Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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idées trop métaphysiques, des idées théoriques auxquelles on s'abandonne, sans égard aux difficultés que peut rencontrer leur application. C'est un esprit chimérique qui se perd dans les abstractions.

Il signifie encore, au pluriel, Préoccupation, rêverie qui empêche un homme de penser aux choses dont on lui parle, ou qu'il a sous les yeux. Cet homme est dans des abstractions continuelles.

ABSTRACTIVEMENT. adv. Par abstraction, d'une manière abstraite. On peut considérer abstractivement les qualités des corps. Abstractivement parlant.

ABSTRAIRE. v. a. (Il se conjugue comme Traire.) T. didactique. Faire abstraction, considérer séparément des choses qui sont réellement et nécessairement unies. Abstraire l'accident du sujet, de la substance. En algèbre, on abstrait la quantité, le nombre de toutes sortes de sujets.

ABSTRAIT, AITE. participe Il est aussi adjectif. Ainsi on appelle,

En Logique, Terme abstrait, Un terme qui désigne une qualité considérée toute seule, et séparée du sujet; par opposition à Terme concret. Rondeur, blancheur, bonté, sont des termes abstraits; et, Rond, blanc, bon, unis à des noms de substances, comme Pain rond, vin blanc, bon prince, sont des termes concrets. On dit dans un sens analogue, Une idée abstraite; et substantivement, L'abstrait et le concret.

En Mathém., Nombre abstrait, Tout nombre que l'on considère seulement comme une collection d'unités, quelles que soient ces unités, et en faisant abstraction de leur nature; par opposition à Nombre concret.

ABSTRAIT, adjectif signifie aussi, Très-métaphysique, très-difficile à saisir, à pénétrer. Ce discours est abstrait. Cette question est bien abstraite. On dit dans le même sens, Un écrivain, un philosophe abstrait.

Il signifie encore, Plongé dans la méditation ou dans la rêverie, n'ayant de pensée et d'attention que pour l'objet intérieur qui occupe. On est abstrait pour être trop appliqué à une seule chose, et distrait par inapplication ou légèreté.

ABSTRUS, USE. adj. Qui est difficile à entendre, qui demande une extrême application pour être bien conçu. Il ne se dit que Des sciences et du raisonnement. Sciences abstruses. Raisonnements abstrus. Question abstruse. Sens abstrus.

Il se dit quelquefois Des écrivains, dans un sens défavorable. Ce philosophe m'a paru fort abstrus.

ABSURDE. adj. des deux genres Qui est évidemment contre la raison, contre le sens commun. Cela est absurde. Voilà un raisonnement absurde. Dire des choses absurdes. Proposition absurde. Conséquence absurde. Conduite absurde.

Il se dit aussi De la personne qui parle ou agit absurdement. Un raisonneur absurde. C'est un homme absurde. Il n'y a pas d'homme plus absurde dans le monde.

ABSURDE s'emploie aussi comme substantif masculin, et signifie, Absurdité. Tomber dans l'absurde.

Réduire un homme, son homme à l'absurde, Le forcer, dans la discussion, à se rendre ou à déraisonner. Réduire une opinion, un raisonnement à l'absurde, Montrer, prouver que le principe ou la conséquence en est absurde.

ABSURDEMENT. adv. D'une manière absurde. Raisonner, parler absurdement.

ABSURDITÉ. s. f. Vice de ce qui est absurde. L'absurdité d'un discours. N'êtes-vous pas choqué de l'absurdité de ce raisonnement, de cette assertion?

Il se dit aussi de La chose même qui est absurde. Il s'ensuivrait de là une grande absurdité. Il nous a débité mille absurdités.

Il se dit, par extension, en parlant Des personnes. Cet homme est d'une absurdité rare.

ABUS. s. m. Usage mauvais, excessif ou injuste de quelque chose. L'abus qu'il a fait de ses richesses, de ses forces, de sa santé, de son autorité. Abus de pouvoir. Abus de confiance. Il ne faut pas confondre l'abus avec l'usage.

Il se dit absolument pour signifier, Désordre, usage pernicieux. Abus manifeste, notoire. Réformer, corriger, retrancher les abus. Il s'est glissé divers abus dans la justice, dans cette administration. Il faut distinguer entre un usage reçu, et un abus qui s'est introduit. Les exemptions trop fréquentes dégénèrent en abus.

Appel comme d'abus, Appel interjeté d'une sentence rendue par un juge ou supérieur ecclésiastique, qu'on prétend avoir excédé son pouvoir, ou avoir contrevenu aux lois du royaume. Interjeter appel comme d'abus. On dit de même, Le conseil d'État a jugé qu'il y avait abus, Il a jugé que l'appel comme d'abus a été bien interjeté.

ABUS signifie aussi, Erreur. Voilà un étrange abus. C'est un abus de croire que cela puisse réussir. Vous comptez sur la justice des hommes: abus.

Prov., Le monde n'est qu'abus et vanité.

ABUSER. v. a. Tromper. Il vous promet cela, il vous abuse. Abuser les esprits faibles. Il abuse les peuples. Vous m'avez abusé par de fausses promesses. Son imagination, sa passion l'abuse.

Abuser une fille, La séduire, la suborner. Il a abusé cette pauvre fille sous promesse de mariage.

ABUSER s'emploie aussi avec le pronom personnel, et signifie, Se tromper. Ils se sont abusés. On s'abuse souvent soi-même. Je comptais sur votre amitié, je vois que je me suis cruellement abusé. Il s'abuse jusques à croire qu'il parviendra à supplanter son rival.

ABUSER est aussi verbe neutre, et signifie, User mal, user autrement qu'on ne doit. Il a abusé de votre bonté. Abuser des sacrements. Il abuse des grâces que Dieu lui fait. Si vous lui accordez cette liberté, il n'en abusera pas. Il abuse de son loisir, de son temps, de son crédit, de son autorité. On abuse des meilleures choses. C'est un homme qui ne se ménage point, et qui abuse de sa santé. Vous abusez de ma patience. Il abusait de la confiance que j'avais en lui. Il abuse de votre amitié. C'est abuser de la permission. Ce poëte abuse de sa facilité.

Abuser d'une fille, En jouir sans l'avoir épousée. C'est une fille dont il a longtemps abusé.

ABUSER en termes de Droit, se prend pour Consommer, détruire. La propriété consiste dans le droit d'user et, d'abuser.

ABUSÉ, ÉE. participe

ABUSEUR. s. m. Celui qui abuse, qui trompe. Un grand abuseur. Il est familier et peu usité.

ABUSIF, IVE. adj. Qui est contraire aux règles, aux lois. Usage abusif. Procédure abusive. Ce mot est employé dans un sens abusif.

ABUSIVEMENT. adv. D'une manière abusive. Mot employé abusivement. Cet homme a été abusivement emprisonné.

ABYME. s. m. Voyez ABÎME.

ABYMER. v. a. Voyez ABÎMER.

ACABIT. s. m. Qualité bonne ou mauvaise de certaines choses. Il se dit principalement Des fruits et des légumes. Des poires d'un bon acabit. Des haricots, des navets d'un bon, d'un mauvais acabit.

Il se dit quelquefois, figurément et familièrement, en parlant Des personnes. Cet homme est d'un bon acabit, d'un mauvais acabit. Ce sont gens de même acabit. Vous ne le corrigerez pas de sa défiance, c'est son acabit, il est de cet acabit.

ACACIA. s. m. Nom de deux espèces de mimosa, qui croissent l'une en Égypte, l'autre au Sénégal, et qui fournissent la gomme arabique et la gomme du Sénégal. Suc d'acacia.

Faux acacia, ou Acacia blanc, ou simplement, Acacia, Arbre d'agrément, espèce de robinier à rameaux épineux, et à fleurs blanches et odorantes disposées par bouquets. L'acacia est originaire d'Amérique. Un bel acacia. Planter des acacias. On appelle de même improprement Acacias, Quelques autres espèces de robiniers cultivés, tels que le Robinier à fleurs roses et le Robinier visqueux.

ACADÉMICIEN. s. m. Philosophe de la secte de l'Académie. Les académiciens et les péripatéticiens étaient opposés sur plusieurs points.

Il signifie aussi, Celui qui fait partie d'une compagnie de gens de lettres, de savants ou d'artistes, nommée Académie. Un académicien de Marseille, de Toulouse. Les académiciens de la Crusca. Les quarante académiciens de l'Académie française. Il a quelquefois un féminin. L'Académie de peinture a nommé quelques femmes académiciennes. Il y a en Italie des académiciennes.

ACADÉMIE. s. f. Jardin près d'Athènes, où s'assemblaient quelques philosophes qui prirent de là le nom d'Académiciens. Les philosophes de l'Académie et ceux du Lycée étaient d'accord sur ce point.

Il se dit aussi de La secte même de ces philosophes. L'Académie prétendait que, etc.

ACADÉMIE se dit, par extension, d'Une compagnie de personnes qui se réunissent pour s'occuper de belles-lettres, de sciences ou de beaux-arts. L'Académie de la Crusca.

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