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Galien parle d'une autre espece de pouls décurté par les deux côtés où l'on ne sent que la pulsation du milieu, il les appelle innuens ou circumnuens. Lorsque l'inégalité est telle que les pouls manquent totalement pendant un certain tems, ils prendront les noms de décurtés manquans, ou inégaux manquans, ou intermittens, suivant qu'on doit attribuer les défauts du pouls à la petitesse, ou à la foiblesse, ou à la rareté poussées à l'excès. On appelle intermittent le pouls qui se trouve formé par l'inégalité de fréquence, il est l'opposé de l'intermittent, ayant deux distensions à la place d'un repos.
Galien prétend qu'on peut aussi distinguer des inégalités dans une seule pulsation ou distension & cette inégalité peut se trouver ou dans la même portion d'artere, examinée dans des tems différens, ou dans des portions différentes d'artere tatées dans le même tems; dans le premier cas on compte trois différences qui sont assez ordinaires, suivant lui, & très - significatives, comme il promet de le montrer ailleurs; le mouvement d'une portion d'artere peut être, dans le commencement, lent & enfin vîte, ou d'abord vîte & ensuite lent, &c. ainsi, ou le repos intercepte le mouvement, ou le mouvement subsiste avec inégale vîtesse, ou enfin, il prend sur le repos, & revient avant son tems; chacun de ces cas donne naissance à différentes especes de pouls; dans le premier se forment d'abord neuf différences; car 1°. le premier mouvement étant vîte, le second peut être ou vîte, ou lent, ou modéré; 2°. le premier mouvement peut être lent, & le second varier de trois façons; 3°. il en est de même si le premier est moderé, &c. Voyez la table de Galien, livre cité, ch. xiv. 2°. Le mouvement subsistant avec inégalité de vîtesse fait aussi naître plusieurs différences, car les pulsations peuvent être d'abord lentes & ensuite vîtes, d'autres peuvent au contraire commencer à être vîtes, & finir par être lentes; l'on peut ici multiplier à l'infini les différences en supposant différens degrés de vîtesse & de lenteur, en faisant passer le pouls du modéré au vîte, du vîte au modéré, d'une extrème lenteur à une extrème vîtesse, & vice versa. Enfin en imaginant de l'ordre ou de l'irrégularité, de l'égalité ou de l'inégalité, parce que ces substilités sont le fruit de l'imagination, & ne se trouvent point dans la nature; Galien veut qu'on restreigne toutes ces différences à six, & assure qu'il n'arrive jamais que le pouls passe d'une extrémité à l'autre. Si l'on compare deux mouvemens ensemble, il se formera neuf especes de pouls, dont trois sont nécessairement égaux; il en restera donc six d'inégaux. Voyez la table de Galien, ch. xvj. Nous la transcrirons ici, le lecteur pourra juger de ce que nous avançons, & se former une idée des autres plus composées, qu'on peut consulter dans l'ouvrage même.
Premier mouvement. Second mouvement. 1 vîte (égal.) vîte. 2 vîte . . . modéré. 3 vîte . . . lent. 4 modéré . . vîte. 5 modére (égal.) modéré.6 modéré . . lent. 7 lent . . . vîte. 8 lent . . . modéré. 9 lent (égal.) lent.
Si l'on peut en comparer trois, il résultera vingt - sept especes de pouls, qui, par la soustraction des trois égaux se reduisent à vingt - quatre. Voyez encore la table; & si on a l'adresse, ou pour mieux dire l'habitude de pouvoir dans une pulsation saisir quatre tems inégaux, comme Galien dit l'avoir fait assez difficilement, & qu'on les combine ensemble, on établira 81 différences, ou par la soustraction des trois égaux, 78 especes de pouls inégaux dans une seule pulsation; il est peu nécessaire d'avertir combien ces subdivisions sont subtiles, idéales & peu observées.
3°. Enfin le mouvement qui coupe, pour ainsi dire,
le repos qui revient, qui recurrit, constitue le
pouls qu'Archigène a appellé dicrote,
Si l'on tâte avec plusieurs doigts différentes portions d'artere en même tems, on sentira plusieurs pulsations; il est évident qu'il peut se trouver entre elles de l'inégalité, qu'elle peut varier suivant les doigts, que le pouls peut être inégal en vîtesse, ou inégal manquant; dans le pouls continuel, les pulsations peuvent être plus ou moins vîtes, modérées ou lentes; vîtes sous le premier doigt, par exemple, lentes sous le second, modérées sous le troisieme, & vîtes sous le quatrieme; on peut combiner ces différences de 81 manieres, & par conséquent établir 81 especes de pouls inégaux dans une seule distension, ou seulement 78, parce qu'il y en a trois nécessairement égaux, comme nous avons remarqué ci - dessus; si on ne tâte le pouls qu'avec trois doigts, on n'aura que 27 especes de pouls, dont trois égaux; avec deux doigts, neuf especes de pouls qui se reduisent à 6 d'inégaux; le pouls inégal manquant peut varier de la même maniere, l'interruption de mouvement pouvant se rencontrer au premier doigt, ou au second, ou au troisieme, ou au quatrieme, ou ensemble, ou séparément; comme toutes ces différences ne sont que des possibilités, tout le monde peut s'en former une idée.
L'inégalité peut se trouver dans la quantité de distension; de - là les combinaisons de grand & de petit, qu'on peut varier & multiplier à l'infini; il en est de même de la force ou de la foiblesse, de la dureté ou de la mollesse, de la plénitude ou de la vacuité sur lesquelles on peut établir un égal nombre de différences; on peut en tirer encore de la situation de l'artere. Il arrive quelquefois qu'elle semble déplacée, & qu'elle se déjette en - dehors de côté & d'autre, s'élançant avec force comme un trait; on a donné à ce pouls le nom de vibrosus, pouls vibré, bien différent de notre pouls vibratil. Le pouls convulsif est fort analogue au pouls vibré, il en differe cependant en ce que l'artere n'est pas fort agitée, qu'elle semble au contraire attachée à deux points fixes, qui la tiennent tendue, & dont elle s'écarte peu, faisant des pulsations petites.
Dans cette espece d'inégalité, qui est propre à une seule distension, mais qui suppose plusieurs pulsations, sont compris les pouls ondulans vermiculaires, formicans & caprisans: ces especes sont réellement observées; elles ne naissent point de quelque division [p. 209]
L'égalité de fréquence & de rareté ne peut se trouver que dans une suite de pulsations; il peut varier suivant le plus ou moins de tems qui se trouve entre chaque pulsation: l'inégalité de rythme se rencontre dans le pouls pris collectivement, lorsqu'il n'y a pas la même proportion entre le tems du coup & celui de l'intervalle dans certaines pulsations que dans d'autres. Si par exemple, dans les deux premieres pulsations ces deux tems sont égaux, ou si étant inégaux, ils sont comme 2, 4, ou 4, 6, & qu'ils soient inégaux, on n'observe pas cette proportion dans les deux suivantes, il y aura inégalité de rythme; on voit par - là combien il seroit facile d'établir & de multiplier mentalement ces différences. Galien veut distinguer une inégalité de rythme dans un seul pouls ou une seule distension; pour cela il fait tâter le pouls dans plusieurs portions d'artere, & recommande d'attendre une pulsation & demie: ce qui empêchera, dit - il, de regarder cette inégalité comme collective, c'est que la seconde pulsation ne finit pas; il suffit, selon lui, pour pouvoir savoir son inégalité de rythme, que la distension commence; car, poursuit - il, si toutes les portions de l'artere commencent à se mouvoir en même tems dans la premiere distension, & que dans la seconde elles ne s'élevent pas toutes dans le même instant, il y aura inégalité de distension, de vitesse & en même tems de rythme, puisque la proportion sera dérangée; il en sera de même si toutes les parties de l'artere, ayant commencé ensemble la pulsation, ne la finissent pas en même tems; on pourroit aussi trouver ou imaginer d'autres façons de faire rencontrer l'inégalité de rythme dans une seule distension, ou plutôt dans une distension & demie: ces exemples suffisent pour faire entendre l'idée de Galien, & pour montrer combien la simple spéculation peut augmenter ces classes minutieuses que l'observation renverse en découvrant leur inutilité.
Telles sont les différences que Galien a établies, soit
2°. Causes des pouls. Galien fait ici une distinction importante entre les causes de la génération des pouls & les causes de leur altération, les différentes qualités des humeurs, les bains, les passions, &c. peuvent bien altérer les pouls; mais ces causes ne sauroient les produire; on avoit dejà beaucoup disputé, du tems de Galien, sur les causes qui concourent effectivement à leur génération; les uns attribuoient ce mouvement du coeur & des arteres à la chaleur naturelle; d'autres à la contention: ceux - ci, à une propriété du tempérament: ceux - là le faisoient dépendre de l'ensemble de la structure du corps; quelques - uns croyoient que l'esprit en étoit la seule cause: quelques - autres joignirent ensemble plusieurs de ces causes ou même toutes. Il y en eut qui imaginerent une faculté incorporelle pour premiere cause, qui se servît de la plûpart, ou même de tous les instrumens dont nous venons de parler, pour produire les pouls. Galien adopte ce dernier sentiment, & ne laisse pas d'admettre cette faculté, quoiqu'il en ignore l'essence, il la croit toujours également forte & puissante, & attribue au vice des instrumens, à la mauvaise disposition du corps, les dérangemens qui arrivent dans la force du pouls: il joint à cette cause effectrice l'usage: par ce mot, il entend l'utilité des pouls pour rafraîchir le sang dans la distension, & pour dissiper dans la contraction les excrémens fuligineux ramassés dans les arteres par l'adustion du sang. C'est son langage vraisemblablement bon dans son tems & dans son pays, que nous ne devons pas trouver plus extraordinaire & plus mauvais que l'idiome anglois en Angleterre. La troisieme cause nécessaire, suivant Galien, est celle qu'on appelloit la cause instrumentale, ou les instrumens, c'est - à - dire, les arteres: la faculté pulsatrice ne prend pas, ainsi que les autres ouvriers méchaniques, les instrumens en - dehors quand elle veut agir; mais elle s'y applique dans toute leur substance, & les pénetre intimement.
Les différences des pouls se tireront donc de ces
trois causes: de la faculté, de l'usage, des instrumens
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