ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"892"> soit habile pour en venir à bout: pour cet effet, il passe dans le trou qui traverse le toupin une cheville qui entre un peu dans le cordage pendant qu'il se commet, & autour de laquelle les quatre torons se roulent.

Les aussieres à cinq & à six torons ne peuvent pas absolument être fabriquées sans meche: mais quelle doit être la grosseur des meches dans les aussieres à quatre, cinq & six torons? Voyez Meche.

M. Duhamel prétend qu'il est avantageux de multiplier les torons des aussieres: 1°. parce qu'il faut moins de force élastique pour commettre de petits torons, que pour en commettre de gros: 2°. plus les torons sont menus, moins il y a de différence entre la tension des fils qui se trouvent au milieu, & celle des fils qui se trouvent à la circonférence; d'où il conclud que de deux aussieres de même grosseur, mais d'un nombre inégal de torons, celle - là est la plus forte, qui est faite de plus de torons.

Aussieres (Page 1:892)

Aussieres en queue de rat, terme de Corderie; c'est une aussiere dont un des bouts est une fois plus gros que l'autre.

Maniere d'ourdir les aussieres en queue de rat. Comme ces cordages sont une fois plus gros par un bout que par l'autre, on commence par étendre ce qu'il faut de fils pour faire la grosseur du petit bout, ou la moitié de la grosseur du gros bout; on divise cette quantité de fils en trois parties, si l'on veut faire une queue de rat à trois torons; & en quatre, si l'on veut en avoir une à quatre: donnons - en un exemple.

Si l'on se propose de faire une queue de rat à trois torons de 9 pouces de grosseur au gros bout, sachant qu'il faut 384 fils pour une aussiere de cette grosseur, je divise en deux cette quantité de fils pour avoir la grosseur de la queue de rat au petit bout, & j'étends 192 fils de la longueur de la piece, mettant en outre ce qu'il faut pour le raccourcissement des fils.

On apperçoit que chaque piece de cordage doit faire sa manoeuvre, c'est - à - dire, que chaque piece ne doit pas avoir plus de longueur que la manoeuvre qu'elle doit faire; car s'il falloit couper un cordage en queue de rat, on l'affoibliroit beaucoup en la coupant par le gros bout, & elle deviendroit trop grosse si l'on retranchoit du petit bout.

Si donc on veut une aussiere en queue de rat de 32 brasses de longueur; j'étends mes 192 fils à 48 brasses, si je me propose de la commettre au tiers, & à 43 brasses, si je veux la commettre au quart; ensuite je divise les 192 fils en trois pour faire une aussiere à trois torons, ou en quatre pour en faire une à quatre torons; jusques - là on suit la même regle que pour faire une aussiere à l'ordinaire: mais pour ourdir les 192 fils restans, il faut allonger seulement quatre fils assez pour qu'ils soient à un pié de distance du quarré, & au moyen d'une gance, on en attache un à chacun des torons: voilà déjà l'aussiere diminuée de quatre fils. On étend de même quatre autres fils qu'on attache encore avec des gances à un pié de ceux dont nous venons de parler, & la corde se trouve diminuée de huit fils: en répétant 48 fois cette opération, chaque toron se trouve grossi de 48 fils; & ces 192 fils étant joints aux 192 qu'on avoit étendus en premier lieu, la corde se trouve être formée au gros bout de 384 fils, que nous avons supposés qu'il falloit pour faire une aussiere de neuf pouces de grosseur à ce bout. Suivant cette pratique l'aussiere en question conserveroit neuf pouces de grosseur jusqu'aux quatre cinquiemes de sa longueur, & ne diminueroit que dans la longueur d'un cinquieme. Si un maître d'équipage vouloit que la diminution s'étendît aux deux cinquiemes, le Cordier n'auroit qu'à raccourcir chaque fil de deux piés au lieu d'un, &c. car il est évident que la queue de rat s'étendra d'autant plus avant dans la piece, qu'on mettra plus de distance d'une gance à une autre: si on jugeoit plus à propos que la diminution de grosseur de la queue de rat ne fût pas uniforme, on le pourroit faire en augmentant la distance d'une gance à une autre à mesure qu'on approche du quarré. Voilà tout ce qu'on peut dire sur la maniere d'ourdir ces sortes de cordages: il faut parler maintenant de la façon de les commettre.

Maniere de commettre les aussieres en queue de rat. Quand les fils sont bien ourdis, quand les fils qui sont arrêtés par des gances sont aussi tendus que les autres, on démare le quarré: mais comme les torons sont plus gros du côté du chantier, que du côté du quarré, ils doivent se tordre plus difficilement au bout où ils sont plus gros; c'est pour cette raison, & afin que le tortillement se répartisse plus uniformément, qu'en tordant les torons, on ne fait virer que les manivelles du chantier, sans donner aucun tortillement du côté du quarré.

Quand les torons sont suffisamment tortillés, quand ils sont raccourcis d'une quantité convenable, on les réunit tous à l'ordinaire à une seule manivelle qui est au milieu de la traverse du quarré, on place le toupin, dont les rainures doivent être assez ouvertes pour recevoir les gros bouts des torons, & on acheve de commettre la piece à l'ordinaire, ayant grande attention que le toupin courre bien; car comme l'augmentation de grosseur du cordage fait obstacle à sa marche, & comme la grosseur du cordage du côté du quarré est beaucoup moindre qu'à l'autre bout, il arrive souvent, sur - tout quand on commet ces cordages au tiers, qu'ils rompent auprès du quarré. M. Duhamel, Traité de la Corderie.

AUSTERE (Page 1:892)

* AUSTERE, sévere, rude (Grammaire.) L'austérité est dans les moeurs; la sévérité dans les principes; & la rudesse dans la conduite. La vie des anciens anachoretes étoit austere; la morale des apôtres étoit sévere, mais leur abord n'avoit rien de rude. La mollesse est opposée à l'austérité; le relâchement à la sévérité; & l'affabilité à la rudesse.

Austere (Page 1:892)

Austere, se dit encore d'un Peintre chez qui l'attention de ne se permettre aucune licence dégénere en vice. Ses tableaux sont froids & arides. (R)

AUSTRAL (Page 1:892)

AUSTRAL, australis, méridional, adj. m. ce mot vient d'auster, vent du midi. Voyez Vent, Midi, Méridional

Les signes austraux sont les six derniers du zodiaque; on les nomme ainsi, parce qu'ils sont au midi de la ligne équinoctiale. Voyez Signe.

On dit de même pole austral, hémisphere austral, pour pole méridional, hémisphere méridional. &c. (O)

AUSTRASIE (Page 1:892)

* AUSTRASIE, s. f. (Histoire & Géographie) Il est difficile de fixer les limites de l'ancien royaume d'Austrasie. Il comprenoit, à ce qu'on dit, l'espace de terre contenu entre le Rhin, l'Escaut, la Meuse, & les monts de Vosge. On y ajoûte la province que nous appellons aujourd'hui Lorraine, & que les Latins nomment quelquefois Austrasie, l'ancienne France & les contrées conquises au - delà du Rhin. Thierri I. fut le premier roi d'Austrasie. Clotaire, dit le vieux, la réunit à la couronne; elle en fut séparée après sa mort, & Sigebert son fils la posséda. Elle fut réunie à la couronne pour la seconde fois, sous Clotaire II. qui l'en sépara lui - même en faveur d'un de ses fils naturels appellé Sigebert second. On croit que Dagobert, fils de Sigebert, lui succéda en Austrasie, & qu'après Dagobert l'Austrasie fut réunie à la couronne pour la troisieme fois: ce qu'il y a de sûr, c'est qu'elle n'eut plus de roi. Le royaume d'Austrasie s'appelloit aussi le noyaume de Metz, & ses villes principales étoient Blamont, Amance, Bar - le - Duc, Dieuze, Espinal, Pont - à - Mousson, Charmes, Metz, Mirecourt, Nancy, Toul, Verdun, Neuf - Château, Raon, Remiremont, Vaudemont.

AUSTREGUES (Page 1:892)

AUSTREGUES, s. m. pl. (Hist. mod.) nom qu'on [p. 893] donne en Allemagne à des juges ou arbitres devant lesquels les électeurs, princes, comtes, prélats & la noblesse immédiate, ont droit de porter certaines causes.

Ce nom vient de l'Allemand, austragen, qui veut dire accorder, parce que la fonction de ces juges est de pacifier les différends; ce sont proprement des arbitres, à cela près que les arbitres sont autorisés par le droit naturel, au lieu que la jurisdiction des austregues est fondée sur des constitutions de l'Empire, quoique dans le fond leurs sentences ne soient qu'arbitrales.

Lorsqu'un électeur ou prince a différend avec un autre, soit prince soit électeur, & qu'il lui a fait signifier sa demande, le défendeur lui dénomme dans le mois quatre électeurs ou princes, moitié écclésiastiques & moitié séculiers, & le somme d'en agréer un pour juge, ce que le demandeur est obligé de faire dans le mois suivant. Ce juge, qu'on nomme austregue, instruit le procès, le décide; & la partie qui ne veut pas s'en tenir à son jugement, en appelle directement à la chambre impériale.

Ceux qui veulent terminer leurs différends par la voie des austregues, ont deux moyens pour y parvenir: l'un, en faisant nommer d'autorité par l'empereur, à la requisition du demandeur, un commissaire impérial, qui doit toûjours être un prince de l'Empire, que le défendeur ne peut récuser; l'autre, en faisant proposer par le demandeur trois électeurs dont le défendeur est obligé d'en choisir un dans un certain tems pour être leur juge; & ce juge ou commissaire impérial instruit le procès & le décide avec les officiers & jurisconsultes de sa propre justice.

Dans cette jurisdiction d'austregues, les parties ne plaident que par production, & il ne leur est permis d'écrire que trois fois. & défendu de multiplier les pieces, quand même elles en appelleroient à la chambre impériale.

Tous les membres de l'Empire n'ont pas indifféremment le droit d'austregues, ou de nommer des arbitres autorisés par l'Empire; c'est à peu près la même chose que ce que nous appellons en France droit de committimus, dont il n'y a que certaines personnes qui soient gratifiées. Voyez Committimus.

Il faut encore remarquer que les austregues ne prennent point connoissance des grandes affaires, telles que les procès où il s'agit des grands siefs de l'Empire, de l'immédiateté des états, de la liberté des villes impériales & autres causes qui vont directement à l'Empereur, ou même à la diete de l'Empire. Heis. Hist. de l'Emp. tom. III. (G)

AUSWISTERN (Page 1:893)

AUSWISTERN en Allemand, mine dépérissante en François, Weed en Anglois, sont termes usités chez ces nations parmi ceux qui travaillent aux mines des métaux, pour dire une veine de mine de métal fin qui dégénere en une mauvaise marcassite; ce qui est conforme au sentiment de ceux qui croyent que les minéraux croissent & périssent comme font les végétaux & les animaux. Voyez Mine, Veine de Mine, Métal, Marcassite, Mineral . (M)

AUTAN - KELURAN (Page 1:893)

* AUTAN - KELURAN, (Géog.) ville du Turquestan. Long. 110d. & lat. 46. 45. selon Uluhbeg; & long. 116. & lat. 45. selon Nassiredden.

AUTEL (Page 1:893)

AUTEL, s. m. (Hist. anc. mod. & Théol.) espece de table de bois, de pierre ou de métal, élevée de quelques piés au - dessus de terre, sur laquelle on sacrifie à quelque divinité. Voyez Sacrifice.

Les Juifs avoient un autel d'airain pour les holaucaustes, & un d'or sur lequel ils brûloient l'encens. Voyez Tabernacle, &c.

Chez les Romains l'autel étoit une espece de piédestal quarré, rond, ou triangulaire, orné de sculpture, de bas - reliefs & d'inscriptions, sur lequel ils brûloient les victimes qu'ils sacrifioient aux idoles. Voyez Victime.

Servius nous apprend que les autels des dieux célestes & supérieurs étoient exhaussés & construits sur quelqu'édifice relevé; & que ce fut pour cela qu'on les appella altaria, composé de alta & ara, qui signifient autel élevé. Ceux qu'on destinoit aux dieux terrestres étoient posés à rase terre, & on les appelloit aroe; & pour les dieux infernaux, on fouilloit la terre, & on y faisoit des fosses qu'on appelloit OFROI LAXXOI, scrobiculi.

Mais cette distinction ne paroît pas suivie. Les meilleurs auteurs se servent fréquemment d'ara, comme d'un terme générique sous lequel ils comprennent également les autels des dieux célestes, terrestres & infernaux: témoin Virgile, Eclog. V.

En quatuor aras. où assûrément altaria est bien compris dans aroe; car il est question entr'autres de Phoebus, qui étoit un dieu céleste. De même Cicéron, pro Quint. Aras delubraque Hecates in Groeciâ vidimus.

Les Grecs distinguoient aussi deux sortes d'autels; l'un sur lequel ils sacrifioient aux dieux, qu'ils appelloient BW=MO, & qui étoit un véritable autel: l'autre, sur lequel ils sacrifioient aux héros, qui étoit plus petit, & qu'ils appelloient ESXARA. Pollux fait cette distinction des deux sortes d'autels usités chez les Grecs, dans son Onomasticon: il ajoûte cependant que quelquefois les poëtes employoient le mo ESXARA, pour exprimer l'autel sur lequel on sacrifioit aux dieux. Les Septante employent aussi le mot ESXARA, pour un autel bas, qu'on pourroit exprimer en Latin par craticula; attendu que c'étoit plûtôt une espece d'âtre ou foyer qu'un autel.

Varron dit qu'au commencement les autels étoient portatifs, & consistoient en un trépié sur lequel on mettoit du feu pour brûler la victime. Les autels étoient communément dans les temples; cependant il y en avoit de placés en plein air, soit devant la porte des temples, soit dans le péristyle des palais des princes. Dans les grands temples de l'ancienne Rome il y avoit ordinairement trois autels: le premier étoit dans le sanctuaire, & au pié de la statue du dieu; on y brûloit l'encens, les parfums, & l'on y faisoit les libations: le second étoit devant la porte du temple, & on y offroit les sacrifices: le troisieme étoit un autel portatif, nommé anclabris, sur lequel on posoit les offrandes & les vases sacrés. On juroit par les autels & sur les autels; & ils servoient d'asyle aux malheureux. Lorsque la foudre tomboit en quelque lieu, on y élevoit un autel en l'honneur du dieu qui l'avoit lancée: Deo fulguratori aram & locum hunc religiosum ex aruspicum sententiâ, Quint. Pub. Front. posuit, dit une ancienne inscription. On en élevoit aussi pour conserver la mémoire des grands évenemens, comme il paroît par divers endroits de l'Ecriture.

Les Juifs donnoient aussi le nom d'autels à des especes de tables qu'ils dressoient au milieu de la campagne, pour sacrifier à Dieu. C'est de ces autels qu'il faut entendre plusieurs passages où on lit: En cet endroit il édifia un autel au Seigneur.

Il faut pourtant observer que ces autels ainsi dressés en pleine campagne pour sacrifier, n'ont été permis que dans la loi de nature; car dans celle de Moyse il ne devoit y avoir pour tout le peuple d'Israël qu'un autel pour offrir des victimes; & c'étoit celui des holocaustes qui étoit d'abord dans le tabernacle, aussi bien que l'autel des parfums: car on lit au chap. xxij. du livre de Josué, que les tribus de Ruben, de Gad, & la demi - tribu de Manassé qui en dresserent d'autres, furent obligées de se disculper, en remontrant qu'elles ne les avoient pas érigés pour sacrifier, mais seulement pour servir de monument. Il

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