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Les causes de l'inégalité du pouls ne peuvent se tirer que de la faculté & des instrumens; l'usage ne sauroit produire aucun pouls inégal, parce qu'il ne peut pas varier d'une pulsation à l'autre, & encore moins dans la même pulsation; l'inégalité suit ordinairement la foiblesse de la faculté, soit qu'elle soit absolue, ou relative à l'abondance des humeurs, à la compression, à l'obstruction ou oppilation des vaisseaux; alors elle est semblable à un homme robuste, qui chargé d'un pesant fardeau, fait de faux pas, chancelle & marche inétalement; l'espece de pouls inégal la plus ordinaire alors, sont quelques intermittens surtout, & les intercurrens; ils sont produits par les efforts de la faculté robuste qui tâche d'emporter les obstacles; ils sont de tems en tems grands, élevés, & dans cet état ils annoncent une excrétion critique, lorsque la faculté est absolument foible, qu'elle ne peut pas commander à tous les instrumens & agir sur eux: il y en a quelques - uns qui sont sans action, qui boitent, claudicat: ce qui donne lieu à l'inégalité; mais alors le pouls est foible, petit, lent, & inégal. Les pouls mûrs ou décurtés, & surtout les décurtés manquans, mutila décurtata, sont très - souvent l'effet & le signe de la faculté foible; si le vice des instrumens, c'est - à - dire leur obstruction ou compression, est jointe à la foiblesse de la faculté, l'inégalité sera beaucoup plus considérable.
Lorsque l'inégalité se trouve dans un seul pouls, que l'artere, par exemple, s'arrête au milieu de sa distension, semble reprendre haleine, resprirat, & finit ensuite lentement sa distension; on doit attribuer cet état à l'usage pressant, & aux efforts que fait la faculté pour le satisfaire, mais qui sont interrompus par l'abondance des humeurs ou la gêne des instrumens: ces pouls peuvent varier de bien des façons, la premiere distension pouvant être plus vite ou plus lente que la seconde, ou modérée, ou égale, & le repos plus ou moins long; lorsque la faculté est forte, supérieure aux obstacles, & que les vices des instrumens sont fort éloignés des principaux troncs, ils font alors le pouls grand, fort, les deux distensions vites, & le repos intermédiaire très - court; il en est de même de pouls continus, mais inégaux en vitesse; pour produire le pouls vibratil, il faut que la faculté soit forte, l'usage pressant & peu satisfait, & l'instrument très - dur; la dureté de l'instrument peut être occasionnée par quelque irritation, par une tension trop forte, un état spasmodique ou inflammatoire, & aussi par le desséchement des tuniques de l'artere. Le pouls dicrote qui est une espece de vibratil, suppose aussi inégalité d'intempérie dans les arteres, c'est - à - dire, inégale distribution de chaud, de froid, d'humide & de sec dans son tissu, de façon qu'elle ne résiste pas également dans tous les points; alors une portion d'artere s'élevera avant l'autre, & formera ces deux coups: ce qui peut arriver aussi lorsque les parties environnantes compriment trop [p. 211]
Les inégalités qui naissent dans la longueur, largeur & hauteur des pouls, ont des causes différentes, quoiqu'absolument la largeur & la hauteur ne doivent pas être distinguées, & qu'elles soient les mêmes dans une artere nue & isolée. La faculté forte & la mollesse des instrumens concourent à faire les pouls hauts & larges; ils sont tels dans la colere & dans ceux qui vont être jugés. La faculté irritée & animée éleve les parois supérieures de l'artere, lorsqu'il n'y a point d'obstacles, & que les autres sont comprimés; le pouls est large au contraire, lorsque les efforts se font par les côtés, qu'ils ne résistent pas, & que la peau seche est un obstacle à la hauteur du pouls: cela se rencontre souvent dans le tems de crise. La foiblesse peu considérable de la faculté, la maigreur des parties, & la dureté de la peau & des instrumens produisent les pouls longs: je les ai observés très - fréquemment chez des convalescens exténués.
Les changemens qui arrivent dans les rythmes, sont pour l'ordinaire relatifs aux âges, aux tempéramens, ou à quelqu'autre circonstance semblable; ils dépendent principalement de l'usage auquel se rapportent nécessairement la vitesse, la fréquence & la grandeur des distensions & des contractions; la proportion qui est entre ces deux mouvemens, doit varier dans les cas où leurs causes s'éloigneront de l'équilibre & de l'égalité; par exemple, la contraction augmentera dans les enfans qui prennent plus de nourriture, qui font plus d'humeur: les excrémens fuligineux sont plus abondans, & leur excrétion est plus nécessaire; or, comme nous avons dit plus haut, l'usage de la contraction est de chasser & dissiper ces matieres excrémentitielles, de même que la contraction de la vessie & des intestins exprime & ren<cb->
Telles sont les causes qui agissent intérieurement sur le pouls, & dont l'action dérobée au témoignage des sens ne peut s'atteindre que par un raisonnement plus ou moins hypothétique. Galien joint à l'exposition de ces causes intérieures plus prochaines, plus cachées, plus obscures & plus incertaines, le détail des différentes modifications des pouls qu'entraine l'action des différentes causes extérieures dont les effets sont certains, & peuvent être connus par une observation assidue; mais il n'est pas décidé si Galien s'est servi d'un moyen de connoissance aussi fécond & infaillible pour déterminer ces différentes especes de pouls, ou s'il ne les a pas déduits de ses systèmes antérieurs; quoiqu'il en soit, ces observations & ses classes se plient très - facilement à sa théorie, & semblent faites exprès pour elles. On peut consulter le troisieme & le quatrieme livre des causes des pouls, l'on y verra les changemens du pouls par rapport aux sexes, aux âges, aux saisons, aux climats, aux tempéramens, aux habitudes, à la grossesse, au sommeil, au réveil, à l'exercice, aux bains chauds & froids, au boire, au manger, aux passions, à la douleur, & à un grand nombre de maladies. Il ne nous est pas possible d'entrer dans un détail aussi circonstancié, & qu'il ne seroit pas possible d'abréger & d'ailleurs inutile au but que nous nous sommes proposé; nous nous contentrons de faire une remarque qui nous paroît importante, c'est que Galien ne compte point parmi les causes du pouls le mouvement des humeurs ou des esprits dans les arteres, opinion cependant soutenue avant lui par Erasistrate, qui pensoit que ces esprits étoient envoyés par le coeur dans les arteres. Il ne paroît cependant pas ignorer ce mouvement, puisqu'il a fait une expérience très - ingénieuse pour prouver qu'il n'étoit point cause du pouls, & que les arteres ne se distendoient pas, parce qu'elles recevoient les humeurs, mais qu'elles les recevoient, parce qu'elles étoient distendues, comme les soufflets reçoivent l'air, lorsqu'on en écarte les parois, contraires en cela aux outres & aux vessies qui ne se distendent que par l'humeur dont on les remplit; Galien introduisit un chalumeau dans une artere, & lia fortement les parois au milieu du chalumeau, dans l'instant l'artere au - dessous de la ligature ne battit plus; cependant le cours des humeurs étoit libre à - travers le chalumeau, l'artere se remplissoit comme à l'ordinaire, & rien ne les empêchoit d'exciter les pouls au - dessous de la ligature: d'où Galien conclud que la force pulsatrice est dans la membrane même des arteres, & absolument indépendante du mouvement du sang & de l'esprit dans leur cavité: conclusion très - juste, très - remarquable, & dont la vérité n'est pas encore assez reconnue.
3°. Présages qu'on peut tirer du pouls. Le pouls peut servir à faire connoître le tems passé, ou les causes, la privation, le derangement actuel qui constitue les maladies; & le tems à venir, c'est - à - dire l'issue favorable ou mauvaise qu'on doit espérer ou craindre.
Pour déterminer les causes qui ont précédé, il n'y
a qu'à se rappeller les changemens que font sur le
pouls les différentes causes, tels que nous les avons
exposées ci - dessus. Il y a cependant une observation
à faire, c'est qu'il y a certains caracteres du pouls qui
ne dépendant que d'une seule cause, l'annoncent nécessairement: tels sont les pouls forts ou foibles, durs
ou mols, qui dénotent la force ou la foiblesse de la
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