Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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ABSENTER (S'). v. pron. S'éloigner de
quelque lieu où l'on est habituellement, où la
profession, les fonctions qu'on exerce veulent
que l'on demeure, etc. S'absenter d'un pays.
Ce soldat s'est absenté du poste sans la permission
de son chef. Il s'est absenté pour se dérober
à leurs poursuites.

ABSIDE. n. f. T. d'Architecture. Voûte,
partie semi-circulaire.

Il a été employé par les premiers écrivains
chrétiens pour désigner la Tribune ou grande
niche surmontée d'une voûte qui terminait
les basiliques antiques. Plus tard, et par
extension, il s'est dit de l'Extrémité du sanctuaire,
ou chevet des églises.

ABSINTHE. n. f. Plante de la famille des
Composées, qui est très amère et aromatique.
Vin, teinture d'absinthe. Cela est plus amer
que de l'absinthe.

Il se dit aussi d'une Liqueur qu'on prépare
en faisant infuser des feuilles d'absinthe
dans de l'eau-de-vie et dont l'usage est une
des formes les plus funestes de l'alcoolisme.
Prendre un verre d'absinthe. Il s'est tué à boire
de l'absinthe.

ABSOLU, UE. adj. Qui est complet, sans
restriction. Quand il s'applique à l'autorité,
il signifie Qui est souverain, sans contrôle.
Pouvoir absolu. Autorité absolue. Monarchie
absolue. Commandement absolu.
On dit de
même Souverain absolu, maître absolu.

Il signifie aussi Qui est impérieux, entier.
Cet homme est absolu dans tout ce qu'il veut.
Parler d'un ton absolu. Un caractère absolu.

Il signifie encore Qui est total, sans exception.
Une impossibilité absolue. Il y a peu de
vérités absolues.

Il se dit, en termes de Métaphysique et
de Grammaire, par opposition à Relatif.
Homme est un terme absolu, Père est un
terme relatif.

Emploi absolu se dit à propos d'un Verbe
ou d'un nom qui n'est pas accompagné de
son complément habituel ou logique. Dans
Il mange bien, il boit bien, mange et boit
sont d'un emploi absolu.

En termes de Grammaire latine, Ablatif
absolu,
Ablatif qui n'est régi par aucun mot
exprimé dans la proposition. On dit de même,
en termes de Grammaire grecque, Génitif
absolu.

Il s'emploie comme nom, en termes de
Métaphysique, et signifie Ce qui existe indépendamment
de toute condition. L'absolu. La
philosophie de l'absolu.

ABSOLUMENT. adv. D'une manière absolue.
Cet homme dispose absolument de tout
dans la maison.

Il signifie aussi Résolument, malgré
toute opposition et toute remontrance.
On eut beau lui dire qu'il ne devait pas partir,
il le voulut absolument. Je n'en ferai absolument
rien.

Il signifie quelquefois Indispensablement.
Il faut absolument que vous partiez.

Il signifie encore Tout à fait, entièrement.
Je ne suis pas absolument décidé à
poursuivre cette affaire. Il nia absolument
le fait. Tout le monde absolument fut de cet
avis. Il ne fait absolument rien.

Absolument parlant, À juger de la chose
en général, et sans entrer dans aucun détail.
Cette raison n'est pas mauvaise, absolument
parlant. Il y a des beautés dans cet ouvrage;
mais, absolument parlant, il n'est pas bon.

En termes de Grammaire, Prendre, employer
un mot absolument,
Employer sans complément
un mot auquel il est plus ordinaire
d'en donner un, ou qui est susceptible d'en
avoir un. Tel verbe se prend, s'emploie quelquefois
absolument. Dans cette phrase,
Espérer,
c'est jouir, les verbes espérer et jouir sont
pris absolument. Dans celle-ci,
Vivre dans
l'abondance, le mot Abondance est employé
absolument pour dire L'abondance des choses
nécessaires et agréables à la vie.

ABSOLUTION. n. f. Action d'absoudre.
L'absolution lui fut donnée par l'opinion
publique.

Il signifie aussi, en termes de Droit criminel,
Jugement qui renvoie de l'accusation
un accusé auteur d'un fait qui n'est puni
par aucune loi.

En termes de Théologie, il signifie encore
Action par laquelle le prêtre remet les
péchés en vertu des paroles sacramentelles
qu'il prononce. Donner l'absolution. Absolution
sacramentelle. Il est mort un moment après
avoir reçu l'absolution.

ABSOLUTISME. n. m. Théorie ou pratique
d'une autorité absolue. L'absolutisme
de Pierre le Grand. Hobbes est un défenseur
de l'absolutisme.

ABSOLUTISTE. adj. des deux genres.
Qui est partisan de l'absolutisme. Des théories
absolutistes. Des procédés absolutistes.
Substantivement,
Un absolutiste. Les absolutistes l'ont
emporté dans telle circonstance.

ABSOLUTOIRE. adj. des deux genres.
Qui porte absolution. Il ne s'emploie plus
qu'en termes de Chancellerie romaine. Bref
absolutoire.

ABSORBANT, ANTE. adj. Qui absorbe.
Une terre absorbante. Des sables absorbants.

En termes de Médecine et de Pharmacie, il
se dit des Substances et des préparations
médicinales ayant la propriété d'absorber
les acides qui se développent spontanément
dans l'estomac. Substance, poudre absorbante.

Il s'emploie plus ordinairement comme
nom. On lui a donné des absorbants.

Figurément, ABSORBANT signifie Qui s'empare
de l'esprit, qui l'occupe tout entier.
Pensées, occupations absorbantes.

ABSORBEMENT. n. m. État d'une personne
absorbée. L'absorbement de l'âme
dans la méditation. Dans son absorbement
il ne s'aperçut de rien.
Il vieillit.

ABSORBER. v. tr. Faire pénétrer en soi,
s'assimiler. Les sables, les terres sèches et
légères absorbent les eaux de la pluie en un
moment. Absorber de la nourriture. Les pluies
s'absorbent dans les sables.

Il se dit dans un sens analogue en parlant
des Couleurs, des sons, des odeurs,
des saveurs. Le noir absorbe la lumière.
Une voix faible est absorbée dans un grand
choeur de musique. L'odeur de la tubéreuse
absorbe l'odeur de la plupart des autres fleurs.

Il se dit aussi des Corps qui ont la faculté
de pomper les fluides placés à leur portée.
Les branches gourmandes absorbent la nourriture
destinée au reste de l'arbre. Les fluides
sont absorbés par les vaisseaux lymphatiques.
La membrane muqueuse du poumon absorbe
l'oxygène de l'air, dans l'acte de la respiration.
L'éponge absorbe l'eau.

ABSORBER, au figuré, signifie Consumer
entièrement, et, en ce sens, il se dit principalement
en parlant des biens, des richesses,
de l'argent. Les procès ont absorbé tout son
bien. Les frais ont absorbé la meilleure partie
de la succession. Tout passe et s'absorbe dans
l'éternité. Cette lecture absorbera trop de temps.

Il signifie aussi Attirer à soi en entier.
Cet orateur avait tellement absorbé l'attention
qu'il n'y en eut plus pour les autres.
Cette scène absorbe tout l'intérêt de la pièce.
Ses nouvelles fonctions l'absorbent tout entier.

Le participe passé ABSORBÉ, ÉE, se dit
d'une Personne profondément appliquée à
quelque chose. Il est entièrement absorbé dans
l'étude des mathématiques. Il était absorbé
dans ses réflexions.

Être tout absorbé en Dieu, Être dans une
méditation continuelle des choses de Dieu.
Absolument, Il est tout absorbé.

ABSORPTION. n. f. Action d'absorber.
Il se dit principalement, en termes de
Physiologie, de Cette fonction par laquelle
les êtres organisés attirent à eux et pompent
les fluides qui les environnent ou qui sont
exhalés intérieurement. L'absorption est très
active chez les enfants. L'absorption du chyle
se fait à la surface des intestins.

ABSOUDRE. (J'absous, tu absous, il
absout; nous absolvons, vous absolvez, ils
absolvent. J'absolvais. J'ai absous. J'absoudrai.
J'absoudrais. Absous, absolvons, absolvez.
Que j'absolve. Absolvant. Absous, absoute.
)
v. tr. T. de Droit criminel. Renvoyer de
l'accusation une personne reconnue l'auteur
d'un fait qui n'est pas qualifié punissable
par la loi. Il signifie aussi Déclarer un accusé
innocent du crime ou du délit qui lui était
imputé, l'acquitter. En absolvant cet homme,
on n'a pas fait justice. Il y a eu cinq voix
pour condamner l'accusé et sept pour l'absoudre.
On l'a absous malgré le crédit de ses
ennemis. Il s'est fait absoudre du crime dont
on l'accusait.

En termes de Théologie, il signifie Remettre
les péchés. Tout prêtre a pouvoir d'absoudre
en cas de danger de mort. Absoudre un pénitent.
Absoudre en confession.

Il s'emploie figurément dans le langage
ordinaire. Je vous absous de votre négligence,
en faveur de votre repentir.

ABSOUTE. n. f. T. de Liturgie catholique.
Prière qui termine une cérémonie funèbre.
Le curé a donné l'absoute.

Il se disait aussi d'une Absolution publique
et solennelle qui se donnait au peuple le
jeudi saint au matin, ou le mercredi saint au
soir dans les cathédrales.

ABSTENIR (S'). (Il se conjugue comme
TENIR.) v. pron. S'empêcher de faire quelque
chose, se priver de l'usage de quelque chose.
S'abstenir de boire et de manger. S'abstenir
de jurer. Quand on a pris l'habitude de faire
quelque chose, il est bien malaisé de s'en
abstenir. S'abstenir de vin. Il s'est abstenu
de toutes sortes de plaisirs.

Il s'emploie quelquefois absolument. Il
est plus aisé de s'abstenir que de se contenir.
Dans le doute, abstiens-toi.

En termes de Jurisprudence, Ce juge
s'abstient d'opiner, de juger,
ou absolument
s'abstient, Il se récuse lui-même. Cet héritier
s'est abstenu de la succession,
Il n'a point
fait acte d'héritier.

ABSTENTION. n. f. Action de s'abstenir
de l'exercice d'un droit, d'une fonction, ou
Résultat de cette action. L'abstention de vote.
L'abstention des électeurs. Il y a eu, à ces élections,
un grand nombre d'abstentions.
Il se dit
particulièrement de l'Acte par lequel un juge
s'abstient, se récuse lui-même.

ABSTERGENT, ENTE. adj. T. de Chirurgie.
Qui sert à nettoyer les plaies, les ulcères.
Remède abstergent.

Il s'emploie aussi comme nom. Un bon
abstergent.

ABSTERGER. v. tr. T. de Chirurgie.
Nettoyer. Il se dit en parlant des Plaies, des
ulcères.

ABSTERSIF, IVE. adj. T. de Chirurgie. Qui
est propre à nettoyer. On dit plutôt ABSTERGENT.

ABSTERSION. n. f. T. de Chirurgie. Action
d'absterger.

ABSTINENCE. n. f. Action de s'abstenir.
Abstinence de vin. Vivre dans l'abstinence
de tous les plaisirs. L'Église catholique enjoint
aux prêtres l'abstinence des femmes.

Il s'emploie absolument et se dit alors
en parlant du Boire et du manger. L'abstinence
est utile au corps et à l'âme. On lui
a ordonné une grande abstinence. On lui
faisait faire abstinence malgré lui.

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