ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"200"> mi d'envergure. Ordinairement les oiseaux qui ont de longues jambes, ont aussi le cou long; cependant dans celui - ci le cou étoit court & gros, il n'avoit que 3 pouces & demi de longueur, tandis que les jambes avoient 9 pouces depuis terre jusqu'au ventre. Le pié étoit très - long, car il avoit 7 pouces de longueur depuis l'extrémité de l'ongle des plus grands doigts, jusqu'au bout du doigt postérieur. Cet oiseau se servoit de son pié comme les perroquets, pour prendre sa nourriture: son plumage étoit de cinq couleurs; savoir, le bleu, le violet, le vert, le gris brun & le blanc. Il y avoit autour des yeux, sur le devant de la tête & au - dessous du cou, du bleu qui se changeoit insensiblement en violet sur le ventre & sur le derriere du cou. Le dessous & le derriere de la tête étoient d'un violet sale & tirant sur le gris brun; le ventre & les cuisses avoient une couleur grise brune: le dos étoit vert, & les extrémités des petites plumes avoient une couleur mêlée de vert & de bleu, ce qui étoit cause que le dos paroissoit tantôt vert & tantôt bleu, parce que selon les différens aspects, il n'y avoit que l'une ou l'autre de ces couleurs qui fût apparente. La face supérieure des aîles étoit violette, & l'inférieure d'un gris brun; les grandes plumes avoient les barbes intérieures noires; cette couleur ne paroissoit que lorsqu'on étendoit les aîles. La queue étoit blanche en dessous, & d'un gris brun mêlé de noir en dessus. Le bec avoit une couleur rouge; il étoit gros, long, pointu & un peu crochu à l'extrémité: la piece supérieure avoit à sa racine un long prolongement qui s'étendoit jusqu'au - dessus de la tête, où il s'élargissoit en ovale d'un pouce de longueur, sur six lignes de largeur; les jambes étoient rouges, & couvertes d'écailles toutes en forme de table; il y avoit quatre doigts à chaque pié, trois en avant & un en arriere; & ses ongles étoient longs, pointus & médiocrement crochus. Mémoires pour servir à l'histoire nat. des animaux, par M. Perrault, tom. III. part. III. Voyez Oiseau.

Poule, cul de poule, farcin cul de poule (Page 13:200)

Poule, cul de poule, farcin cul de poule, (Maréchal.) est une espece de farcin qui vient aux chevaux, & auquel on a donné ce nom à cause de sa figure. Voyez Farcin.

Poule (Page 13:200)

Poule, au jeu de l'Ambigu, signifie les jettons que l'on a mis au jeu avant de faire pour la premiere fois.

Poule (Page 13:200)

Poule, en terme de jeu du Reversis, c'est les jettons que chaque joueur a mis dans un corbillon ou sur le tapis, dans un ou plusieurs tours.

POULETS (Page 13:200)

POULETS, four à, (Invent. égypt.) c'est en Egypte un bâtiment construit dans un lieu enfoncé en terre, & en forme de dortoir; l'allée qui est au milieu a 4 ou 5 chambres à ses côtés de part & d'autre.

La porte de l'allée est fort basse & fort étroite: elle est bouchée avec de l'étoupe, pour conserver une chaleur continuelle dans toute l'étendue du four.

La largeur des chambres est de 4 ou 5 piés, & la longueur en a trois fois autant.

Les chambres ont double étage: celui d'en bas est à rez de chaussée; celui d'en haut a son plancher inférieur, & ce plancher a une ouverture ronde au milieu: le plancher supérieur est voûté en dôme & pareillement ouvert.

Au lieu de porte, chaque étage a une petite fenêtre d'un pié & demi en rond.

L'étage inférieur est rempli de 4 ou 5 mille oeufs, & même plus; car plus il y en a, & mieux l'entrepreneur y trouve son compte. D'ailleurs, cette multitude d'oeufs contribue à entretenir la chaleur, qui se communique à tous les oeufs accumulés les uns surles autres.

L'étage supérieur est pour le feu. Il y est allumé durant 8 jours, mais non pas de suite, car la chaleur en seroit excessive & nuisible. On l'allume seulement une heure le matin & autant le soir; c'est ce qu'on appelle le diner & le souper des poulets. Ce feu se fait avec de la bouze de vache, ou avec de la fiente d'autres animaux, séchée & mêlée avec de la paille: on en exclud le bois & le charbon qui feroient un feu trop violent.

La fumée sort par l'ouverture de l'étage supérieur; mais il faut remarquer que pendant que cet étage supérieur demeure ouvert, on ferme exactement avec de l'étoupe la petite fenêtre de l'étage inferieur, & le trou rond du dôme, afin que la chaleur se communique par l'ouverture du plancher dans cet étage d'en bas où sont les oeufs.

Le huitieme jour passé la scene change. On supprime le feu: l'étage où il étoit se trouvant vuide, est rempli d'une partie des oeufs qu'on tire d'en bas, pour les mettre au large & les distribuer également dans les deux étages; les portes ou petites fenêtres de ces deux étages qui avoient été ouvertes, se serment, & on ouvre à demi le trou du dôme pour donner de l'air.

Cet état des oeufs sans feu, est aidé seulement d'une chaleur douce & concentrée durant 13 jours; car ces 13 jours joints aux 8 premiers, sont 21 jours. C'est environ au dix - huitieme qu'un esprit vivifique commence à remuer le blanc de l'oeuf, & son germe déjà formé: on le voit à - travers la coque s'agiter & se nourrir du jaune qu'il suce par le nombril.

Deux jours après, c'est - à - dire le vingtieme, le poussin applique son bec à la coque & la fend; l'ouvrier avec son ongle élargit tant soit peu la breche, pour aider les foibles efforts du poussin.

Le vingt - unieme après midi, ou le vingt - deuxieme au matin, toutes les coques se rompent; une armée de petites volatiles s'élance & se dégage chacune de sa prison: le spectacle en est ravissant. Les chambres du four paroissoient hier couvertes de coquilles inammées, & on les voit remplies de presque autant d'oiseaux vivans; je dis presque, car le nombre des coques excede le nombre des poussins. Le directeur du four ne répond que des deux tiers des oeufs; ainsi l'entrepreneur remettant, par exemple, six mille oeufs entre les mains de l'ouvrier, n'exige de lui que quatre mille poussins à la fin de l'opération: le reste est abandonné au hasard, & il en périt près d'un quart.

Mais comme il arrive presque toujours que les oeufs réussissent au - delà des deux tiers, tout le profit n'est pas uniquement pour l'ouvrier; l'entrepreneur y a sa bonne part. L'ouvrier est obligé de rendre à celui - ci pour six médins chaque centaine de poussins éclos au - delà des deux tiers; & il faut observer que l'entrepreneur vendra les cent poussins tout au moins 30 médins.

Ce qui doit paroître surprenant, c'est que dans ce grand nombre d'hommes qui habitent l'Egypte, où il y a trois à quatre cent fours à poulets, il n'y ait que les seuls habitans du village de Bermé, situé dans le Delta, qui ayent l'industrie héréditaire de diriger ces fours; le reste des Egyptiens l'ignorent entierement: si on en veut savoir la raison, la voici.

On ne travaille à l'opération des fours que durant les six mois d'automne & d'hiver, les autres saisons du printems & de l'été étant trop chaudes & contraires à ce travail. Lorsque l'automne approche, on voit trois ou quatre cent berméens quitter les lieux où ils se sont établis, & se mettre en chemin pour aller prendre la direction des fours à poulets, construits en différens bourgs de ce royaume. Ils y sont nécessairement employés, parce qu'ils sont les seuls qui aient l'intelligence de cet art; soit qu'ils aient l'industrie de le tenir secret, soit que nul autre égyptien ne veuille se donner la peine de l'apprendre & de l'exercer.

[p. 201]

Les directeurs des fours à poulets sont nourris par l'entrepreneur: ils ont pour gage 40 ou 50 écus; ils sont obligés de faire le choix des oeufs qu'on leur met entre les mains pour ne conserver que ceux qu'ils croient pouvoir réussir. Ils s'engagent de plus à veiller jour & nuit pour remuer continuellement les oeufs, & entretenir le degré de chaleur convenable à cette opération; car le trop de froid ou de chaud, pour petit qu'il soit, la fait manquer.

Malgré toute la vigilance & l'industrie du directeur, il ne se peut faire que dans ce grand nombre d'oeufs entassés les uns sur les autres dans le fourneau, il n'y en ait plusieurs qui ne viennent pas à bien: mais l'habile directeur sait profiter de sa perte, car alors il ramasse les jaunes d'oeufs inutiles, & en nourrit plusieurs centaines de poulets qu'il éleve & qu'il engraisse dans un lieu séparé & fait exprès: sont - ils devenus gros & forts, il les vend & en partage fidélement le profit avec l'entrepreneur.

Chaque four a 20 ou 25 villages qui lui sont attachés à lui en particulier. Les habitans de ce village sont obligés, par ordre du bacha & du tribunal supérieur de la justice, de porter tous les oeufs au four qui leur est assigné; & il leur est défendu de les porter ailleurs, ou de les vendre à qui que ce soit, sinon au seigneur du lieu, ou aux habitans des villages qui sont du même district; par ce moyen il est facile de comprendre que les fours ne peuvent manquer d'ouvrage. On trouvera la maniere de faire éclorre les oiseaux domestiques, par M. de Réaumur, les planches des fours à poulets d'Egypte, & un détail des plus complets sur cette matiere. Voyez aussi nos Pl. d'Agricul.

Les seigneurs retirent tous les ans des fours dont ils sont seigneurs, 10 ou 12 mille poussins pour les élever sans qu'il leur en coûte rien. Ils les distribuent chez tous les habitans de leur seigneurie, à condition de moitié de profit de part & d'autre, c'est - à - dire que le villageois qui a reçu 400 poussins de son seigneur, est obligé de lui en rendre 200, ou en nature ou en argent.

Tel est en Egypte l'art des Berméens pour faire éclorre des poulets sans faire couver les oeufs par des poules: ils savent construire de longs & spacieux fours, fort différens par leurs formes de ceux que nous employons à divers usages. Ces fours sont destinés à recevoir une très - grande quantité d'oeufs. par le moyen d'un feu doux & bien ménagé, ils font prendre à ceux qui y ont été arrangés une chaleur égale à celle que les poules donnent aux oeufs sur lesquels elles restent posées avec tant de constance. Après y avoir été tenus chauds pendant le même nombre de jours que les autres doivent passer sous la poule, arrive celui où plusieurs milliers de poulets brisent leur coque & s'en débarrassent.

Cette maniere qu'ont les Egyptiens de multiplier à leur gré des oiseaux domestiques dont on fait une si grande consommation, est de la plus grande antiquité, quoiqu'elle n'ait été imitée dans aucun autre pays. Diodore de Sicile, & quelques autres anciens nous ont dit, mais se sont cententés de nous dire, que les Egyptiens faisoient depuis long - tems éclorre des poulets dans les fours. Pline avoit probablement ces fours d'Egypte en vûe lorsqu'il a écrit: sed inventum ut ova in callido loco imposita paleis, igne modico soverentur, homine versante pariter die ac nocte, & statuto die illinc erumpere foetus.

Les voyageurs modernes, Monconys & Thevenot, si on peut encore les mettre dans le rang des modernes, le P. Sicard, M. Granger & Paul Lucas, nous ont donné à ce qu'il paroît des instructions assez amples sur cette matiere. Il est vrai que le P. Sicard nous avertit lui - même que la maniere de faire éclorre les poulets en Egypte, n'est connue que par les habitans du village appellé Bermé; ils l'apprennent à leurs enfans & le cachent aux étrangers.

Cet art pourtant que les Berméens se réservent, n'a que deux parties, dont l'une a pour objet la construction des fours; celui de l'autre est de faire ensorte que les oeufs y soient couvés comme ils le seroient sous une poule. Ce n'est pas dans ce qui regarde la premiere partie qu'on a mis du mystere: l'extérieur des fours est celui d'un bâtiment exposé aux yeux des passans, & on n'interdit aux étrangers ni la vûe, ni l'examen de leur intérieur; on leur permet d'entrer dedans. La science qu'ont les Berméens, & qu'ils ne veulent pas communiquer, ne peut donc être que celle de faire que les oeufs soient couvés comme ils le doivent être, pour que les poulets se développent dans leur intérieur & parviennent à éclorre; le point essentiel pour y réussir, est de les tenir dans le degré de chaleur convenable, de savoir regler le feu qui échauffe les fours.

Pour enlever cette science aux Berméens, on n'auroit peut - être qu'à le vouloir; leur longue expérience ne sauroit être un guide aussi sûr pour conduire à entretenir un degré de chaleur constant dans un lieu clos, que le thermometre, instrument dont l'usage leur est inconnu. Avec le thermometre il est aisé de savoir quel est le degré de chaleur qui opere le développement & l'accroissement du germe dans chacun des oeufs sur lesquels une poule reste posée, il ne faut qu'en tenir la boule placée au milieu des oeufs qu'elle couve. Or ce degré de chaleur est environ le trente - deuxieme du thermometre de M. de Réaumur. C'est donc une chaleur constante de trente - deux degrés ou environ, qu'il faudroit entretenir dans le lieu où l'on voudroit que des oeufs soient couvés d'une maniere propre à en faire naître des poulets.

Ce degré de chaleur propre à faire éclorre des poulets, est à - peu - près celui de la peau de la poule, & pour dire plus, celui de la peau des oiseaux domestiques de toutes les especes connues. Dans nos bassescours on donne à couver à une poule des oeufs de dinde, des oeufs de canne, on donne à la canne des oeufs de poule. Les petits ne naissent ni plutôt, ni plus tard sous la femelle d'une espece différente de celle de la femelle qui a pondu les oeufs, qu'ils ne seroient nés sous cette derniere.

Il est encore à remarquer que ce degré de chaleur est à - peu - près celui de la peau des quadrupedes & de la peau l'homme. Aussi Livie, selon le rapport de Pline, réussit à faire éclorre un poulet dans son sein, ayant eu la patience d'y tenir un oeuf pendant autant de jours qu'il eût dû rester sous une poule.

Il est non seulement indifférent au développement du germe renfermé dans l'oeuf, de quelle espece, de quel genre & de quelle classe que soit l'être animé qui lui communique un degré de chaleur de trente - deux degrés ou à - peu - près, il est même indifférent à ce germe de recevoir ce degré de chaleur d'un être inanimé, de le devoir à une matiere qui brûle, ou à une matiere qui fermente, son développement & son accroissement seront toujours opérés avec le même succès par ce degré de chaleur, quelle que soit la cause qui le produise, pourvû que cette cause n'agisse pas autrement sur l'oeuf, que par la chaleur convenable. Les anciens égyptiens ont donc raisonné sur un bon principe de physique, quand ils ont pensé qu'on pouvoit substituer la chaleur d'un four, semblable à celle de la poule, pour couver des oeufs; les expériences qui en ont été faites chez eux sans interruption depuis un tems immémorial, ont confirmé la vérité de leur principe.

Il est vrai que les voyageurs modernes ne s'accordent pas dans les récits qui regardent la construction des fours à poulets, nommés mamals par les Egyptiens, non plus que sur d'autres détails qui concernent le couvement des oeufs. Cependant ils sont assez

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.