Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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Cette raison n'est pas mauvaise absolument parlant. Il y a des beautés dans cet ouvrage; mais, absolument parlant, il n'est pas bon.

En Gram., Prendre, employer un mot absolument, Employer sans complément un mot auquel il est plus ordinaire d'en donner un, ou qui est susceptible d'en avoir un. Tel verbe se prend, se met, s'emploie quelquefois absolument. Dans cette phrase, Espérer, c'est jouir, les verbes espérer et jouir sont pris absolument. Dans celle-ci, Vivre dans l'abondance, le mot abondance est employé absolument, pour dire, L'abondance des choses nécessaires et agréables à la vie. Il signifie quelquefois, Employer elliptiquement une expression en supprimant le mot ou les mots qui la régissent ordinairement. Dans cette phrase de commandement, Pied à terre, où le mot mettez est sous-entendu, Pied à terre est pris absolument.

ABSOLUTION. s. f. T. de Droit criminel. Jugement qui renvoie de l'accusation un accusé déclaré coupable, parce que le crime ou le délit n'est puni par aucune loi.

Il se dit aussi, mais improprement, de L'acquittement d'un innocent. Les jurés balancèrent entre l'absolution et la condamnation.

ABSOLUTION signifie aussi, L'action par laquelle le prêtre remet les péchés en vertu des paroles sacramentelles qu'il prononce. Donner l'absolution. Refuser l'absolution. Différer l'absolution. Absolution sacramentelle. Il est mort un moment après avoir reçu l'absolution.

ABSOLUTOIRE. adj. des deux genres Qui porte absolution. Bref absolutoire.

ABSORBANT, ANTE. adj. T. de Médec. et de Pharm. Il se dit Des substances et des préparations médicinales ayant la propriété d'absorber les acides qui se développent spontanément dans l'estomac. Substance, terre, poudre absorbante.

Il s'emploie plus ordinairement comme substantif. On lui a donné des absorbants.

En termes d'Anat., Système absorbant, L'ensemble des vaisseaux et des glandes qui concourent à l'absorption. Vaisseaux absorbants ou lymphatiques, ou simplement, Absorbants, Vaisseaux qui font partie de ce système.

ABSORBER. v. a. Engloutir. Les sables, les terres sèches et légères absorbent les eaux de la pluie en un moment. Le Rhin, à la fin de son cours, se perd dans des sables qui l'absorbent. Le Rhône tombe dans un gouffre qui l'absorbe.

Il se dit dans un sens analogue en parlant Des couleurs, des sons, des odeurs, des saveurs. Le noir absorbe la lumière. Une voix faible est absorbée dans un grand choeur de musique. L'odeur de la tubéreuse absorbe l'odeur de la plupart des autres fleurs. Le goût de l'ail absorbe celui des autres assaisonnements.

Il se dit aussi Des corps qui ont la faculté de pomper les fluides placés à leur portée. Les branches gourmandes absorbent la nourriture destinée au reste de l'arbre. Les fluides absorbés par les vaisseaux lymphatiques. La membrane muqueuse du poumon absorbe l'oxygène de l'air, dans l'acte de la respiration. L'éponge absorbe l'eau.

ABSORBER signifie figurément, Consumer entièrement; et, en ce sens, il se dit principalement en parlant Des biens, des richesses, de l'argent. Les procès ont absorbé tout son bien. Les frais du scellé ont absorbé la meilleure partie de la succession. Les conventions matrimoniales absorberont tout le bien du mari. Cela absorbera trop de temps.

Il signifie aussi, Attirer à soi en entier. Cet orateur avait tellement absorbé l'attention, qu'il n'y en eut plus pour les autres. Cette scène absorbe tout l'intérêt de la pièce. Ses nouvelles fonctions l'absorbent tout entier.

ABSORBER est aussi verbe pronominal. Les pluies s'absorbent dans les sables. Tout passe, et s'absorbe dans l'éternité.

ABSORBÉ, ÉE. participe Il se dit quelquefois D'une personne profondément appliquée à quelque chose. Il est absorbé, entièrement absorbé dans l'étude des mathématiques. Il était absorbé dans ses réflexions.

Être tout absorbé en Dieu, Être dans une méditation continuelle des choses de Dieu.

ABSORPTION. s. f. Action d'absorber. Il se dit principalement, en Physiologie, de Cette fonction par laquelle les êtres organisés attirent à eux et pompent les fluides qui les environnent ou qui sont exhalés intérieurement. L'absorption est très-active chez les enfants. L'absorption du chyle se fait à la surface des intestins.

ABSOUDRE. v. a. T. de Droit criminel. (J'absous, tu absous, il absout; nous absolvons, vous absolvez, ils absolvent. J'absolvais. J'ai absous. J'absoudrai. J'absoudrais. Absous, qu'il absolve; absolvez. Que j'absolve. Absolvant.) Renvoyer de l'accusation une personne reconnue coupable, mais dont le crime ou le délit n'est pas qualifié punissable par la loi. Il signifie aussi, mais improprement, Déclarer un accusé innocent du crime ou du délit qui lui était imputé, l'acquitter. En absolvant cet homme, on n'a pas fait justice. Il y a eu cinq voix pour condamner l'accusé, et sept pour l'absoudre. On l'a absous malgré le crédit de ses ennemis. Il s'est fait absoudre du crime dont on l'accusait. Elle fut absoute à pur et à plein.

Il s'emploie figurément dans le langage ordinaire. Je vous absous de votre négligence, en faveur de votre repentir. Rien ne pourra l'absoudre d'une si grande faute.

ABSOUDRE signifie aussi, Remettre les péchés dans le tribunal de la pénitence. Tout prêtre a pouvoir d'absoudre en cas de mort. Il a le pouvoir d'absoudre des cas réservés. Absoudre un pénitent. Absoudre en confession.

ABSOUS, OUTE. participe

ABSOUTE. s. f. T. de Liturgie cathol. Absolution publique et solennelle qui se donne en général au peuple, et dont la cérémonie se fait le jeudi saint au matin, ou le mercredi au soir dans les cathédrales. L'évêque a fait la cérémonie de l'absoute. On fait l'absoute dans les paroisses aux grandes messes le jour de Pâques.

ABSTÈME. s. des deux genres Celui ou celle qui ne boit point de vin. L'Église dispensait du calice les abstèmes. Il est peu usité.

ABSTENIR (S'). v. pron. (Il se conjugue comme Se tenir.) S'empêcher de faire quelque chose, se priver de l'usage de quelque chose. S'abstenir de boire et de manger. S'abstenir de jurer. Quand on a pris l'habitude de faire quelque chose, il est bien malaisé de s'en abstenir. S'abstenir de vin. Je m'abstiendrai de tout ce qui peut nuire à la santé. Il s'est abstenu de toutes sortes de plaisirs. Il s'abstient même de lire. Il s'en abstint ce jour-là. Elle s'en est abstenue. Abstenez-vous de café, de liqueurs.

Il s'emploie quelquefois absolument. Il est plus aisé de s'abstenir que de se contenir. Dans le doute, abstiens-toi.

En termes de Jurispr., Ce juge s'abstient d'opiner, de juger, ou absolument, Il s'abstient, Il se récuse lui-même; et, Cet héritier s'est abstenu de la succession, Il n'a point fait acte d'héritier.

ABSTENTION. s. f. T. de Procéd. Acte par lequel un juge s'abstient, se récuse lui-même.

ABSTERGENT, ENTE. adj. T. de Médec. Il se dit Des remèdes extérieurs qui servent à nettoyer les plaies, les ulcères.

Il s'emploie aussi comme substantif. Un bon abstergent.

Il se disait autrefois Des remèdes qu'on croyait propres à dissoudre certaines duretés, certains épaississements.

ABSTERGER. v. a. T. de Chirur. Nettoyer. Il se dit en parlant Des plaies, des ulcères.

ABSTERGÉ, ÉE. participe

ABSTERSIF, IVE. adj. T. de Chirur. Propre à nettoyer. Voyez ABSTERGENT, qui est plus usité.

ABSTERSION. s. f. T. de Chirur. Action d'absterger.

ABSTINENCE. s. f. Action de s'abstenir. Abstinence de vin. Vivre dans l'abstinence de tous les plaisirs. L'Église catholique enjoint l'abstinence des femmes aux prêtres.

Il s'emploie absolument, et se dit alors en parlant Du boire et du manger. L'abstinence est utile au corps et à l'âme. On lui a ordonné une grande abstinence. On lui faisait faire abstinence malgré lui.

Il s'emploie quelquefois, en ce sens, au pluriel. Les abstinences prescrites par l'Église. Exténué de jeûnes et d'abstinences.

Chez les Catholiques, Jours d'abstinence, Ceux où l'on doit s'abstenir de manger de la viande, sans être obligé de jeûner. Il n'est pas jeûne aujourd'hui, il n'est que jour d'abstinence.

ABSTINENT, ENTE. adj. Qui est modéré dans le boire et le manger. Il est peu usité.

ABSTRACTION. s. f. T. didactique. Opération par laquelle l'esprit considère séparément des choses qui sont réellement unies. Considérer une des qualités d'un sujet prise à part, et en faisant abstraction de toutes les autres. Quand je dis la blancheur en général et sans l'appliquer à un objet, je parle par abstraction. En faisant abstraction de la qualité des personnes, vous jugerez que, etc. Abstraction faite du style, qui est faible, cet ouvrage a quelque mérite.

ABSTRACTION se dit aussi Des idées générales, des propriétés, des qualités séparées par l'esprit des sujets auxquels elles sont unies. Humanité, raison, vertu, savoir, blancheur, pesanteur, etc., sont des abstractions.

Il se dit, dans un sens défavorable, Des

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