'Ordre des Templiers.

ABOLITION signifie aussi, Le pardon que le Prince accorde d'autorité absolue, pour un crime, qui par les Ordonnances n'est pas rémissible. Lettres d'abolition. Abolition générale. Prendre, obtenir une abolition. Il a eu son abolition. Le Parlement a entériné son abolition. On appelle en termes de pratique, Porteur d'abolition, Celui qui a obtenu une abolition.

ABOMINABLE. adj. de t. g. Exécrable, détestable, qui est en horreur. Crime abominable. Un homme abominable.

Il se dit par exagération de tout ce qui est très-mauvais en son genre. Cette Comédie, cette musique est abominable. Cela a un goût abominable. Une odeur abominable.

ABOMINABLEMENT. adv. D'une manière [alt p. 5] abominable. Cela est pensé, cela est dit méchamment, abominablement.

On le dit aussi très-souvent par pure exagération. Il chante, il écrit abominablement.

ABOMINATION. s.f. Détestation, exécration. Avoir en abomination. Il est en abomination à tous les gens de bien. C'est l'abomination de tout le monde.

Il signifie aussi, Action abominable. Ce crime est une des grandes abominations qu'on puisse imaginer. Commettre des abominations. On dit, Les abominations des Gentils, pour dire, le culte idolâtre des Gentils.

Abomination de la désolation, phrase tirée de l'Ecriture-Sainte. On s'en sert pour exprimer les plus grands excès de l'impiété, la plus grande profanation.

ABONDAMMENT. adv. En abondance. Il ne doit plus souhaiter de biens, il en a abondamment.

ABONDANCE. s.f. Grande quantité. Abondance de tout. Abondance de biens. Pays d'abondance. En grande abondance. Avec abondance. Étre dans l'abondance. Avoir abondance de toutes choses.

On dit proverbialement, De l'abondance du coeur la bouche parle, pour dire, qu'On s'empêche difficilement de parler des choses dont le coeur est plein.

On appelle Corne d'abondance, une corne remplie de fruits & de fleurs, qui est le symbole ordinaire de l'abondance. Selon quelques Mythologues, la Corne d'abondance est celle qu'Hercule arracha à Achéloüs changé en taureau. Selon d'autres, la Corne d'abondance est la corne de la chèvre Amalthée, qui avoit nourri Jupiter.

ABONDANT, ANTE. adj. Qui abonde. Pays abondant en toutes sortes de biens. Maison abondante en richesses. Il est abondant en paroles, en comparaisons. On dit, Récolte abondante, pour dire, Grande récolte.

D'ABONDANT. adv. De plus. Outre cela. Je vous ai dit telle & telle raison, j'ajouterai d'abondant. Il est vieux.

ABONDER. v.n. Avoir en grande quantité. Abonder en richesses. Abonder en toutes choses. Cette maison abonde en biens. Cette Province abonde en blés, en vins, en soldats, en gens d'esprit.

Il signifie aussi, Être en grande quantité. Le bien abonde en cette maison. Toutes choses y abondent.

On dit en Jurisprudence, que Ce qui abonde, ne vicie pas, ou ne nuit pas, pour dire, qu'Une raison ou un droit de plus ne peut nuire dans une affaire.

On dit figurément, Abonder en son sens, pour dire, Être fort attaché à son opinion.

ABONNEMENT. s.m. Convention ou marché qui se fait à un prix fixe, pour une chose dont le produit est casuel. Faire un abonnement. Faire un abonnement avantageux.

ABONNER. S'ABONNER. v. récipr. Composer à un prix certain d'une chose casuelle, & dont le prix n'est pas fixe. S'abonner avec un Curé pour les dixmes. Un Cabaretier qui s'est abonné avec les Fermiers des Aides. On l'emploie quelquefois activement. On a abonné cette Province à telle somme.

ABONNÉ, ÉE, participe C'est aussi un terme de fief, qui signifie, Évalué. Ainsi on dit, Un cheval de service abonné à tant, pour dire, Évalué à tant.

ABONNIR. v.a. Rendre bon, rendre meilleur. Les caves fraîches abonnissent le vin.

Il est aussi neutre, & signifie, Devenir meilleur. C'est un vieux pécheur, il n'abonnit point en vieillissant. Il est familier.

Il est encore réciproque. Ce vin-là s'abonnira avec le temps. Des huiles s'abonnissent dans la cave.

ABONNI, IE, participe .

ABORD. s.m. Accès. Il se dit proprement des Ports où les vaisseaux peuvent mouiller Ce Port est de facile abord, est de difficile abord.

Il signifie encore, Une affluence ou de personnes, ou d'autres choses, qui arrivent & que l'on apporte en chaque lieu. Il y a un si grand abord de monde en cette maison, en cette ville. Il y a un abord de toutes sortes de marchandises & de denrées.

Il se dit aussi figurément en parlant des personnes qu'on aborde; comme, L'abord de cette personne est fort difficile. Cette personne a l'abord facile, gracieux. Cet homme a l'abord rude, fâcheux. Craindre l'abord de quelqu'un. Abord doux, engageant. Leur abord a été fort froid. Je lui ai dit cela dès l'abord, c'est-à-dire, en l'abordant, avant toutes choses. Il me parut froid à l'abord; mais dans la suite je le trouvai très-honnête.

On dit aussi dans le même sens, Il me parut tel du premier abord. Et familièrement, De prime abord.

D'ABORD. adv. Dès le premier instant, au commencement. D'abord il semble que cela soit vrai. D'abord j'ai été trompé.

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