ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"202"> d'accord dans l'essentiel, pour guider un homme intelligent. Avec les desseins de Monconys & du P. Sicard, on pourroit faire bâtir aisément des fours dans le goût de ceux d'Egypte, & les employer au même usage. Il ne seroit pas non plus impossible d'avoir un de ces Berméens dont l'exercice de l'art de couver les oeufs est la principale occupation. Thevenot nous apprend que le grand - duc pour satisfaire une curiosité louable qui a été l'apanage des Médicis, fit venir d'Egypte un de ces hommes habiles dans l'art de faire naître des poulets, & qu'il en fit éclorre à Florence aussi bien qu'ils éclosent en Egypte.

Le P. Sicard donne quatre à cinq chambres à chaque rang du rez - de - chaussée d'un mamal d'Egypte. M. Granger en met sept, Monconys dix ou douze, & Thévenot les borne à trois. Apparemment qu'il y a en Egypte des mamals de différentes grandeurs: aussi le P. Sicard dit qu'on fait couver dans ces fours quarante mille oeufs à la fois, & Monconys dit quatre - vingt mille, différence qui est dans le même rapport que celle des capacités des mamals dont ils parlent.

Au rapport de M. Granger c'est sur des nattes que les oeufs sont posés dans chaque chambre du rez de chaussée; Thévenot les y fait placer sur un lit de bourre ou d'étoupe, ce qui est assez indifférent: c'estlà qu'ils doivent prendre une douce chaleur, dans laquelle ils demandent à être entretenus pendant un certain nombre de jours.

Les poulets n'éclosent des oeufs couvés par des poules, que vers le vingt - unieme jour; ils n'éclosent pas plutôt dans les fours d'Egypte: mais ce qu'on n'auroit pas imaginé, c'est que plusieurs jours avant celui où ils doivent naître, il seroit inutile & même dangereux d'allumer du feu dans le four. Après un certain nombre de jours toute sa masse a acquis un degré de chaleur qu'on y peut conserver pendant plusieurs autres jours au moyen de quelques légeres précautions, malgré les impressions de l'air extérieur, sans aucune diminution sensible, ou sans une diminution dont les poulets puissent souffrir.

Ce terme au bout duquel on cesse de faire du feu dans les fours, est encore un des articles sur lequel les voyageurs qui en ont parlé ne sont pas d'accord. Je ne sais si la différence de température d'air dans différens mois est suffisante pour les concilier; ou si l'on ne doit pas croire plutôt que n'ayant pu suivre l'opération pendant toute sa durée, ils ont été obligés de s'en rapporter aux instructions qu'on leur a données, qui n'ont pas toujours été bien fideles. Le P. Sicard & M. Granger nous assurent que ce n'est que pendant les 8 premiers jours qu'on allume du feu dans le four; Monconys veut qu'on y en fasse pendant 10 jours consécutifs: Thévenot dit aussi qu'on chauffe le four pendant 10 jours. Mais faute d'avoir été bien informé, ou pour avoir mal entendu ce qu'on lui a raconté de la maniere dont on conduit les fours; il ajoute que ce n'est qu'après qu'ils ont été chauffés pendant ces 10 jours qu'on y met les oeufs, & que les poulets en éclosent au bout de 12 jours. Cette derniere assertion apprend qu'il a confondu un déplacement d'une partie des oeufs dont nous allons parler, avec leur premiere entrée dans le four.

Tous ces auteurs conviennent au moins que les oeufs sont fort bien couvés pendant plusieurs jours dans le four, quoiqu'on n'y fasse plus de feu. Lorsque le jour où l'on cesse d'y en allumer est arrivé, on fait passer une partie des oeufs de chaque chambre inférieure dans celle qui est au - dessus. Les oeufs étoient trop entassés dans la premiere, on songe à les étaler davantage: c'est bien assez pour le poulet lorsqu'il est prêt à naître, d'avoir à briser sa coque & d'en sortir, sans le mettre dans la nécessité d'avoir à soulever le poids d'un grand nombre d'oeufs; il périroit après avoir fait des efforts inutiles pour y parvenir. Le ré<cb-> cit de M. Granger differe encore de celui des autres sur l'article du déplacement d'une partie des oeufs, en ce qu'il ne fait transporter une partie de ceux de l'étage inférieur au supérieur, que 6 jours après que le feu a été totalement éteint, c'est - à - dire que le quatorzieme jour.

Lorsqu'une partie des oeufs de chaque chambre inférieure a été portée dans la chambre supérieure, on bouche avec des tampons d'étoupes toutes les portes des chambres & celle de la galerie; mais on ne bouche qu'à demi, au rapport du P. Sicard, les ouvertures des voûtes des chambres; on y veut ménager une circulation d'air. Cette précaution suffit pour conserver au four pendant plusieurs jours, la chaleur qu'on lui a fait acquérir, il ne faut qu'ôter à son inférieur une trop libre communication avec l'air extérieur. En tout pays un four dont la masse seroit aussi considérable, & qui auroit été aussi bien clos, ne se refroidiroit que lentement; mais le refroidissement doit être d'autant plus lent, que la température de l'air extérieur est moins différente de celle de l'air de l'intérieur du four; & la différence entre la température de l'un & celle de l'autre, n'est pas grande en Egypte.

Enfin les difficultés qui consistent à bâtir des fours semblables à ceux d'Egypte, & d'en regler la chaleur, ne sont pas impossibles à vaincre. Mais la premiere dépense de la construction de tels fours, le manque d'hommes capables de les conduire, la peine qu'on auroit à en former qui le fussent, la difficulté de rassembler une suffisante quantité d'oeufs qui ne fussent pas trop vieux, la difficulté encore plus grande d'élever dans nos pays tempérés tant de poulets nés dans un même jour, & qui ont besoin de meres pour les défendre contre la pluie, & sur tout contre le froid qui dans nos climats se fait sentir pendant les nuits, & même pendant les jours d'été, sont des obstacles invincibles, qui nous empêcheront toujours de prendre la méthode des fours d'Egypte pour y faire éclorre des poulets. (Le Chevalier de Jaucourt.)

Poulet, Poule, Poularde (Page 13:202)

Poulet, Poule, Poularde, (Diet. & Mat. médic.) la vieille poule fournit un très - bon suc lorsqu'on la fait bouillir avec d'autres viandes pour en préparer des potages, & même lorsqu'elle est grasse, sa chair bouillie est assez agréable au goût, & fort salutaire; elle convient sur - tout aux convalescens.

La jeune poule engraissée, ou la poularde, a les avantages & les inconvéniens des viandes très - délicates & grasses. Voyez Chapon & Graisse, Diete. Les estomacs délicats s'en accommodent très - bien; elle fournit d'ailleurs un chyle salutaire. Une poularde très - grasse n'est pas un aliment propre à un estomac très vigoureux.

Le poulet médiocrement gras, & qui ne devient jamais très - gras, fournit un aliment plus généralement sain que le précedent.

L'usage du poulet, à titre de médicament, ou du moins d'aliment médicamenteux, est aussi connu que son usage diétetique; il entre très - ordinairement dans les bouillons rafraîchissans & adoucissans avec des herbes de vertu analogue, des semences farineuses, &c. C'est une erreur, & dans laquelle tombent même des médecins de réputation, que de farcir de semences froides, qui sont émulsives, les poulets destinés à cet usage; car les semences émulsives ne donnent rien par la décoction. Voyez Semences émulsives.

L'eau de poulet qui est fort usitée dans les maladies inflammatoires, & dont ordinairement on n'évalue pas assez bien la qualité légerement alimenteuse, n'est autre chose qu'un bouillon étendu, aqueux, une espece de brouet qu'on employeroit plus utilement dans les cas où il est d'usage, pour tenir lieu de bouil<pb-> [p. 203] lon, qu'à titre de tisane, & sans rien retrancher de la dose accoutumée du bouillon, comme on le fait ordinairement.

Au reste, soit pour préparer le bouillon de poulet, soit pour préparer l'eau de poulet, on a coutume de l'écorcher; cette pratique est assez inutile.

Poulets sacrés (Page 13:203)

Poulets sacrés, (Divination des Romains.) c'étoient des poulets que les prêtres élevoient du tems des Romains, & qui servoient à tirer les augures. On n'entreprenoit rien de considérable dans le sénat, ni dans les armées, qu'on n'eût auparavant pris les auspices des poulets sacrés. La maniere la plus ordinaire de prendre ces auspices, consistoit à examiner de quelle façon ces poulets usoient du grain qu'on leur présentoit. S'ils le mangeoient avec avidité en trépignant & en l'écartant çà & là, l'augure étoit favorable; s'ils refusoient de manger & de boire, l'auspice étoit mauvais, & on renonçoit à l'entreprise pour laquelle on consultoit. Lorsqu'on avoit besoin de rendre cette sorte de divination favorable, on laissoit les poulets un certain tems dans une cage, sans manger; après cela les prêtres ouvroient la cage, & leur jettoient leur mangeaille. On faisoit venir ces poulets de l'île de Négrepont. On fut fort exact chez les Romains à ne point donner de faux auspices tirés des poulets sacrés, depuis la funeste aventure de celui qui s'en avisa sous L. Papirius Cursor, consul, l'an de Rome 482.

Il faisoit la guerre aux Samnites, dit Tite - Live, l. X. & dans les conjonctures où l'on étoit, l'armée romaine souhaitoit avec une extrème ardeur que l'on en vînt à un combat. Il fallut auparavant consulter les poulets sacrés; & l'envie de combattre étoit si générale, que quoique les poulets ne mangeassent point quand on les mit hors de la cage, ceux qui avoient soin d'observer l'auspice, ne laisserent pas de rapporter au consul qu'ils avoient fort bieu mangé. Sur cela le consul promet en même tems à ses soldats & la bataille, & la victoire. Cependant il y eut contestation entre les gardes des poulets sur cet auspice, qu'on avoit rapporté à faux. Le bruit en vint jusqu'à Papirius, qui dit qu'on lui avoit rapporté un auspice favorable, & qu'il s'en tenoit - là; que si on ne lui avoit pas dit la vérité, c'étoit l'affaire de ceux qui prenoient les auspices, & que tout le mal devoit tomber sur leur tête. Aussi - tôt il ordonna qu'on mît ces malheureux aux premiers rangs; & avant qu'on eût donné le signal de la bataille, un trait partit sans qu'on sût de quel côté, & alla percer le garde des poulets qui avoit rapporté l'auspice à faux. Dès que le consul sut cette nouvelle, il s'écria: « Les dieux sont ici présens, le criminel est puni; ils ont déchargé toute leur colere sur celui qui la méritoit, nous n'avons plus que des sujets d'espérance ». Aussi - tôt il fit donner le signal, & il remporta une vietoire entiere sur les Samnites. Il y a bien apparence, dit M. de Fontenelle, que les dieux eurent moins de part que Papirius à la mort de ce pauvre garde de poulets, & que le général en voulut tirer un sujet de rassurer les soldats, que le saux auspice pouvoit avoir ébranlés. (D. J.)

POULETTE (Page 13:203)

POULETTE D'EAU, PETITE POULE D'EAU, (Ornitholog.) gallicula, cloropus major Aldrovandi, Wil. oiseau qui ressemble beaucoup à la poule d'eau par la forme du corps, mais qui en differe en ce qu'il est plus petit. Il a le corps applati par les côtés; ce caractere est commun à tous les oiseaux de ce genre. La poulette d'eau femelle pese douze onces, elle a près d'un pié quatre pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu'au bout des doigts, & un pié jusqu'à l'extrémité de la queue. Le mâle est plus grand que la femelle; il a treize pouces, & plus de longueur depuis la pointe du bec jusqu'à l'extrémité de sa queue; il pese quinze onces; l'envergure est d'en<cb-> viron un pié huit pouces. Le bec a deux pouces de longueur depuis la pointe jusqu'aux coins de la bouche; la piece inférieure est d'un blanc jaunâtre depuis la pointe jusqu'à l'angle, le reste a une couleur rougeâtre. Il y a sur le devant de la tête un tubercule rond, dégarni de plumes, qui ne differe de celui de la poule d'eau, qu'en ce qu'il est rouge au - lieu d'être blanc. Tant que ces oiseaux sont jeunes, ils n'ont pas le tubercule dont nous venons de parler, ni le bec rouge. La langue est un peu large, & elle a quelque poil à son extrémité. Les yeux ont l'iris rouge, la paupiere inférieure n'est pas couverte de plumes. Les piés sont verdâtres; le doigt du milieu est le plus long, & ensuite l'extérieur. Tous les doigts ont la partie inférieure plus large & plus applatie que ceux des autres oiseaux fissipedes. Les jambes sont couvertes de plumes presque jusqu'au genou; on voit entre cette articulation & les plumes une tache rouge. Il y a sur la base de chaque aîle une ligne blanche qui s'étend sur toute sa longueur. La poitrine a une couleur plombée. Le ventre est cendré. Les plumes du dessous de la queue sont blanches. Le dos & les petites plumes des aîles ont une couleur de rouille. Toutes les autres parties de cet oiseau sont noires. On distingue le mâle de la femelle en ce qu'il a les plumes du dessous de la queue plus blanches, le ventre plus cendré & le dos d'une couleur de rouille plus foncée. Cet oiseau a la chair très - délicate; il se perche sur les arbres épais qui se trouvent près des eaux; il niche dans les haies & sur les arbres qui sont près des rivieres; il couve deux ou trois fois chaque été. Les oeufs ont l'une de leurs extrémités pointue; ils sont d'un blanc verdâtre mêlé de taches d'un brun rougeâtre. Willughby, Ornit. Voyez Oiseau.

POULEVRIN (Page 13:203)

POULEVRIN, s. m. terme d'Artificier & d'Artilleur: on écrase la poudre pour amorcer les pieces, & l'on en fait même quelquefois des traînées un peu longues sur le corps de la piece quand la lumiere est trop ouverte, & que l'on craint qu'en prenant feu la poudre ne jette en l'air le boute - feu du cannonier. Cette poudre écrasée, qui est souvent de la plus fine, s'appelle poulevrin. Voyez Poudre.

POULIAS (Page 13:203)

POULIAS, s. m. (Hist. mod.) c'est ainsi que sur la côte de Malabar on nomme une tribu ou classe d'hommes qui vivent du travail de leurs mains, parmi lesquels sont tous les artisans. Jamais il ne leur est permis de sortir de leur état, ni de porter les armes même dans la plus grande extrémité. Ces hommes utiles, par une barbarie incroyable, sont si méprisés par ceux des tribus ou classes supérieures, qu'il ne leur est point permis d'entrer dans les maisons, ni de converser avec eux. Une maison dans la quelle un poulia seroit venu, est regardée comme souillée. Cependant les poulias sont moins détestés que les poulichis, que les Malabares regardent comme les derniers des hommes. Voyez Poulichis. Lorsqu'un poulia ou artisan rencontre sur le chemin un naïre, ou noble, il est obligé de se ranger de côté, sans quoi il court risque d'être maltraité ou même tué impunément. Ces infortunés sont si méprisés, que les bramines ou prêtres n'acceptent point leurs offrandes, à moins qu'elles ne soient en or ou en argent. Lorsqu'ils font des présens à leur prince, ils sont obligés de les mettre à terre, après quoi ils se retirent de vingt pas, alors un naïre, ou garde du prince va les ramasser. Cela n'empêche point le souverain & les nobles de leur faire éprouver toutes sortes d'extorsions pour leur tirer de l'argent, & l'on ne se fait aucun scrupule de les mettre à mort sur le moindre soupçon. On dit que l'origine du mépris & de l'horreur que les Malabares ont pour la tribu des poulias, vient de ce que ces malheureux mangent des charognes, & de la viande des vaches & des

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