ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"938"> vient à la goutte. Voyez Nature, Effort, Métaptose

L'épigenese ou addition est le changement qui se fait dans une maladie, entant qu'il paroît de nouveaux symptomes, sans aucune cessation de ceux qui subsistoient auparavant; par conséquent c'est un état qui est toujours plus fâcheux pour le malade: c'est ainsi que ce ténesme, qui survient à la diarrhée dans la grossesse, est souvent cause de l'avortement; que le spasme, qui est une suite de la superpurgation, est souvent mortel. Ces symptomes ajoûtés à la maladie, sont appellés épiphénomenes; ils font tout le sujet du septieme livre des aphorismes d'Hippocrate. Voyez Symptome, Épiphénomene.

Ce seroit ici le lieu de faire mention en général de tout ce qui a rapport aux symptomes, avec signes diagnostics & prognostics, & au traitement des maladies; mais, pour se conformer aux bornes prescrites dans un dictionnaire, & pour éviter les répétitions, voyez Pathologie, Symptome, Séméiotique, Signe, Thérapeutique, Cure, Traitement ; & pour trouver, en ce genre, plus de lumieres réunies, consultez les ouvrages des auteurs célebres, tels sur - tout que les Traités de la Médecine raisonnée d'Hoffmann, contenant les vrais fondemens de la méthode pour connoître & traiter les maladies, la Pathologie & la Thérapeutique de M. Astruc; les aphorismes de cet auteur, de cognoscendis & curaturis morbis; le Commentaire de cet ouvrage, par M. Wanswieten, &c. la Pathologie & la Thérapeutique de Boerhaave, avec son propre Commentaire.

Maladie des comices (Page 9:938)

Maladie des comices, comitialis morbus, (Médecine.) c'est un mot dont on se servoit anciennement pour signifier l'épilepsie, ou le mal caduc: elle avoit ce nom à cause que si quelqu'un en étoit attaqué dans les comices des Romains, l'assemblée se rompoit ou se séparoit immédiatement, cet accident étant regardé comme un très - mauvais présage; ou plutôt à cause que ceux qui y étoient sujets en avoient principalement des attaques dans les comices ou dans les grandes assemblées. Voyez Épilepsie.

Maladie herculéenne (Page 9:938)

Maladie herculéenne, herculeus morbus, (Médecine.) est le nom que l'on donne en Médecine à l'épilepsie, à cause de la frayeur qu'elle cause, & de la difficulté avec laquelle on la guérit. Voyez Épilepsie.

Maladie hongroise (Page 9:938)

Maladie hongroise, (Médecine.) c'est le nom d'une maladie qui est du genre des fievres malignes, & en quelque façon endémique & contagieuse. On l'appelle autrement fievre hongroise; son signe distinctif & caractéristique est qu'outre tous les symptomes généraux de fievres continues & remittentes, le malade souffre une douleur intolérable à l'orifice inférieur de l'estomac qui est enflé, & douloureux au moindre attouchement.

Cette maladie paroît d'ordinaire en automne, après une saison pluvieuse, dans les lieux humides, marécageux, où les habitans ont manqué de bonne eau & de bonne nourriture. La fievre de cette espece est en conséquence contagieuse & fréquente dans les camps & les armées. Voyez le traité du dr Pringle sur cette matiere intitulée: Observations on the diseases of the army.

Les causes pathognomiques de la maladie hongroise hors de la contagion, autant qu'on en peut juger, semblent être une matiere bilieuse, âcre, putride, qui s'est en partie rassemblée à l'orifice de l'estomac, & en partie mêlée avec les autres humeurs dans la circulation.

Cette matiere bilieuse, âcre, putride, adhérente au ventricule, cause la cardialgie, le mal de tête par la communication des nerfs, une chaleur & une ardeur mordicante, l'anoréxie, l'anxiété, les nau<cb-> sées, une soif continuelle & violente, & autres maux de l'estomac & du bas - ventre, accompagnés d'une fievre continue ou remittente qui redouble sur le soir.

Cette maladie se guérit par des vomissemens naturels, ou par un cours - de - ventre bilieux; la guérison n'est qu'incomplette par les urines ou par des sueurs. Si la matiere morbifique reste dans le corps, elle prolonge la maladie au delà du cours des maladies aiguës, produit la sécheresse ou la saleté de la langue, des anxiétés, la difficulté de respirer, l'esquinancie, la surdité, l'assoupissement, le délire, la phrénésie, & quelquefois une hémorrhagie symptomatique. Rarement cette maladie se termine par un abscès ou des parotides, mais elle amene des pétéchies, ou dégénere en sphacele sur les extrémités.

La méthode curative, lorsque la cause procede d'une mauvaise nourriture, est d'abord un vomitif diluent. Si les maux de tête & du bas - ventre s'y trouvent joints, les purgatifs doux, antiphlogistiques, sont préférables aux vomitifs; quand la maladie provient de contagion sans aucun signe de dépravation d'humeurs, il faut employer dans la cure les acides & les antiputrides, en tenant le ventre libre. La saignée & les échauffans doivent être évités comme contraires aux principes de l'art.

Cette maladie est quelquefois si cruelle dans des tems de contagion, que Schuckius, qui en a fait un traité, la nomme lues pannonioe, & en allemand, ungarische pest. (D. J.)

Maladie jaune (Page 9:938)

Maladie jaune, (Médecine.) voyez Jaunisse.

Maladie imaginaire (Page 9:938)

Maladie imaginaire, (Médecine.) cette maladie concerne une personne qui, attaquée de mélancholie, ou trop éprise du soin d'elle même, & s'écoutant sans cesse, gouverne sa santé par poids & par mesure. Au lieu de suivre le desir naturel de manger, de boire, de dormir, ou de se promener à l'exemple des gens sages, elle se regle sur des ordonnances de son cerveau, pour se priver des besoins & des plaisirs que demande la nature, par la crainte chimérique d'altérer sa santé, qu'il se croit des plus délicates.

Cette triste folie répand dans l'ame des inquiétudes perpétuelles, détruit insensiblement la force des organes du corps, & ne tend qu'à affoiblir la machine, & en hâter la destruction. C'est bien pis, si cet homme effrayé se jette dans les drogues de la pharmacie, & s'il est assez heureux au bout de quelque tems, pour qu'on puisse lui adresser le propos que Béralde tient à Argan dans Moliere: « Une preuve que vous n'avez pas besoin des remedes d'apothicaire, c'est que vous avez encore un bon tempérament, & que vous n'êtes pas crevé de toutes les médecines que vous avez prises ». (D. J.)

Maladie noire (Page 9:938)

Maladie noire, (Médecine.) MELAINA NDSOS2. Cette maladie tire son nom & son principal caractere de la couleur des matieres que les personnes qui en sont attaqués rendent par les selles, ou par les vomissemens. Hippocrate, le premier & le plus exact des observateurs, nous a donné une description fort détaillée de cette maladie (lib. II. de morb. sect. v.), qu'on a quelquefois appellée pour cette raison maladie noire d'Hippocrate. Voici ses termes simplement traduits du grec: le malade, dit - il, vomit de la bile noire qui quelquefois ressemble aux excrémens, quelquefois à du sang extravasé, d'autres fois à du vin pressuré. Dans quelques malades, on la prendroit pour le suc noir du polype, voyez Polype, boisson, hist. nat. dans d'autres, elle a l'âcreté du vinaigre: il y a aussi des malades qui ne rendent qu'une espece de pituite tenue, une salive aqueuse, une bile verdâtre. Lorsque les matieres rejettées sont noires, sanguinolentes, elles exhalent une odeur détesta<pb-> [p. 939] ble qu'on pourroit comparer à celle qu'on sent dans les boucheries; elles fermentent avec la terre sur laquelle elles tombent, elles enflamment la bouche & le gosier, & agacent les dents. Cette évacuation dissipe pour quelques instans le mal - aise du malade qui sent alors renaître son appétit, il a même besoin de manger, & s'il contient son appétit, s'il reste à jeun, ses entrailles murmurent, il sent des borborigmes, & la salive inonde sa bouche; si au contraire voulant éviter ces accidens, il prend quelque nourriture, il tombe dans d'autres inconvéniens, son estomac ne peut supporter les alimens, il éprouve après avoir mangé un poids, une oppression dans tous les visceres, les côtés lui font mal, & il lui semble qu'on lui enfonce des aiguilles dans le dos & dans la poitrine, il survient un léger mouvement de sievre avec douleur de tête, les yeux sont privés de la lumiere, les jambes s'engourdissent, la couleur naturelle de la peau s'efface & prend une teinte noirâtre. A ces symptômes exposés par Hippocrate on peut ajouter les déjections par les selles, noirâtres, cadavéreuses, un amaigrissement subit, foiblesse extrème, cardialgie, syncopes fréquentes, douleur & gonflement dans les hypocondres, coliques, &c.

La maladie noire qui est assez rare, attaque principalement les hystériques, hypocondriaques, ceux qui ont des embarras dans les visceres du bas - ventre, sur - tout dans les vaisseaux qui aboutissent à la veine porte, dans les voies hémorrhoïdales; les personnes dans qui les excrétions menstruelles & hémorrhoïdales sont supprimées y sont les plus sujettes. On ne connoît point de cause évidente qui produise particulierement cette maladie, on sait seulement que les peines d'esprit, les soucis, les chagrins y disposent, & il y a lieu de présumer qu'elle se prépare de loin, & qu'elle n'est qu'un dernier période de l'hypocondriacité & de la mélancolie: voyez ces mots. Les matieres qu'on rend par les selles & le vomissement ne sont point un sang pourri, comme quelques médecins modernes peu exacts ont pensé, confondant ensemble deux maladies très - différentes; la couleur variée qu'on y apperçoit, leur goût, l'impression qu'elles font sur le gosier, sur les dent; la fermentation qui s'excite lorsqu'elles tombent à terre, & tout en un mot nous porte à croire que c'est véritablement la bile noire, MELAINA KOLH, des anciens, qui n'est peut - être autre chose que de la bile ordinaire qui a croupi long - tems, & qui est fort saoulée d'acides; les causes qui disposent à cette maladie favorisent encore cette assertion. On sait en outre que les mélancoliques, hypocondriaques, abondent communément en acides, & que c'est une des causes les plus ordinaires des coliques & des spasmes auxquels ils sont si sujets. Les observations anatomiques nous font voir beaucoup de désordre & de délabrement dans le bas - ventre & sur - tout dans l'épigastre, partie qui joue un grand rôle dans l'économie animale, voy. ce mot, & qui est le siége d'une infinité de maladies. Riolan dit avoir observé dans le cadavre d'un illustre sénateur qui étoit mort d'un vomissement de sang noirâtre (c'est ainsi qu'il l'appelle), les vaisseaux courts qui vont de la rate à l'estomac dilatés au point d'égaler le diametre du petit doigt, & ouverts dans l'estomac (Anthropolog. lib. II. cap. xvij.). Columbus assure avoir trouvé la même chose dans le cadavre du cardinal Cibo, mort de la maladie noire (rerum anatomic. lib. XV. pag. 492.). Wedelius rapporte aussi une observation parfaitement semblable. Felix Plater raconte que dans la même maladie il a vû la rate principalement affectée, son tissu étoit entiérement détruit, son volume diminué, ce qui restoit paroissoit n'être qu'un sang coagulé (observ. lib. II.). Théophile Bonet a observé la rate noirâtre à demi rongée par un ulcere carcinomateux, dans un sénateur qui étoit attaqué d'un vomissement périodique de matiere noirâtre (Medic. septentr. lib. III. sect. v. cap. 4.). Tous ces faits réunis & comparés aux raisons exposées ci - dessus, nous prouvent clairement combien les opinions des anciens sur l'existence de l'atrabile, sur la part que la rate a à son excrétion, approchent de la vérité, & combien peu elles méritent le ridicule dont les théoriciens modernes ont voulu les couvrir: le siécle de l'observation renaissant, toutes ces idées, vraiment pratiques que les anciens nous ont transmises, sont sur le point de reprendre leur crédit.

La maladie noire d'Hippocrate dont il est ici question, a été défigurée, mal interprétée, ou confondue avec une autre maladie dans un petit mémoire qu'on trouve inséré dans le journal de Médecine (mois de Fevrier 1757, tom. VI. pag. 83.). L'auteur rapporte quelques observations de malades qu'il prétend attaqués de la maladie noire d'Hippocrate; il dit que les matieres rendues par les selles étoient un sang corrompu, gangrené, qu'on ne pouvoit méconnoître à la couleur & à l'odeur cadavéreuse, & que les acides lui ont presque toujours réussi dans la guérison de cette maladie qu'il croit produite par le fameux & imaginaire alkali spontané de Boerrhaave: il tâche d'ailleurs de distinguer avec soin cette maladie de celle qu'on observe chez les hypocondriaques, & qui est marquée par l'excrétion des excrémens noirâtres, semblables à la poix par leur consistance & leur couleur, & qui est cependant la vraie dans le sens d'Hippocrate, de Coelius Aurelianus, de Fréderic Hoffman, &c. Ce qui prouve encore ce que j'ai avancé plus haut que ce que ces malades vomissoient n'étoit que de la bile altérée, dégénérée, c'est qu'elle a différentes couleurs plus ou moins foncées, tantôt exactement noire, d'autrefois brune, quelquefois verte, &c. & lorsque la maladie prend une bonne tournure, la couleur des excrémens s'éclaircit par nuances jusqu'à ce qu'ils deviennent jaunâtres, comme cet auteur dit l'avoir lui - même observé, les selles prirent une nuance plus claire; & comme le prouve une autre observation rapportée dans le même journal (Juin 1758, tome VIII. pag. 517.), où il est dit qu'après quelques remedes ce que le malade rendoit n'étoit plus noir, mais d'un jaune verdâtre. Il peut bien arriver que dans quelques sujets scorbutiques, dans des gangrenes internes, dans une hémorrhagie des intestins, on rende par les selles un sang noirâtre, sur - tout si dans le dernier cas il a croupi long - tems avant d'être évacué: mais ce sera une maladie particuliere tout - à - fait différente de celle dont il est ici question. L'auteur de ce journal M. de Vandermonde, médecin de Paris, a aussi fort improprement caractérisé du titre de maladie noire, une fievre maligne accompagnée d'exanthèmes noirs & de déjections de la même couleur. (Mai 1757, tome VI. pag. 336.)

Le pronostic de cette maladie est presque toûjours très - fâcheux. Hippocrate a décidé que les déjections noires, l'excrétion de l'atrabile, ayant lieu sans fiévre ou avec fiévre, au commencement ou à la fin d'une maladie, étoient très - dangereuses (lib. IV. aphor. 21 & 22.); & que si on l'observoit dans des personnes exténuées, épuisées par des débauches, des blessures, des maladies antérieures, on pouvoit pronostiquer la mort pour le lendemain (aphor. 23.). Lorsque la mort ne termine pas promptement cette maladie, elle donne naissance à l'hydropisie ascite, qui est alors déterminée par les embarras du bas - ventre, qui augmentent & prennent un caractere skirrheux; Marcellus Donatus, Dodonée & quelques autres rapportent des exemples de cette terminaison. On a vû quelquefois aussi,

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