ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"936"> qui consiste dans une production d'idées, qui ont du rapport à celles des rêves, quoiqu'il n'y ait point de sommeil dans le cas dont il s'agit; en sorte que les idées ne sont point conformes aux objets qui doivent affecter, mais sont relatives aux dispositions viciées du cerveau. Voyez Aliénation, Esprit, Délire, Mélancholie, Manie, Folie .

L'aliénation de l'esprit est susceptible de beaucoup de variété, soit pour son intensité, soit pour sa durée, soit pour ses objets; c'est ce qui fournit la division de cette classe en trois sections. 1°. Les maladies mélancholiques qui dépendent d'un exercice excessif & dépravé de la pensée, du jugement & de la raison. Les genres sont la démence, la folie, la mélancholie, proprement dite, la démonomanie, à laquelle se rapportent le délire des sorciers, celui des fanatiques, celui des wampires, des loups garoux, &c. la passion hypochondriaque, l'hystérique, le somnambulisme, la terreur panique. 2°. Les maladies de l'imagination affoiblie, dont l'exercice est comme engourdi. Les genres sont la perte de la mémoire, la stupidité, le vertige. 3°. Les maladies de l'esprit, qui sont une dépravation de la volonté, un déreglement des desirs par excès ou par défaut, esset du vice des organes de l'imagination ou de ceux des sens. Les genres sont la nostralgie ou maladie du pays, l'érotomanie, le satyriasis, la fureur utérine, la rage, les envies, c'est - à - dire les appétits déréglés, à l'égard des alimens, de la boisson, & autres choses extraordinaires, la faim canine, la soif excessive, le narautisme, qui consiste dans un desir insurmontable de sauter, de danser hors de propos, l'antipathie, l'hydrophobie.

VII. Classe. Maladies évacuatoires. Caractere. Pour symptome principal, une évacuation extraordinaire, primitive, constante, & considérable par sa quantité ou par les efforts violens qu'elle occasionne. Voyez Evacuation. Cette évacuation, le plus souvent, est de courte durée, & forme une maladie aiguë.

Cette classe est composée de trois sections, qui comprennent, 1°. les maladies évacuatoires, dont les écoulemens sont sanglans ou rougeâtres. Genres. L'hémorrhagie, le stomacace ou saignement des gencives, l'émophtysie, le vomissement de sang, la dysenterie sanglante, le flux hépatique, le pissement de sang, le flux hémorrhoidal, la perte de sang, la sueur sanglante. 2°. Les maladies évacuatoires à écoulement séreux ou blanchâtre, dont la matiere est ou la lymphe, ou l'urine, ou la sueur, ou la salive, le chyle, la semence, le lait utérin, &c. Genres. L'épiphora, ou l'écoulement des larmes contre nature, le flux des oreilles, le flux des narines, que Juncker désigne sous le nom de phlegmatorrhagie, le corya, le ptyalisme ou la salivation, la vomique, l'anacatharre, ou expectoration extraordinaire, le diabête, l'incontinence d'urine, les fleurs blanches, les lochies laiteuses ou séreuses, immodérées, la gonorrhée. 3°. Les maladies dans lesquelles la matiere des évacuations est de diverse couleur & consistence. Genres. Le vomissement, la diarrhée, la lienterie, la coeliaque, le choleramorbus, les ventosités.

VIII. Classe. Maladies cachectiques. Caractere. La cachexie, c'est à - dire la dépravation générale ou fort étendue de l'habitude du corps, qui consiste dans le changement contre nature de ses qualités extérieures; savoir, dans la figure, le volume, la couleur, & tout ce qui est susceptible d'affecter les sens, par l'effet d'un vice dépendant ordinairement de celui de la masse des humeurs. Voyez Cachexie.

Cette classe est divisée en quatre sections, qui renferment 1°. les cachexies, avec diminution excessive du volume du corps. Genres. La consomption, l'ectisie, la phtisie, l'atrophie, le marasme. 2°. Les cachexies, avec augmentation outre mesure du volume du corps, ou de quelqu'une de ses parties. Genres. La corpulence ou l'embonpoint excessif, la bouffissure, la leucophlegmatie, l'hydropisie générale ou particuliere; comme l'hydrocéphale, l'hydropisie de poitrine, du péricarde, l'ascite, l'hydropisie enkistée, l'hydromphale, l'hydrocele, l'hydropisie de matrice, l'emphyseme, le météorisme, la tympanite, la grossesse vicieuse, comme la tuboce, la molaire, le rachitis ou la chartre, les obstructions skirrheuses, chancreuses, scrophuleuses, l'éléphantiase. 3°. Les cachexies, avec éruptions cutanées, lépreuses, contagieuses & irrégulieres. Genres. La vérole, le scorbut, la gale, la lepre, la ladrerie, les dracuncules, l'alopécie, le plica, le phtiriasis ou la maladie pédiculaire, la teigne, la rache, la dartre. 4°. Les maladies cachectiques, avec changement dans la couleur de la peau. Genres. La pâleur, la cachexie proprement dite, la chlorose ou les pâles couleurs, la jaunisse, l'ictere noir, la gangrene & les sphaceles. On peut rapporter à cette classe la cataracte, le glaucome, & toutes les maladies des yeux non inflammatoires, sans écoulement, qui proviennent d'obstruction.

IX. Classe. Affections superficielles, la premiere des deux classes des maladies chirurgicales. Caracteres. Ce sont toutes les mauvaises dispositions topiques, simples de la surface du corps, qui blessent l'intégrité, la beauté, ou la bonne conformation des parties externes par le vice de la couleur, du volume, ou de la figure ou de la situation, sans causer directement aucune autre lésion importante de fonctions; ce qui distingue ces maladies des fievres inflammatoires & exanthémateuses, & des affections cachectiques. Voyez Chirurgie.

Cette classe est divisée en deux sections, qui comprennent 1°. les affections externes sans prominence, ou toûjours sans fievre primitive & ordinairement dans la plûpart sans élévation considérable, comme les taches & les efflorescences. Genres. Le leucome, la lepre des Juifs, le hâle, les rousseurs, les bourgeons, le feu volage, les marques qu'on appelle envies, l'échimose, la meurtrissure, l'ébullition de sang, les élevûres, les boutons, les pustulles, les phlyctenes. 2°. Les affections des parties externes, avec prominence considérable. Genres. Les enflûres circonscrites, humorales, dolentes, telles que les tumeurs phlegmoneuses, érésypélateuses, chancreuses, osseuses, les bubons, les parotydes, les furoncles, le panaris, le charbon, le cancer, les aphtes sans fievre. 2°. Les enflûres circonserites, indolentes. Genres. Les excroissances dans les parties molles, telles que le sarcome, le polype, les verrues, les condylomes, les tumeurs enkistées, comme l'anévrysme, la varice, l'hydatide, le staphylome, l'abscès ou apostème, les loupes, l'athérome, le stéatome, le méliceris, le broncocele ou gouetre, les tumeurs dans les parties dures, comme l'exostose, le spina ventosa, la gibbosité, les tumeurs, les difformités rachitiques.

X. Classe. Maladies dialitiques, c'est la seconde classe des maladies chirurgicales. Caractere. La séparation contre nature accidentelle des parties du corps entr'elles, avec solution de continuité ou de contiguité. Voyez Solution, &c.

Cette classe est divisée en deux sections, qui comprennent 1°. les maladies de séparation avec déperdition de substance. Genres. La plaie, avec enlevement de quelque partie du corps, l'ulcere, la carie. 2°. Les maladies de séparation, sans déperdition de substance. Genres. La plaie simple, la fracture, les luxations, tant des parties molles, que des parties dures, c'est - à - dire le déplacement de ces différentes [p. 937] parties, comme des os (ce qui forme la luxation proprement dite), des tendons, des muscles, & de tous autres organes; ainsi, dans ce genre de lésion, toutes les différentes sortes de hernies se trouvent comprises, telles que l'exophtalmie, l'omphalocele, l'hystérocele, l'entérocele, le bubonocele & la hernie proprement dite.

Tel est le plan d'une méthode générale, d'après laquelle on peut entreprendre, avec ordre, l'histoire des maladies, qui est susceptible de presqu'autant de précision, que la botanique. En effet, après avoir déterminé, comme on le fait pour les plantes, ce que les maladies ont de commun entr'elles, comme l'est la végétation à l'égard de celles - là, on recherche ce qui les distingue en général à raison ou de leur nature, pour en former des classes différentes qui rassemblent les maladies, qui ont le plus de rapport entr'elles, c'est - à - dire que chaque classe est formée des maladies en plus ou moins grand nombre, dont les symptomes principaux ont beaucoup de ressemblance. Mais comme il en est entr'eux de susceptibles d'être encore distingués plus en détail, & d'une maniere plus caractéristique de ressemblance; des maladies susceptibles de cette différence, il en a résulté la formation des genres; & ensuite, par la description des symptomes particuliers à chaque difrente maladie du même genre, s'est établie la diffésérence des especes, qui dépend de la variété des circonstances sensibles qui accompagnent le caractere de chaque genre de maladies.

La péripneumonie seche, par exemple, qui dépend d'une inflammation éresipélateuse, est bien différente par ses effets, & conséquemment par rapport au prognostic & à sa curation, de la péripneumonie phlegmoneuse, humide ou catarreuse. De même, l'asthme qui est produit par une goutte remontée, c'est - à - dire qui survient lorsque l'humeur de la goutre change de siege & se porte par métastase dans la substance des poumons; cet asthme donc a des symptomes spécifiques bien différens de ceux des autres sortes d'asthmes: on doit aussi se comporter bien différemment dans le jugement & le traitement de cette maladie: ainsi ce sont là des maladies qui, sous le même nom générique, nc laissent pas d'être distinguées d'une maniere bien marquée les unes des autres, ce qui forme la différence des espèces sous un même genre; comme sous le nom générique de chardon se trouve compris un grand nombre de plantes bien différentes entr'elles, qui forment autant d'especes de chardons, parce qu'elles ont toutes quelque chose de particulier, comme elles ont aussi quelque chose d'essentiellement commun entr'elles, c'est - à - dire un caractere dominant, un grand nombre de rapports, ce qui fait qu'on les range toutes sous un même genre.

Cette maniere de faire l'exposition des maladies, de les distribuer par classes, genres & especes, comme on le pratique pour les plantes, si différente de celle des Arabes, qui a dominé dans les écoles & dans les livres de Pathologie, a été présentée, desirée, proposée, approuvée par la plûpart des plus grands maîtres de l'art parmi les modernes, tels que Plater, Sydenham, Matgrave, Baglivi, Neuter, Boerhaave, comme la plus propre à former le plan d'une histoire des maladies. Cependant cette méthode sans doute, parce qu'elle demande trop de travail, n'a encore été employée & même seulement ébauchée que par M. de Sauvage, célebre professeur de Montpellier, grand botaniste, dans son livre des nouvelles classes des maladies, édition d'Avignon 1731, qu'il a retracée dans sa Pathalogie, Pathologia methodica, &c. Amstelod. 1752, & dont il fait espérer une nouvelle édition aussi complette qu'elle en est susceptible, qui ne pourra être qu'un excellent ouvrage qui manque jusqu'à présent à la Médecine, & dont Boerhaave agréa si fort le projet, lorsque l'auteur dans le tems le soumit à son jugement qu'il lui écrivit en conséquence, pour le lui témoigner & l'exciter à l'exécution d'une entreprise aussi grande & aussi utile. C'est ce qu'on voit dans la lettre du célebre professeur de Leyde, mise à la tête du livre dont on vient de parler, qui est devenu sort rare.

Il contient le dénombrement des classes des maladies, de leurs genres, avec leurs caracteres particuliers & leurs especes indiquées par des qualifications distinctives, ce qu'on appelle des phrases à l'imitation de celles qui sont employées par les botanistes; ensorte que ces especes sont ainsi sommairement désignées telles qu'elles ont été observées en détail par les auteurs cités à la suite de ces qualifications.

C'est d'après cet essai de M. de Sauvage que vient d'être exposée ici en abrégé la méthode symptomatique de distribution des maladies par classes & par genres, à quoi il auroit été trop long d'ajouter les especes, comme a fait cet auteur, que l'on peut consulter, selon lui, dans la préface du livre dont il vient d'être fait mention: le nombre des especes des maladies est actuellement porté à environ trois mille bien caractérisées par des signes, qui paroissent constamment toutes les fois que la même cause est subsistante dans les mêmes circonstances, qui produit toujours les mêmes effets essentiels; ensorte qu'en général la marche de la nature est essentiellement la même chose dans le cours de chaque espece des maladies, malgré la différence de l'âge, de sexe, du tempérament du sujet; malgré la différence du climat, de la saison, de la position par rapport au lieu d'habitation.

Toutes ces différentes circonstances peuvent bien contribuer à procurer quelques différences dans les symptomes accidentels de la maladie spécifique; mais elles ne changent presque jamais les symptomes caractéristiques, tels, par exemple, que, dans le genre de fievres exanthémateuses, qu'on appelle petite - vérole, l'éruption inflammatoiré, la suppuration, qui, dans cette maladie lorsqu'elle parcourt ses tems, arrivent constamment à des jours marqués, selon la différence de sa nature particuliere, qui peut aussi produire des accidens bien différens qui sont réguliers, pour distinguer la petite - vérole discrete de la confluente ou irréguliere, qui établissent une différence entre la petite - vérole bénigne & la maligne, la simple & la compliquée, ce qui forme les différentes modifications de ce genre de maladie.

Mais quoique le caractere connu de chaque genre & de chaque espece de maladie ne soit point susceptible de changer originairement & essentiellement, cependant une fois établi, il arrive quelquefois qu'il change par substitution ou par addition, ce qui est, selon les Grecs, par métaptose & par épigenese.

La métaptose ou substitution est le changement qui se fait, de maniere que tous les symptomes de la maladie sont remplacés par d'autres tous différens. On distingue deux sortes de métaptose, le diadoche & la métaptose: la premiere, lorsque la cause morbifique change entiérement de siege, est transportée d'une partie à une autre, sans effort critique, qui opere ce changement, & comme par voie de sécrétion de mouvemens naturels: c'est ainsi que le diabete survient à l'ascite, ou que le flux hémorrhoidal fait cesser l'asthme pléthorique: la seconde espece de métaptose, lorsque, par un effort de la nature, il se fait un transport de la matiere morbisique d'une partie à une autre; comme lorsque les parotides surviennent dans la fievre maligne, que l'asthme sur<pb->

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.