ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"152"> solutions de sels martiaux, ou qui ne sont rien; enfin la teinture martiale alkaline de Sthaal: 4°. les fleurs martiales appellées aussi ens martis, & mars diaphorétique: 5°. les eaux martiales ordinaires, c'est - à - dire non vitrioliques; l'eau appellée extinctionis fabrorum, c'est - à - dire dans laquelle les forgerons éteignent le fer rougi au feu, & les liqueurs aqueuses dans lesquelles on fait éteindre à dessein des morceaux de fer rouillés & rougis au feu.

La limaille de fer ou d'acier qu'on emploie sans qu'elle soit calcinée ni rouillée, telle qu'elle nous vient des ouvriers qui polissent le fer, doit être broyée sur le porphyre jusqu'à ce qu'elle soit réduite dans l'état d'alkool, ou poudre très - subtile.

Les différentes chaux de mars se préparent de la maniere suivante, 1°. la rouille se fait d'elle - même, comme tout le monde sait, il n'y a qu'à la détacher en ratissant légérement du fer, où elle s'est formée, & la porphyriser, si on veut la porter à un état de plus grande ténuité. Ce remede n'est proprement qu'une même chose avec le suivant, qui est beaucoup plus usité.

Safran de mars appellé apéritif: prenez limaille de fer ou lames de fer, telle quantité qu'il vous plaira; la limaille vaut mieux, parce qu'elle hâte l'opération; prenez donc de la limaille par preférence, exposez la à la rosée, ou arrosez - la de tems en tems avec de l'eau de pluie, jusqu'à ce qu'elle soit convertie en rouille, que vous alkooliserez sur le porphyre. Les anciens Chimistes ont exigé expressément & exclusivement la rosée, & même la rosée du mois de Mai; voyez avec combien de fondement à l'article Rosée, (Chimie). Voilà pourquoi ce safran de mars est ordinairement prescrit dans les livres de Medecine, sous le nom de safran de mars préparé à la rosée de Mai, Maïali rore.

Safran de mars, appellé plus communément astringent qu'apéritif, préparé par le soufre: prenez limaille de fer récente & non rouillée, & fleurs de soufre, parties égales, faites - en une pâte avec suffisante quantité d'eau; placez cette pâte dans un vaisseau convenable, & laissez - la fermenter pendant cinq ou six heures; alors calcinez la matiere à un feu violent, la remuant très - souvent avec une spatule de fer. Le soufre commencera par se brûler, & immédiatement après la matiere paroîtra noire, & en continuant à la calciner à grand feu, en remuant assiduement la matiere pendant environ deux heures, elle prendra une couleur rouge foncée qui annonce que l'opération est achevée. Cette opération ne differe point réellement du colcothar artificiel, ou vitriol martial très - calciné. Voyez Vitriol.

Safran de mars appellé astringent: les Chimistes ont donné sous ce nom diverses chaux de mars, ou pour mieux dire des chaux de mars préparées de diverses façons, mais communément par la calcination proprement dite. Le safran de mars astringent de la pharmacopée de Paris est préparé le plus simplement, & par cela même le mieux qu'il est possible; ce n'est autre chose que de la limaille de fer calcinée par la réverbaration pendant plusieurs heures, & jusqu'à ce qu'elle soit réduite en une poudre rouge qu'on lave plusieurs fois, qu'on seche & qu'on porphyrise. L'utilité de ces fréquentes lotions n'est certainement pas fort évidente; cependant elle pourroit peut - être servir à titre d'imbibition pour réduire en safran ou en rouille quelques parties de fer qui pourroient avoir échappé à la calcination.

Saffran de mars antimonié: prenez huit onces de limaille de fer, & seize onces d'antimoine cru, mettez l'un & l'autre dans un creuset, & poussez le feu jusqu'à la fusion parfaite des matieres; ajoutez alors, ce qu'on auroit pû faire également dès le commencement de l'opération, deux ou trois onces de sel de tartre, ou de cendres gravelées. Lorsque la matiere sera bien en fusion, versez la dans un cône chauffé & graissé, le régule se précipitera, & il se formera au dessus des scories brillantes & de couleur brune; séparez ces scories, concassez les grossierement, & les exposez ensuite à l'ombre dans un lieu humide; par exemple dans une cave, elles y tomberont bientôt d'elles - mêmes en poussiere; jettez cette poudre dans l'eau froide ou tiede, & l'y agitez fortement. Laissez ensuite reposer la liqueur pour donner lieu aux parties les plus grossieres de tomber au fond; cela fait, versez par inclination l'eau trouble qui surnage; reversez de nouvelle eau sur le marc, & répétez cette manoeuvre jusqu'à ce que l'eau ressorte aussi claire qu'on l'a employée. Rassemblez ensemble toutes vos lotions, & les laissez s'éclaircir d'elles - mêmes; ce qui arrive à la longue par le dépôt qui se forme d'un sédiment très - fin & très - subtil: pour abreger, on peut filtrer la liqueur; faites sécher votre sédiment, ou ce qui sera resté sur le filtre; c'est une poudre rougeâtre de couleur de brique pilée: vous n'en aurez qu'une très petite quantité, comparaison faite avec ce qui vous restera de la partie grossiere des scories, après qu'elles auront été épuisées de tout ce qu'elles peuvent fournir par le la vage. Faites sécher cette poudre, & la mettez ensuite à détonner dans un creuset avec le triple de son poids de salpêtre; édulcorez avec de l'eau la masse rouge qui vous restera après la détonation. Décantez ou filtrez la liqueur, vous aurez un sédiment d'un rouge pâle, qui étant desséché, se réduira en poudre très - fine & très - subtile; ce sera le safran de mars antimonié apéritif de Stahl.

Cette description est celle que M. Baron a donnée dans ses additions à la chimie de Lemeri, d'après la dissertation de Stahl sur les remedes martiaux, insérée dans son opuscule.

Aethiops martial: prenez la quantité qu'il vous plaira de limaille d'acier bien pure, mettez - la dans un pot de terre non vernissé, ou dans un vaisseau de verre ou de porcelaine, versez dessus ce qu'il faut d'eau claire pour qu'elle surpasse la limaille de trois ou quatre travers de doigt, remuez le mélange tous les jours avec une spatule de fer, & ayez soin d'ajouter de nouvelle eau pour en entretenir toujours la même hauteur au - dessus de la limaille; celle - ci à la longue perdra sa forme brillante & métallique, & se réduira en une poussiere très - fine, aussi noire que l'encre; c'est ce qui lui a fait donner le nom d'oethiops. C'est cette poussiere même qui étant desséchée & porphyrisée, forme l'oethiops martial. Addition à la chimie de Lemeri, par M. Baron, d'après le mémoire de Lemeri fils; mém. de l'acad. royale des Sciences, 1735. Il est remarqué avec raison dans la pharmacopée de Paris, que cette opération peut être considérablement hâtée, si l'on traite la limaille de fer par la machine de la garaye. Voyez Hydraulique, (Chimie.)

La chaux martiale que les Chimistes appellent terre douce de vitriol, n'est autre chose que du colcothar convenablement édulcoré. Voyez Vitriol.

Quant au vitriol de mars & au sel de riviere, voyez Vitriol.

Tartre martial: prenez tartre blanc en poudre, ou mieux encore, crême de tartre en poudre une livre, limaille de fer brillante, c'est - à - dire non rouillée & très - fine, porphyrisée pour le mieux, trois ou quatre onces; une proportion exacte n'est pas nécessaire ici, parce qu'on ne se propose point d'unir tout ce fer au tartre, & que la portion de fer qui n'est point dissoute, reste sur la chausse. Faites bouillir ces matieres dans une marmite de fer avec environ douze livres d'eau pendant environ une demi heure, ou jusqu'à ce que le tartre soit fondu, & qu'il se soit suf<pb-> [p. 153] fisamment empreint de fer; passez la liqueur chaudement à la chausse, & placez - la dans un vaisseau convenable loin du feu pour crystalliser. Après cette premiere crystallisation, décantez la liqueur surnageante, faites - en évaporer à peu - près la moitié sur le feu, remettez - la à crystalliser, & enfin réitérez ces évaporations & ces crystallisations, jusqu'à ce que vous n'obteniez plus de crystaux. Prenez tous vos crystaux, faites les bien sécher au soleil, ou à une chaleur artificielle équivalente, & serrez - les pour l'usage. Ce sel est bien éloigné de l'état neutre, le tartre n'y est pas saoulé de fer à beaucoup près; aussi la plûpart de ses propriétés chimiques sont - elles peu changées. Il est par exemple fort peu soluble, comme dans son état pur ou nud; aulieu que lorsqu'il est parfaitement neutralisé avec le fer, comme il l'est dans la préparation suivante, il devient très - soluble.

Teinture de mars tartarisée, ou sirop de mars, & extrait de mars tartarisé: prenez douze onces de limaille de fer, trente - deux onces de beau tartre blanc, faites bouillir ce mélange dans une grande marmite, ou dans un chauderon de fer, avec douze ou quinze livres d'eau de pluie, pendant douze heures; remuez de tems en tems la matiere avec une spatule de fer, & ayez soin de mettre d'autre eau bouillante dans le chauderon à mesure qu'il s'en consumera; laissez ensuite reposer le tout, & vous verrez qu'il demeurera dessus une liqueur noire, qu'il faut filtrer, & la faire évaporer dans une terrine de grès au feu de sable, jusqu'à consistence de sirop: vous en aurez quarante - quatre onces. Lemeri, cours de Chimie.

Quand le mélange a bouilli quelque tems, il s'épaissit comme une bouillie, il se gonfle, & il passeroit par dessus les bords de la marmite, si on n'y prenoit garde; il faut donc dans ce tems - là beaucoup moderer le feu: c'est aussi là le tems d'ajouter de nouvelle eau bouillante. Si après avoir filtré la teinture, on met bouillir derechef le marc resté sur le filtre dans de nouvelle eau comme devant, on en retirera encore de la teinture, mais en moindre quantité. On pent même en réitérant plusieurs fois ce procédé, dissoudre la plus grande partie de la limaille de fer qui restera, & la réduire en teinture. Lemeri, cours de Chimie.

Cette teinture est fort sujette à moisir & à se décomposer. On y ajoute ordinairement une petite quantité d'esprit - de - vin; par exemple, celle d'environ deux onces sur la quantité ci - dessus mentionnée, pour prévenir cette altération. M. Baron pense qu'on la préviendroit plus efficacement, si on employoit à sa préparation la crême de tartre au lieu de tartre blanc, dont les impuretés occasionnent très - vraissemblablement selon lui, cette moisissure. Cela peut être; cependant on connoît en Chimie plus d'un sel neutre sujet à moisir, dans la composition duquel n'entre aucun principe chargé d'impuretés: & d'un autre côté, ces impuretés moisissantes du tartre ne paroissent pas en être véritablement séparées par l'opération qui le convertit en crême de tartre. La crême de tartre est un acide encore fort impur; au reste il faut tenter. Le même chimiste soupçonne encore, il assure même que le plus sûr moyen de prévenir l'inconvénient dont nous parlons, c'est de réduire le tems de l'ébullition à une ou deux heures, ou encore mieux, de ne point faire bouillir du tout le mélange; & il pense encore que cette réforme non seulement empêcheroit de consumer du charbon en pure perte, mais même qu'elle contribueroit à la perfection de la préparation, puisque la longue ébullition occasionne la décomposition du tartre, & le rend par - là moins propre à dissoudre le fer. Je ne suis certainement pas pour les longues ébullitions; cependant je ne saurois penser que la longue ébulli<cb-> tion soit ici aussi nuisible, & même aussi inutile que M. Baron l'avance, car 1°. la décomposition que le taitre peut éprouver dans cette ébullition n'est pas démontrée; & quand même le tartre s'altéreroit réellement, ce seroit plûtôt avec profit qu'avec dommage, ce seroit les impuretés qui s'en détacheroient; il se réduiroit tout au plus à l'état de crême de tartre. 2°. On ne voit point pourquoi une liqueur claire, chimiquement homogene, une vraie lessive ou dissolution chimique déposée par la filtration, seroit plus altérable, parce qu'elle auroit été produite par une longue ébullition. Il est très - vraissemblable au contraire, que si cette ébullition trop prolongée nuisoit à la perfection de l'opération, ce seroit seulement en détruisant son propre ouvrage; c'est - à - dire en décomposant sur la fin de l'opération le sel neutre qu'elle auroit précédemment formé; mais alors les débris de cette décomposition resteroient sur le filtre, & la lessive filtrée ne seroit ni plus ni moins constante. 3°. Une heure d'ébullition ou la digestion a un degré de chaleur inférieur, paroit absolument insuffisante ici, puisque demi - heure d'ébullition ne fait qu'imprégner légérement le tartre des particules du fer dans la préparation du tartre chalibé; car ce dernier sel qui differe tant par le degré de saturation de celui dont il est ici question, ne doit cette différence qu'à la briéveté de l'ébullition qu'on emploie pour le préparer.

Si l'on réduit la teinture du syrop ci - dessus décrit en consistance du miel épais, cette préparation prendra le nom d'extrait de mars, & elle sera un peu plus de garde.

La boule martiale de mars ou d'acier est une matiere qui ne differe des précédentes que par l'excès de tartre, & parce qu'il n'y a qu'une très - petite portion des deux ingrédiens employés qui soit réellement combinée. Mais comme c'est précisément cette portion qui passe dans l'eau ou dans les liqueurs dans lesquelles ont fait infuser cette boule pour l'usage, il est clair que la partie utile & employée de la boule martiale est exactement semblable au sel neutre martial tartareux dont nous venons de parler. La préparation de ces boules est décrite sous le mot Boule de Mars . Voyez cet article.

Les teintures martiales tirées avec les acides végétaux fermentés ou non fermentés, tels que le vinaigre, le vin du Rhin qui est acidule, le suc de citron, &c. ne different que par le moindre degré de saturation, de consistance, & de concentration de la teinture de Mars tartarisée, avec laquelle elles ont d'ailleurs la plus grande analogie.

Les teintures spiritueuses réellement chargées de fer ne sont, comme nous l'avons déja insinué, que des dissolutions de sels neutres martiaux par l'esprit de vin. La teinture de Ludovic, & la teinture de Mynsicht, qui sont les seules que la Pharmacopée de Paris ait adoptées, sont, la premiere une dissolution legere de syrop de Mars, à la préparation duquel on a employé le vitriol martial à la place de la limaille de fer. Voyez Vitriol. Et la seconde, qu'une dissolution de fleurs martiales. Voyez la suite de cet article.

Teinture martiale alkaline de Stahl. Ayez de bonne eau - forte, dans laquelle vous jetterez du fil d'acier, peu à - la - fois, & à différentes reprises, jusqu'à ce qu'il ne se fasse plus de dissolution, ce que vous reconnoîtrez, lorsqu'en ajoutant de nouveau fil de fer, il ne s'excitera aucun mouvement dans la liqueur, & que ce fil restera dans son entier; alors vous serez sûr d'avoir une dissolution de sel dans l'esprit de nitre, aussi chargée qu'il est possible de l'avoir, & telle qu'il la faut pour la réussite du reste de l'opération. Prenez ensuite de l'huile de tartre par défaillance, ou une lessive de cendres gravelées la plus chargée qu'il se peut, & bien filtrée.

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