Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

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ABATTEUR. s.m. Qui abat. Ce bûcheron est un grand abatteur de bois. En parlant d'un homme fort adroit au jeu de quilles, on dit, C'est un grand abatteur de bois. Il se dit au figuré en parlant d'un homme qui a fait de grandes choses en quelque genre que ce soit: mais plus ordinairement & par ironie, on le dit d'un homme qui se vante d'avoir fait ce qu'il n'a pas fait. Il est familier.

ABATTRE. v.a. (Il se conjugue comme Battre.) Mettre à bas, renverser par terre, faire tomber. Abattre des maisons, des murailles. Abattre des arbres. Abattre par le pied. Les grands vents abattirent bien des chênes dans la forêt. Ils ont abattu nos fruits. Il a abattu son bois de haute futaie. Il le prit rudement au collet, & l'abattit sous lui. On lui a abattu la tête de dessus les épaules. Il lui abattit le bras d'un coup de sabre. Ce chasseur est adroit, il abat bien du gibier. Ce cheval est fougueux, on est contraint de l'abattre pour le ferrer. Ces moissonneurs abattent tant d'arpens de blé en un jour. Abattre des quilles.

ABATTRE signifie figurément Affoiblir, diminuer, abaisser, faire perdre les forces, le courage. Une fièvre continue abat bien un homme. Cette maladie a bien abattu ses forces. Cette perte lui a abattu le courage, a abattu sa fierté. Ces deux maisons, ces deux puissances sont ennemies, elles font leurs efforts pour s'abattre l'une l'autre.

On dit au jeu de Trictrac, Abattre du bois, pour dire, Abattre des dames pour caser. On le dit aussi au jeu de quilles, pour dire, Abattre bien des quilles.

On dit aussi figurément & familièrement, Abattre bien du bois, pour dire, Expédier beaucoup d'affaires en peu de temps.

On dit proverbialement, que Petite pluie abat grand vent, pour dire, qu'Une petite pluie fait cesser un grand vent. Et on le dit figurément, pour dire, que Peu de chose calme une grande colère, fait cesser un grand ressentiment.

S'ABATTRE. v. récipr. On dit qu'Un cheval s'abat, pour dire, Que les pieds lui manquent, & qu'il tombe tout d'un coup. En galopant, son cheval s'est abattu sous lui. Le terrein est glissant, si vous poussez votre cheval, il s'abattra. On dit aussi, que le vent s'abat, qu'il est abattu, pour dire, qu'Il s'apaise, qu'il est apaisé.

ABATTU, UE, participe .

ABATTURES. s. f. pl. Terme de chasse. Foulures qu'un cerf laisse dans les broussailles où il a passé.

ABAT-VENT. s.m. Charpente couverte d'ardoises ou de tuiles, & qui garantit du vent & de la pluie les ouvertures d'une maison, d'un clocher.

ABBATIAL, ALE. adj. Appartenant à l'Abbé ou à l'Abbesse. Palais Abbatial. Maison Abbatiale. Les droits Abbatiaux. Fonctions Abbatiales. Dignité Abbatiale. Mense Abbatiale.

ABBAYE. s.f. (On prononce Abéie.) Monastère d'hommes, qui a pour Supérieur un Abbé; ou de Filles, qui a pour Supérieure une Abbesse. Abbaye Royale, ou de fondation Royale. Abbaye en règle. Abbaye en commende. Abbaye sécularisée. Une Abbaye fort riche. Le Roi lui a donné une Abbaye. Abbaye de l'Ordre de S. Benoît, de l'Ordre de Cîteaux, de l'Ordre de Prémontré.

Il se prend quelquefois pour les seuls bâtimens du Monastère. Une Abbaye bien bâtie. Une Abbaye qui tombe en ruine.

On dit proverbialement & figurément, Pour un Moine l'Abbaye ne faut pas, pour dire, Que quand plusieurs personnes ont fait quelque partie ensemble, & que quelqu'un d'entre eux manque à s'y trouver, on ne laisse pas de faire ce qui avoit été résolu.

ABBÉ. s.m. Celui qui possède une Abbaye. Abbé de l'Ordre de S. Benoît. Abbé régulier. Abbé crossé & mitré. Élire un Abbé. Bénir un Abbé. Abbé triennal. Abbé Commendataire.

On dit figurément & proverbialement, que Pour un Moine on ne laisse pas de faire un Abbé, pour dire, qu'Encore qu'un homme manque à une assemblée, à une partie de divertissement où il devroit être, on ne laisse pas de délibérer sans lui, ou de faire ce qu'on avoit résolu.

Quand quelqu'un n'est pas encore venu pour manger, & que néanmoins on se met toujours à table, on dit proverbialement & figurément, qu'On l'attend comme les Moines font l'Abbé.

On dit proverbialement & figurément, Le Moine répond comme l'Abbé chante, pour dire, qu'Ordinairement les inférieurs se conforment aux Supérieurs.

On dit aussi, Jouer à l'Abbé, pour dire, Jouer à une sorte de jeu, où l'on est obligé de faire tout ce que fait celui qu'on a pris pour être le conducteur du jeu, & auquel on donne alors le nom d'Abbé.

On appelle communément Abbé, tout homme qui porte un habit ecclésiastique, quoiqu'il n'ait point d'Abbaye.

ABBESSE. s.f. Supérieure d'un Monastère de Filles, qui a droit de porter la crosse. Abbesse triennale. Abbesse perpétuelle. Nommer, élire, bénir une Abbesse.

A B C. s.m. On prononce (Abécé.) Petit Livret contenant l'Alphabet & la combinaison des lettres pour apprendre [alt p. 4] à lire aux enfans. Achetez, un A b c pour un enfant.

Il signifie figurément, Le commencement d'un art, d'une science, d'une affaire. Ce n'est là que l'Abc des Mathématiques.

On dit proverbialement & figurément, Renvoyer quelqu'un à l'A b c, pour dire, Le traiter d'ignorant. Remettre quelqu'un à l'A b c, pour dire, L'obliger à recommencer tout de nouveau.

ABCÉDER. v.n. Terme de Chirurgie. Se tourner en abcès. Cette tumeur abcédera.

ABCÈS. s.m. Apostume. Amas d'humeurs corrompues qui se fixent en quelque partie du corps, & qui y forment une tumeur. Abcès dangereux. Abcès dans le poumon. Abcès dans le foie. Vider un abcès. L'abcès a crevé. Il y a danger qu'il ne se forme un abcès.

ABDALAS. s. m. pl. Nom général que les Persans donnent aux Religieux; ce que les Turcs appellent Derviches, & les Chrétiens nomment Moines.

ABDICATION. s.f. Action par laquelle

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