ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"202"> soeur de S. Benoît: elles suivent la regle de ce patriarche des moines d'Occident. (G)

BÉNÉDICTION (Page 2:202)

BÉNÉDICTION, s. f. (Théol.) l'action de bénir, c'est - à - dire de souhaiter quelque chose d'heureux, soit par des signes, soit par des paroles. Cette cérémonie a été en usage de toute antiquité, tant parmi les Juifs que parmi les Chrétiens.

Les Hébreux entendent souvent sous ce nom les présens que se font les amis; apparemment. parce qu'ils sont d'ordinaire accompagnés de bénédictions & de complimens de la part de ceux qui les donnent, & de ceux qui les reçoivent. Voyez, Gen. xxxiij. 2. Josué, xv. 19. I. Reg. xxv. 27. xxx. 26. IV. Reg. v. 15. &c. les bénédictions solennelles que les prêtres donnoient au peuple dans certaines cérémonies. Par exemple, Moyse dit au grand - prêtre Aaron: Quand vous bénirez les enfans d'Israël, vous direz: que le Seigneur vous bénisse & vous conserve; que le Seigneur fasse briller sur vous la lumiere de son visage; qu'il ait pitié de vous, qu'il tourne sa face sur vous, & qu'il vous donne sa paix. Il prononçoit ces paroles debout à voix haute, & les mains étendues & élevées. Les prophetes & les hommes inspirés, donnoient aussi souvent des bénédictions aux serviteurs de Dieu & au peuple du Seigneur. Les pseaumes sont pleins de pareilles bénédictions. Les patriarches au lit de la mort, bénissoient leurs enfans & leur famille. Le Seigneur ordonne que le peuple d'Israel étant arrivé dans la terre promise, on assemble toute la multitude entre les montagnes d'Hébal & de Garizim, & que l'on fasse publier des bénédictions pour ceux qui observent les lois du Seigneur sur la montagne de Garizim, & des malédictions contre les violateurs de ces lois sur la montagne d'Hébal. C'est ce que Josué exécuta après qu'il eut fait la conquête d'une partie de la terre de Chanaan. Voyez l'article Hébal, Num. vj. 24. Genes. xxvij. xlix. Tob. vij. 7. Deut. xj. Josué, &c.

Bénéâiction signifie aussi abondance. Celui qui seme avec épargne moissonnera peu; & celui qui seme avec bénédiction, moissonnera avec bénédiction, avec abondance. Etencore: Je les ai priés de passer chez vous, afin que cette bénédiction que vous avez promise soit toute préte, & qu'elle soit, comme elle est véritablement, une bénédiction, & non un don d'avarice; & Jacob souhaite à son fils Joseph, les bénédictions du ciel, ou la pluie & la rosée en abondance; les bénédictions de l'abysme, l'eau des sources; les bénédictions des entrailles & des mammelles, la fécondité des femmes & des animaux. Et le Psalmiste: vous remplirez tout animal de bénédiction, de l'abondance de vos biens. Cor. ix. 6. 5. Gen. xlix. 15. Ps. cxliv. 16. D. Calmet, Dict. de la bibl. tom. I. pag. 309. (G)

BÉNEFICE, GAIN, PROFIT, LUCRE (Page 2:202)

* BÉNEFICE, GAIN, PROFIT, LUCRE, ÉMOLUMENT, (Grammaire.) Le gain semble dépendre beaucoup du hasard; le profit paroît plus sûr; le lucre est plus général, & à plus de rapport à la passion; l'émolument est affecté aux emplois; le bénéfice semble dépendre de la bienveillance des autres. Le gain est pour les joüeurs; le profit pour les marchands; le lucre pour les hommes intéressés; l'émolument pour certaines gens de robe & de finance; & le bénéfice pour celui qui revend sur le champ. Le joüeur dira, j ai peu gagné; le marchand, je n'ai pas fait grand profit; l'employé, les émolumens de mon emploi sont petits; le revendeur, accordez - moi un petit bénéfice: & l'on peut dire d'un homme intéressé, qu'il aime le lucre.

Béné, fice (Page 2:202)

Béné, fice, s. m. (Droit canoniq.) office ecclésiastique auquel est joint un certain revenu qui n'en peut être séparé. Ce nom vient de ce qu'au commencement les évêques donnoient quelquefois aux ecclésiastiques qui avoient long - tems servi, quelque portion des biens de l'Eglise pour en joüir pendant un tems, après lequel ce fonds revenoit à l'Eglise; ce qui ressembloit aux récompenses que les empereurs accordoient aux soldats Romains en considération de leurs services; d'où l'on appelloit ces soldats, milites beneficiarii; & d'où quelques auteurs tirent l'origine de nos fiefs. Ce nom a passé ensuite aux ecclésiastiques, à qui on a donné de semblables fonds pour subsister. Leur véritable origine ne paroît pas avoir précédé le viii. siecle, où l'on fit le partage des biens d'Eglise. On ne laisse pourtant pas que de trouver quelques vestiges des bénéfices dès l'an 500, sous le pape Symmaque: on voit qu'alors on donna à un clerc qui avoit bien servi l'Eglise, un champ en fonds qu'il posséda, & dont il tira sa subsistance. On trouve de plus dans un canon du premier concile d'Orange, tenu en 441, quelques traces de la fondation des bénéfices & du droit de patronage, tant ecclésiastique que laïque: mais ce n'étoit pas l'ordinaire avant le viii. siecle; communément les ecclésiastiques subsistoient des revenus des biens des églises & des oblations des fideles que l'évêque distribuoit entre eux. Du tems de Charlemagne, les curés & les autres ministres de l'Eglise joüissoient de revenus fixes & certains, & percevoient des dixmes; & cette coûtume s'établit dans tout l'Occident. Ce fut alors que ces titres ecclésiastiques furent appellés bénéfices, & que chaque clerc eut un revenu attaché à fon titre.

Les bénéfices sont ou séculiers ou réguliers. Les séculiers sont l'évêché, les dignités des chapitres; savoir, la prevôté, le doyenné, l'archidiaconné, la chancellerie, la chantrerie; les charges d'écolâtre ou capricol, ou théologal, de thrésorier, de chefcier, & les canonicats, qui sont des places de chanoines, ou sans prébende, ou avec prébende, ou avec semi - prébende. Les autres bénéfices séculiers, les plus ordinaires, sont les simples cures, les prieurés - cures, les vicairerics perpétuelles, les prieurés simples, & les chapelles.

Les bénéfices réguliers sont l'abbaye en titre; les offices claustraux qui ont un revenu affecté, comme le prieuré conventuel en titre, les offices de chambrier, aumônier, hospitalier, sacristain, célérier & autres semblables. Les places de moines anciens & non - réformés, sont regardées presque comme des bénéfices. On ne donne pourtant proprement ce nom qu'aux offices dont on prend des provisions.

On divise encore les bénéfices en bénéfices sacerdotaux, bénéfices à charge d'ames, & bénéfices simples. Les bénéfices sacerdotaux sont des bénéfices ou dignités ecclésiastiques, qu'on ne peut posséder sans être prêtre, ou en âge de l'être du moins dans l'année. Les bénéfices à charge d'ames sont ceux dont le pourvû a jurisdiction sur une certaine portion de peuple, dont l'instruction est confiée à ses soins; tels sont les évêchés & les cures. Enfin les bénéfices simples sont ceux qui n'ont ni charge d'ames, ni obligation d'aller au choeur, & qui par conséquent n'obligent point à résidence; telles sont les abbayes ou prieurés en commende, & les chapelles chargées seulement de quelques messes, que l'on peut faire célébrer par d'autres.

Il y a des irrégularités qui empêchent de posséder des bénéfices; telles que la bâtardise, la bigamie, la mutilation, le crime public pour lequel on peut être repris de justice, & le crime ecclésiastique, comme l'hérésie, la simonie, la confidence, &c. qui emportent privation du bénéfice. Les casuistes disputent sur la pluralité des bénéfices: quelques - uns la croyent illégitime; le plus grand nombre la croit permise, & l'Eglise la tolere. En Angleterre, la plûpart des bénéfices ont été supprimés du tems de la réformation, parce qu'alors les biens ecclésiastiques ont passé dans les mains des laïques. Fleury, Instit. au Droit ecclés. tom. I. part. II. ch. xiv. xix. & xxviij.

Bénéfices consistoriaux (Page 2:202)

Bénéfices consistoriaux, grands bénéfices, comme les évêchés, abbayes & autres dignités, ainsi appellés, parce que le pape en donne les provisions aprés une délibération faite dans le consistoire des [p. 203] cardinaux. On donne ce nom en France aux dignités ecclésiastiques dont le Roi a la nomination, suivant le concordat fait entre le pape Léon X. & François I. mais ce concordat n'a fait que renouveller un droit que les rois de France avoient possédé des le commencement de la monarchie. Grégoire de Tours, Aimoin, & nos anciens historiens, sont pleins d'exemples qui prouvent que nos rois de la premiere race disposoient des évêchés. Ils en parlent en ces termes: talis cpiscopus ordinatus est jussu regis, ou assensu regis, ou decreto regis. Cet usage continua sous la seconde race. Loup, abbé de Ferrieres, rapporte que le roi Pepin obtint le consentement du pape pour nommer aux grandes dignités ecclésiastiques ceux qu'il en jugeroit les plus capables pour le bien de son état. Hincmar, archevéque de Rheims, & Flodoard, parlent aussi de ces nominations. C'est ce qu'on voit encore dans le second concile d'Aix - la - Chapelle, tenu sous Louis le Debonnaire. Les rois successeurs d'Hugues Capet, en userent ainsi, comme le témoigne, en plusieurs endroits de ses épitres, Fulbert, éveque de Chartres, qui vivoit dans le xi siecle, du tems du roi Robert. Il est vrai que dans le xii, les papes disposerent de plusieurs de ces bénéfices: mais vers le commencement du xiii, sous Philippe Augusre, les élections eurent lieu, de sorte néanmoins que le roi les autorisoit, & l'évêque élû ne pouvoit être consacré sans le consentement du prince. Le concordat n'a donc fait que rendre au roi le droit de nomination aux grands bénéfices, que quelques - uns disent appartenir au roi de France en qualité de Roi; parce que le choix des prélats est une chose importante pour la conservation de l'état, & que ce monarque est le premier patron & protecteur des églises de son royaume. Les autres rois & princes souverains joüissent d'un pareil droit; & cette nomination a eu lieu en Hongrie, en Espagne, dans les Pays - Bas, à Venise & en Savoie. Elle étoit aussi en usage en Angleterre & en Ecosse avant la réformation, & le roi y nomme encore aux archevêchés & évêchés: mais on ne peut plus appeller ces dignités bénéfices consistoriaux, depuis que le pape n'en donne plus la consumation. Pithou, Traité des Libert. de l'Egl. Gallie. (G)

Bénéfice (Page 2:203)

Bénéfice, en terme de Droit civil, signifie en général une exception favorable accordee par la loi ou par le prince, qui rend l'impétrant habile à une fonction ou une qualité dont il étoit incapable à la rigueur. Tels sont le bénéfice d'age, voyez Age; le bénéfice de cession, voyez Cession; de division, voyez Division; de diseussion, voyez Discussion; d'inventaire, voyez Inventaire; &c.

Bénéfice se prend aussi quelquefois pour un simple privilége ou droit favorable. C'est en ce sens qu'on dit, que le bénéfice du vendeur sert à l'acheteur. (H)

Bénéfice (Page 2:203)

Bénéfice, (Commerce.) signifie avantage, gain, profit. On dit qu'un marchand a du bénéfice sur le marché ou la vente de certaines marchandises.

Quand on dit qu'un banquier fait tenir de l'argent d'une place à l'autre avec bénéfice, cela doit s'entendre qu'au lieu de demander quelque chose pour l'échange, il donne du profit. Quand le change est au pair, il n'y a ni bénéfice ni perte.

On nomme bénéfice d'aunage, le profit qui se rencontre sur l'aunage des étoffes, des toiles, &c. Il y a des endroits où, quoique l'aune soit égale à celle de Paris, on ne laisse pas de trouver un bénéfice considérable sur l'aunage, par la bonne mesure que donnent les fabriquans pour attirer les marchands. Ainsi, par exemple, à Roüen on donne vingt - quatre aunes de toile pour vingt aunes, ce qui est quatre aunes de bon ou de bénéfice sur chaque fois vingt aunes. Voyez Aunage. (G)

Bénéfices (Page 2:203)

Bénéfices, s. m. (Hist. anc.) terme dont les anciens se servoient pour signifier les fonds de terre qu'on donnoit aux vieux soldats ou vétérans, pour récompense de leurs services; & c'est de là qu'on appelloit ces soldats beneficiarii milites. Les Tures en usent encore aujourd'hui de même à l'egard de leurs spahis ou timariots. Voyez Spaiii & Timariot. (G)

BÉNEFICIABLE (Page 2:203)

BÉNEFICIABLE, adj. (Chimte.) profitable; il se dit ordinairement d'une mine. On dit qu'une mine est benéficiable, lorsqu'on veut dire qu'elle peut étre exploitée avec pro; qu'on en peut tirer du bénéfice. Pour rendre une mine bénéficiable, il faut en séparer ce qui détruiroit le métal, ou ce qui l'empécheroit de se séparer de sa mine. (M)

BÉNÉFICIAIRE (Page 2:203)

BÉNÉFICIAIRE, adj. pris subst. tenne de Droit, qui ne se dit qu'en un seul cas, à savoir en parlant de l'héritier qui a pris des lettres de bénéfice d'inventaire. Voyez Inventaire.

En pays coûtumier, l'héritier pur & simple on ligne collatérale exclut le bénéficiaire; secus en ligne directe: mais en pays de Droit écrit, l'héritier pur & simple n'exclut pas le bénéficiaire, même en collatérale.

L'héritier bénéficiaire a l'administration de tous les biens de la succession, dont il doit un compte aux creanciers & légataires, pour le reliqua duquel, s'il se trouve redevable, ils ont hypotheque sur ses propres biens, du jour qu'il a été déclaré héritier bénéficiaire. (H)

Bénéficiaires (Page 2:203)

* Bénéficiaires, s. m. pl. (Hist. anc.) c'est ainsi qu'on appelloit dans les troupes Romaines ceux qui servoient volontairement, soit pour obtenir les bonnes graces & la faveur des consuls, soit pour obtenir quelque récompense des chefs. Ils étoient rangés sous les drapeaux dans les cohortes; ils ne montoient point la garde; ils étoient dispensés de travailler aux tortifications & aux campemens. Ils faisoient l'office de centuriens, en cas de besoin, & portoient comme eux la branche de vigne. Le terme benéficiaire se prend en différens sens, & tout ce que nous venons de dire de leurs fonctions a été sujet à bien des changemens.

BÉNÉFICIAL (Page 2:203)

BÉNÉFICIAL, qui concerne les bénéfices. Cet adjectif ne se trouve employe qu'au féminin, ainsi l'on dit des causes, des matieres bénéficiales: mais on ne diroit pas des codes bénéficiaux. (H)

BÉNÉFICIATURES (Page 2:203)

BÉNÉFICIATURES, s. f. plur. (terme de Droit ecclésiastiq. ) sortes de bénéfices amovibles, qui ne peuvent se résigner, & peuvent vaquer par l'absence, comme les bénéfices de chantres ou vicaires, chorntes, chapelains. Les bénéficiatures ne peuvent être appellées qu'improprement bénéfices; ce sont plûtôt des places destinées à des prêtres chargés pour ce de rendre un service actuel à l'église, & que le chapitre peut destituer, s'ils y manquent pendant deux mois de suite, sans qu'il soit nécessaire de faire précéder aucune monition canonique; monitions sans lesquelles, suivant le droit commun, on ne pourroit pas priver de son bénéfice un véritable bénéficier.

On appelle aussi les bénéficiatures, bénéfices serfs. Voyez Bénéfice. (H)

BÉNÉFICIER (Page 2:203)

BÉNÉFICIER, v. neut. en Chimie, c'est exploiter les mines avec bénéfice, avec profit. (M)

BENESCHAU (Page 2:203)

* BENESCHAU, (Géog.) il y a deux villes de ce nom; l'une dans le royaume de Boheme, & l'autre en Silesie.

BENEVENT (Page 2:203)

* BENEVENT, (Géog.) ville d'Italie, au royaume de Naples, près du confluent du Sabato & du Calore. Long. 32. 27. lat. 41. 6.

Benevent (Page 2:203)

* Benevent, (Géog.) petite ville de France, dans le Limosin.

BÉNÉVOL (Page 2:203)

BÉNÉVOL, adj. (terme de Droit ecclésiastique.) est un acte par lequel un supérieur octroye une place monacale dans sa maison, à un religieux d'un autre ordre, qui est dans le dessein de se faire tranuferer dans le sien. Il doit avoir ce bénévol, pour être en état d'obtenir le bref de translation, de peur qu'il ne se

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