ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"196"> ses abus. Ces personnes poussent les veilles jusques bien avant dans la nuit, se couchent fort tard, goûtent un sommeil peu tranquille, passent beaucoup plus de tems dans le lit que ces paysans, dorment quelquefois davantage; mais quand elles se levent, inquiettes, fatiguées, nullement ou peu refaites d'un sommeil semblable, elles ne sentent point cette douce fraîcheur du matin, elles n'éprouvent point cette légéreté qu'il semble qu'on prenne alors avec l'air qu'on respire. Voyez en même tems combien leur santé est foible, leur tempérament délicat; la même inconséquence dans les autres actions de la vie devient la source féconde des maux variés dont elles sont sans cesse attaquées.

On demande en second lieu, si le matin n'est pas le tems le plus propre pour remplir les devoirs conjugaux. Les auteurs, partagés sur cet article, pour ce qui regarde l'homme, assurent que tous les tems sont à - peu près égaux pour la femme, & qu'elle peut vaquer à ce devoir agréable lorsqu'elle veut & dans tous les tems, parce qu'elle desire plus vivement que l'homme, qu'elle perd moins dans l'acte, & qu'elle n'en est pas aussi fatiguée. Comme ces sacrifices trop fréquens épuisent l'homme, & que même lorsqu'ils sont modérés, il en éprouve une lassitude & une espece de langueur, on a prétendu assigner un tems de la journée, qu'on a cru plus propre à l'exercice de cette fonction. Les uns ont pensé que c'étoit quatre ou cinq heures après chaque repas; d'autres ont voulu qu'on attendît plus long tems; les uns, comme Hermogène, ont préféré le jour, assurant que la nuit les plaisirs de l'amour sont plus doux, & que le jour ils sont plus salutaires. D'autres ont donné la préférence à la nuit, disant qu'ils sont d'autant moins nuisibles, qu'ils sont plus agréables. Ceux qui croient le soir plus favorable que le matin, se fon lent sur ce qu'alors les alimens sont digérés, le corps bien refait, les pertes réparées, & qu'après cela le sommeil peut dissiper la lassitude qui en pourroit résulter; au - lieu que le matin, disent - ils, l'estomac est rempli de crudités; c'est le tems du travail, il est à crain tre que cet exercice ne diminue l'aptitude à rempir les autres. Ceux enfin qui prétendent que le matin est de tous les tems de la journée celui qu'on doit choisir préférablement à tout autre, disent que le soir les alimens ne sont pas digérés; ou s'ils le sont, que les sécrétions ne sont pas faites, que la quantité de semence n'est pas augmentée; au - lieu que le matin la derniere coction, pour parler avec Hippocrate, est achevée, le corps est dans cet état d'égalité qui résulte de l'harmonie & du bien - être de toutes les parties, que le sommeil précédent a rendu le corps agile & dispos; que le matin, semblable au printems, est plus commode & plus sûr pour la génération; qu'alors aussi les desirs sont plus vifs; que c'est une erreur de croire que, quand on se porte bien, l'estomac soit plein de matieres crues & pituiteuses. Et ils soutiennent après Santorius, que les plaisirs du mariage modérés dégagent & rendent legers, loin de fatiguer; mais qu'au cas qu'on ressentît quelque lassitude, il étoit tout simple de se rendormir un peu. Ils citent l'exemple des paysans vigoureux & robustes, qui font des enfans aussi bien constitués, & qui lassés des travaux de la journée, s'endorment des qu'ils sont au lit, & ne remplissent leurs devoirs conjugaux que le matin à leur réveil. Enfin, ils n'ont qu'à faire observer que les oiseaux choinssent presque tous ce tems, qu'ils témoignent leurs plaisirs par leur chant, &c. &c. &c. Cette opinion paroit assez vraissemblable & mériteroit d'être adoptée, si dans des affaires de cette nature, il falloit consulter des lois & observer des regles, & non pas suivre ses desirs & profiter des occasions.

L'influence & les effets du matin sont encore bien plus sensibles dans l'état de maladie où le corps est bien plus impressionable. On observe dans presque toutes les fievres, & pour mieux dire, dans toutes les maladies, que le malade est pour l'ordinaire moins mal le matin que le soir. Presque tous les redoublemens se font le soir, & il n'est pas nécessaire pour les exciter que le malade ait mangé; car soit qu'il ait fait des excès ou observé la diete la plus exacte, ils n'en reviennent pas moins dans ce tems plus ou moins forts; la nuit est alors mauvaise, troublée, & le redoublement ne se dissipe que vers le lever du soleil. Alors le malade est plus tranquille, il s'assoupit & se livre à un sommeil, d'autant plus agréable, qu'il a été plus attendu. Voyez Influence dfs Astres.

La considération de cette tranquillité que procure le matin, à la plus grande partie des maladies, n'est pas une simple spéculation; elle est d'une grande utilité & d'un usage fréquent dans la pratique. Lorsqu'on a quelque remede à donner & que l'on peut choisir le tems, on préfere le matin; c'est le tems d'election de la journée, comme le printems l'est dans l'année; on ne le manque que lorsque la nécessité pressante oblige d'administrer les secours à toute heure. Le matin est le tems où l'on purge, où l'on fait prendre les apozemes, les opiats, les eaux minérales, &c. C'est aussi celui que le mécecin éclairé fait choisir au chirurgien manouvrier pour faire les opérations, quand le mal n'est pas de nature à exiger des secours pressans. En un mot, le matin est le tems d'élection, toutes les heures peavent être le tems de nécessité. (m)

Matin (Page 10:196)

Matin, (Critiq. sacrée.) ce mot se prend d'abord dans l'Ecriture pour le commencement ou la premiere partie du jour artificiel, qui est distingué en trois, vespere, mane, & meridie, & il se prend en ce premier sens dans ce passage: va tibi, terra, cujus rex puer est, & cujus principes mane comedunt. Eceles. 10, 16, 20. Il se prend aussi pour le jour artificiel tout entier: factumque est vespere & mane dies unus. Genes. 1, 5. Le jour naturel se fit du matin qui est le jour artificiel, & du soir qui se met au commencement, parce qu'il précéda le jour artificiel qui commence par le matin, & se compte du lever du soleil à un autre; c'est pour cela que les Juifs commençoient leur jour par le soir, à vesperâ in vesperam: ce mot se met souvent pour promptement; vous m'exaucerez le matin, c'est - à - dire, de bonne heure. Il désigne la diligence avec laquelle on fait quelque chose: le Seigneur dit qu'il s'est levé de grand matin pour inviter son peuple à retourner à lui, mane consurgens conversatus sum, & dixi, audite vocem meam. Jer. 11, 7. (D.J.)

MATINE (Page 10:196)

MATINE, (Géog. anc.) Matinum, ville maritime des Salentins sur la mer Ionniene, dans le pays qu'on appelle aujourd'hui la terre d'Otrante. Lucain & Pline parlent des Matini, peuples de la Pouille. Horace distingue matinum littus, matina palus, matina cacumina; mais tous ces noms paroissent corrompus, il faut lire Bantini, Bantinum, Bantina. (D.J.)

Matines (Page 10:196)

Matines, s.f. hora matutina, officium nocturnum, (Liturg.) c'est le nom que l'on donne vulgairement à la premiere partie de l'office ecclésiastique composé de trois nocturnes, & qu'on récite ou la veille des fêtes, ou à minuit, ou le matin.

Ceux qui ont traité des offices ecclésiastiques fondent la convenance ou la nécessité de cette priere de la nuit sur ces paroles du Psalmiste, mrdiâ nocte surgebam ad confitendum tibi: & de - là vient l'usage établi dans plusieurs cathédrales, chapitres & commu<pb-> [p. 197] nautés religieuses de commencer les matines à minuit.

On trouve dans l'Histoire ecclésiastique divers monumens très - anciens qui attestent cette coutume de prier la nuit. Les constitutions attribuées aux Apôtres ordonnent aux fideles de prier au chant du coq, parce que le retour du jour rappelle les enfans de la lumiere au travail & à l'oeuvre du salut. Cassien de cant. noct. nous apprend que les moines d'Egypte récuoient douze pseaumes pendant la nuit & y ajoutoient deux leçons tirées du nouveau Testament. Dans les monasteres des Gaules, selon le même auteur, on chantoit dix - huit pseaumes & neuf leçons, ce qui se pratique encore le dimanche dans le breviaire romain. Saint Epiphane, saint Basile, saint Jean - Chrysostome, & plusieurs autres Peres grecs font une mention expresse de l'office de la nuit.

En Occident, on n'a pas été moins exact sur cette partie de la priere publique qui fut, dit - on, introduite par saint Ambroise pendant la persécution que lui suscita l'impératrice Justine, arienne, & mere de Valentinien le jeune. Le quatrieme concile de Carthage veut qu'on prive des distributions les clercs qui manquent sans raison aux offices de la nuit. Saint Isidore, dans son livre des offices ecclésiastiques, appelle celui de la nuit vigiles & nocturnes, & celui du matin matines ou laudes.

On voit dans la regle de saint Benoît une grande conformité avec ce qui se pratique aujourd'hui dans toute l'Eglise. L'office de la nuit y commence par Deus, in adjutorium, &c. ensuite le pseaume venite, l'hymne, six pseaumes qui doivent être récités à deux choeuts, le verset & la bénédiction de l'abbé. Et suite trois leçons entre lesquelles on chante des répons, au dernier on ajoute gloria Patri. Ensuite six autres pseaumes & une leçon de l'apôtre par choeur. Le dimanche, on lisoit huit leçons, puis on ajoutoit aux douze pseaumes trois cantiques de l'ancien Testament, trois leçons du nouveau avec les versels & le te Deum. Ensuite l'abbé lisoit une leçon de l'Evangile, ce qui étoit suivi d'une hymne, après laquelle on chantoit matines, c'est - à - dire, ce que nous appellons aujourd'hui laudes. Voyez Laudes. Thomassin, discip. ecclésiastiq. part. I. liv. I. ch. xxxiv. & suiv.

Dans la plûpart des breviaires modernes, excep e dans le romain pour le dimanche, les matines sont composées du Deus, in adjutorium, d'un verset nommé invitatoire, du pseaume venite, d'une hymne. Ensuite suivent trois nocturnes composés de neuf pseaumes sous trois ou neuf antiennes selon la solemnité plus ou moins grande, trois ou neuf leçons precédées chacune d'une courte oraison dite bénédiction, & suivies chacune d'un répons. A la fin du troisieme nocturne, on dit dans les grandes fêtes & les dimanches, excepté l'avent & le carême, le cantioue te Deum que suit un verset nommé saccrdotal, apres quoi l'on chante laudes. Voyez Laudes, Répons, Verset, Leçon , &c.

MATIR ou AMATIR (Page 10:197)

MATIR ou AMATIR, (Grav.) en terme de Ciseleur, Graveur en creux & en relief, c'est rendre mate une partie de l'ouvrage en la frappant avec le matoir (voyez Matoir), qui répand sur l'ouvrage un grain uniforme qui détache les parties matées des autres qui sont polies.

Matir, lime a (Page 10:197)

Matir, lime a, c'est un outil dont se servent les Gtaveurs en relief & en creux pour former les grains du matoir, voyez Matoir. En le frappant dessus, les grains du matoir sont plus ou moins serrés, selon que la lime dont oh s'est servi pour les former est plus ou moins grosse.

Matir (Page 10:197)

Matir, terme d'Orfevre. Voyez Amatir.

MATISCO (Page 10:197)

MATISCO, (Géog. anc.) ville des Gaules dans le pays des Aeduens. Jules - César, de bello gall. l. VII. c. xc. est le premier qui en fasse mention, & il la place sur la Saone. Le même nom de cette ville se trouve sur la table de Peutinger & l'itinéraire d'Antonin. On ne peut guere douter que ce ne soit Mâcon. Voyez Macon. (D.J.)

MATITES (Page 10:197)

MATITES, s.f. (Hist. nat.) nom donné par quelques Naturalistes à des pierres qui sont en mamelons, ou qui ont la forme du bout d'un tetton. On croit que ce sont des pointes d'oursins qui ont fait des empreintes dans de certaines pierres, d'autant plus qu'il y a des oursins qui ont des mamelons.

MATMANSKA (Page 10:197)

MATMANSKA, (Géog.) île du détroit qui sépare le Japon du pays d'Yesso, ou de Kamschatka. C'est l'île de Matsumay des Japonois. (D.J.)

MATOBA (Page 10:197)

MATOBA, s. m. (Hist. nat. Bot.) espece de palmier d'Afrique, fort commun dans les royaumes de Congo & d'Angola, dont les habitans tirent par incision une liqueur ou une espece de vin extrèmement acide.

MATOIR (Page 10:197)

MATOIR, s. m. outil d'Arquebusier; c'est un petit ciseau de la longueur de deux pouces & gros à proportion, qui n'est pas fort aigu, qui sert aux Arquebusiers pour matir deux pieces de fer jointes ensemble. Cela se fait en posant la piece que l'on veut matir dans l'étau, & en frappant dessus avec le matoir & le marteau & mâchant un peu; cela efface la raie des deux pieces jointes & soudées ensemble.

Matoirs (Page 10:197)

Matoirs, en terme de Bijoutier, sont des ciselets dont l'extrémité est taillée en petits points ronds & drus; leur usage est pour amatir & rendre bruts les ornemens de reliefs qui se trouvent sur les ouvrages, & les détacher du champ qui est ou bruni ou poli, ou pour amatir & rendre bruts les champs qui entourent des ornemens brunis ou polis: cette variété détache agréablement, & forme un contraste qui releve l'éclat des parties polies, & séduit l'oeil des amateurs.

Matoir (Page 10:197)

Matoir, (Ciseleur.) petit outil avec lequel ceux qui travaillent de damasquinerie, ou d'ouvrages de rapport, amatissent l'or. C'est un ciselet dont l'extrémité inférieure qui porte sur l'ouvrage, est remplie de petits points faits par des tailles comme celles d'une lime douce. Voyez la fig. Pl. du Graveur: il y en a de différentes grandeurs.

Matoir (Page 10:197)

Matoir, (Graveur.) sorte de ciselet, dont se servent les Graveurs en relief & en creux, est un morceau d'acier de 2 ou 3 pouces de long, dont un bout est arrondi & sert de tête pour recevoir les coups de marteau; l'autre bout est grené. On donne cette façon à cet outil en le frappant sur une lime, les dents de la lime entrent dans le matoir, & y font autant de trous; on le trempe ensuite, pour que les trous ne se rebouchent point. Voyez la fig. Pl. de la Gravure.

On se sert de cet outil pour frapper sur différentes parties des ouvrages de ciselure, qu'on ne veut pas qui soient lissées & polies: cet outil y répand un grain uniforme, qui sert à distinguer ces parties de celles qui sont polies & brunies.

Matoir (Page 10:197)

Matoir, en terme d'Orfevre en grosserie, est un ciselet dont l'extrémité est matte, & fait sur l'ouvrage une sorte de petits grains, dont l'effet est de faire sortir le poli, & d'en relever l'éclat. Voyez Pcliment, voyez les Pl.

Pour faire le matoir, on commence par lui donner la forme que l'ouvrage demande; puis pour le rendre propre à matir, on s'y prend de trois façons differentes; les deux premieres se font avant que de le tremper, avec un marteau dont la surface se taille en grain, & dont on frappe le bout du matoir; de la seconde façon, l'on prend un morceau d'acier trempé, on le casse, & quand le grain s'en trouve bien, on s'en sert pour former la surface du

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