ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"198"> matoir; la troisieme, on trempe son morceau d'acier destiné à être matoir, & on le frappe sur un grais, & l'on obtient un matte plus rare & plus clair.

MATRALES (Page 10:198)

MATRALES, s. f. plur. matralia, (Antiq. rom.) fêtes qu'on célébroit à Rome le 11 Juin en l'honneur de la déesse Matuta, que les Grecs nommoient Ino. Il n'y avoit que les dames romaines qui fussent admises aux cérémonies de la fête, & qui pussent entrer dans le temple; aucune esclave n'y étoit admise, à l'exception d'une seule, qu'elles y faisoient entrer, & la renvoyoient ensuite après l'avoir légerement soufletée en mémoire de la jalousie que la déesse Ino, femme d'Athamas, roi de Thebes, avoit justement conçue pour une de ses esclaves que son mari aimoit passionnément. Les dames romaines observoient encore une autre coûtume fort singuliere; elles ne faisoient des voeux à la déesse que pour les enfans de leurs freres ou soeurs, & jamais pour les leurs, dans la crainte qu'ils n'éprouvassent un sort semblable à celui des enfans d'Ino; c'est pour cela qu'Ovide, liv. VI. de ses fastes, çonseille aux femmes de ne point prier pour leurs enfans une déesse qui avoit été trop malheureuse dans les siens propres: elles offroient à cette déesse en sacrifice un gâteau de farine, de miel & d'huile cuits sous une cloche de terre. Le poëte appelle ces sacrifices flava liba, des libations rousses. Voyez Plutarque, quoest. rom. & le dict. des antiq. de Pitiscus. (D.J.)

MATRAMAUX ou FOLLES (Page 10:198)

MATRAMAUX ou FOLLES, terme de Pêche, voyez Folle, que l'on nomme matramaux, dans le ressort de l'amirauté de Bordeaux; ce filet est simple, c'est - à - dire qu'il n'est point travaillé ou composé de trois rets appliqués l'un sur l'autre.

MATRAS (Page 10:198)

MATRAS, s. m. (Art milit.) espece de gros trait ou de dard sans pointe, plus long que les fleches & beaucoup plus gros, armé au bout au lieu de pointe d'un gros fer arrondi; on s'en servoit anciennement pour fracasser le bouclier, la cuirasse & les os de celui contre lequel on le tiroit, mais on ne le tiroit qu'avec de grosses arbaletes que l'on bandoit avec des ressorts. Histoire de la milice françoise. (Q)

Matras (Page 10:198)

Matras, s. m. (Chimie.) espece de vaisseau de verre, bouteille sphérique, armé d'un col cylindrique, long & étroit (voyez les Planches de Chimie), dont on se sert comme récipient dans les distillations (voyez Distillation & Récipient), qu'on emploie aux digestions & aux circulations (voyez Digestion & Circulation, Chimie), soit bouché avec une vessie ou un parchemin, ou bien ajusté avec un autre matras, en appareil de vaisseaux de rencontre (voyez Rencontre, Chimie), & qui sert enfin de vaisseau inférieur, ou contenant dans la distillation droite étant recouvert d'un chapiteau. Voyez les Planches de Chimie. (b)

MATRICAIRE (Page 10:198)

MATRICAIRE, s.f. matricaria, (Botan.) genre de plante à fleur en rose, le plus souvent radrée. Le disque de cette fleur est composé de plusieurs fleurons, & la couronne de demi - fleurons, soutenus sur des embryons par un calice demi - sphérique, dont les feuilles sont disposées comme des écailles. Les embryons deviennent dans la suite des semences oblongues, & attachées à la couche. Ajoutez aux caracteres de ce genre que les fleurs naissent par petits bouquets, & que les feuilles sont profondément découpées & disposées par paires. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Tournefort compte douze especes de ce genre de plante, dont la principale est l'espargoutte, ou la matricaire commune, matricaria vulgaris, seu sativa, C. B. P. 133. J. R. H. 493. en anglois, the common garden feferfew.

Sa racine est blanche, garnie de plusieurs fibres: ses tiges sont hautes d'une coudée & demie, roides, cannelées, lisses, assez grosses, remplies d'une moelle fongueuse: ses feuilles sont nombreuses, d'un verd - gai, d'une odeur forte, amere, placées sans ordre; elles sont comme composées de deux ou trois paires de lobes, rangés sur une côte mitoyenne; ces lobes sont larges & divisés en d'autres plus petits, dentellés à leur bord.

Il sort vers les sommités des tiges, & de l'aisselle des feuilles, de petits rameaux sur lesquels naissent, aussi - bien qu'aux sommets des tiges, plusieurs petites fleurs portées sur des pédicules oblongs, rangées comme en parasols & radiées: leur disque est rempli de plusieurs fleurons jaunâtres, & la couronne de demi - fleurons blancs, portés sur des embryons de graines, & renfermés dans un calice écarlieux & semisphérique. Quand les demi - sleurons de la couronne sont fanés, le milieu du disque se renfle, & les embryons se changent en autant de petites graines oblongues, cannelées, sans aigrette, attachées sur une couche au fond du calice.

Toute cette plante a une odeur désagréable & vive. On la cultive dans les jardins, ainsi que d'autres especes du même genre, à cause de la beauté de leurs fleurs. Les Medecins en particulier font un grand usage de la matricaire commune, car elle tient un rang éminent dans la clasie des plantes utérines & hysteriques. (D.J.)

Matricaire (Page 10:198)

Matricaire, (Mat. méd.) toute cette plante a une odeur désagreable & vive: ses feuilles & ses sommités fleuries sont souvent d'usage.

La matricaire tient un rang distingué parmi les plantes hystériques. On la donne en poudre depuis un demi - scrupuse jusqu'à deux, ou son suc exprimé & clarifié jusqu'à une once ou deux: sa décoction & son infusion a la dose de quatre onces. Elle fait couler les regles, les lochies, & elle chasse l'arrierefaix; elle appaise les suffocations utérines, & calme les douleurs qui surviennent apres l'accouchement.

La matricaire produit utilement tout ce que les carminatifs & les amers peuvent procurer; elle dissipe les vents, elle fortifie l'estomac, aide la digestion. Cette plante ou son suc exprimé chasse les vers de même que la centaurée & l'absynthe: on emploie utilement sa decoction dans les lavemens, sur - tout pour les maladies de la matrice.

On la prescrit extérieurement dans les fomentations avec la camomille ordinaire, ou avec la camomille romaine, bouillie dans de l'eau ou dans du vin, pour l'inflammation de la matrice & les douleurs qui viennent après l'accouchement dans les retardemens des lochies, & dans certains cas de regles douloureuses. Geoffroy, Mat. méd.

On garde dans les boutiques une eau distillée des fleurs de matricaire, qui possede quelques - unes des vertus de la plante, savoir celles qui dépendent de son principe aromatique. Voyez Eaux distillées.

Les feuilles & les fleurs de matricaire entrent dans toutes les compositions officinales, hysteriques, antispasmodiques & emménagogues, telles que le syrop d'armoise, les trochisques hystériques, &c. (b)

MATRICE (Page 10:198)

MATRICE, en Anatomie, est la partie de la femelle de quelque genre que ce soit, où le foetus est conçu, & ensuite nourri jusqu'au tems de la délivrance. Voyez Foetus, Conception, Génération , &c.

Les anciens Grecs appelloient la matrice MHTRH, de MHTHR mere; c'est pourquoi les maux de matrice sont souvent nommés maux de mere. Ils l'appelloient aussi US2HRA, parce qu'elle est le plus bas de visceres dans sa situation; ils la nommoient aussi quelquefois FUSIS2, nature, & vuiva, vulve, du verbe vulvo, plier, envelopper, ou de valvoe, portes.

Platon & Pythagore regardoient la matrice comme un animal distinct, renfermé dans un autre. Paul [p. 199] d'Egine observe qu'on peut ôter la matrice à une femme sans lui causer la mort, & il y a des exemples de femmes qui ont long - tems vécu après qu'on la leur avoit ôtée. Rhasis & Paré remarquent que des femmes ont été guéries de certaines maladies par l'extirpation de la matrice. En 1669, on produisit à l'académie royale des Sciences de Paris un enfant qui avoit été conçu hors de la matrice, & n'avoit pas laissé de croître de la longueur de six pouces. Voyez Embryon, Foetus.

La matrice dans les femmes est située dans le bassin, où la capacité de l'hypogastre entre la vessie & l'intestin rectum, & s'étend jusqu'aux flanes: elle est entourée & défendue par differens os; en - devant par l'os pubis; en arriere, par l'os sacrum; de chaque côté par l'os des iles & l'os ischium: sa figure ressemble un peu à celle d'un flacon applati, ou d'une poire séche. Dans les femmes enceintes, elle s'étend & prend diverses formes, suivant les divers tems & les diverses circonstances de la grossesse: elle a plusieurs membranes, atteres, veines, nerfs & ligamens, & elle est tissue de plusieurs differentes sortes de fibres.

Les Anatomistes divisent la matrice en fond ou partie large, & en col ou partie étroite: sa longueur depuis l'extrémité de l'un jusqu'à l'extrémité de l'autre, est d'environ trois pouces: sa largeur dans son fond est d'environ deux pouces & demi, & son épaisseur de deux: elle n'a qu'une cavité, à moins qu'on ne veuille distinguer entre la cavité de la matrice & de celle de son col. Celle - ci est très petite, & contiendroit à peine une feve: elle est fort étroite, sur - tout dans les vierges, & son extrémité supérieure, c'est - à - dire celle qui regarde le fond de la matrice, se nomme orifice interne. Elle s'ouvre dans les femmes grosses, principalement aux approches de l'accouchement. L'extremité opposée, ou inférieure du col de la matrice, c'est - à - dire celle qui regarde le vagin, se nomme orifice externe. Elle déborde un peu, & ressemble en quelque façon au gland du membre viril. Voyez nos Planches d'Anatomie.

La substance de la matrice est membraneuse & enarnue: elle est composée de trois membranes ou tuniques, ou seulement de deux, selon quelques - uns, qui refusent ce nom à la substance du milieu. La tunique externe, appellée aussi commune, vient du péritoine, & se trouve formée de deux lames, dont l'extérieure est assez unie, & l'intérieure est raboteuse & inégale. Cette tunique enveloppe toute la matrice, & l'attache à l'intestin rectum, à la vessie, &c. La tunique moyenne est très - épaisse, & composée de fibres fortes, disposées en divers sens. Quelques - uns croient qu'elle contribue à l'exclusion du foetus, & d'autres, qu'elle sert seulement à rétablir le ressort de la matrice après une distension violente: la tunique interne est nervouse.

La matrice est attachée au vagin par son col. Postérieurement & antérieurement elle est attachée à la vessie par sa tunique commune: ses côtés sont attachés à d'autres parties, mais son fond est libre, afin de pouvoir s'étendre & se dilater plus aisément: ses ligamens sont au nombre de quatre, deux qu'on nomme larges, & deux qu'on nomme ronds, à cause de leur figure. Les ligamens larges sont membraneux, lâches & mols; c'est pourquoi quelques - uns les ont comparés aux ailes d'une chauve - souris, & les ont nommés aloe verspertilionum. Les ligamens ronds sont d'un tissu plus ferme, & composés d'une double membrane, enveloppée de ses arteres, veines, nerfs & vaisseaux lymphatiques. Les vaisseaux sanguins, tant des ligamens larges que des ronds, font une grande partie de ce qu'on nomme leur substance. Ces deux sortes de ligamens servent à maintenir la matrice dans une situation droite: ils peuvent être facilement endommagés par les sagefemmes mal - adroites. Voyez Ligament.

De chaque côté du fond de la matrice naît un conduit qui s'ouvre dans ce viscere par un petit orifice, mais qui devient plus large à mesure qu'il avance, & qui, vers son extrémité, se retrécit de nouveau. Cette extrémité qui se trouve près des ovaires est libre, & s'épanouit derechef en forme d'un feuillage rond & frangé. Fallope qui découvrit le premier cette expansion, la compara à l'extrémité d'une trompette; c'est pourquoi tout le conduit a été nommé trompe de Fallope: il est composé d'une double membrane; les veines & les arteres y sont en tres - grand nombre, sur - tout les dernieres, qui, par différentes ramifications & différens contours, forment la principale substance des deux conduits. Le docteur Wharton donne des valvules aux trompes de Fallope, mais les autres Anatomistes les nient. Voyez Trompe de Fallope.

Cette partie que Platon comparoit à un animal vivant, douée d'un sentiment merveilleux, est presque toujours unique; cependant Julius Obséquens dit, qu'on a vû autrefois à Rome une femme qui avoit une matrice double. Riolan en cite deux autres exemples, l'une d'une femme ouverte dans les écoles des Lombards, en 1599, & l'autre dans une femme qu'il avoit lui - même disséquée en 1615, en présence de plusieurs personnes. Bauhin rapporte aussi qu'il a vû une fois la matrice partagée en deux portions par une cloison mitoyenne. On lit dans l'Histoire de l'académie des sciences un cinquieme exemple de deux matrices dans un même sujet, observée par M. Littre en 1705; chacune n'avoit qu'une trompe & un ovaire, qu'un ligament large & qu'un ligament rond. Enfin, je trouve dans la même Hist. de l'acad. des Sciences, année 1743, une sixieme observation tout - à - fait semblable à celle de M. Littre, de deux matrices dans une femme morte en couches, vues par M. Cruger, chirurgien du roi de Danemark.

Quelquetois l'orifice interne de l'utérus n'est point percé. Fabrice d'Aquapendente dit qu'il a vû ce vice de conformation dans une jeune fille âgée de quatorae ans, qui en pensa mourir, parce que ses regles ne pouvoient percer; il fit à cette partie une incision longitudinale, qui donna cours au flux menstruel, & rendit cette fille capable d'avoir des enfans.

Dans le tems de l'accouchement, la matrice, qui est alors extrémement tendue, peut se déchirer, soit à son fond, soit à ses côtés, soit sur - tout à son col, qui ne peut soutenir une si grande dilatation, & qui devient tres - mince dans le tems de travail. M. Gregoire, accoucheur, a dit à l'acad. des Sciences, qu'en trente ans il avoit vû ce funeste accident arriver seize fois. Histoire de l'académie des Sciences année 1724.

On demande si la matrice peut tellement se rerverser, que son fond tombe du dedans en dehors par l'orifice interne jusqu'au - delà du vagin. De Graaf juge la chose impossible dans les vierges, parce que l'orifice interne est alors trop étroit pour livrer le passage: mais ii croit ce fait très - possible dans les accouchemens, lorsque l'arriere - faix adhere fortement à la matrice, & qu'un accoucheur, ou la sage - femme, soit par ignorance, ou par imprudence, venant à le tirer violemment, entraîne en même tems le fond de la matrice, & en cause le renversement. Cette faute fait périr bien tôt la malade, si l'on ne la secourt très - promptement. Voyez de nouvelles preuves de la réalité de ce fait dans les Observations anatomiques de Ruysch. (D.J.)

Suffocation de Matrice. Voyez Suffocation.

Speculum Matricis. Voyez Speculum.

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