ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"752"> sieurs pctits domes soutenus de colonnes de marbre ou de jaspe; elles sont quarrées & solidement bâties. A l'entrée est une grande cour plantee d'arbres toufus, au milieu de laqueile & souvent sous un vestibule est une fontaine avec plusieurs robinets & de petits bassins de marbre pour l'abdet ou ablution. Cette cour est environnée de cloìtres où aboutissent des chambres pour les imans & autres ministres de la religion, & même pour les étudians & les pauvres passans. Chaque mosquée a aussi ses minarets, d'où les muezins appellent le peuple à la priere. Quand les Musulmans s'y assemblent, avant que d'y entrer ils se lavent le visage, les mains & les pies. Ils quittent leur chaussure & entrent ensuite avec modestie, saluent le mirob ou niche placé au fond du temple & tourné vers la Meque. Ils levent ensuite dévotement les yeux au ciel en se bouchant les oreilles avec les pouces, & s'inclinent profondement par respect pour le lieu d'oraison. Enfin ils se placent en silence, les hommes dans le bas de la mosquée, les femmes dans les galeries d'en haut ou sous les portiques extérieurs: lé ils sont tous à genoux sur un tapis ou sur la terre nue qu'ils baisent trois fois; de tems - en - tems ils s'asseyent sur leurs talons, & tournent la tète à droite & à gauche pour saiuer le prophete, ainsi que les bons & les mauvais anges. L'iman fait à haute voix la priere que le peuple répete mot pour mot. Les domes des mosquées & les minarets sont surmontés d'aiguilles qui portent un croissant: les Tures ont changé en mosquées plusieurs églises.

MOSQUITES (Page 10:752)

MOSQUITES, s. f. (Médecine.) boutons de couleur rougeâtre qui paroissent sur la peau, & sont suivis d'une démangeaison insupportable; cette maladie est commune dans les lndes.

On guérit cette démangeaison par un mélange d'eau, de vinaigre, de crystal minéral, dans lequel on trempe un linge qu'on applique sur la partie; on doit se garder de remuer les humeurs & de les faire rentrer au dedans par l'usage des purgatifs; les sudorisiques avec les topiques paroissent les seuls remedes indiqués.

MOSSENIGA ou MOSENIGO (Page 10:752)

MOSSENIGA ou MOSENIGO, (Géog.) ville de la Morée, dans le Belvédere, que M. de Witt place au nord de la ville de Coron, & sur le golfe de ce nom; ce n'est pas l'ancienne Messène, quoi qu'en disent Corneille & Maty. (D.J.)

MOSSYLITES (Page 10:752)

MOSSYLITES ou MOSSILICUS, (Géog. anc.) port & promontoire de l'Ethiopie. Le P. Hardouin dit qu'on appelle à - présent le promontoire le cap de Gatdatu.

MOSTAGAN ou MONSTAGAN (Page 10:752)

MOSTAGAN ou MONSTAGAN, (Géogr.) ancienne & forte ville d'Afrique, au royaume d'Alger, avec un château, une mosquée, & un bon port nommé Cariena par les Romains, à 20 E. d'Oran. Long. selon Ptolomée, 14. 30. lat. 33. 40.

MOSTAR (Page 10:752)

MOSTAR, (Géog.) ville de Dalmatie dans l'Hercegovine. Quelques - uns la prennent pour l'ancienne Saloniana de Ptolomée, & d'autres pour l'ancienne Andecrium ou Andrecium; quoi qu'il en soit, elle appartient aux Turcs, & est toujours épiscopale. Elle est située à 40 milles N. de la ville de Narenta. Long. 36. 12. lat. 43. 42.

MOSUL, ou MOUSSUL, ou MOUSSAL (Page 10:752)

MOSUL, ou MOUSSUL, ou MOUSSAL, (Géog.) par Ptolomée Durbeta, ville forte d'Asie, dans le Diarbeck, sur la rive drcite du Tigre. Elle est aujourd'hui presque toute ruinée, n'a que de petits bazars borgnes, & est cependant fréquentée par des négocians Arabes & des Curdes; on croit que c'est de l'autre côte du Tigre que commencent les ruines de l'ancienne Ninive. La chaleur est excessive à Mosul, & encore plus grande qu'en Mésopotamie. Long. selon nos voyageurs, 59. 20. lat. 36. 30. Les tables arabiques sont bien différentes, car elles donnent à Mosul 77. degrés de longitude, & 34. 30. de latitude septentrionale.

MOSYLON (Page 10:752)

MOSYLON, (Géog. anc.) promontoire & port de l'Ethiopie, sous l'Egypte. Pline, liv. VI. c. xxix. appelle le port Mossylicus, & le promontoire Mossylieum. Le P. Hardouin dit que le promontoire est aujourd'hui le cap de Gardafu.

MOSYNIENS ou MOSYNOECIENS (Page 10:752)

MOSYNIENS ou MOSYNOECIENS, (Géograp. anc.) en latin Mosynoeci; par Ptolomée Moxiani; par Pline, liv. VI. chap. iv. Mossyni, & par quelques auteurs Mosyni; nom de certains peuples montagnards qui logeoient dans des tours de bois, & qui étoient du voisinage du Pont - Euxin; leur nom veut dire la même chose que turticoloe. Méla, Sirabon, Apollonius, & sur - tout Xénophon, nous apprennent plusieurs particularités fort étranges de ces peuples barbares. Ils ne vivoient que de glands & de la chair des bêtes sauvages qu'ils tuoient à la chasse; ils s'imprimoient des marques sur tout le corps, comme font de nos jours plusieurs Indiens; ils ne connoissoient aucune loi de pudeur & de decence dans toutes les actions naturelles; mais une chose unique dans l'histoire, leur plus haute tour servoit de demeure au roi qu'ils élisoient, & qui étoit le plus malheureux des hommes; ils le tenoient nuit & jour sous une forte garde; il falloit qu'il terminât tous leurs differends comme juge: si néanmoins il lui arrivoit de mal juger, ils l'emprisonnoient, & suivant la nature des cas, le laissoient plus ou moins long - tems sans lui donner de nourriture. (D.J.)

MOSYNOPOLIS (Page 10:752)

MOSYNOPOLIS, (Géog. anc.) ville que Nicétas & Cédrene mettent dans la Thrace, chez les Mosynoeci ou Mossyni de Pline, c'est à - dire peuples qui habitoient dans des tours sur les bords du Pont - Euxin. Voyez Mosyniens. (D.J.)

MOT (Page 10:752)

MOT, s. m. (Log. Gramm.) il y a trois choses à considérer dans les mots, le matériel, l'étymologie, & la valeur. Le matériel des mots comprend tout ce qui concerne les sons simples ou articulés qui constituent les syllabes qui en sont les parties intégrantes, & c'est ce qui fait la matiere des articles Son, Syllabe, Accent, Prosodie, Lettres, Consonne, Voyelle, Diphtongue , &c. L'étymologie comprend ce qui appartient à la premiere origine des mots, à leurs générations successives & analogiques, & aux différentes altérations qu'ils subissent de tems à autre, & c'est la matiere des articles Etymologie, Formation, Onomatopée, Métaplasme avec ses especes, Euphonie, Racine, Langue . article iij. S 22. &c.

Pour ce qui concerne la valeur des mots, elle consiste dans la totalité des idées qui en constituent le sens propre & figuré. Un mot est pris dans le sens propre lorsqu'il est employé pour exciter dans l'esprit l'idée totale que l'usage primitif a eu intention de lui faire signifier: & il est pris dans un sens figuré lorsqu'il présente à l'esprit une autre idée totale à laquelle il n'a rapport que par l'analogie de celle qui est l'objet du sens propre. Ainsi le sens propre est antérieur au sens figuré, il en est le fondement; c'est donc lui qui caractérise la vraie nature des mots, & le seul par conséquent qui doive être l'objet de cet article: ce qui appartient au sens figuré est traité aux articles Figure, Trope avec ses especes, &c.

La voie analytique & expérimentale me paroit, à tous égards & dans tous les genres, la plus sûre que puisse prendre l'esprit humain pour réussir dans ses recherches. Ce principe justifié négativement par la chûte de la plûpart des hypothèses qui n'avoient de réalité que dans les têtes qui les avoient conçues, & positivement par les succès rapides & prodigieux de la phyûque moderne, aura par - tout [p. 753] la même fécondité, & l'application n'en peut être qu'heureuse, même dans les matieres grammaticales. Les mots sont comme les instrumens de la manifestation de nos pensées: des instrumens ne peuvent être bien connus que par leurs services; & les services ne se devinent point, on les éprouve; on les voit, on les observe. Les différens usages des langues sont donc, en quelque manicre, les phénomenes grammaticaux, de l'observation desquels il faut s'élever à la généralisation des principes & aux notions universelles.

Or le premier coup - d'oeil jetté sur les langues, montre sensiblement que le coeur & l'esprit ont chacun leur langage. Celui du coeur est inspiré par la nature & n'a presque rien d'arbitraire, aussi est - il également entendu chez toutes les nations, & il semble même que les brutes qui nous environnent en aient quelquefois l'intelligence; le vocabulaire en est court, il se réduit aux seules interjections, qui ont par - tout les mêmes radicaux, parce qu'elles tiennent à la constitution physique de l'organe. Voyez Interjection. Elles désignent dans celui qui s'en sert une affection, un sentiment; elles ne l'excitent pas dans l'ame de celui qui les entend, elles ne lui en présentent que l'idée. Vous conversez avec votre ami que la goutte retient au lit; tout - à - coup il vous interrompt par ahi, ahi! Ce cri arraché par la douleur est le signe naturel de l'existence de ce sentiment dans son ame, mais il n'indique aucune idée dans son esprit. Par rapport à vous, ce mot vous communique - t - il la même affection? Non; vous n'y tiendriez pas plus que votre ami, & vous deviendriez son écho: il ne fait naître en vous que l'idée de l'existence de ce sentiment douloureux dans votreami, précisément comme s'il vous eût dit: vo.là que je ressens une vive & subite douleur. La différence qu'il y a, c'est que vous êtes bien plus persuadé par le cri interjectif, que vous ne le seriez par la proposition froide que je viens d'y substituer: ce qui prouve, pour le dire en passant, que cette proposition n'est point, comme le paroît dire lè P. Buffier, Grammaire françoise n°. 163. & 164. l'équivalent de l'interjection ouf, ni d'actcune autre: le langage du coeur se fait aussi entendre au coeur, quoique par occassion il éclaire l'esprit.

Je donnerois à ce premier ordre de mots le nom d'assectifs, pour le distinguer de ceux qui appartiennent au langage de l'esprit, & que je désiguerois par le titre d'énonciatisfs. Ceux - ci sont en plus grand nombre, ne sont que peu ou point naturels, & doivent leur existence & leur signification à la convention usuelle & fortuite de chaque nation. Deux différences purement matérielles, mais qui tiennent apparemment à celles de la nature même, semblent les partager naturellement en deux classes; les mots déclinables dans l'une, & les indéclinables dans l'antre. Voyez Indéclinable. Ces deux propriétés opposées sont trop uniformément attachées aux mêmes especes dans tous les idiomes, pour n'être pas des suites nécessaires de l'idée distinctive des deux classes, & il ne peut être qu'utile de remonter, par l'examen analytique de ces caracteres, jusqu'à l'idée essentielle qui en est le fondement; mais il n'y a que la déclinabilité qui puisse être l'objet de cette analyse, parce qu'elle est positive & qu'elle tient à des faits, au - lieu que l'indétlinabilité n'est qu'une propriété négative, & qui ne peut nous rien indiquer que par son contraire.

I. Des mots déclinables. Les variations qui résultent de ia déclinabilité des mots, sont ce qu'on appelle en Grammaire, les nombres, les cas, les genres, les personnes, les tems, & les modes.

1°. Les nombres sont des variations qui désignent les différentes quotités. Voyez Nombre. C'est celle qui est la plus universeliement adoptée dans les langues, & la plus constamment admise dans toutes les especes de mots déclinables, savoir les noms, les pronoms, les adjectifs, & les verbes. Ces quatre especes de mots doivent donc avoir une signification fondamentale commune, au - moins jutqu'à un certain point: une propriété matérielle qui leur est commune, suppose nécessairement quelque chose de commun dans leur nature, & la nature des signes consiste dans leur signification, mais il est certain qu'on ne peut nombrer que des êtres; & par conséquent il semble nécessaire de conclure que la signification fondamentale, commune aux quatre especes de mots déclinables, consiste à presenter à l'esprit les idées des êtres, soit réels, soit abstraits, qui peuvent être les objets de notre pensée.

Cette conclusion n'est pas conforme, je l'avoue, aux principes de la Grammaire générale, partie II. chap. j. ni à ceux de M. du Marsais, de M. Duclos, de M. Fromant: elle perd en cela l'avantage d'être soutenue par des autorités d'autant plus pondérantes, que tout le monde connoit les grandes lumieres de ces auteurs respectables: mais enfin des autorités ne sont que des motifs & non des preuves, & elles ne doivent servir qu'à confirmer des conclusions déduites légitimement de principes incontestables, & non à établir des principes peu ou point discutés. J'ose me flatter que la suite de cette analyse démontrera que je ne dis ici rien de trop: je continue.

Si les quatre especes de mots déclinables présentent également à l'esprit des idées des êtres; la différence de ces especes doit donc venir de la différence des points de vûe sous lesquels elles font envisager les êtres. Cette conséquence se confirme par la différence même des lois qui reglent par - tout l'emploi des nombres relativement à la diversité des especes.

A l'égard des noms & des pronoms, ce sont les besoins réels de l'énonciation, d'après ce qui existe dans l'esprit de celui qui parle, qui reglent le choix des nombres. C'est tout autre chose des adjectifs & des verbes: ils ne prennent les terminaisons numériques que par une sorte d'imitation, & pour être en concordance avec les noms ou les pronoms auxquels ils ont rapport, & qui sont comme leurs originaux.

Par exemple, dans ce début de la premiere fable de Phèdre, ad rivum eumdem lupus & agnus venerant siti compulsi; les quatre noms rivum, lupus, agnus, & siti, sont au nombre singulier, parce que l'auteur ne vouloit & ne devoit effectivement désigner qu'un seul ruisseau, un seul loup, un seul agneau, & un seul & même besoin de boire. Mais c'est par imitation & pour s'accorder en nombre avec le nom tivum, que l'adjectif eumdem est au singulier. C'est par la même raison d'imitation & de concordance que le verbe venerant & l'adjectif - verbe ou le participe compulsi, sont au nombre pluriel; chacun de ces mots s'accorde ainsi en nombre avec la collection des deux noms singuliers, lupus & agnus, qui font ensemble pluralité.

Les quatre especés de mots réunies en une seule classe par leur declinabilité, se trouvent ici divisées en deux ordres caractérisés par des points de vûe différens.

Les inflexions numériques des noms & des pronoms se décident dans le discours d'après ce qui existe dans l'esprit de celui qui parle: mais quand on se décide par soi - même pour le nombre singulier ou pour le nombre pluriel, on ne peut avoir dans l'esprit que des êtres déterminés: les noms & les pronoms présentent donc à l'esprit des êtres déterminés; c'est là le point de vûe commun qui leur est propre.

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