ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"194"> tité très - considérable (cet auteur dit que les lotions de la masse provenue de douze onces de régule d'antimoine, & de deux livres de nitre détonnés ensemble, lui ont fourni cinq onces de cette matiere), croit que cette matiere est beaucoup moins fournie par la substance réguline, que par le nitre qui a a été changé en terre par la force de la calcination, & par la mixtion de l'acide vitriolique. Hoffman, obs. phys. chim. liv. III. obs. iv.

Lemery qui, aussi - bien que Mender, a retiré ce précipité des lotions du régule d'antimoine préparé avec l'antimoine entier, dit au contraire qu'on n'obtient qu'un peu de poudre blanche, qu'il regarde comme la partie d'antimoine diaphorétique la plus détachée, c'est - à - dire apparemment divisée.

M. Baron pense que « ce n'est autre chose pour la plus grande partie, que la terre que le nitre fournit en se décomposant, & se changeant en alk par la violence de la calcination; ou, ce qui est la même chose, qu'elle provient en très - grande partie des débris de l'alkali fixe du nitre; & qu'on explique aisément par - là pourquoi cette matiere se réduit difficilement en régule par l'addition des matieres inflammables, c'est que la quantité de terre réguline qui lui reste unie, n'est presque rien, comparaison faite à ce qu'elle contient de la terre du nitre fixé ». Notes sur la chim. de Lemery, art. antim. diaphorét.

Nous observerons sur toutes ces opinions; 1°. qu'il est vraissemblable que la matiere perlée est composée en partie des débris terreux du nitre alkalisé, & qu'ainsi M. Mender dit trop généralement que ce n'est autre chose qu'une chaux fine de régule. 2°. Que cette terre nitreuse ne peut point cependant en constituer la plus grande partie; car ces débris terreux du nitre devroient se trouver en beaucoup plus grande quantité dans l'antimoine diaphorétique lavé, que dans ses lotions: or l'antimoine diaphorétique n'en contient point; car il ne fait aucune esservescence avec les acides; ce qui seroit, s'il étoit mêlé de terre nitreuse, que les acides dissolvent avec effervescence. 3°. Que les cinq onces de matiere perlée que Hoffman a retirée de sa lessive (qui ne contenoit que de l'alkali fixe & du nitre entier, puisqu'il avoit préparé son antimoine diaphorétique avec le régûle d'antimoine), paroissent avoir été principalement du tartre vitriolé, ce qui n'est certainement point la méprise d'un chimiste bien expérimenté; mais enfin ce ne peut avoit absolument été que cela; & l'on est d'autant plus fondé à s'arrêter à cette idée, que la lotion ou lessive qu'a employée Hoffman, doit avoir été très - rapprochée, s'il est vrai, comme il le dit, que l'acide vitriolique en ait détaché des vapeurs d'acide nitreux, & qu'il a employé d'ailleurs un acide vitriolique concentré. 4°. Si la matiere perlée est véritablement composée en très - grande partie de terre alkaline nitreuse, cette terre n'y est point nue, mais elle est combinée avec l'acide vitriolique sous forme de sélénite; ce que Hoffman paroît avoir connu lorsqu'il a dit que le nitre étoit changé en terre par la calcination & la mixtion avec l'acide vitriolique; & par consequent il n'est point indifférent à la nature de la matiere perlée qu'on emploie à sa préparation l'acide vitriolique, ou un autre acide; car s'il résulte de la combinaison de l'acide employé avec la terre nitreuse un sel neutre très - soluble, toute cette terre restera suspendue dans la lessive, à la faveur de cette nouvelle combinaison, comme elle s'y soutenoit auparavant par le moyen de l'alkali fixe, ou des sels neutres auxquels elle étoit attachée. Nous concluons de toutes ces observations, qui ne sont que des conjectures, 1°. que nous avons été fondés à avancer que la nature de la matiere perlée étoit encore ignorée des Chimistes; 2°. qu'elle pouvoit être déterminée cependant par un petit nombre d'expériences simples; 3°. enfin que sa vertu médicinale étoit parfaitement ignotée à priori. Or, comme la connoissance à posleriori, ou l'observation médicinale manque aussi presqu'absolument, & que le peu qu'on sait sur cette matiere porte à croire que c'est là un remede fort innocent, ou même fort inutile, nous pensons qu'on peut sans scrupule en négliger l'usage. (b)

Matieres (Page 10:194)

Matieres, transport des, (Finances.) on entend par ce mot de matieres, la sortie des especes ou lingots d'or ou d'argent hors d'un pays qu'on porte dans un autre, pour acquitter la balance de ce qu'on doit dans le commerce. Prouvons que la liberté de ce transport ne peut ni ne doit être empêché dans un état commerçant.

La défense de transporter les especes ou matieres, ne les empêche point d'être transportées. Les Espagnols ont fait des lois très - rigoureuses contre le transport des especes & matieres; mais comme les denrées & manufactures étrangeres consommées en Espagne, montoient à une plus grande somme que les denrées & les manufactures étrangeres consommées en pays étrangers, & qu'une grande partie des effets envoyés en Amérique, appartenoit aux étrangers, la valeur de ces effets, & la balance dûe par l'Espagne, ont été transportées en especes ou matieres, & de tout ce qui a été apporté des Indes, très peu est resté aux Espagnols, malgré les défenses qu'on a pu faire.

Il est inutile de défendre le transport des especes ou matieres; quand il n'y a point de balance dûe, alors ce transport cesse; quand une balance est dûe, cette défense n'est pas le remede propre à ce mal.

Le meilleur est d'être plus industrieux ou plus ménager, de faire travailler davantage le peuple, ou l'empêcher de tant dépenser.

Prétendre empêcher le transport des especes & matieres, tant qu'une balance est dûe, c'est vouloir faire cesser l'effet, quoique la cause dure. Rendre le peuple plus industrieux, diminuer la dépense, &c. fait cesser le mal, en levant la cause; par ce moyen le commerce étranger peut être rendu avantageux, & les especes ou matieres des étrangers seront apportées dans le pays; mais tant qu'une balance est dûe aux étrangers, il n'est guere praticable ni juste d'empêcher le transport des especes ou matieres.

De plus, la défense de transporter les especes ou matieres est préjudiciable à l'état; elle fait monter le change; le change affecte le commerce étranger & augmente la balance, qui est cause que les especes sont transportées; ainsi en augmentant la cause, elle augmente le transport.

L'Angleterre même, quoique plus éclairée que la France sur le fait de la monnoie, est mal conseillée au sujet du transport des especes & matieres; l'Angleterre défend ce transport, & son commerce en souffre par ce moyen; car pendant la guerre, le change alors continue d'être considérablement à son désavantage. Voyez Especes, Or, Argent, Monnoie, Commerce, Change, Manufacture (D.J.)

Matiere (Page 10:194)

Matiere. (Monnoyage.) A la Monnoie, on appelle ainsi une masse de metal, soit d'or, d'argent, de billon, ou de cuivre, soit à fabriquer, ou monnoyé, de quel titre & de quel poids que ce soit.

Il y a des états, où l'or & l'argent monnoyé, comme non monnoyé, sert au dehors comme à l'intérieur à commercer; on le trafique comme marchandise, comme des étoffes, des toiles, &c.

Les sentimens sur le trasic de l'or & de l'argent, sont bien opposés. Voici là - dessus ce que pense un auteur étranger. « Ce commerce est d'un si grand avantage pour une nation, que les états qui les [p. 195] défendent, ne peuvent jamais être regardés comme considérables; car il est plus avantageux de transporter, d'envoyer chez l'étranger de l'or & de l'argent monnoyés que non monnoyés, puisque dans le premier cas on gagne l'avantage de la fabrication ».

Cette réflexion tombe d'elle - même; car l'étranger achete le metal au titre, ainsi ce gain est une chimere. En France, loin de regarder ce commerce des especes monnoyées comme avantageux pour l'état, il est expressément défendu sous peine capitale. Ce crime se nomme billonnage. Voyez Billonnage.

Les Orfevres ne peuvent non plus fondre des matieres monnoyées, de quelque nature qu'elles soient, ou de quelque pays qu'elles viennent, à l'exception des piastres qui ont un cours libre dans le commerce.

Matieres (Page 10:195)

Matieres, terme de riviere, pieces de bois entravers, posées sur les plats - bords d'un bateau foncet.

MATILICATES (Page 10:195)

MATILICATES, (Géog. anc.) peuples d'Italie, que Pline, liv. III. chap. xiv. place dans l'Umbrie. C'est aujourd'hui Matelica bourg dans la marche d'Ancone sur le Sano, entre san - Severino à l'orient, & Nibbiano à l'occident. (D.J.)

MATILALCUIA; (Page 10:195)

MATILALCUIA; (Hist. mod. superst.) c'est le nom que les Mexiquains donnoient à la déesse des caux.

MATIN (Page 10:195)

MATIN, s. m. (Astron.) est le commencement du jour, ou le tems du lever du soleil. Voyez Jour. Les Astronomes comptent le matin, manè, de minuit à midi. Ainsi on dit qu'une éclipse a commencé à onze heures du matin, &c.

Les différens peuples font commencer le matin à différentes heures. Cela dépend de leurs différentes manieres de compter les heures. Mais la façon la plus commune est de le commencer à minuit. Ainsi on peut distinguer, pour ainsi dire, deux soites de matins; l'un qu'on peut appeller réel, commence avec la lumiere du jour; l'autre qu'on peut nommer civil ou astronomique, commence à minuit, ou à une autre heure fixe, selon l'usage du pays où l'on est. Voyez Heure.

L'étoile du matin est la planete de Vénus, quand elle est occidentale au soleil, c'est - à - dire, lorsqu'elle se leve un peu avant lui. Dans cette situation, les Grecs l'appellent phosphorus, & les Latins lucifer. Voyez Vénus.

Crepuseule du matin. Voyez Crépuscule. Chamb.

Matin (Page 10:195)

Matin, le, (Médec.)

Des nuits l'inegale couriere S'éloigné & pâlit à nos yeux, Chaque astre au - bout de sa carriere Semble se perdre dans les cieux. Des bords habités par le Maure Déjà les heures de retour, Ouvrent lentement à l'Aurore Les portes du palais du jour. Quelle fraicheur! L'air qu'on respire Est le soufle délicieux De la Voluptè qui soupire Au sein du plus jeune des Dieux. Déjà la colombe amoureuse Vole du chène sur l'ormeau; L'anour cent fois la rend heureuse, Sans quitter le même rameau. Triton sur la mer applanie Promene sa conque d'azur, Et la nature rajeunie Exhale l'ambre le plus pur. Au bruit des Faunes qui se jouent Sur les bords tranquilles des eaux, Les chastes Naiades dénouent Leurs cheveux tresses de roseaux. Dieux, qu'une pudeur ingénue Donne de lustre à la beauté! L'embarras de paroître nue Fait l'attrait de la nudité. Le flambeau du jour se rallume, Le bruit renaît dans les hameaux, Et l'on entend gémir l'enclume Sous les coups pesans des marteaux. Le regne du travail commence; Monté sur le trône des airs, Soleil, annonce l'abondance Et les plaisirs à l'univers. Vengez, &c. &c. &c. OEuvres mêlées de M. le cardinal de Bernis.

Cette partie du jour qui offre à l'imagination du poëte ces images riantes, matiere des descriptions agréables, n'est point indifférente pour le médecin; attentif à examiner & à recueillir les phénomenes de la nature, il ne perd aucune occasion de lire dans ce livre intéressant; il n'examine tous ces changemens, toutes ces actions, que pour en retirer des lumieres dont il prévoit l'utilité; il laisse au physicien oisif spéculateur le soin de remonter aux causes des phénomenes qu'il observe, de les combiner, d'en montrer l'enchaînement. Pour lui, il met ses observations en pratique, & tourne toujours ses réflexions vers l'intérêt public, le mobile & le but le plus noble de ses travaux, en même tems qu'il en est la récompense la plus flatteuse. Le médecin observe que dans l'état de santé le corps est plus léger, plus dispos le matin que le soir, les idées en conséquence plus nettes, plus vives, plus animées. Le sommeil précédent n'est pas seul capable de produire cet esset; puisqu'on l'éprouve bien moins, ou même pas du - tout, lorsqu'on pousse le sommeil bien avant dans le jour. Il est vrai aussi que cet effet est bien plus sensible, lorsqu'on a passé la nuit dans un sommeil tranquille & non interrompu. Le retour du soleil sur l'horison, le vent léger d'orient qui excite alors les vapeurs retombées, une douce humidité qui couvre & imbibe la terre, tous ces changemens survenus dans l'atmosphere doivent nécessairement faire quelqu'impression sur nos corps, voyez Influence des astres. Quoi qu'il en soit, ces changemens sont constans & universels; les plantes, les animaux, l'homme, en un mot, tout ce qui vit, tout ce qui sent, les éprouve. Ici se présente naturellement la réponse à une question célebre; savoir, s'il est utile à la santé de se lever matin. Le raisonnement & l'expérience s'appuient mutuellement pour faire conclure à l'affirmative. La nuit est le tems destiné au repos, & le matin le tems le plus propre au travail; la nature semble avoir fixé les bornes & le tems du sommeil; les animaux qui ne suivent que ses ordres, & qui sont dépourvus de cette raison superbe que nous vantons tant, & qui ne sert qu'à nous égarer en nous rendant sourds à la voix de la nature; les animaux, dis - je, sortent de leur retraite dès que le soleil est prêt à paroître; les oiseaux annoncent par leur ramage le retour de la lumiere; les sauvages, les paysans, qu'une raison moins cultivée & moins gâtée par l'art rapproche plus des animaux, suivent en cela une espece d'instinct; ils se levent très - matin, & ce genre de vie leur est très - avantageux. Voyez avec quelle agilité ils travaillent, combien leurs forces s'augmentent, leur santé se fortifie, leur tempérament devient robuste, athlétique; ils se procurent une jeunesse vigoureuse, & se préparent une longue & heureuse vieillesse. Jettez ensuite les yeux sur cette partie des habitans de la ville, qui fait de la nuit le jour, qui ne se conduit que par les modes, les préjugés, les usages, la raison ou

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