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Cependant le comte Maffei soutient dans son istor. diplomat. l. II. bibl. ital. t. II. p. 251. avec plus de probabilité, que le papyrus n'étoit déja plus en usage avant le v. siecle: il ne regarde point comme authentique les mémoires écrits sur ce papier, & datés postérieurement à ce tems. Les bulles des papes citées par le P. Mabillon paroissent à ce savant avoir été écrites sur le papier de coton; mais les observations que nous faisons ne se rapportent qu'à l'usage général & public du papier d'Egypte; car il ne seroit pas étonnant que quelques particuliers eussent continué de l'employer quelques centaines d'années après qu'on avoit cessé de s'en servir communément.
Le même savant italien est dans la persuasion que l'évangile de S. Marc, qu'on conserve à Venise, est écrit sur du papier de coton; & qu'au contraire, le Josephe de la bibliotheque de S. Ambroise de Milan lui paroît au premier coup d'oeil écrit sur du papier égyptien.
Voilà les principales observations des savans en ce genre. Il n'est guere possible aujourd'hui d'ajouter quelque chose de nouveau sur le papier d'Egypte, à ce qu'en ont dit parmi les anciens Pline, liv. XIII. Théophraste, l. IV. ch. ix. & parmi les modernes Guilaudinus, Scaliger, Saumaise, Kirchmayer, Nigrisoli, le P. Hardouin dans son édit. de Pline, le P. Mabillon dans son ouvrage de re diplomaticâ; dom Montfaucon dans sa paloeograph. & dans le recueil de littérature; l'illustre Maffei dans son istor diplom. & dernierement M. le comte de Caylus, dans les mém. de l'acad. des Inscript. t. XXVI.
Guillardini (Melch.) Papyrus, h. e. commentarius in tria C. Plinii majoris de papyro capita, scilicet, lib. XIII. ch. xj. xij. xiij. Ce traité vit d'abord le jour à Venise en 1572, in - 4°. & ensuite à Amberg, en 1613, in - 4°. par les soins de Salmuth. C'est le plus savant commentaire qui ait été publié sur cette partie de l'ouvrage de Pline, & on n'en a point encore de meilleur sur aucun autre livre du grand naturaliste de Rome. Guillardin en a restitué très - heureusement plusieurs passages, & par ses propres lumieres, & par l'autorité des anciens auteurs grecs & romains. Il s'est sans doute trompé quelquefois; mais il a réussi très - souvent dans ses restitutions. Il parle de ce qu'il a vu; il a fait ses observations dans le pays même, où il a examiné la plante dont il s'agit; c'est grand dommage qu'après son examen, il n'en ait pas donné de figure, & même qu'il ne l'ait pas décrite; il eût levé par - là tous les doutes des botanistes modernes.
Scaligeri (Joseph - Just.) animadversiones in Melch. Guillardini comment. de papyro. Les animadversions de Scaliger ont paru pour la premiere fois dans les lectiones bibliothecarioe memorabiles Rudolphi Capelli, à Hambourg en 1682. Elles distillent le fiel, la violence & la dureté; mais elles n'ont pu faire tomber un ouvrage très - estimable par les recherches & l'érudition qui s'y trouvent. Enfin, le savant & ingénieux Maffei a vangé Guillardinus de la plûpart des
Saumaise est très - bon à lire au sujet du papier égyptien, dans son commentaire sur la vie de Firmus par Vopiscus, un des historiens qu'on met au nombre des historioe augustoe scriptores.
Kirchmayeri (M. Seb.) dissertatio philologica de papiro veterum, Wittebergoe 1666. in - 4°. c'est un simple extrait de Guillardin, où l'auteur auroit dû mettre plus de méthode & de goût.
La dissertation de Nigrisoli de chartâ veterum ejusque usu, est insérée, comme je l'ai dit ailleurs, dans la galerie de Minerva.
Mais le mémoire curieux de M. le comte de Caylus sur le papyrus d'Egypte a répandu des lumieres
sur une chose que le tems rendoit déja fort obscure,
& à l'intelligence de laquelle on ne peut mieux arriver,
que par la connoissance de la pratique de l'art.
(Le chevalier
Papier de coton (Page 11:850)
Ce papier s'appelle en grec
Ce fut au neuvieme siecle ou environ que l'on commença dans l'empire d'orient à en faire du papier: en voici les preuves. Il y a plusieurs manuscrits grecs, tant en parchemin ou vélin, qu'en papier de coton, qui portent la date de l'année où ils ont été écrits; mais la plûpart sont sans date. Sur les manuserits datés on juge plus sûrement, par la comparaison des écritures, de l'âge de ceux qui ne le sont pas. Le plus ancien manuscrit de papier de coton, que le pere Montfaucon ait vû avec la date, est celui du roi, numéroté 2889, qui fut écrit en 1050; un autre de la bibliotheque de l'empereur, qui porte aussi sa date, est de l'année 1095. Mais comme les manuscrits sans date sont incomparablement plus nombreux que ceux qui sont datés, ce pere s'est encore exercé sur ceux - là; & par la comparaison des écritures, il croit en avoir découvert quelques - uns du dixieme siecle, entr'autres un de la bibliotheque du roi, coté 2436. Si l'on faisoit la même recherche dans toutes les bibliotheques, tant de l'orient que de l'occident, on en trouveroit apparemment d'autres, environ du même tems.
Il juge donc que ce papier bombycien ou de coton, peut avoir été inventé sur la fin du neuvieme siecie ou au commencement du dixieme. A la fin du onzieme & au commencement du douzieme, l'usage en étoit répandu dans tout l'empire d'orient, & même dans la Sicile. Roger, roi de Sicile, dit dans un diplome écrit en 1145, rapporté par Rocchus Pirrhus, qu'il avoit renouvellé sur du parchemin une charte qui avoit été écrite sur du papier de coton, in chartâ cuttuneâ, l'an 1102, & une autre qui étoit datée de l'an 1112. Environ le même tems, l'impératrice Irene, femme d'Alexis Comnene, dit dans sa regle faite pour des religieuses, qu'elle avoit fondées à Constantinople, qu'elle leur laisse trois exemplaires de la regle, deux en parchemin, & un en papier de coton. Depuis ce tems - là, ce papier fut encore plus en usage dans tout l'empire de Constantinople. On compte aujourd'hui par centaines les manuscrits grecs de papier [p. 851]
Cette découverte fut fort avantageuse dans un tems où il paroît qu'il y avoit grande disette de parchemin; & c'est en mûme tems ce qui nous a fait perdre plusieurs anciens auteurs: voici comment. Depuis le douzieme siecle, les Grecs plongés dans l'ignorance, s'aviserent de racler les écritures des anciens manuscrits en parchemin, & d'en ôter autant qu'ils pouvoient toutes les traces, pour y écrire des livres d'église: c'est ainsi qu'au grand préjudice de la république des Lettres, les Polybes, les Dions, les Diodore de Sicile, & d'autres auteurs que nous n'avons plus, furent métamorphosés en triodions, en pentécostaires, en homélies, & en d'autres livres d'église. Après une exacte recherche, faite par le pere Montfaucon, il assure que parmi les livres écrits sur du parchemin depuis le douzieme siecle, il en avoit plus trouvé dont on avoit raclé l'ancienne écriture que d'autres; mais que comme tous les copistes n'étoient pas également habiles à effacer ainsi ces premiers auteurs, il s'en trouvoit quelques - uns où l'on pouvoit lire au - moins une partie de ce qu'on avoit voulu raturer.
Ce fut donc l'invention de ce papier de coton qui fit
tomber en orient le papier d'Egypte. S'il en faut croire
Eustathe qui écrivoit vers la fin du douzieme siecle,
l'usage de ces feuilles du papier d'Egypte, qu'il appelle
Le savant grec, qui fit du tems de Henri II. un catalogue des manuscrits grecs de la bibliotheque du roi, appelle toujours le papier bomby cien ou de coton, charta damascena, le papier de Damas; se oit - ce parce qu'il y avoit en cette ville quelque célebre manufacture de papier de coton? quoi qu'il en soit, voyez Montfaucon, paloeograph. groec. lib. J. c. ij. lib. IV. c. vj. &c. Maffei, histor. diplomat. lil. II. ou biblioth. italiq. tom. II. (D. J.)
Papier d'écorce (Page 11:851)
Les PP. Mabillon & Montfaucon parlent souvent des manuscrits & diplomes écrits sur écorce, & font une distinction bien positive entre le papyrus dont les Egyptiens se servoient, & le liber ou écorce qui étoit en usage dans d'autres pays: ces deux especes différoient en ce que le papier d'écorce étoit plus épais & plus fragile que le papyrus, & en même tems plus sujet à se fendre & à se casser, au moyen de quoi l'écriture s'écailloit quelquefois; c'est ce qui est arrivé à un manuscrit sur écorce qui est à l'abbaye saint Germain, où le fond du papier est resté, mais la surface extérieure sur laquelle les lettres ont été tracées, est enlevée en beaucoup d'endroits. Voyez Montfaucon, paloeogr. groec. l. I. c. ij. p. 15. Mabillon, de re diplom. l. I. c. viij. Reimm. idea. syst. antiq. litter. p. 311.
Mais le savant Maffei combat tout le système des
Papier de la Chine (Page 11:851)
La manlere de fabriquer le papier des diverses écorces d'arbres, est la même que celle du bambou, qui est une espece de canne ou roseau, creux & divisé par des noeuds, mais beaucoup plus large, plus uni, plus dur, & plus fort que toutes les autres sortes de roseaux.
Pour faire le papier de bambou, on prend ordinairement la seconde pellicule de l'ecorce qui est tendre & blanche, on la bat dans de l'eau claire jusqu'à ce qu'elle soit réduite en pâte, que l'on met dans des moules ou formes très - larges, de sorte que cela sait des feuilles longues de dix ou douze piés. On le perfectionne en le trempant feuille par feuille dans de l'eau d'alun, qui leur tient lieu de la colle dont nous nous servons, & qui non - seulement empêche le papier de boire l'encre; mais de plus lui donne ce lustre qui le fait paroître, au premier coup d'oeil, argenté, ou du moins verni.
Le papier qu'on fait de la sorte est blanc, doux & serré, sans qu'il y ait la moindre inégalité qui puisse arrêter le mouvement du pinceau, ni occasionner le rebroussement d'aucun des poils qui le composent. Cependant quandil est fait d'écorce d'arbres, il se casse plus facilement que le papier d'Europe; joignez à cela qu'il est plus sujet à prendre l'humidité; que la poussiere s'y attache, & que les vers s'y mettent en peu de tems. Pour obvier à ce dernier inconvénient, on est obligé de battre souvent les livres, & de les exposer au soleil. Outre cela, sa grande finesse le rendant sujet à s'user, les Chinois se trouvent souvent dans la nécessité de renouveller leurs l vres en les faisant réimprimer souvent. Voyez le Comte, nouv. mém. sur la Chine; Kust. bibl. nov. lib. an. 1697, lettr. édif. & cur. tom. XIX.
Il est bon de remarquer que le papier de bambou
n'est ni le meilleur, ni le plus usité à la Chine. Par
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