ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"747"> priétés de la matiere, elle s'appelle Mathèmatique.

La philosophie pratique est ou morale, ou domestique, ou civile; morale, quand elle travaille à l'institution des moeurs; domestique, à l'économie de la famille; civile, à la conservation de la république.

De la dialectique de Platon. La connoissance de la vérité naît de la sensation, quoiqu'elle n'appartienne point à la sensation, mais à l'esprit; c'est l'esprit qui juge.

L'esprit ou l'entendement a pour objet les choses simples, intelligibles par elles - mêmes, constantes ou qui sont telles qu'on les concoit, ou les choses sensibles, mais qui échappent à l'organe ou par leur petitesse, ou par leur mobilité qui sont en vicissitude ou inconstantes; & il y a science & opinion; science des premieres, opinion des secondes.

La sensation est une affectation de l'ame conséquente à quelque impression faite sur le corps.

La mémoire est la permanence de la forme recue dans l'entendement en conséquence de la sensation.

Si le témoignage de la mémoire se confirme par celui de la sensation, il y a opinion; s'ils se contredisent, il y a erreur.

L'ame humaine est une table de cire, où la nature imprime son image; la pensée est l'entretien de l'ame avec elle - même; le discours est l'énonciation extérieure de cet entretien.

L'intelligence est l'acte de l'entendement appliqué aux premiers objets intelligibles.

L'intelligence comprend ou les intelligibles qui lui sont propres & qui étoient en elle, & elle les comprend avant que l'ame fût unie au corps, ou les mêmes objets, mais après son union avec le corps, alors l'intelligence s'appelle connoissance naturelle.

Cette connoissance naturelle constitue la reminiscence qu'il ne faut pas confondre avec la mémoire; la mémoire est des choses sensibles; la reminiscence est des intelligibles.

Entre les objets intelligibles, il y en a de premiers, comme lesidées; de secondaires, comme les attributs de la matiere, ou les especes qui n'en peuvent être séparées. Pareillement entre les objets sensibles, il y en a de premiers, comme la blancheur, & les autres abstraits; de secondaires, comme le blanc, & les autres concrets.

L'entendement ne juge point des objets intelligibles premiers, sans cette raison qui fait la science. C'est de sa part un acte simple, une appréhension pure & sans discours. Le jugement des objets intelligibles secondaires suppose la même raison & le même acte, mais moins simple; & il y a intelligence.

Le sens ne juge point des objets sensibles premiers ou secondaires, sans cette raison qui fait l'opinion; le jugement des concrets la suppose ainsi que le jugement des abstraits; mais il y a sensation.

On est à ce qu'il y a de vrai & de faux dans la spéculation; à ce qu'il y a de propre & d'étranger aux actions, dans la pratique.

C'est la raison innée du beau & du bon, qui rend le jugement pratique: cette raison innée est comme une regle dont nous faisons constamment l'application pendant la vie.

Le dialecticien s'occupera d'abord de l'essence de la chose, ensuite de ses accidens.

Il commencera par définir, diviser, resoudre; puis il inférera & raisonnera.

Qu'est - ce que la division? C'est la distribution d'un genre en especes, d'un tout en parties, d'accidens en sujets, de sujets en accidens. On ne parvient à la notion de l'essence, que par ce moyen.

Qu'est - ce que la définition? Comment se fait - elle? En partant du genre, passant à la différence la plus prochaine, & descendant de - là à l'espece.

Il y a trois sortes derésolutions: l'une qui remon<cb-> te des sensibles aux intelligibles; une seconde qui procede par voie de démonstration; une troisieme par voie de supposition.

Il faut que l'orateur connoisse l'homme, les différences de l'espece humaine, les formes diverses de l'énonciation, les motifs de persuasion, & les avantages des circonstances: c'est là ce qui constitue l'art de bien dire.

Il ne faut pas ignorer la maniere dont le sophisme prend le caractere de la vérité.

La connoissance des mots & la raison de la dénomination ou l'étimologie ne sont pas étrangeres à la dialectique.

De la philosophie contemplative de Platon, & premierement de sa théologie. Il ne se fait rien de rien.

Il y a deux causes des choses, l'une dont elles sont; l'autre par laquelle elles sont. Celle - ci est Dieu; l'autre est la matiere. Dieu & la matiere sont éternels & également indépendans, quant à leur essence, à leur existance.

La matiere est infinie en étendue & en durée.

La matiere n'est point un corps; mais tous les corps sont d'elle.

Il y a dans la matiere une force aveugle, brute, nécessaire, innée, qui la meut témérairement, & dont elle ne peut être entierement dépouillée. C'est un obstacle que Dieu même n'a pu surmonter. C'est la raison pour laquelle il n'a pas fait ce que l'on con<-> Çoit de mieux. De - là, tous les défauts & tous les maux. Le mal est nécessaire; il y en a le moins qu'il est possible.

Dieu est un principe de bonté opposé à la méchanceté de la matiere. C'est la cause par laquelle tout est; c'est la source des êtres existans par eux - mêmes, spirituels & parfaits; c'est le principe premier; c'est le grand ouvrier; c'est l'ordinateur universel.

Il est difficile à l'entendement de s'élever jusqu'à lui. Il est dangereux à l'homme de divulguer ce qu'il en a concu.

On peut démontrer évidemment son existance & ses attributs.

Elle se manifeste à celui qui s'interroge lui - même, & à celui qui jette quelques regards attentifs sur l'univers.

Dieu est une raison incorporelle qu'on ne saisit que par la pensée.

Il est libre, il est puissant, il est sage, il dispose de la matiere, autant que l'essence de celle - ci le permet.

Il est bon; un être bon & inaccessible à l'envie: il a donc voulu que tout fût bon; qu'il n'y eût de mal que celui qu'il ne pouvoit empêcher.

Qu'est - ce qui l'a dirigé dans l'ordination du monde? Un exemplaire éternel qui étoit en lui, qui y est, & qui ne change point.

Cet exemplaire éternel, cette raison premiere des choses, cette intelligence contient en elle les exemplaires, les raisons & les causes de toutes les autres: ces exemplaires sont éternels par eux - mêmes, immanens; & les modeles de l'essence des choses passageres & changeantes.

Lorsque Dieu informa la matiere, lorsqu'il voulut que le monde fût, il y plaÇa une ame.

Il y a des dieux incréés; il y en a de produits.

Ceux - cine sont par leur nature ni éternels, ni immortels, ni indissolubles; mais ils durent & dureront toujours par un acte de la volonté divine qui les conserve & qui les conservera.

Il y a des démons dont la nature est moyenne entre celle des dieux & de l'homme.

Ils transmettent ce qui est de Dieu à l'homme, & ce qui est de l'homme à Dieu. Ils portent nos prieres & nos sacrifices en haut; ils descendent en bas les graces & les inspirations.

L'Etre éternel, les dieux au - dessous de lui, mais [p. 748] éternels comme lui; les dieux produits, les démons, les hommes, les animaux, les êtres matériels, la matiere, le destin, voilà la chaîne universelle.

De la physique de Platon. Rien ne se fait sans cause.

L'ouvrier a en soi le modele de son ouvrage; il a les yeux sur ce modele en travaillant: il en réalise l'idée.

Puisque le monde est, il est par quelque principe.

C'est un grand automate.

Il est un, parce qu'il est tout.

Il est corporel, visible & tangible; mais on ne voit rien sans feu, on ne touche point sans solidité. Il n'y a point de solidité sans terre: Dieu produisit donc d'abord le feu & la terre, ensuite l'eau qui servit de moyen d'union entre la terre & le feu.

Puis il anima la masse.

L'ame ordonna, la masse obéit, la masse fut sensible. L'ame diffuse échappa aux sens: on ne la conÇut que par son action.

Il voulut que l'ame du monde fût éternelle; que la masse du monde fût éternelle; que le composé de l'ame & de la masse fût éternel. Mais comment attacha - t - il l'éternité à un tout produit & répugnant par sa nature, à cet attribut? Ce fut par une image mobile de la durée que nous appellons le tems. Il tira cette image de l'éternité qui est une, & il en revêtit le monde.

Les corps ont de la profondeur: la profondeur est composée de plans; les plans se résolvent tous en triangle: les élemens sont donc triangulaires.

La plus solide des figures, c'est le cube. La terre est cubique; le feu est pyramidal; l'air est en octaédre, l'eau en icosaédre.

Les figures, les nombres, les mouvemens, les puissances surent coordonnées de la maniere la plus convenable à la nature de la matiere.

Le mouvement est un: il appartient à la grande intelligence; il se distribue en sept especes.

Le mouvement ou la révolution circulaire du monde est un effet de la présence du mouvement en tout & par tout.

Le monde a ses périodes. A la consommation de ces périodes, il revient à son état d'origine, & la grande année recommence.

La lune, le soleil & le reste des astres ont été formés pour éclairer la terre & mesurer la durée.

L'orbe au - dessus de la terre est celui de la lune. L'orbe au - dessus de la lune est celui du soleil.

Un orbe général les emporte tous d'un commun mouvement, tandis qu'ils se meuvent chacun en des sens contraires au mouvement général.

Cette terre qui nous nourrit est suspendue par le pole. C'est le sejour de la lumiere & des tenebres. C'est la plus ancienne des divinités produites dans la profondeur du ciel.

La cause premiere abandonna la production des animaux aux dieux subalternes. Ils imiterent sa vertu génératrice: elle avoit engendré les dieux; les dieux engendrerent les animaux.

De - là Platon descend à la formation des autres corps. Voyez le Timée.

De l'ame selon Platon, ou de sa phychologie. Dieu ayant abandonné la formation de l'homme aux dieux subalternes, il versa dans la masse générale ce germe immortel, divin, qui devoit en être extrait, & anima l'être destiné à connoître la justice, & à offrir des sacrifices.

Ce germe fut infecté par son union avec la matiere. De - là, l'origine du mal moral, les passions, les vices, les vertus, la douleur, les châtimens, les peines & les récompenses à venir.

L'ame a trois parties différentes, & chacune de ces parties a son séjour; une partie incorruptible placée dans la tête, une partie concupiscente placée dans le coeur, une partie animale placée entrele dia<cb-> phragme & l'ombilic. Celle - ci préside aux fonctions animales; la précédente aux passions, la supérieure à la raison.

L'ame est immortelle. Elle est le principe du mouvement: elle se meut, & meut le reste. Elle est l'élément de la vie; elle s'occupe des choses permanentes, éternelles, immortelles, analogues à sa nature: elle se rappelle les connoissances qu'elle avoit avant que d'être unie au corps.

Avant que de les enfermer dans ce sépulcre, il a dit que si elles obéissoient fidellement aux lois de la nécessité & du destin auxquels illes soumettoit, elles seroient un jour récompensées d'un bonheur sans fin.

Voyez ce qu'il dit de la formation du corps dans le dialogue que nous avons dejà cité.

Platon regardoit les Mathématiques, comme la source la plus propre à accoutumer l'homme aux généralités & aux abstractions, & à l'élever des choses sensibles aux choses intelligibles.

Il s'en manquoit beaucoup qu'il méprisât l'Astronomie & la Musique; mais la perfection de l'entendement & la pratique de la vertu étoient toujours le dernier terme auquel il les rapportoit. Ce fut un théosophe par excellence.

De la philosophie pratique de Platon, & premierement de sa morale. Dieu est le souverain bien.

La connoissance & l'imitation du souverain bien est la plus grande félicité de l'homme.

Ce n'est que par l'ame que l'homme peut acquérir quelque similitude avec Dieu.

La beauté, la santé, la force, les richesses, les dignités ne sont des biens que par l'usage qu'on en fait: ils rendent mauvais ceux qui en abusent.

La nature a doué de certaines qualités sublimes ceux qu'elle a destinés à la condition de philosophe. Ils seront un jour assis à la table des dieux: c'est - là qu'ils connoîtront la vérité, & qu'ils riront de la folie de ceux qui se laissent jouer par des simulacres.

Il n'y a de bon que ce qui est honnête.

Il faut préférer à tout la vertu, parce que c'est une chose divine: ellene s'apprend point, Dieu la donne.

Celui qui sait être vertueux, sait être heureux au milieu de l'ignominie, dans l'exil, malgré la mort & ses terreurs.

Donnez tout à l'homme, excepté la vertu, vous n'aurez rien fait pour son bonheur.

Il n'y a qu'un grand précepte c'est de s'assimiler à Dieu.

On s'assimile à Dieu par degrés, & le premier, c'est d'imiter les bons génies, & d'avoir leur prudence, leur justice & leur tempérance.

Il faut être persuadé de la matiere actuelle de sa condition, & regarder le corps comme une prison dont l'ame tirée par la mort, passera à la connoissance de la nature essentielle & vraie, si l'homme a été heureusement né, s'il a recu une éducation, des moeurs, des sentimens conformes à la loi générale, & s'il a pratiqué les maximes de la sagesse.

L'effet nécessaire de ces qualités sera de le séparer des choses humaines & sensibles, & de l'attacher à la contemplation des intelligibles.

Voilà la préparation au bonheur: on y est initié par les mathématiques.

Les pas suivans consistent à dompter ses passions, & à s'accoutumer à la tâche du philosophe, ou l'exercice de la vertu.

La vertu est la meilleure & la plus parfaite affection de l'ame qu'elle embellit, & ou elle assied la constance & la fermeté, avec l'amour de la vérité dans la conduite & les discours, seul ou avec les autres.

Chaque vertu a sa partie de l'ame à laquelle elle préside; la prudence préside à la partie qui raisonne, la force, à la partie qui s'irrite; la tempérance, à la partie qui desire.

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