ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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leur réprochoit - il malignement, la science parmi vous, qui ne tire son origine de quelqu'étranger? Vous n'ignorez pas qué l'art d'expliquer les songes, vient de l'Italie; que les Cariens se sont les premiers avisés de prédire l'avenir par la diverse situation des astres; que les Phrygiens & les Isauriens se sont servis pour cela du vol des oiseaux, & les Cypriotes, des entrailles encore fumantes des animaux égorgés. Vous n'ignorez pas que les Chaldéens ont inventé l'Astronomie; les Perses la Magie; les Egyptiens la Géométrie, & les Phéniciens l'art des Lettres. Cessez donc, ô Grecs, de donner pour vos decouvertes particulieres, ce que vous n'avez fait que suivre & qu'imiter ». Quoi qu'il en soit de ces reproches, il est certain qu'ils sont les premiers inventeurs de cette Philosophie systématique, qui bravant toute autorité, ne veut se laisser conduire qu'à la lueur de l'évidence dans la recherche de la vérité. La Philosophie des autres peuples, & même des Egyptiens, n'étoit, ainsi que nous l'avons remarqué à l'article de l'ame, qu'un amas de maximes, qui se transmettoient par tradition, & qui prenoient sur les esprits le même ascendant que les oracles de leurs dieux. Ce n'est qu'en Grece qu'on osoit raisonner; & c'est aussi là le seul pays où l'esprit subtil & rafiné enfantoit des systèmes. La Philosophie des autres peuples n'étoit, à proprement parler, qu'une Théologie mystérieuse. Ainsi l'on peut dire que les Grecs ont été les premiers philosophes, dans le sens rigoureux que l'usage attache à ce terme. (X)

Barbares

Barbares (Lois) Jurisprudence; ce sont celles qui furent faites lots de la décadence de l'empire Romain, par les differens peuples qui le démembrerent, tels que les Goths, les Visigoths, les Ripuariens, les Francs - Allemands, Anglo - Saxons, &c. Voyez au mot Code.

On voit par ces lois la forme qui s'observoit dans les jugemens. Ils se rendoient dans de grandes assemblées, où toutes les personnes de distinction se trouvoient. Pour les preuves, on se servoit plus de témoins que de titres, par la raison qu'on ne faisoit presqu'aucun usage de l'écriture, sur - tou dans les commencemens. Faute de preuves on employoit le combat, ou l'on faisoit des épreuves par les élemens. Voyez Combat & Epreuve.

La principale matiere de ces lois étoient les crimes, & sur - tout ceux qui étoient les plus fréquens parmi ces peuples brutaux, tels que le vol, le meurtre, les injures, en un mot tout ce qui se commet par violence: ce qui regarde les successions & les contracts y étoit traité très - succinctement.

La qualité des peines qu'elles prononçoient est remarquable. Pour la plûpart des crimes elles n'ordonnoient que des amendes pécuniaires, ou pour ceux qui n'avoient pas de quoi payer, des coups de foüet. On ne punissoit point alors de mort les criminels, à moins qu'il ne fût question de crimes d'état. Aussi ces peines étoient - elles nommées compositions, comme n'étant qu'une taxe de dommages & intérêts, faite avec une exactitude surprenante: on y distinguoit la partie blessée ou mutilée, la profondeur, la largeur de la plaie, ou le nombre des plaies.

Ces lois sont écrites d'un style si simple & si court, qu'il seroit fort clair si tous les termes étoient latins: mais elles sont remplies de mots barbares, soit faute de mots latins qui fussent propres, soit pour leur servir de glose. (H)

BARBARICAIRE

BARBARICAIRE, s. m. (Peinture & Tapisserie.) Le barbaricaire est un peintre qui exécute des représentations d'hommes & d'animaux en tapisserie ou avec des soies de différentes couleurs. La tapisserie est un genre de peinture, & l'on ne doit pas être surpris que je donne le nom de peintre à ces excellens artistes, qui font avec l'aiguille des tableaux aussi beaux que tous ceux que les peintres font avec le pinceau. Voyez Lisse haute & basse

BARBARICENS

* BARBARICENS (les) s. m. pl. (Géog.), peuple de l'île de Sardaigne, dans les montagnes; on appelle leur quartier les barbarias: il est divisé en trois parties, la Barbaria - Bervi, au quartier de Valence; la Barbaria - Lolaï, au même quartier; mais l'un plus à l'orient, & l'autre plus au septentrion: la Barbaria - Sevoli, dans les monts.

BARBARIE

* BARBARIE, s. f. (Géog.) grande contrée d'Afrique, enfermée entre l'Océan Atlantique, la mer Méditerranée, l'Egypte, la Nigritie, & la Guinée. Sa longueur de l'orient à l'occident est considérable, mais sa largeur varie. Ses parties principales sont les royaumes de Tripoli, de Tunis, d'Alger, de Fez, de Maroc, de Tafilet, & le Zara ou Desert. Ces états ont un grand nombre'de ports sur la Méditetranée, & les royaumes de Fez & de Maroc en ont même quelques - uns sur l'Océan: ce sont ceux de Tripoli, de la Goulette, de Tunis, d'Alger & de Salé, où l'on fait le plus de commerce. Il y a à Alger des marchands de toutes les nations; les Juifs y ont un quartier. La marine des Algériens est très - forte. On peut tirer de - là des grains. Le commerce est le même à Couco: il se fait en grains, olives, huiles, figues, raisins secs, miel, & cire. On y trouve aussi du fer, de l'alun, & de petits bestiaux. Il y a peu de négoce à Tripoli. Il vient de Barbarie des plumes d'autruche, de l'indigo, de l'or en poudre, des dattes, des raisins de damas, des cuirs tannés & non tannés, du cuivre, de la cire, de l'étain, des laines, des peaux de chevre, du corail, qui se pêche au bastion de France; des grains, comme blés, orges, féves, millet; des chevaux. On charge pour ces côtes des draps, de l'écarlate, des velours, des taffetas, des mousselines, des soies apprêtées; des épiceries, des drogues, du coton, du tabac, du sucre, du bois de campeche, du tartre, de l'alun, du soufre, de la cochenille, du papier, de l'acier, du fer, du plomb, toutes sortes de quincaillerie. Il y a beaucoup d'avantage d'aller acheter de ces voleurs, tout ce qui n'est pas à leur usage, & qu'ils revendent de leurs prises. Il n'y a en Barbarie presque que des monnoies étrangeres. Ils ont pourtant leurs burbas, leurs doublas, leurs rubics, & quelques - autres pieces. Le commerce est le même par - tout sur cette côte, excepté à Salé & au bastion de France. L'or & l'ivoirè qui viennent de Salé en Europe, y sont apportés de Sudan & de Gago en Guinée par des caillas Arabes. Les plumes d'autruches viennent de Sara. Le commetce de Tamboucton, capitale de Gago, se fait fingulierement, c'est un échange d'or en sel. Le marchand met son sel à terre sur des nattes de jonc & se retire: le Negre vient, il examine le tas de sel qui lui convient, il met à côté la poudre d'or qu'il en veut donner, & se retire à son tour: le marchand se rapproche; si la quantité d'or lui convient, il prend une poignée de sel qu'il met à côté de l'or; fi elle ne lui convient pas il ne met rien; il se retire ensuite: le Negre se rapproche & emporte son sel ou augmente la quantité d'or, ou retire son or, & tout cela se fait sans parler. Le silence est ordonné par la loi, comme le seul moyen de prevenir les querelles entre les marchands, & il s'observe rigoureusement.

Le bastion de France fait faire la pêche du corail, & en trafique particulierement. Voyez à l'article Corail cette pêche & ce commerce.

Barbarie

* Barbarie (mer de), Géog. c'est ainsi qu'on appelle toute la partie de la Méditerranée, qui baigne les côtes des royaumes de Tunis, d'Alger, & de Fez, & qui s'étend jusqu'aux îles de Sicile & de Sardaigne. On ne comprend quelquefois sous ce nom, que ce qui baigne les côtes d'Alger & de Fez.

Barbarie

* Barbarie (les seiches ou basses de), Géog. anc.

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