ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"740"> flammation. Par ces moyens on remédie souvent à la morve commençante.

Dans la morve confirmée, les indications que l'on a sont de détruire les ulceres de la membrane pituitaire. Pour cela on met en usage les détersifs un peu forts: on injecte dans le nez, par exemple la décoction des feuilles d'aristoloche, de gentiane & de centaurée. Lorsque par le moyen de ces injections l'écoulement change de couleur, qu'il devient blanc, épais & d'une louable consistance, c'est un bon signe; on injecte alors de l'eau d'orge, dans laquelle on fait dissoudre un peu de miel rosat; ensuite, pour faire cicatriser les ulceres, on injecte l'eau seconde de chaux, & on termine ainsi la guérison, lorsque la maladie cede à ces remedes.

Mais souvent les sinus sont remplis de pus, & les injections ont de la peine à y pénétrer; elles n'y entrent pas en assez grande quantité pour en vuider le pus, & elles sont insuffisantes; on a imaginé un moyen de les porter dans ces cavités, & de les faire pénétrer dans tout l'intérieur du nez; c'est le trépan, c'est le moyen le plus sûr de guérir la morve confirmée.

Les fumigations sont aussi un très - bon remede; on en a vu de très - bons effets. Pour faire recevoir ces fumigations, on a imaginé une boete dans laquelle on fait brûler du sucre ou autre matiere détersive; la fumée de ces matieres brûlées est portée dans le nez par le moyen d'un tuyau long, adapté d'un côté à la boëte, & de l'autre aux naseaux.

Mais souvent ces ulceres sont calleux & rebelles, ils résistent à tous les remedes qu'on vient d'indiquer; il faudroit fondre ou détruire ces callosités, cette indication demanderoit les caustiques: les injections fortes & corrosives rempliroient cette intention, si on pouvoit les faire sur les parties affectées seulement; mais comme elles arrosent les parties saines, de même que les parties malades, elles irriteroient & enflammeroient les parties qui ne sont pas ulcerées, & augmenteroient le mal; de - là la difficulté de guérir la morve par les caustiques.

Dans la morve invétérée, où les ulceres sont en grand nombre, profonds & sanieux, où les vaisseaux sont rongés, les os & les cartilages cariés, & la membrane pituitaire épaissie & endurcie, il ne paroît pas qu'il y ait de remede; le meilleur parti est de tuer les chevaux, de peur de faite des dépenses inutiles, en tentant la guérison.

Tel est le résultat des découvertes de MM. de la Fosse pere & sils, telles que celui - ci les a publiées dans une dissertation présentée à l'académie des Sciences, & approuvée par ses commissaires.

Auparavant il y avoit ou une profonde ignorance, ou une grande variété de préjugés sur le siége de cette maladie; mais pour le reconnoître, dit M. de la Fosse, il ne faut qu'ouvrir les yeux. En effet, que voit - on lorsqu'on ouvre un cheval morveux proprement dit, & uniquement morveux? On voit la membrane pituitaire plus ou moins affectée; les cornets du nez & les sinus plus ou moins remplis de pus & de morve, suivant le degré de la maladie, & rien de plus; on trouve les visceres & toutes les autres parties du corps dans une parfaite santé. Il s'agit d'un cheval morveux proprement dit, parce qu'il y a une autre maladie, à qui on donne mal - à - propos le nom de morve; d'un cheval uniquement morveux, parce que la morve peut être accompagnée de quelque autre maladie qui pourroit affecter les autres parties.

Mais le témoignage des yeux s'appuie de preuves tirées du raisonnement.

1°. Il y a dans le cheval & dans l'homme des plaiès & des abscès qui n'ont leur siége que dans une partie; pourquoi n'en seroit - il pas de même de la morve?

2°. Il y a dans l'homme des chancres rongeans aux levres & dans le nez; ces chancres n'ont leur siége que dans les levres ou dans le nez; ils ne donnent aucun signe de leur existance après leur guérison locale. Pourquoi n'en seroit - il pas de même de la morve dans le cheval?

3°. La pulmonie ou la suppuration du poumon, n'affecte que le poumon; pourquoi la morve n'affectcroit - elle pas uniquement la membrane pituitaire?

4°. Si la morve n'étoit pas locale, ou, ce qui est la même chose, si elle venoit de là corruption générale des humeurs, pourquoi chaque partie du corps, du moins celles qui sont d'un même tissu que la membrane pituitaire, c'est - à - dire d'un tissu mol, vasaileux & glanduleux, tels que le cerveau, le poumon, le foie, le pancréas, la rate, &c. ne seroient - elles pas affectees de même que la membrane pituitaire? pourquoi ces parties ne seroient - elles pas affectées, plusieurs & même toutes à - la - fois, puisque toutes les parties sont également abreuvées & nourries de la masse des humeurs, & que la circulation du sang, qui est la source de toutes les humeurs, se fait également dans toutes les parties? Or il est certain que dans la morve proprement dite, toutes les parties du corps sont parfaitement saines, excepté la membrane pituitaire. Cela a été démontré par un grand nombre de dissections.

5°. Si dans la morve la masse totale des humeurs étoit viciée, chaque humeur particuliere qui en émane, le seroit aussi, & produiroit des accidens dans chaque partie; la morve seroit dans le cheval, ainsi que la vérole dans l'homme, un composé de toutes sortes de maladies; le cheval maigriroit, souffriroit, languiroit, & périroit bientôt; des humeurs viciées ne peuvent pas entretenir le corpsen santé. Or on sait que dans la morve le cheval ne souffre point; qu'il n'a ni fievre ni aucun mal, exccpté dans la membrane pituitaire; qu'il boit & mange comme à l'ordinaire; qu'il fait toutes ses fonctions avec aisance; qu'il fait le même service que s'il n'avoit point de mal; qu'il est gai & gras; qu'il a le poil lisse & tous les signes de la plus parfaite santé.

Mais voici des faits qui ne laissent guere de lieu au doute & à la dispute.

Premier Fait. Souvent la morve n'affecte la membrane pituitaire que d'un côté du nez, donc elle est locale; si elle étoit dans la masse des humeurs, elle devroit au - moins attaquer le membrane pituitaire des deux côtés.

II. Fait. Les coups violens sur le nez produisent la morve. Dira - t - on qu'un coup porté sur le nez a vicié la masse des humeurs?

III. Fait. La lésion de la membrane pituitaire produit la morve. En 1559 au mois de Novembre, apres avoit trépané & guéri du trépan un cheval, il devint morveux, parce que l'inflammation se continua jusqu'a la membrane pituitaire. L'inflammation d'une partie ne met pas la corruption dans toutes les humeurs.

IV. Fait. Un cheval sain devient morveux presque sur le - champ, si on lui fait dans le nez des injections acres & corrosives. Ces injections ne vicient pas la masse des humeurs.

V. Fait. On guérit la morve par des remedes topiques. M. Desbois, médecin de la saculté de Paris, a guéri un cheval morveux par le moyen des injections. On ne dira pas que les injections faites dans le nez, ont guéri la masse du sang; d'où M. de la Fosse le fils conclut que le siége qu'il lui assigne dans la membrane pituitaire, est son unique & vrai [p. 741] siége. Voyez là - dessus sa Dissert. sur la morve, imprimée en 1761.

Morve (Page 10:741)

Morve, s. f. (Jardinage.) maladie qui survient aux chicorées & aux laitues; c'est une espece de pourriture dont le nom a été fait de son aspect. On dit aussi morver.

MORVEDRO, ou MORVIÉDRO (Page 10:741)

MORVEDRO, ou MORVIÉDRO (Géogr.) ancienne ville d'Espagne au royaume de Valence. Ce sont les restes de la fameuse & infortunée Sagonte, bâtie par les Zacynthiens, qui lui avoient donné le nom de leur patrie. On l'appelle aujourd'hui Morvedro, en latin, Muri veteres, à cause des vieilles murailles qui s'y trouvent, & qui nous rappellent encore par ces tristes vestiges une partie de la grandeur de l'ancienne Sagonte. On y voit en entrant sur la porte de la ville une inseription à demi - effacée, en l'honneur de Claude II. successeur de Galien. A une autre porte on voit une tête d'Annibal faite de pierre. Près de la cathédrale se voyent les restes d'un vieil amphitéâtre de 357 piés d'étendue, avec 26 bancs l'un sur l'autre taillés dans le roc; & ces bancs & les voûtes étoient d'une structure si solide, qu'ils se sont conservés depuis tant de siecles.

Morvedro est située à 2 milles de la mer, sur un rocher élevé, au bord d'une riviere qui porte son nom, & quelquefois celui de Turulis, à 4 lieues de Valence. Long. 17. 36. lat. 39. 44. (D. J.)

MORVEUX (Page 10:741)

MORVEUX, (Maréchall.) On appelle ainsi un cheval qui a la morve. Voyez Morve.

MORRIS (Page 10:741)

MORRIS, s. m. (Comm. & Hist. mod.) nom propre d'une monnoie d'Espagne. Le morris étoit d'or; ce fut le roi Alsonce le sage qui le fit battre. Morris est dit par corruption de maravedis.

MORUNDA (Page 10:741)

MORUNDA, (Géog. anc.) Ptolomée nomme deux villes de ce nom, l'une en Médie, l'autre dans l'Inde, en - deçà du Gange. (D. J.)

MORVOLANT (Page 10:741)

MORVOLANT, s. m. en terme de Blondier, c'est de la foie mêlée qui tombe dans le déchet, & qui empêche la suite du devidage.

MORXI (Page 10:741)

MORXI, s. m. (Medecine.) nom d'une maladie pestilentielle commune dans le Malabar & dans plusieurs autres contrées des Indes orientales.

MOSA (Page 10:741)

MOSA, (Géogr. anc.) nom latin de la Meuse; nous en avons parlé suffisamment sous le nom moderne, autant du - moins que le plan de cet ouvrage le permet. Nous ajouterons ici que depuis César jusqu'à nous le cours de ce fleuve a éprouvé bien des changemens. Il est arrivé que cette grande riviere, qui charrie sans cesse avec elle quantité de limon, a nécessairement bouché son lit en plusieurs endroits, & fait ailleurs des attérissemens considérables. Si à ces causes l'on joint les débordemens ordinaires du Rhin, & dont la euse reçoit sa part par le Wahal, on n'aura pas de peine à comprendre que d'un côté elle a pu changer de cours, & que de l'autre elle a dû porter à son embouchure de nouvelles terres dans des lieux que la mer couvroit auparavant. C'est ce que M. Van - Loon a savamment exposé dans son livre des antiquités des Bataves; j'y renvoie le lecteur. (D. J.)

Mosa (Page 10:741)

Mosa, s. m. (Cuisine.) sorte d'aliment très - commun parmi les paysans d'Allemagne: il est fait avec de la farine de froment ou d'épeautre & du lait, & pareil à ce que nous appellons lait épaissi ou bouillie; mais sa trop grande quantité nuit aux enfans surtout, à qui elle engorge les vaisseaux du mésentere.

MOSAIQUE et chrétienne philosophie (Page 10:741)

MOSAIQUE et chrétienne philosophie, (Hist. de la Philosophie.) Le scepticisme & la crédulité sont deux vices également indignes d'un homme qui pense. Parce qu'il y a des choses fausses, toutes ne le sont pas; parce qu'il y a des choses vraies, toutes ne le sont pas. Le philosophe ne nie ni n'admet rien sans examen; il a dans sa raison une juste confiance; il fait par expérience que la recherche de la vérité est pénible, mais il ne la croit point impossible, il ose descendre au fond de son puits, tandis que l'homme méfiant ou pusillanime se tient courbé sur les bords, & juge de là, se trompant, soit qu'il plononce qu'il l'apperçoit malgré la distance & l'obscurité, soit qu'il prononce qu'il n'y a personne. De - là cette multitude incroyable d'opinions diverses; de - là le doute; de là le mépris de la raison & de la Philosophie; de - là la nécessité prétendue de recourir à la révélation, comme au seul flambeau qui puisse nous éclairer dans les sciences naturelles & morales; de là le mélange monstrueux de la Théologie & des systèmes; mélange qui a achevé de dégrader la Religion & la Philosophie: la Religion, en l'assujettissant à la discussion; la Philosophie, en l'assujettissant à la foi. On raisonna quand il falloit croire, on crut quand il falloit raisonner; & l'on vit éclore en un moment une foule de mauvais chrétiens & de mauvais philosophes. La nature est le seul livre du philosophe: les saintes écritures sont le seul livre du théologien. Ils ont chacun leur argumentation particuliere. L'autorité de l'Eglise, de la tradition, des peres, de la révélation, five l'un; l'autre ne reconnoît que l'expérience & l'observation pour guides: tous les deux usent de leur raison, mais d'une maniere particuliere & diverse qu'on ne confond point sans inconvénient pour les progrès de l'esprit humain, sans péril pour la foi: c'est ce que ne comprirent point ceux qui, dégoûtés de la philosophie sectaire & du pirrhonisme, chercherent à s'instruire des sciences naturelles dans les sources où la science du salut étoit & avoit été jusqu'alors la seule à puiser. Les uns s'en tinrent scrupuleasement à la lettre des écritures; les autres comparant le técit de Moïse avec les phénomenes, & n'y remarquant pas toute la conformité qu'ils desiroient, s'embarrasserent dans des explications allégoriques: d'où il arriva qu'il n'y a point d'absurdités que les premiers ne soutinsent; point de découvertes que les autres n'apperçussent dans le même ouvrage.

Cette espece de philosophie n'étoit pas nouvelle: voyez ce que nous avons dit de celle des Juifs & des premiers chrétiens, de la cabale, du Platonisme des tems moyens de l'école d'Alexandrie, du Pithagorico platonico - cabalisme, &c.

Une observation assez générale, c'est que les systèmes philosophiques ont eu de tout tems une influence fâcheuse sur la Médecine & sur la Théologie. La méthode des Théologiens est d'abord d'anathématiser les opinions nouvelles, ensuite de les concilier avec leurs do mes; celle des Médecins, de les appliquer tout de suite à la théorie & même à la pratique de leur art. Les Théologiens retiennent longtems les opinions philosophiques qu'ils ont une fois adoptées. Les Médecins moins opiniâtres, les abandonnent sans peine: ceux ci circulent paisiblement au gré des systèmatiques, dont les idées passent & se renouvellent; ceux - là font grand bruit, condamnant comme hérétique dans un moment ce qu'ils ont approuvé comme catholique dans un autre, & montrant toujours plus d'indulgence ou d'aversion pour un sentiment, selon qu'il est plus arbitraire ou plus obscur, c'est - à - dire qu'il fournit un plus grand nombre de points de contact, par lesquels il peut s'attacher aux dogmes dont il ne leur est pas permis de s'écarter.

Parmi ceux qui embrasserent l'espece de philosophie dort il s'agit ici, il y en eut qui ne confondant pas tout à fait les limites de la raison & de la foi, se contenterent d'éclairer quelques points de l'Ecriture, en y appliquant les découvertes des Philosophes. Ils ne s'appercevoient pas que le peu de service qu'ils

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