ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"69"> leur réprochoit - il malignement, la science parmi vous, qui ne tire son origine de quelqu'étranger? Vous n'ignorez pas qué l'art d'expliquer les songes, vient de l'Italie; que les Cariens se sont les premiers avisés de prédire l'avenir par la diverse situation des astres; que les Phrygiens & les Isauriens se sont servis pour cela du vol des oiseaux, & les Cypriotes, des entrailles encore fumantes des animaux égorgés. Vous n'ignorez pas que les Chaldéens ont inventé l'Astronomie; les Perses la Magie; les Egyptiens la Géométrie, & les Phéniciens l'art des Lettres. Cessez donc, ô Grecs, de donner pour vos decouvertes particulieres, ce que vous n'avez fait que suivre & qu'imiter ». Quoi qu'il en soit de ces reproches, il est certain qu'ils sont les premiers inventeurs de cette Philosophie systématique, qui bravant toute autorité, ne veut se laisser conduire qu'à la lueur de l'évidence dans la recherche de la vérité. La Philosophie des autres peuples, & même des Egyptiens, n'étoit, ainsi que nous l'avons remarqué à l'article de l'ame, qu'un amas de maximes, qui se transmettoient par tradition, & qui prenoient sur les esprits le même ascendant que les oracles de leurs dieux. Ce n'est qu'en Grece qu'on osoit raisonner; & c'est aussi là le seul pays où l'esprit subtil & rafiné enfantoit des systèmes. La Philosophie des autres peuples n'étoit, à proprement parler, qu'une Théologie mystérieuse. Ainsi l'on peut dire que les Grecs ont été les premiers philosophes, dans le sens rigoureux que l'usage attache à ce terme. (X)

Barbares (Page 2:69)

Barbares (Lois) Jurisprudence; ce sont celles qui furent faites lots de la décadence de l'empire Romain, par les differens peuples qui le démembrerent, tels que les Goths, les Visigoths, les Ripuariens, les Francs - Allemands, Anglo - Saxons, &c. Voyez au mot Code.

On voit par ces lois la forme qui s'observoit dans les jugemens. Ils se rendoient dans de grandes assemblées, où toutes les personnes de distinction se trouvoient. Pour les preuves, on se servoit plus de témoins que de titres, par la raison qu'on ne faisoit presqu'aucun usage de l'écriture, sur - tou dans les commencemens. Faute de preuves on employoit le combat, ou l'on faisoit des épreuves par les élemens. Voyez Combat & Epreuve.

La principale matiere de ces lois étoient les crimes, & sur - tout ceux qui étoient les plus fréquens parmi ces peuples brutaux, tels que le vol, le meurtre, les injures, en un mot tout ce qui se commet par violence: ce qui regarde les successions & les contracts y étoit traité très - succinctement.

La qualité des peines qu'elles prononçoient est remarquable. Pour la plûpart des crimes elles n'ordonnoient que des amendes pécuniaires, ou pour ceux qui n'avoient pas de quoi payer, des coups de foüet. On ne punissoit point alors de mort les criminels, à moins qu'il ne fût question de crimes d'état. Aussi ces peines étoient - elles nommées compositions, comme n'étant qu'une taxe de dommages & intérêts, faite avec une exactitude surprenante: on y distinguoit la partie blessée ou mutilée, la profondeur, la largeur de la plaie, ou le nombre des plaies.

Ces lois sont écrites d'un style si simple & si court, qu'il seroit fort clair si tous les termes étoient latins: mais elles sont remplies de mots barbares, soit faute de mots latins qui fussent propres, soit pour leur servir de glose. (H)

BARBARICAIRE (Page 2:69)

BARBARICAIRE, s. m. (Peinture & Tapisserie.) Le barbaricaire est un peintre qui exécute des représentations d'hommes & d'animaux en tapisserie ou avec des soies de différentes couleurs. La tapisserie est un genre de peinture, & l'on ne doit pas être surpris que je donne le nom de peintre à ces excellens artistes, qui font avec l'aiguille des tableaux aussi beaux que tous ceux que les peintres font avec le pinceau. Voyez Lisse haute & basse

BARBARICENS (Page 2:69)

* BARBARICENS (les) s. m. pl. (Géog.), peuple de l'île de Sardaigne, dans les montagnes; on appelle leur quartier les barbarias: il est divisé en trois parties, la Barbaria - Bervi, au quartier de Valence; la Barbaria - Lolaï, au même quartier; mais l'un plus à l'orient, & l'autre plus au septentrion: la Barbaria - Sevoli, dans les monts.

BARBARIE (Page 2:69)

* BARBARIE, s. f. (Géog.) grande contrée d'Afrique, enfermée entre l'Océan Atlantique, la mer Méditerranée, l'Egypte, la Nigritie, & la Guinée. Sa longueur de l'orient à l'occident est considérable, mais sa largeur varie. Ses parties principales sont les royaumes de Tripoli, de Tunis, d'Alger, de Fez, de Maroc, de Tafilet, & le Zara ou Desert. Ces états ont un grand nombre'de ports sur la Méditetranée, & les royaumes de Fez & de Maroc en ont même quelques - uns sur l'Océan: ce sont ceux de Tripoli, de la Goulette, de Tunis, d'Alger & de Salé, où l'on fait le plus de commerce. Il y a à Alger des marchands de toutes les nations; les Juifs y ont un quartier. La marine des Algériens est très - forte. On peut tirer de - là des grains. Le commerce est le même à Couco: il se fait en grains, olives, huiles, figues, raisins secs, miel, & cire. On y trouve aussi du fer, de l'alun, & de petits bestiaux. Il y a peu de négoce à Tripoli. Il vient de Barbarie des plumes d'autruche, de l'indigo, de l'or en poudre, des dattes, des raisins de damas, des cuirs tannés & non tannés, du cuivre, de la cire, de l'étain, des laines, des peaux de chevre, du corail, qui se pêche au bastion de France; des grains, comme blés, orges, féves, millet; des chevaux. On charge pour ces côtes des draps, de l'écarlate, des velours, des taffetas, des mousselines, des soies apprêtées; des épiceries, des drogues, du coton, du tabac, du sucre, du bois de campeche, du tartre, de l'alun, du soufre, de la cochenille, du papier, de l'acier, du fer, du plomb, toutes sortes de quincaillerie. Il y a beaucoup d'avantage d'aller acheter de ces voleurs, tout ce qui n'est pas à leur usage, & qu'ils revendent de leurs prises. Il n'y a en Barbarie presque que des monnoies étrangeres. Ils ont pourtant leurs burbas, leurs doublas, leurs rubics, & quelques - autres pieces. Le commerce est le même par - tout sur cette côte, excepté à Salé & au bastion de France. L'or & l'ivoirè qui viennent de Salé en Europe, y sont apportés de Sudan & de Gago en Guinée par des caillas Arabes. Les plumes d'autruches viennent de Sara. Le commetce de Tamboucton, capitale de Gago, se fait fingulierement, c'est un échange d'or en sel. Le marchand met son sel à terre sur des nattes de jonc & se retire: le Negre vient, il examine le tas de sel qui lui convient, il met à côté la poudre d'or qu'il en veut donner, & se retire à son tour: le marchand se rapproche; si la quantité d'or lui convient, il prend une poignée de sel qu'il met à côté de l'or; fi elle ne lui convient pas il ne met rien; il se retire ensuite: le Negre se rapproche & emporte son sel ou augmente la quantité d'or, ou retire son or, & tout cela se fait sans parler. Le silence est ordonné par la loi, comme le seul moyen de prevenir les querelles entre les marchands, & il s'observe rigoureusement.

Le bastion de France fait faire la pêche du corail, & en trafique particulierement. Voyez à l'article Corail cette pêche & ce commerce.

Barbarie (Page 2:69)

* Barbarie (mer de), Géog. c'est ainsi qu'on appelle toute la partie de la Méditerranée, qui baigne les côtes des royaumes de Tunis, d'Alger, & de Fez, & qui s'étend jusqu'aux îles de Sicile & de Sardaigne. On ne comprend quelquefois sous ce nom, que ce qui baigne les côtes d'Alger & de Fez.

Barbarie (Page 2:69)

* Barbarie (les seiches ou basses de), Géog. anc. [p. 70] & mod. ce sont les écucils du golfe de Sedra, que les anciens appelloient Syrtis magna ou major. On entend aussi par ce nom, quelquefois, le golfe de Sedra même.

BARBARIN (Page 2:70)

BARBARIN, s. m. (Ifist, nat. Zoolog.) poisson de mer, mieux connu sous le nom de surmulet. V. Surmulet.

Barbarin (Page 2:70)

Barbarin, poisson de riviere, petit barbeau. V. Barbeau. (I)

BARBARISME (Page 2:70)

BARBARISME, s. m. (terme de Gramm.) le barbarisme est un des principaux vices de l'élocution.

Ce mot vient de ce que les Grecs & les Romains appelloient les autres peuples barbares, c'est - à - dire, étrangers; par conséquent tout mot étranger mêlé dans la phrase greque ou latine étoit appellé barbatisme. Il en est de même de tout idiotisme ou façon de parler, & de toute prononciation qui a un air étranger; par exemple, un Anglois qui diroit à Versailles, est pas le roi allé à la chasse, pour dire le roi n'est - il pas allé à la chasse? ou je suis sec, pour dire j'ai soif, feroit autant de barbarismes par rapport au françois.

Il y a aussi une autre espece de barbarisme; c'est lorsqu'à la vérité le mot est bien de la langue, mais qu'il est pris dans un sens qui n'est pas autorisé par l'usage de cette langue, ensorte que les naturels du pays sont étonnés de l'emploi que l'étranger fait de ce mot: par exemple, nous nous servons au figuré du mot d'entrailles, pour marquer le sentiment tendre que nous avons pour autrui; ainsi nous disons il a de bonnes entrailles, c'est - à - dire, il est compatissant. Un étranger écrivant à M. de Fenelon, archevêque de Cambrai, lui dit: Mgr, vous avez pour moi des boyaux de pere. Boyaux ou intestins pris en ce sens, sont un barbarisme, parce que selon l'usage de notre langue nous ne prenons jamais ces mots dans le sens figuré que nous donnons à entrailles.

Ainsi il ne faut pas confondre le barbarisme avec le solécisme; le barbarisme est une élocution étrangere, au lieu que le solécisme est une faute contre la régularité de la construction d'une langue; faute que les naturels du pays peuvent faire par ignorance ou par inadvertance, comme quand ils se trompent dans le genre des noms ou qu'ils font quelqu'autre faute contre la syntaxe de leur langue.

Ainsi on fait un barbarisme, 1°. en disant un mot qui n'est point du dictionnaire de la langue. 2°. En prenant un mot dans un sens différent de celui qu'il a dans l'usage ordinaire, comme quand on se sert d'un adverbe comme d'une préposition; par exemple, il arrive auparavant midi, au lieu de dire avant midi. 3°. Enfin en usant de certaines façons de parler, qui ne sont en usage que dans une autre langue.

Au lieu que le solécisine regarde les déclinaisons, les conjugaisons, & la syntaxe d'une langue, 1°. les déclinaisons, par exemple, les émails au lieu de dire les émaux: 2°. les conjugaisons, comme si l'on disoit il allit pour il alla: 3°. la syntaxe, par exemple, je n'ai point de l'argent, pour je n'ai point d'argent.

J'ajoûterai ici un passage tiré du IVe livre ad Herennium, ouvrage attribué à Cicéron: La latinité, dit l'auteur, consiste à parler purement, sans aucun vice dans l'élocution. « Il y a deux vices qui empêchent qu'une phrase ne soit latine, le solécisme & le barbarisme; le solécisme, c'est lorsqu'un mot n'est pas bien construit avec les autres mots de la phrase; & le barbarisme, c'est quand on trouve dans une phrase un mot qui ne devoit pas y paroître, selon l'usage reçû ». Latinitas est quoe sermonem purum conservat, ab omni vitio remotum. Vitia in sermone, quominus is latinus sie, duo possunt esse; solecismus & barbarismus. Solecismus est, cum verbis pluribus consequens verbum superiori non accommodatur. Barbarismus est, cum verbum aliquod vitiose effertur. Rhetoricorum ad Herenn. Lib. IV. cap. xij. (F)

BARBATA (Page 2:70)

* BARBATA ou BARBUE, (Mytholog.) surnom qu'on donnoit à Venus; en effet, on la représentoit quelquefois avec de la barbe & avec les deux sexes.

BARBATH ou MARBATH (Page 2:70)

* BARBATH ou MARBATH (Géog. anc. & mod.), ville de l'Arabie heureuse, dans une petite province nommé Sehagt ou Hadhramuth, qui est l'Adramytene des anciens,

BARBATO (Page 2:70)

* BARBATO (Géog.), riviere de l'Andalousie, en Espagne, qui coule dans l'évêché de Cadis, & se jette dans l'océan Atlantique à Porto - Barbato.

BARBATO ou PORTO - BARBATO (Page 2:70)

* BARBATO ou PORTO - BARBATO (Géog. anc. & mod.), petite ville d'Espagne, dans l'Andalousie, sur l'Océan Atlantique, à l'embouchûre de la riviere Barbato. C'est, selon quelques Géographes, la ville Belo ou Bello des anciens; d'autres veulent que Belo ou Bello des anciens soit Conil ou Belona.

BARBE (Page 2:70)

BARBE, le poil qui croît au menton & autres parties du visage, sur - tout des mâles adultes. V. Poil.

La barbe est la premiere marque de puberté; c'est un indice que la semence commence à se faire; elle continue, si le sang produit la même humeur prolifique: elle cesse de pousser, ou tombe, si cette secrétion importante est empêchée. On connoît par - là pourquoi la barbe & les cheveux tombent souvent dans la vieillesse. La voix d'un garçon ressemble à celle d'une fille avant la secrétion de la semence, après quoi elle devient grave & rauque, & ce symptome paroît avant la barbe. (L)

La barbe a été assujettie à diverses coûtumes & cérémonies. Kingson nous assûre qu'une partie considérable de la religion des Tartares consiste dans le gouvernement de leur barbe; qu'ils ont fait une longue & sanglante guerre aux Persans, & les ont déclarés infideles, quoique de leur communion à d'autres égards, précisément à cause que ceux - ci ne se faisoient point la moustache à la mode ou suivant le rit des Tartares.

Athenée remarque, d'après Chrysippe, que les Grecs avant Alexandre, avoient toûjours conservé leur barbe, & que le premier Athénien qui coupa la sienne, fut toûjours après cela dans les médailles surnommé le tondu, XORSH\S2. Plutarque ajoûte qu'Alexandre ordonna aux Macédoniens de se faire raser, de peur que les ennemis ne les prissent par la barbe.

Quoi qu'il en soit, nous voyons que Philippe son pere, ainsi que ses prédécesseurs Amyntas & Archelaiis, sont représentés sans barbe sur les médailles.

Pline observe que les Romains ne commencerent à se raser que l'an de Rome 454, quand P. Ticinus leur amena de Sicile une provision de barbiers; il ajoûte que Scipion l'Africain fut le premier qui fit venir la mode de se raser chaque jour.

Ce fut encore une coûtume parmi les Romains de se faire des visites de cérémonie, à l'occasion de la premiere coupe de la barbe. Les jeunes gens commençoient à se faire couper la barbe depuis l'âgê de 21 ans, jusqu'à celui de 49; passé 49 ans, il n'étoit plus permis, selon Pline, de ne pas porter la barbe longue. Ils enfermoient leur premiere barbe dans une petite boîte d'or ou d'argent, qu'ils consacroient à quelque divinité, & sur - tout à Jupiter Capitolin, comme Suétone le remarque de Néron. Les 14 premiers empereurs se firent raser jusqu'au tems de l'empereur Adrien, qui retablit l'usage de porter la barbe: Plutarque dit que le motif de ce prince fut de cacher les cicatrices qu'il avoit au visage.

Tous ses successeurs l'imiterent jusqu'à Constantin. Les barbes reparurent sous Héraclius, & tous les empereurs Grecs l'ont portée depuis. Les Goths & les Francs ne portoient qu'une moustache, jusqu'à Clodion, qui ordonna aux François de laisser croître leur barbe & leurs cheveux, pour les distinguer des

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