RECHERCHE | Accueil | Mises en garde | Documentation | ATILF | ARTFL | Courriel |
"150">
Outre la couleur rougeâtre de Mars, on prétend avoir encore une autre preuve qu'il est couronné d'une atmosphere. Lorsqu'on voit quelques - unes des étoiles fixes près de son corps, elles paroissent alors extrèmement obscures & presqu'éteintes.
Si on imaginoit un oeil placé dans Mars, il verroit à peine Mercure, excepté sur le disque du soleil ou dans sa conjonction avec cet astre, c'est - à - dire lorsque Mercure passe sur le soleil & qu'il nous paroît alors à nous - mêmes en forme de taches. Un spectateur placé dans Mars verroit Vénus à la même distance du soleil que Mercure nous paroît, & la terre à la même distance que nous voyons Vénus; & quand la terre seroit en conjonction avec le soleil & fort près de cet astre, le même spectateur placé dans Mars verroit alors ce que M. Cassini a apperçu dans Vénus, c'est - à - dire que la terre lui paroîtroit en croissant, ainsi que la lune son satellite.
Dans la planete de Mars on observe beaucoup moins d'irrégularités par rapport à son mouvement, que dans Jupiter & dans Saturne: l'excentricité de son orbite est constante, au - moins sensiblement, & le mouvement de son aphélie est égal & uniforme; aussi est - ce de toutes les planetes celle dont le mouvement de l'aphélie est le mieux connu, & que M. Newton a choisi pour en déduire le mouvement des aphélies des planetes inférieures. Supposant avec Kepler la moyenne distance de Mars au soleil de 152350 parties, dont la moyenne distance du soleil à la terre en contient 100000, l'excentricité de Mars sera, suivant M. le Monnier, de 14115/100000. Kepler fait aussi la plus grande équation du centre de 10° 37'1/2, laquelle ayant été vérifiée, s'est trouvée conforme aux observations, comme il paroît par le résultat des recherches faites à ce sujet, & publié il y a 30 ans par MM. Cassini & Maraldi.
La détermination du lieu de l'aphélie par M. de la Hire, qui le place en 1701 à 0° 35'35''de la vierge, s'accorde assez avec ce qui se trouve dans les mémoires de l'académie des Sciences de l'année 1706, où l'on assure que par les observations du lieu de Mars, faites alternativement proche l'aphélie & le périhelie, on a reconnu qu'il falloit le supposer de 20 minutes moins avancé que selon les tables rudolphines.
M. Newton ayant pris vraissemblablement un milieu entre les deux résultats du mouvement de l'aphélie de Mars, donnés par Kepler & par Bouillaud, l'établit de 1° 58'1/4 en 100 ans, c'est - à - dire de 35' plus grand que selon la procession des équinoxes; il l'a ensuite établi de 33'20''; mais il semble que le mouvement de cet aphélie pourroit être mieux connu en y employant les plus récentes observations comparées à celles de Tycho & du dernier siecle. M. de la Hire a déterminé le lieu du noeud de Mars pour 1701, au > 17° 25'20''; cependant la détermination rapportée dans le volume de l'académie de 1706, paroît encore plus exacte: elle place le lieu du noeud ascendant à > 17° 13'1/2. On ne connoît pas néanmoins encore assez le mouvement du noeud de Mars pour assurer s'il est fixe dans le ciel étoilé,
L'inclinaison de son orbite au plan de l'écliptique, est assez connue, à cause que dans l'opposition de cette planete au soleil, sa latitude géométrique est très - grande. Kepler l'a déterminée de 1° 50'30''; Bouillaud de 1° 51'4''; Stréet de 1° 52'00''; M. de la Hire, 1° 51'00''. Nous avons pris 1° 52'qui est à - peu - près moyenne entre toutes ces déterminations; cependant M. Cassini fait l'inclinaison de 1° 50'45''. Tout ceci est tiré des institutions astronom. de M. le Monnier. Il y a une remarque singuliere à faire sur cette planete: la terre a un satellite; Jupiter, environ cinq fois aussi loin du soleil que la terre, en a quatre; & Saturne, près de deux fois aussi loin que Jupiter, en a cinq, sans compter l'anneau qui lui tient lieu de plusieurs satellites pour l'éclairer pendant la nuit. L'esprit systématique, la commodite des analogies, & le penchant que nous avons à faire agir la nature selon nos vûes & nos besoins, n'ont pas manqué de persuader à bien des philosophes que les satellites avoient été donnés aux planetes les plus éloignées du soleil, comme un supplément à la lumiere affoiblie par l'éloignement, & qu'ils leur avoient été donnés en d'autant plus grand nombre, qu'elles étoient plus éloignées de cet astre. Mais la planete de Mars vient rompre ici la chaîne de l'analogie, étant beaucoup plus loin du soleil que nous, & n'ayant point de satellite, du - moins n'at - on pu lui en découvrir aucun jusqu'ici, quelque soin que l'on se soit donné pour cela. M. de Fontenelle fait cette remarque dans la pluralité des mondes, & il ajoûte que si Mars n'a point de satellite, il faut qu'il ait quelque chose d'équivalent pour l'éclairer pendant ses nuits. Il conjecture que la matiere qui compose cette planete est peut - être d'une nature semblable à celle de certains phosphores, & qu'elle conserve pendant la nuit une partie de la lumiere qu'elle a reçue durant le jour. Voilà de ces questions sur lesquelles il est permis, faute de faits, de penser également le pour & le contre. (O)
Mars (Page 10:150)
Ce mois étoit le premier mois parmi les Romains. On conserve encore cette maniere de compter dans quelques calculs ecclésiastiques, en particulier lorsqu'il s'agit de compter le nombre d'années qui se sont écoulées depuis l'incarnation de Notre - seigneur, c'est - à - dire depuis le 25 de Mars.
En Angleterre le mois de Mars est à proprement
parler le premier mois, la nouvelle année commençant
au 25 de ce mois - là. Les Anglois le comptent
néanmoins comme le troisieme, pour s'accommoder
à la coutume de leurs voisins, & il en résulte seulement
qu'à cet égard on parle d'une façon & que
l'on écrit de l'autre. Voyez
En France on a commencé l'année à Pâques jusqu'en 1564: de sorte que la même année avoit ou pouvoit avoir deux fois le mois de Mars, & on disoit Mars devant Pâques & Mars après Pâques. Lorsque Pâques arrivoit dans le mois de Mars, le commencement du mois de Mars étoit d'une année & la fin d'une autre.
C'est Romulus qui divisa l'année en dix mois, & donna le premier rang à celui ci, qu'il nomma du nom de Mars son pere. Ovide dit néanmoins que les peuples d'Italie avoient déja ce mois avant Romulus, & qu'ils le plaçoient fort différemment: les uns en faisoient le troisieme, d'autres le quatrieme, [p. 151]
Mars (Page 10:151)
Tout le monde connoît d'après Homere, les principales avantures de Mars; 1°. son jugement au conseil des douze dieux pour la mort d'Allyrotius fils de Neptune: Mars le défendit si bien qu'il fut absous; 2°. la mort de son fils Ascalaphus, tué au siege de Troie, qu'il courut venger lui - même; mais Minerve le ramena du champ de bataille, & le fit asseoir malgré sa fureur. 3°. Sa blessure par Diomede, dont la même déesse conduisoit la pique: Mars en la retirant jetta un cri épouventable, tel que celui d'une armée entiere qui marche pour charger l'ennemi. Le medecin de l'Olympe mit sur sa blessure un baume qui le guérit sans peine, car dans un dieu il n'y a rien de mortel. 4°. Enfin les amours de Mars & de Vénus sont chantés dans l'Odyssée; les captifs mis en liberté par Vulcain lui - même qu'on deshonoroit, s'envolerent, l'un dans la Thrace & l'autre à Paphos. C'est au sujet de cette avanture que Lucrèce adresse ces beaux vers à Vénus.
Hunc tu, diva, tuo recubantem corpore sancto,
Circumfusa super, suaveis ex ore loquelas
Funde.
Je laisse à l'abbé Bannier l'application de toutes ces fictions fabuleuses; j'aime mieux m'occuper des faits.
Les anciens monumens représentent Mars sous la figure d'un grand homme armé d'un casque, d'une pique, & d'un bouclier, tantôt nud, tantôt avec l'habit militaire, même avec un manteau sur les épaules, quelquefois barbu, mais assez souvent sans barbe. Mars vainqueur paroît portant un trophée, & Mars gradivus dans l'attitude d'un homme qui marche à grands pas.
Il me semble que le culte de Mars n'a pas été fort répandu chez les Grecs; car Pausanias qui fait mention de tous les temples des dieux & de toutes les statues qu'ils avoient dans la Grece, ne parle d'aucun temple de Mars, & ne nomme que deux ou trois de ses statues, en particulier celle de Lacédémone, qui étoit liée & garottée, afin que le dieu ne les adandonnât pas dans les guerres qu'ils auroient à soutenir. Mais son culte triomphoit chez les Romains, qui regardoient ce dieu comme le pere de Romulus, & le protecteur de leur empire. Parmi les temples qu'il eut à Rome, celui qu'Auguste lui dédia après la bataille de Philippes, sous le nom de Mars vengeur,
Le gramen, le coq & le vautour lui étoient consacrés. On lui immoloit d'ordinaire le taureau, le verrat & le bélier.
Il y a une inscription qui prouve qu'on le mettoit quelquefois dans la classe des divinités infernales; & à qui ce titre convenoit il mieux qu'à un dieu meurtrier, dont le plaisir étoit de repeupler sans cesse de nouveaux habitans le royaume de Pluton?
Les principaux noms qu'il portoit sont expliqués dans cet ouvrage; mais le plus ingénieux de tous, est celui qu'Homere lui donne, en l'appellant Alloprosallos, inconstant, dévoué tantôt à un parti, tantôt à l'autre. Lycophron le nomme cruentis pastum proelits; car, dit - il, le carnage est sa nourriture. (D. J.)
Mars (Page 10:151)
Les calendes de ce mois étoient remarquables par plusieurs cérémonies. On allumoit le feu nouveau sur l'autel de Vesta: on ôtoit, dit Ovide, les vieilles branches de laurier, & les vieilles couronnes tant de la porte du roi des sacrifices, que des maisons des flamines & des haches des consuls, pour en substituer de nouvelles. Le même jour on célébroit les matronales & les ancilies, ou la fête des boucliers sacrés. Le 6 arrivoient les fêtes de Vesta; le 14 les équiries: le 15, la fête d'Anna - Perenna; le 17, les libérales, & le 19, la grande fête de Minerve, appellée les quinquatries, qui duroient cinq jours; enfin le 25 on célébroit les hilaries.
On trouve ce mois personnifié sous la figure d'un
homme vêtu d'une peau de louve, parce que la
louve étoit consacrée au dieu Mars.
Mars (Page 10:151)
Mars, Fer (Page 10:151)
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.