ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"134"> cet état, y sont rançonnés comme autrefois parmi les chrétiens.

Les alcaïdes gouvernent le royaume sous l'autorité du chérif, car il n'a ni cour de justice, ni conseil particulier, ni ministre; il est l'auteur, l'interprete & le juge de ses lois. Dans son royaume de Maroc, comme à la Chine, il donne le droit à l'empire par son testament en faveur de celui de ses enfans qu'il lui plaît de nommer, ou même d'un autre sujet pour son successeur. Ainsi les partis peuvent se former pendant la vie du monarque; & s'il ne fait point de testament, ou s'il ne laisse point de nomination par son testament, tout se trouve préparé à la division & aux guerres civiles.

J'ajoute que le roi de Maroc, malgré son despotisme, reconnoît en matiere de religion l'autorité supérieure du Mousti & de ses prêtres; il n'a pas le pouvoir de les déposer, quoiqu'il ait celui de les établir: cependant s'ils mettoient obstacle à ses desseins, sa vengeance seroit sûre & leur perte inévitable, à moins qu'ils ne le détronassent au même moment. (D. J.)

Maroc (Page 10:134)

Maroc, province de, (Géog.) c'est la principale des sept provinces du royaume de même nom, & qui forme une figure triangulaire au milieu des autres.

Cette province se nommoit autrefois Bocano emero, & sa capitale étoit l'ancienne ville d'Agmet, d'où les Lumptunes ou Almoravides vinrent fondre dans le pays. Ils y bâtirent ensuite la ville de Maroc pour être le siége de leur empire & la capitale non - seulement de la province, mais encore de toute la partie occidentale de la Mauritanie Tangitane.

Les habitans de cette province ont hors des montagnes un terrein abondant en froment, en orge, en millet & en dattes; ils sont dans les villes assez bien vêtus à leur mode, mais les montagnards sont misérables, parce qu'ils ne recueillent qu'un peu d'orge sous la neige. (D. J.)

Maroc (Page 10:134)

Maroc, (Géogr.) capitale du royaume & de la province de même nom; c'est une grande ville, la mieux située de toute l'Afrique, dans une belle plaine, à cinq ou six lieues du mont Atlas, environnée des meilleures provinces de la Mauritanie tangitane. On croit que c'est l'ancienne Bocanum Hemerum, où il y avoit un évêché avant la domination des Maures. Elle a été bâtie par Abu Téchifien, premier roi des Almoravides, environ l'an 1052, & 454 de l'hégire. Elle est fermée de bonnes murailles faites à chaux & à sable, avec une forteresse du côté du midi; mais cette ville a bien déchu de son ancienne splendeur, & ne contient pas aujourd'hui 25 mille ames. Sa forteresse & sa mosquée, autrefois si fameuses, ne sont plus rien. Maroc est à environ 100 lieues S. O. de Fez, 50 N. E. de Sus. Long. 10. 50. lat. 30. 32. (D. J.)

Maroc (Page 10:134)

Maroc, s. m. (Draps.) serges qui se fabriquent à Rouen. Voyez l'article Manufacture en laine.

MAROCOSTINES (Page 10:134)

MAROCOSTINES, (Pharmacie.) pilules marocostines; c'est un extrait cathartique composé des drogues suivantes.

Prenez gomme ammoniaque une once & demie; myrrhe, six gros; aloës, une livre; agaric, six gros; rhubarbe, trois oncas; safran, une demi - once; costus, six gros; bois d'aloës, deux gros; feuilles de lentisque, une demi - once: faites une décoction des six derniers ingrédiens dans deux livres de suc de rose de damas, & dans une quantité suffisante d'eau commune. Exprimez le tout fortement: ajoutez ensuite la gomme ammoniaque & la myrrhe dissoute dans quatre onces de vinaigre de squille avec l'aloës. Donnez au tout une consistence convenable par évaporation.

Ce remede est apéritif; il s'ordonne depuis qninze grains jusqu'à deux scrupules. C'est un grand atténuant & désobstructif.

MAROGNA (Page 10:134)

MAROGNA, (Géog.) c'est l'ancienne Maronca; petite ville de Turquie dans la Romanie: l'archevêque de Trajanopoli y fait sa résidence. Elle est située proche la mer, à 28 lieues S. O. d'Andrinople, 60 S. O. de Constantinople. Long. 43. 16. lat. 40. 56. (D. J.)

MAROK (Page 10:134)

MAROK, s. m. (Hist. nat.) oiseau que l'on trouve en Ethiopie & en Abissinie: on le nomme aussi oiseau de miel, à cause de l'instinct qui lui fait découvrir le miel des abeilles sauvages, qu'elles cachent avec soin ou sous la terre ou dans les creux de quelques arbres. Lorsque le marok a découvert un de ces trésors cachés, il en avertit les voyageurs par son cri; & lorsqu'il est parvenu à s'en faire suivre, il bat des aîles & fait un ramage agréable sur l'endroit où le miel est renfermé. On a soin d'en laisser quelque portion pour le guide, qui est fort avide de s'en nourrir.

MARON (Page 10:134)

MARON, s. m. terme de relation. On appelle marons dans les îles françoises les negres fugitifs qui se sauvent de la maison de leurs maîtres, soit pour éviter le châtiment de quelque faute, soit pour se délivrer des injustes traitemens qu'on leur fait. La loi de Moïse ordonnoit que l'esclave à qui son maître auroit cassé une dent seroit mis en liberté; comme les chrétiens n'acquierent pas les esclaves dans ce dessein, ceux - ci accablés de travaux ou de punitions, s'échappent par - tout où ils peuvent, dans les bois, dans les montagnes, dans les falaises, ou autres lieux peu fréquentés, & en sortent seulement la nuit pour chercher du manioc, des patates, ou autres fruits dont ils subsistent. Mais selon le code noir, c'est le code de marine en France, ceux qui prennent ces esclaves fugitifs, qui les remettent à leurs maîtres, ou dans les prisons, ou entre les mains des officiers de quartier, ont cinq cens livres de sucre de récompense. Il y a plus: lorsque les marons resusent de se rendre, la loi permet de tirer dessus; si on les tue, on en est quitte en faisant sa déclaration par serment. Pourquoi ne les tueroit on pas dans leur fuite, on les a bien achetés? Mais peut - on acheter la liberté des hommes, elle est sans prix? Voyez Esclavage, Droit nat. Morale, Religion.

Au reste, j'oubliois de dire une chose moins importante, l'origine du terme maron: ce terme vient du mot espagnol simaran, qui signifie un singe. Les Espagnols qui les premiers habiterent les îles de l'Amérique, crurent ne devoir pas faire plus d'honneur à leurs malheureux esclaves sugitifs, que de les appeller singes, parce qu'il se retiroient comme ces animaux au fond des bois, & n'en sortoient que pour cueillir les fruits qui se trouvoient dans les lieux les plus voisins de leur retraite. (D. J.)

MARONÉE (Page 10:134)

MARONÉE, Maronea, (Géogr. anc.) ville de Thrace entre le fleuve Nestus & la Chersonèse. Il paroît par des médailles qu'elle reconnoissoit Bacchus pour son protecteur, à cause de l'excellence du vin de son territoire, déja renommé dès le tems d'Homere, puisque c'étoit - là qu'Ulysse avoit pris celui dont il enivra le cyclope. Cette ville s'appelle aujourd'hui Marogna, située dans la Romanie sur la côte, près du lac Bouron. Pline dit qu'elle avoit été bâtie par Maron l'égyptien, qui suivit Osiris ou Bacchus dans ses conquêtes. (D. J.)

MARONIAS (Page 10:134)

MARONIAS, (Géog. anc.) ou MARONIAS; ville de Syrie. Ptolomée la place dans la Chalcydie, & les modernes à environ 12 lieues d'Antioche, elle devint un évêché. (D. J.)

MARONITES (Page 10:134)

MARONITES, s. m. (Hist. eccles.) nom qu'on donne à une société de chrétiens du rit Syrien, qui sont soumis au pape, & dont la principale demeure est au mont Liban. Leur langue vulgaire est l'arabe. [p. 135]

On ne convient pas de leur origine; les uns prétendent que c'étoit un nom de sectes qui embrassérent le parti des Monothélites, & d'autres assurent qu'ils n'ont jamais été dans le schisme. Un sçavant maronite, Fauste Nairon professeur en arabe à Rome, a fait l'apologie de sa nation & de l'abbé Maron, dont les Maronites tirent leur nom. Il prétend que les disciples de ce Maron qui vivoit vers l'an 400, se répandirent dans toute la Syrie où ils bâtirent plusieurs monastéres. Quoi qu'il en soit, les Maronites ont un patriarche qui réside au monastére de Cannubin au mont Liban, à 10 lieues de Tripoli. Il prend la qualité de patriarche d'Antioche. Son election se fait par le clergé & par le peuple selon l'ancienné discipline de l'Eglise. Il a sous lui quelques évêques qui resident à Damas, à Alep, à Tripoli, & dans quelques autres lieux où se trouvent des Maronites.

Les ecclésiastiques qui ne sont pas évêques peuvent tous se marier avant l'ordination. Leurs moines sont pauvres, retires dans le coin des montagnes, travailiant de leurs mains, cultivant la terre, & ne mangeant jamais de chair; mais ils ne font point de voeux.

Les prêtres ne disent pas la messe en particulier; ils la disent tous ensemble, étant tous autour de l'autel, & ils assistent le célébrant qui leur donne la communion. Les laïques n'observent que le carême, & ne commencent à manger dans ces jours - là que deux ou trois heures avant le coucher du soleil. Ils ont plusieurs autres coutumes sur lesquelles on peut consulter avec précaution la relation du pere Dandini jésuite écrite en italien, traduite par M. Simon avec des remarques critiques. (D. J.)

MARONI (Page 10:135)

MARONI, (géog.) riviere de l'Amérique méridionale dans la France équinoxiale qu'elle borne à l'occident. C'est la riviere la plus considérable du pays, elle a un cours de 60 à 80 lieues, & se décharge dans la mer à environ 45 lieues de l'embouchure de la Cayenne. (D. J.).

MAROSTICA (Page 10:135)

MAROSTICA, (Géog.) petite ville, ou même bourg d'Italie, dans le patrimoine du S. Siege; son air est pur, le pays admirable, fertile en toutes sortes de fruits, & particulierement en cerises, qui sont les plus belles d'Italie. On n'y voit que sources & fontaines, le Bossa passe au milieu, & le Silano à un mile plus loin. C'est la patrie de Prosper Alpin, qui s'est fait une haute réputation par ses ouvrages de médecine & de botanique. Il mourut à Padoue en 1616, âgé de 63 ans. (D. J.)

MAROTIQUE (Page 10:135)

MAROTIQUE, adj. (Lit.) dans la poésie françoise se dit d'une maniere d'écrire particuliere, gaie, agréable, & tout à la fois simple & naturelle. Clement Marot, valet - de chambre du roi François I. en a donné le modéle, & c'est de lui que ce style a tiré son nom. Ce poëte a eu plusieurs imitateurs, dont les plus fameux sont la Fontaine & Rousseau.

La principale différence qui se rencontre entre le style marotique & le style burlesque, c'est que le marotique fait un choix, & que le burlesque s'accommode de tout. Le premier est le plus simple, mais cette simplicité a sa noblesse, & lorsque son siecle ne lui fournit point des expressions naturelles, il les emprunte des siecles passés. Le dernier est bas & rampant, & va chercher dans le langage de la populace des expressions proscrites par la décence & par le bon gout. L'un se dévoue à la nature, mais il commence par examiner si les objets qu'elle lui présente sont propres à entrer dans ses tableaux, n'y en admettant aucun qui n'apporte avec soi quelque délicatesse & quelque enjouement. L'autre donne pour ainsi dire tête baissée dans la bouffonnerie, & adopte par préférence tout ce qu'il y a de plus extravagant ou de plus ridicule. Voyez Burlesque.

Après des caracteres si disparates & si marqués il est étonnant que des auteurs celébres tels que Balzac, Voiture, le P. Vavasseur, ayent confondu ces deux genres, & il ne l'est pas moins qu'on prodigue encore tous les jours le nom de style marotique à des ouvrages écrits sur un ton qui n'en a que la plus légere apparence. Des auteurs s'imaginent avoir écrit dans le gout de Marot lorsqu'ils ont fait des vers de la même mesure que les siens, c'est - à - dire, de dix syllabes, parsemés de quelques expressions gauloises, sous prétexte qu'elles se rencontrent dans le poëte, dans S. Gelais, Belleau, &c. Mais ils ne font pas attention 1°. que ce langage suranné ne sçauroit par lui - même piêter des graces au style, à moins qu'il ne soit plus doux, ou plus énergique, plus vif ou plus coulant que le langage ordinaire, & que souvent dans ces poésies marotiques on emploie un mot par préférence à un autre, non parce qu'il est réellement meilleur, plus expressif, plus sonore, mais parce qu'il est vieux. 2°. Que Marot écrivoit & parloit très - purement pour son siecle, & qu'il n'a point ou presque point employé d'expressions vieilles relativement à son temps; que par conséquent si ses poésies ont charmé la cour de François I. ce n'est point par ce langage prétendu gaulois, mais par leur tour aisé & naturel. 3°. Qu'un méchanisme arbitraire, une forme extérieure ne sont point ce qui caractérise un genre de poésie, & qu'elle doit être marquée par une sorte de sceau dépendant du fonds même des sujets qu'elle embrasse & de la maniere dont elle les traite. De ces trois observations il résulte que l'élégance du style marotique ne dépend ni de la structure du vers, ni du vieux jargon mêlé souvent avec affectation à la langue ordinaire, mais de la naïveté, du génie & de l'art d'assortir des idées riantes avec simplicité. Ce n'est pas que le vieux style n'ait son agrément quand on sçait l'employer à propos: peut - être a - t - on appauvri notre langue sous prétexte de la polir, en en bannissant certains vieux termes fort énergiques comme l'a remarqué la Bruyere, & que c'est la faire rentrer dans son domaine que de les lui rendre parce qu'ils sont bons & non parce qu'ils sont antiques. Des idées simples sans être communes, naïves sans être basses, des tours unis sans négligence, du feu sans hardiesse, une imitation constante de la nature, & le grand art de déguiser l'art même; voilà ce qui fait le fonds de ce genre d'écrire, & ce qui cause en même temps la difficulté d'y réussir. Principes pour la lecture des poëtes, tome I. page 56 & suiv.

MAROTTI (Page 10:135)

MAROTTI, s. m. (Bot. exot.) arbre du Malabar, à feuilles de laurier. Il porte un fruit rond, oblong, contenant un noyau large, dur & jaunâtre, qui renferme dix ou onze amandes. On en tire une huile d'usage dans la galle & autres maladies de la peau. (D. J.)

MAROUCHIN (Page 10:135)

MAROUCHIN, s. m. (Hist. des drog.) nom vulgaire qu'on donne au pastel de la plus mauvaise qualité, & qui n'a pas plus de force que le vouéde de Normandie. On le fait de la derniere récolte, & du marc des feuilles de la plante qui produit cette drogue si nécessaire pour les teintures en bleu. Voyez Indigo & Pastel. (D. J.)

MAROUFLER (Page 10:135)

MAROUFLER, v. act. en Peinture, c'est enduire le revers d'un tableau peint en huile sur toile, avec de la couleur. & particulierement avec de la terre d'ombre qu'on a fait bouillir, & qu'on applique sur un mur, ou sur du bois. Cela les garantit un tems du dommage que l'humidité pourroit y causer.

MAROUTE la (Page 10:135)

MAROUTE la, (Botan.) c'est l'espece de camomille, que les botanistes nomment camomille puante, chamoelum foetidum off. Ses racines sont fibreuses; ses tiges sont cylindriques, vertes, cassantes, succulentes & partagées en plusieurs rameaux. Elles sont plus grosses & s'élevent plus haut que celles de

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