Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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Il signifie au figuré Celui qui fatigue par
des criailleries importunes, par des injures.
Ce polémiste n'est qu'un aboyeur. Un méchant
aboyeur. Un aboyeur fatigant.

Il se dit aussi de Celui qui, à la porte des
théâtres, hôtels, cafés, restaurants, etc.,
appelle les voitures.

ABRACADABRA. n. m. Mot auquel on
attribuait anciennement des vertus magiques,
et qui, disait-on, guérissait la fièvre, lorsqu'on
le portait autour du cou, écrit dans une certaine
forme.

ABRACADABRANT, ANTE. adj. Qui est
très extraordinaire, très surprenant. Il est
familier.

ABRAXAS. n. m. T. d'Antiquité. On donne
ce nom à Toute une classe d'objets, tels que
statuettes, plaques métalliques et surtout
pierres gravées, sur lesquels on lit plusieurs
lettres grecques, dont la réunion forme le
mot Abraxas ou Abrasax, qui n'appartient à
aucune langue. L'Abraxas se portait comme
une amulette.

ABRÉGÉ. n. m. Écrit ou discours dans lequel
on rend d'une manière succincte ce qui
est ou ce qui pourrait être plus développé.
Mézeray a fait lui-même un abrégé de sa grande
Histoire de France. On a réduit toute cette
science en abrégé; on en a fait un abrégé.
Indiquez-moi un bon abrégé d'astronomie. Voici
l'abrégé de sa vie.
Par analogie, L'homme offre
un abrégé des merveilles de l'univers.

Par extension, il signifie aussi les Points
essentiels d'une proposition, d'une réclamation,
etc. Donnez-moi un abrégé de votre affaire.

EN ABRÉGÉ, loc. adv. Sommairement, en
peu de paroles. Contez-moi la chose en abrégé.

Il signifie aussi Par abréviation. Écrivez ce
mot en abrégé.

ABRÉGER. v. tr. Rendre plus court. Ses
débauches, ses chagrins abrégèrent sa vie. La
méthode qu'il a pour enseigner le latin abrège
de beaucoup le temps des études. Abréger une
narration, un discours. Abréger un délai.

Il s'emploie quelquefois absolument. Vous êtes
trop long, abrégez. Prenez ce chemin, il abrège.

Il signifie encore Faire paraître moins
long. La conversation abrège le chemin. Rien
n'abrège le temps comme le travail.

ABREUVER. v. tr. Faire boire. Dans ce
sens, il ne se dit proprement qu'en parlant
des bêtes, et particulièrement des chevaux.
Abreuvez ces chevaux. C'est dans cette mare que
les bestiaux du village s'abreuvent.

Il se dit aussi en parlant des Personnes,
et ordinairement par plaisanterie. Vous nous
avez bien abreuvés. J'ai abreuvé toute la
troupe. Il s'abreuve d'excellent vin.

Fig., La pluie a bien abreuvé les terres, Elle
les a bien pénétrées, bien humectées. On dit
aussi Ces prairies, ces plantes ont besoin d'être
abreuvées,
Il faut qu'on les arrose.

Fig., Abreuver quelqu'un de chagrins, de
dégoûts. Abreuver de douleurs, d'ennuis, d'humiliations,
d'amertume. S'abreuver de larmes.
S'abreuver de fiel. Un homme abreuvé de fiel
et de haine.

Abreuver des tonneaux, des cuves, Les remplir
d'eau pour en faire gonfler le bois afin
qu'ils ne coulent point.

En termes d'Arts, il signifie Mettre sur
un fond poreux une couche d'huile, d'encollage,
de couleur ou de vernis, pour en boucher
les pores et en rendre la surface unie.

ABREUVOIR. n. m. Lieu où l'on mène les
chevaux et les bestiaux boire et se baigner.
L'abreuvoir est à l'entrée du village. Mener les
chevaux à l'abreuvoir.

ABRÉVIATEUR, TRICE. n. Celui, celle
qui abrège.

Il se dit particulièrement des Officiers de
la Chancellerie romaine chargés de la rédaction
des brefs pontificaux.

Il se dit aussi d'un Auteur qui abrège l'ouvrage
d'un autre. Justin est l'abréviateur de
Trogue-Pompée.

ABRÉVIATIF, IVE. adj. Qui abrège. Signes
abréviatifs.

ABRÉVIATION. n. f. Action d'abréger.
Il se dit spécialement du Retranchement de
lettres dans un mot, pour écrire plus vite,
ou en moins d'espace. Les écritures de la
Cour de Rome sont pleines d'abréviations. On
écrit, par abréviation,
M., Mme, Mlle, au lieu
de
Monsieur, Madame, Mademoiselle; S. M.,
S. A. R., au lieu de Sa Majesté, Son Altesse
Royale; S. S. pour Sa Sainteté, Sa Seigneurie;
etc.

Il se dit également de Certains signes destinés
à représenter sous une forme abrégée des
mots ou plusieurs notes de musique. Les médecins
emploient, dans leurs formules, diverses
abréviations pour indiquer les poids, les mesures,
le mode de préparation, etc. C'est surtout dans
la musique instrumentale qu'on fait usage des
abréviations.

ABRI. n. m. Lieu où l'on peut se mettre à
couvert. Un bon abri. Chercher, trouver un
abri, de l'abri. Se faire un abri. Un abri contre
la tempête. C'est un lieu extrêmement découvert,
où il n'y a point d'abri.

Cette rade, cette plage est un bon abri, Les
vaisseaux y sont en sûreté contre le vent,
contre la tempête.

Il se dit également, en termes d'Agriculture,
de Tout ce qui sert à garantir, soit
de l'action désastreuse des vents, soit de la
trop grande ardeur du soleil. Les abris sont
ou naturels, comme les montagnes, les forêts,
les plantations en lignes et les haies; ou artificiels,
comme les murs et les paillassons.

Il se dit pareillement, en termes de Guerre,
de Tout ce qui met une troupe à couvert des
projectiles de l'ennemi.

Il se dit figurément de Quelque lieu
que ce soit où l'on est en sûreté, et généralement
de Tout ce qui nous préserve d'un
danger. La solitude est un abri contre les
embarras du monde. La médiocrité est un abri
contre les coups de la fortune. Il trouvera dans
la maison d'un tel protecteur un abri contre les
violences de ses ennemis.

À L'ABRI, loc. adv. À couvert. Il tombait
une pluie abondante, nous nous mîmes à l'abri.
Être à l'abri sous un hangar, sous un arbre,
derrière une muraille, derrière une haie. Rester
prudemment à l'abri.

À L'ABRI DE, loc. prép. Se mettre à l'abri
de la pluie, du vent, du mauvais temps.
Fig.,
Se mettre à l'abri de la persécution, de la
vexation.
Dans ces phrases, De a la signification
de Contre.

À L'ABRI DE se dit aussi de Ce qui sert à
mettre à couvert. Être à l'abri d'un bois, à
l'abri d'une muraille.
Fig., Agir à l'abri de la
faveur.
Dans ces phrases, De signifie Sous.

En termes de Marine, Être à l'abri d'une
terre; se mettre à l'abri sous le vent d'une
île; etc.

ABRICOT. n. m. Fruit de l'abricotier. Abricots
d'espalier. Compote d'abricots. Confiture
d'abricots. Abricots confits.

Abricot-pêche, Espèce d'abricot dont le
goût se rapproche de celui de la pêche.

ABRICOTIER. n. m. Arbre de la famille
des Rosacées, qui porte les abricots. Abricotier
en espalier. Abricotier en plein vent.

ABRITER. v. tr. Mettre à l'abri. Abriter
un espalier. Cette maison est abritée par une
montagne. S'abriter derrière un mur. Voici
l'orage, abritons-nous. Dans les sièges, on fait
des fossés, des épaulements, pour s'abriter contre
le canon.

ABROGATION. n. f. Action d'abroger.
L'abrogation d'une loi, d'une coutume, d'un
usage, d'un rite, d'une cérémonie.

ABROGER. v. tr. Rendre nul. Il se dit
principalement en parlant de Lois, de coutumes.
Abroger une loi, une ordonnance, une
coutume. Cette loi s'est abrogée d'elle-même, par
désuétude, par le temps.

ABROUTI, IE. adj. T. d'Eaux et Forêts.
Qui a été brouté par le bétail, en parlant
des premières pousses de bois.

ABRUPT, UPTE. adj. Dont la pente est
escarpée et comme rompue. Montagne abrupte.

Il se dit figurément d'une Manière d'écrire
rompue, sans liaison. Style abrupt.

ABRUTIR. v. tr. Rendre stupide comme
une bête brute. Le vin pris avec excès abrutit
les hommes, abrutit l'esprit.

S'ABRUTIR signifie Devenir stupide comme
une bête brute. Cet homme s'abrutit.

Familièrement, On l'a abruti de travail.

Le participe passé s'emploie aussi comme
nom : Un abruti.

ABRUTISSANT, ANTE. adj. Qui abrutit,
qui est propre à abrutir. Un genre de vie abrutissant.
Des plaisirs abrutissants. Cette occupation
est abrutissante.

ABRUTISSEMENT. n. m. État d'une personne
abrutie. Cet homme est tombé dans un
grand abrutissement. La débauche l'a plongé
dans l'abrutissement.

ABSCISSE. n. f. T. de Mathématiques. L'une
des deux coordonnées rectilignes par lesquelles
on définit la position d'un point dans un plan;
l'autre s'appelle Ordonnée.

Axe des abscisses, axe des ordonnées, Droites
indéfinies sur lesquelles les abscisses et les
ordonnées se mesurent à partir d'une commune
origine, qui est leur point d'intersection.

ABSCONS, ONSE. adj. Qui est caché,
mystérieux. Voilà un raisonnement bien
abscons.

ABSENCE. n. f. Le fait d'être absent.
Longue absence. Les peines de l'absence. Il fait
de fréquentes absences.

Il se dit aussi du Défaut de présence à une
réunion, à une assignation, à un appel. On
n'a pas laissé de se divertir en votre absence. Il
fut ordonné qu'on procéderait tant en présence
qu'en absence de l'accusé, ou des parties. On
a fait constater son absence.

Il se dit particulièrement, en termes de
Jurisprudence, de la Situation d'une personne
dont on n'a point reçu de nouvelles depuis une
certaine époque et dont la résidence actuelle
n'est point connue. Tant que l'absence n'a pas
été déclarée par un jugement, elle n'est que
présumée. Présomption d'absence. Les effets de
l'absence.

Il s'emploie figurément au sens moral. Il
y a dans cet ouvrage une absence totale d'esprit,
de goût, de logique.

Fig., Absence d'esprit, Distraction, manque
d'attention. Il est sujet à des absences d'esprit.
On l'emploie surtout absolument. C'est chez lui
une absence. Il a souvent des absences.

ABSENT, ENTE. adj. Qui est éloigné de
sa demeure, de sa résidence ordinaire, ou Qui
n'est pas dans le lieu où l'on devait le trouver.
Vous avez été longtemps absent. Être absent de
Paris. Absent par congé. J'étais absent au
moment de l'appel.

Il signifie au figuré Qui est distrait, inattentif.
Son esprit est quelquefois absent. Durant
toute notre conversation il est resté comme
absent. Avoir l'air absent.

Il est aussi employé comme nom. Tant les
absents que les présents. On oublie aisément les
absents.

Prov., Les absents ont toujours tort.

Il s'emploie aussi en termes de Jurisprudence.
Les personnes présumées absentes.
Les biens que l'absent possédait au jour de sa
disparition.
Voyez ABSENCE.

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