ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"132"> gen. & part. tom. VIII. Voyez Quadrupede.

On demande comment les marmottes, les loirs, qui sont plusieurs mois sans prendre de nourriture, ont cependant le ventre rempli de graisse: voici comme on explique ce phénomene. Dans les animaux qui font amas de graisse, il se trouve des membranes redoublées, & comme feuilletées: ces membranes diversement collées les unes aux autres par certains endroits, & séparées par d'autres, forment une infinité de petits sacs, où aboutissent des petites glandes, par lesquelles la partie huileuse du sang est filtrée. Il y a lieu de croire que les veines ont aussi de petites bouches ouvertes dans ces mêmes petits sacs, & qu'elles y reçoivent cette substance huileuse, pour la porter avec les restes du sang dans le ventricule droit du coeur, lorsqu'il se rencontre des besoins extraordinaires.

Les marmottes au - lieu d'un épiploon, qui est unique dans les autres animaux, en ont trois ou quatre les uns sur les autres; ces épiploons ont leurs veines qui retournent dans la veine cave, comme pour reprendre dans les aquéducs, qui portent au coeur la matiere du sang, & pour lui envoyer dans l'indigence la matiere que les sacs membraneux qui contiennent la graisse ont en reserve, & qu'ils ont reçu des arteres, pendant que le corps de l'animal avoit plus de nourriture qu'il ne lui en falloit pour réparer les dissipations ordinaires.

MARMOUTIER ou MAURMUNTIER (Page 10:132)

MARMOUTIER ou MAURMUNTIER, (Géogr.) en latin Mauri civitas, petite ville de France, dans la basse Alsace, à une lieue de Saverne, avec une abbaye de bénédictins, qui a pris son nom d'un de ses abbés, nommé Maurus. Elle fut cependant fondée par saint Firmin, vers l'an 7 5. Cette abbaye occupe le tiers de la ville, & par conséquent cette ville est miserable. Long. 25. 2. lat. 48. 44.

Il y a une autre abbaye de Marmoutier en France, qui est aussi sous la regle de saint Benoît, & qui a été fondée dans la Touraine, près de la Loire, à une lieue de Tours. Cette abbaye est bien autrement célebre que celle de la basse Alsace. Ce fut S. Martin qui établit ce monastere en 371. On le fait passer pour le premier & le plus ancien de ceux qui sont en occident. Aussi l'a t - on nommé par excellence, majus monasterium, d'où l'on a fait en notre langue Marmoutier. Le revenu de l'abbaye est de 16 mille livres de rente, & celui des moines de 18 mille. Les bâtimens ont été superbement rétablis dans ces derniers tems; enfin en 1737 cette abbaye a en partie été réunie à l'archevêché de Tours. (D. J.)

MARNAUX (Page 10:132)

MARNAUX, s. m. pl. terme de Pêche, usité dans le ressort de l'amirauté de Marennes, est un rets qui sert à faire la pêche des oiseaux. Ce sont les mêmes filets que les pêcheurs de la pointe du Basck nomment marécages; les pieces en ont trente à quarante brasses jusqu'à cinquante de long, & trois brasses de chûte; elles sont amarées sur de hauts pieux plantés à la côte à l'embouchure des petites gorges & basses marécagouses.

Les tems les plus favorables pour faire cette pêche avec succès sont les nuits noires & obscures, & les grands froids, & encore durant les motures & les tempêtes; les filets sont composés de fil très - fin, & les mailles ont depuis quatre pouces jusqu'à sept ou huit pouces en quarré; le ret est tenu volant & caché, pour donner lieu aux oiseaux qui s'y prennent de s'engager davantage en se débattant pour se pouvoir échapper.

MARNE (Page 10:132)

MARNE, s. f. (Hist. nat. Minéralogie & Economie rustique.) marga, c'est une terre calcaire, légere, peu compacte, qui perd sa liaison à l'air, qui fait effervescence avec les acides, en un mot qui ne differe de la craie, que parce qu'elle n'est point si dense ni si solide qu'elle. Voyez Craie.

Rien de plus confus que les descriptions que les Naturalistes nous donnent de la marne; leurs definitions de cette substance ne s'accordent rullement; ils lui assignent des propriétés qui lui sont entierement étrangeres, ou du - moins qu'elle n'a que par son mélange accidentel avec d'autres substances, & sur - tout avec des terres argilleuses; c'est aussi ce mélange qui semble avoir induit en erreur la plûpart des Naturalistes; il est cause que Wallerius & beaucoup d'autres ont placé la marne au rang des argilles, c'est - à - dire des terres qui se durcissent au feu, propriété qui ne convient point à la marne comme telle, mais qui ne peut lui être attribuée qu'en raison de la portion d'argille ou de glaise avec laquelle elle se trouve quelquefois mêlée. On sent aussi que c'est au mélange de la marne avec l'argille qu'est dûe la propriété de se vitrifier que quelques auteurs lui attribuent: en effet, nous savons que l'argille mêlée avec une terre calcaire devient vitrifiable, quoique séparées, la premiere de ces terres ne fasse que se durcir par l'action du feu, & la seconde se change en chaux. En un mot il est constant que la marne est une terre calcaire, qui fait effer vescence avec les acides, qui ne differe de la craie que parce que la premiere est moins liée ou moins solide que la derniere; c'est comme terre calcaire qu'elle a la propriété de fertiliser les terres, & M. Pott, dans sa Lithogéognosie, a fait remarquer avec beaucoup de raison qu'il falloit bien distinguer dans la marne, sa partie constituante, par laquelle elle est propre à diviser les terres & à contribuer à la croissance des végétaux, des parties accidentelles, telles que la glaise, le sable, &c.

Si l'on fait attention à la distinction qui vient d'être faite, on sentira que c'est avec très - peu de raison que la marne a été placée par plusieurs auteurs au rang des terres argilleuses, on verra que rien n'est moins exact que de donner le nom de marne à des terres à pipes, à des terres dont on fait de la porcelaine, à des terres propres à fouler les étoffes, à des terres qui se durcissent dans le feu, &c. toutes ces terres ont des propriétés qui ne conviennent qu'aux vraies argilles.

C'est aussi, faute d'avoir eu égard à ces distinctions, que les auteurs anglois sur - tout nous parlent de la marne d'une maniere si confuse & si contradictoire; en effet, les uns nous disent que rien n'est plus avantageux que la marne pour rendre fertiles les terreins sablonneux; d'autres au contraire prétendent que cette terre est propre à fertiliser les terres glaises trop denses & trop compactes: il est aisé de voir qu'une même terre n'est point propre à remplir des vûes si opposées. Nous allons tâcher de faire disparoître ces contradictions, qui ne viennent que de ce qu'on n'a point assez connu la nature de la substance dont on parloit, & nous remarquerons en passant que cela prouve combien on peut être trompé quand on ne consulte que le coup - d'oeil extérieur des substances du regne minéral.

Si la terre que l'on trouve est seche, en poussiere, peu liée, & soluble dans les acides, c'est - à - dire calcaire, ce sera de la vraie marne proprement dite, alors elle sera propre à fertiliser les terreins trop gras & trop pesans, parce qu'elle les divisera, elle écartera les unes des autres les parties tenaces de la glaise, par - là elle la rendra plus perméable aux eaux, dont la libre circulation contribue essentiellement à la croissance des végétaux. D'un autre côté si ce qu'on appelle marne est une terre purement glaiseuse & argilleuse, ou du - moins une pierre calcaire mêlée d'une grande partie d'argille ou de glaise; alors elle sera propre à fertiliser les terreins maigres & sablonneux, elle leur donnera plus de liaison, propriété qui sera dûe à la partie argilleuse. [p. 133]

Une vraie marne, c'est - à - dire celle qui est calcaire & précisément de la nature de la craie, sera très propre à bonifier un terrein humide & bas, qui suivant l'expression assez juste du laboureur, est aigre & froid; cette aigreur ou cette acidité vient du séjour des eaux & des plantes qu'elles ont fait pourrir dans ces sortes d'endroits: alors la vraie marne étant une terre calcaire, c'est - à - dire absorbante & alkaline, sera propre à se combiner avec les parties acides qui dominoient dans un tel terrein, & qui nuisoient à sa fertilité. Par la combinaison de cet acide avec la marne, il se formera, suivant le langage de la Chimie, des sels neutres qui peuvent contribuer beaucoup à favoriser la végétation.

Il est donc important de savoir avant toute chose ce que c'est que l'on appelle marne, de s'assurer si celle que l'on trouve dans un pays est pure & calcaire, ou si c'est à de l'argille ou de la terre mêlée d'argille que l'on donne le nom de marne. Pour s'éclaircir là - dessus, on n'aura qu'à l'essayer avec de l'eau - forte, ou simplement avec du vinaigre: si la terre s'y dissout totalement, ce sera une marque que c'est de la marne pure, véritable & calcaire; s'il né s'en dissout qu'une portion, & qu'en mettant une quantité suffisante de dissolvant il reste toujours une partie de cette terre qui ne se dissolve point, ce sera un signe que la marne étoit mêlée d'argille ou de glaise. S'il ne se dissout rien du tout, ce sera une preuve que la terre que l'on a trouvée est une vraie argille ou glaise, à qui l'on ne doit par conséquent point donner le nom de marne.

Il faudra aussi consulter la nature des terreins que l'on voudra marner ou mêler avec de la marne; il y en a qui étant déja calcaires, spongieux par eux - mêmes, ne demandent point à être divisés davantage: dans ce cas la vraie marne calcaire ne doit pas leur convenir; on réussira mieux à fertiliser de pareils terreins, en leur joignant de la glaise ou de l'argille. Voyez Glaise.

En général on peut dire que la marne fertilise entant qu'elle est calcaire, c'est à - dire entant qu'elle est composée de particules faciles à dissoudre dans les eaux, & propres à être portées par ces mêmes eaux en molécules déliées à la racine des plantes dans lesquelles ces molécules passent pour contribuer à leur accroissement.

La marne varie pour la couleur; il y en a de blanche, de grise, de rougeâtre, de jaune, de brune, de noire, &c. ces couleurs sont purement accidentelles & ne viennent que des substances minérales étrangéres avec lesquelles cette terre est mêlée. ( - )

MARNIERE (Page 10:133)

MARNIERE, s. f. (Economie rustique.) est le lieu ou la mine d'où l'on tire la marne. Voyez Marne.

MARNOIS (Page 10:133)

MARNOIS, s. m. (Marine.) ce sont des bateaux de médiocre grandeur qui viennent de Brie & de Champagne jusqu'à Paris sur la Marne & sur la Seine.

MARO & GÉMÉLICOLLES (Page 10:133)

MARO & GÉMÉLICOLLES, (Géog. anc.) montagnes de la Sicile ainsi nommées par Pline liv. III. ch. viij. Solin & d'autres géographes leur donnent le nom commun de Nebrodes. La montagne Maro s'appelle aujourd'hui Madonia, & celle de Gémélli Monte di mele.

MAROC, Empire de (Page 10:133)

MAROC, Empire de, (Géogr.) grand empire d'Afrique dans la partie la plus occidentale de la Barbarie, formé des royaumes de Maroc, de Fez, de Tafilet, de Sus, & de la province de Dara. Voyez M. de Saint - Olon.

Cet empire peut avoir 250 lieues du nord au sud, & 104 de l'est à l'ouest; il est borné du côté du nord par la Méditerranée, à l'orient & à l'occident par la mer Atlantique, & au midi par le fleuve Dara. Les chrétiens cependant tiennent quelques places sur les côtes; les Espagnols ont du côté de la Méditerranée Ceuta, Meilila & Orans; les Portugais possedent Magazan sur l'Océan.

Tout le reste appartient à l'empire de Maroc, qui se forma dans le dernier siecle. Le fameux Mouley - Archi, roi de Tafilet, & Moula - Ismael son frere, réunirent les royaumes de Maroc, de Fez, de Tafilet & de Sus, la vaste province de Dara sous une même puissance.

Ainsi cet empire, qui comprend une partie de la Mauritanie, fut mis autrefois par Auguste sous le seul pouvoir de Juba. Il est peuplé des anciens Maures, des Arabes Bédouins qui suivirent les califes dans leurs conquêtes, & qui vivent sous des tentes comme leurs ayeux, des Juifs chassés par Ferdinand & Isabelle, & des noirs qui habitent par - delà le mont Atlas.

On voit dans les campagnes, dans les maisons, dans les troupes, un mélange de noirs & de métis.

Ces peuples, dit M. de Voltaire, trafiquerent de tout tems en Guinée; ils alloient par les deserts, aux côtes où les Portugais vinrent par l'Océan. Jamais ils ne connurent la mer que comme l'élément des pirates. Enfin toute cette vaste côte de l'Afrique depuis Damiete jusqu'au mont Atlas, étoit devenue barbare, dans le tems que nos peuples septentrionaux autrefois plus barbares encore, sortoient de ce triste état pour tâcher d'atteindre un jour à la politesse des Grecs & des Romains. (D. J.)

Maroc (Page 10:133)

Maroc, royaume de, (Géog.) royaume d'Afrique dans la partie la plus occidentale de la Barbarie. Il est borné au nord par le fleuve Ommirabi, à l'orient par le mont Atlas, au midi par la riviere de Sus, & au couchant par l'Océan occidental. Ce royaume s'etend le long de la côte, depuis l'embouchure de la riviere de Sus, que les anciens appelloient Suriga, jusqu'à la ville d'Azamor.

Les forces de ce royaume sont peu redoutables par mer, parce que le nombre des bâtimens qu'il équipe en mauvais ordre, n'ont ordinairement qu'une douzaine de 15 à 20 pieces de canon mal servies. S'ils font des prises, le roi en a sa moitié, mais il prend tous les esclaves en payant 50 écus pour chacun de ceux qui ne sont pas compris dans sa moitié.

Les forces de terre ne valent pas mieux que celles de mer, parce qu'elles n'ont ni armes ni discipline.

Quoique le royaume de Maroc soit divisé en sept provinces assez grandes, il est cependant très - peu peuplé, à cause de son terrein sablonneux & ingrat, qui ne permet pas l'abondance des grains & des bestiaux; il produit seulement une grande quantité de cire & d'amandes qui se débitent en Europe.

On compte dans tout ce royaume 25 à 30 mille cabanes d'adouards, qui font 80 à 100 mille hommes payant annuellement au roi la dixme de leurs biens depuis l'âge de 15 ans. Un adouard est une espece de village ambulant composé de quelques familles arabes, qui campent sous des tentes tantôt dans un lieu, tantôt dans l'autre; chaque adouard a son marabou & son chef, qui est elu. Rien n'est comparable à la misere & à la malpropreté de ces arabes.

Le roi de Maroc prend le titre de grand chérif, c'est - à - dire de premier successeur de Mahomet, dont il prétend descendre par Aly & par Fatime, gendre & fille de ce faux prophete.

Sa religion, pleine de superstitions, est fondée sur l'alcoran, que les Maures & les Arabes expliquent à leur maniere, selon l'interprétation de Melich.

Quoique les esclaves chrétiens appartiennent au roi, ils n'en sont pas moins malheureux par la rudesse de leurs travaux, leur mauvaise nourriture, les lieux souterreins où on les fait coucher.

Les juifs, quoiqu'utiles & en grand nombre dans

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