ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"934"> l'âge de consistence; la dysurie aux vieillards. Il y en a de particulieres aux différens sexes, aux différens tempéramens, comme l'histéricité aux femmes, la manie aux personnes sanguines & bilieuses. Il y en a d'affectées à différentes professions, comme la colique aux plombiers, d'autres au pays qu'on habite, comme la sievre quarte dans les contrées marécageuses, &c.

Enfin on distingue encore les maladies, selon les Sthaaliens (qui sont aussi appellés animistes, naturistes), en actives & en passives. Les premieres sont celles dont les symptômes dépendent de la nature, c'est - à - dire de la puissance motrice, de la force vitale, de l'action des organes, comme l'hémophtysie, qui survient à la pléthore, & toutes les évacuations critiques. Voyez Nature, Crise. Les dernieres sont celles que produisent des causes externes, contre la disposition de la nature, sans concours de la puissance qui régit l'économie animale; comme l'hémorragie à la suite d'une blessure, l'apoplexie, par l'effet de la fracture du crâne; la paralysie, par la compression que fait une tumeur sur les nerfs: la diarrhée, la sueur colliquative par l'effet de quelque venin dissolvant, ou d'une fonte symptomatique des humeurs.

On voit par tout ce qui vient d'être dit des différences accidentelles des maladies, qu'elles ont plusieurs choses communes avec les plantes, parce qu'elles prennent comme elles leur accroissement, plus ou moins vîte ou doucement; que les unes finissent en peu de jours, tandis que d'autres subsistent plusieurs mois, plusieurs années; il y a des maladies qui, comme les plantes, semblent avoir cessé d'exister, mais qui sont vivaces, & dont les causes, comme des racines cachées qui poussent de tems en tems des tiges, des branches, des feuilles, produisent aussi différens symptômes; telles sont les maladies récidivantes. De plus, comme il est des plantes parasites, il est des maladies secondaires entretenues par d'autres, avec lesquelles elles sont compliquées. Comme il est des plantes qui sont propres à certaines saisons, à certains climats, à certains pays, & y sont communes; d'autres que l'on voit par - tout repandues ça & là, sans affecter aucun terrein particulier; d'autres qui sont susceptibles d'être portées d'une contrée dans une autre, de les peupler de leur espece, & d'en disparoître ensuite; il en est aussi de même, comme il a été dit ci - devant, de plusieurs sortes de maladies.

Telle est en abrégé l'exposition des différences accidentelles des maladies: nous ne dirons qu'un mot des différences essentielles, qui seront suffisamment établies par la distribution méthodique des maladies mêmes qui nous restent à exposer.

Comme la maladie est une lésion des fonctions des parties, il s'ensuit que l'on a cru pouvoir distinguer les maladies en autant de genres différens, qu'il y en a de parties qui entrent dans la composition du corps humain, dont les vices constituent les maladies. Ainsi comme il est composé en général de parties solides & de parties fluides; il est assez généralement reçu dans les écoles, & admis dans les traités de Pathologie qui leur sont destinés, de tirer de la considération des vices de ces parties principales ou fondamentales, les différences essentielles des maladies. On en établit donc de deux sortes; les unes qui regardent les vices des solides, les autres ceux des fluides en général; sans avoir égard aux sentimens des anciens, qui n'admettoient point de vices dans les humeurs, & n'attribuoient toutes les maladies qu'aux vices des solides, aux différentes intempéries. Voyez Intempérie.

On distingue les maladies des solides, selon la plupart des modernes, en admettant des maladies des parties simples ou similaires, & des maladies des parties composées, organiques ou instrumentales.

Quant aux fluides, on leur attribue différentes maladies, selon la différence de leur quantité ou de leur qualité vicieuse.

Enfin on considere encore les maladies qui affectent en même tems les parties solides & les parties fluides.

Mais comme il est assez difficile de concevoir les deux premieres distinctions, en tant qu'elles ont pour objet les vices des solides, distingués de ceux des fluides, & qu'il ne paroît pas qu'il puisse y avoir réellement de pareille différence, parce que le vice d'un de ces genres de parties principales, ne peut pas exister sans être la cause ou l'effet du vice de l'autre; il s'ensuit qu'il est bien plus raisonnable & bien plus utile de considérer les maladies telles qu'elles se présentent, sous les sens que l'on peut les observer, que de subtiliser d'après l'imagination & par abstraction, en supposant des genres de maladies, tels que l'économie animale ne les comporte jamais chacun séparément.

Ainsi, d'après ce qui a été remarqué précédemment, par rapport aux inconvéniens que présentent les méthodes que l'on a suivies pour l'exposition des maladies, & eu égard aux avantages que l'on est porté consequemment à rechercher dans une méthode qui soit plus propre que celles qui sont le plus usitées à former le plan de l'histoire des maladies; il paroît que la connoissance des maladies tirée des signes ou symptômes évidens, & non pas de certaines causes hypothétiques, purement pathologiques, doit avoir la préférence à tous égards. Il suffira vraissemblablement de présenter la méthode symptomatique déja annoncée, pour justifier la préférence que l'on croit qu'elle peut mériter, à ne la considérer même que comme la moins imparfaite de toutes celles qui ont été proposées jusqu'à présent.

Elle consiste donc à former dix classes de toutes les maladies, dont les signes pathognomoniques, les effets essentiels ont quelque chose de commun entre eux bien sensiblement, & ne different que par les symptômes accidentels, qui servent à diviser chaque classe en différens genres, & ces genres en différentes especes.

Dans la méthode dont il s'agit, toutes les maladies étant distinguées, comme il a été dit, en internes & en externes, en aiguës & en chroniques, on les distingue encore en universelles & en particulieres. Les maladies ordinairement aiguës forment la premiere partie de la distribution; les maladies ordinairement chroniques forment la seconde, & les maladies chirurgicales forment la troisieme.

I. Classe. Maladies fébriles simples. Caractere. La fréquence du poulx, avec lésion remarquable & constante de différentes fonctions, selon les différens genres & les différentes especes de fievres. Voyez Fievre. On pourroit encore rendre ce caractere plus distinctif, tel qu'il peut être plus généralement observé dans toutes les maladies fébriles, en établissant qu'il consiste dans l'excès ou l'augmentation des forces vitales, absolue ou respective sur les forces musculaires soumises à la volonté. Consultez à ce sujet les savantes notes de M. de Sauvages, dans sa traduction de l'haemastatique de M. Hales; la dissertation de M. de la Mure, professeur célebre de la faculté de Montpellier, intitulée nova theoria febris, Montpellier 1738; & la question septieme parmi les douze thèses qu'il a soutenues pour la dispute de sa chaire, Montpellier 1749.

Les maladies de cette classe sont divisées en trois sections. La premiere est formée des fievres intermittentes, dont les principaux genres sont la fievre quotidienne, la tierce, la quarte, l'erratique (les [p. 935] bornes d'un dictionnaire ne permettent pas de détailler ici les especes). La seconde section est celle des fievres continues, égales, dont les genres sont la fievre éphémere, la synoche simple, la fievre putride, la fievre lente. La troisieme section est celle des fievres avec redoublement, dont les genres sont la fievre amphimérine ou quotidienne continue, la tritée ou tierce continue, la trithiophie ou fievre ardente, l'hémitritée, les fievres irrégulieres, colliquatives, les irrégulieres, prothéiformes.

II. Classe. Maladies fébriles composées ou inflammatoires. Caractere. La fievre avec redoublemens irréguliers, accompagnée d'inflammation interne ou externe, marquée dans le premier cas par la douleur de la partie affectée, avec différens symptômes relatifs à la disposition de cette partie; dans le second cas, par la tumeur, la rougeur, la chaleur, qui sont le plus souvent sensibles dans la partie enflammée, & par d'autres symptômes absolus & relatifs, comme à l'égard de l'inflammation interne. Voyez Inflammation.

Les maladies fébriles ou inflammatoires sont divisées en trois sections; savoir, 1°. les inflammations des visceres parenchymateux, comme le cerveau, les poumons, le foie. Les genres différens sont le sphacélisme ou l'inflammation du cerveau dans sa substance; la péripneumonie, l'hépatite ou l'inflammation du foie, celle de la rate, des reins, de la matrice. 2°. Les inflammations des visceres membraneux, comme les meninges, la plevre, le diaphragme, l'estomac, les intestins, la vessie, &c. Les genres sont l'esquinancie, la pleurésie la paraphrénésie, la gastrite ou l'inflammation du ventricule, l'enthérite ou l'inflammation des intestins, celles de la vessie. 3°. Les inflammations cutanées ou exantnemateuses, dont les genres sont la rougeole, la petite - vérole, la fievre milliaire, la fievre pourprée, la scarlatine, l'érésipelateuse, la fievre pestilentielle.

III. Classe. Maladies convulsives ou spasmodiques. Caractere. La contraction musculaire, irréguliere, constante, ou par intervalle, par secousses ou vibrations: le mouvement, la rigidité d'une partie indépendamment de la volonté à l'égard des organes qui y sont soumis. Voyez Convulsion, Spasme, Nerf, Nerveuses (maladies.) &c.

Ces maladies sont distinguées en rois sections. 1°. Les maladies toniques, qui consistent dans une contraction, qui se soutient constamment, avec roideur, dans une partie musculeuse, ou dans tous les muscles du corps en même tems. Les genres de cette section sont, le spasme, auquel se rapportent le strabisme, le priapisme, &c. la contracture qui est la rigidité qui se fait insensiblement dans une partie, le tétane qui est la roideur convulsive, auquel se rapportent l'épisthotône, l'emprostotône, &c. le catoche, qui est la roideur spasmodique. 2°. Les maladies convulsives proprement dites, que l'on peut appeller cloniques, avec quelques praticiens, parce qu'elles consistent dans une irrégularité de vibrations musculaires de mouvemens involontaires, de tremblement dans les organes, qui en sont susceptibles, indépendamment d'aucune fievre inflammatoire. Les genres sont la convulsion proprement dite, qui est le mouvement convulsif d'une partie, sans perte de connoissance, le srisson, la convulsion hystérique, ou les vapeurs, l'hieranosos, ou la convulsion générale sans perte de sentiment, l'épilepsie, le tremblement sans agitation considérable des parties affectées, le scelotyrbe ou la danse de S. Wit, le bériberi des indiens, la palpitation. 3°. Les maladies dyspnoiques, c'est - à - dire, avec gêne, spasme, ou mouvement convulsif dans les organes de la respiration. Les genres sont l'éphialte ou cochemar, l'angine spasmodique ou convulsive, la courte ha<cb-> leine, la suffocation, l'asthme, la fausse pleurésie nerveuse, la fausse péripneumonie spasmodique, le hocquet, le bâillement, la pandiculation: les efforts convulsifs tendans à procurer quelqu'évacuation le plus souvent sans effet, tels que l'éternument, la toux, la nausée, le ténesme, la dysurie, la dystocie.

I V. Classe. Maladies paralytiques. Caractere. La privation du mouvement & du sentiment, ou au moins de l'un des deux.

Cette classe est partagée en trois sections, qui renferment les différens genres de maladies paralytiques. 1°. Les syncopales, qui consistent dans l'abattement, la privation des forces indépendamment de la sievre, &c. Les genres sont la syncope, proprement dite, la léypothymie ou défaillance, l'asphicie, l'asthémie. 2°. Les affections soporeuses, qui sont celles où il y a une abolition ou diminution très - considérable du sentiment & du mouvement dans tout le corps, avec une espece de sommeil profond & constant, sans cessation de l'exercice des mouvemens vitaux. Les genres sont l'apoplexie, le carus ou assoupissement contre nature, le cataphora ou subeth, qui est le coma somnolentum, la léthargie, la typhomanie, ou le sommeil simulé, involontaire, la catalepsie. 3°. Les paralysies externes ou des organes du mouvement & des sens. Les genres sont l'émiplégie, la paraplégie, la paralysie d'un membre, la cataracte, la goutte sereine, la vûe trouble, la surdité, la perte de l'odorat, la mutité, le dégoût, l'inappétence, l'adipsée ou l'abolition de la sensation de la soif, l'athecnie ou l'impuissance.

V. Classe. Maladies dolorifiques. Caractere. La douleur plus ou moins considérable par son intensité, par son étendue, & par sa durée, sans aucune agitation convulsive, évidente, sans fievre inflammatoire, & sans évacuation de conséquence; en sorte que le sentiment douloureux est le symptôme dominant. Voyez Douleur.

On distingue ces maladies entre elles par les douleurs vagues & par les douleurs fixes ou topiques; ce qui forme deux sections principales. 1°. Les différens genres de douleurs, qui affectent différentes parties successivement, ou plusieurs en même tems; telles sont la goutte & toutes les affections arthritiques, le rhumatisme, la catarre, la démangeaison douloureuse des parties externes, appellée prurit, l'anxiété à laquelle se rapportent la jectigation, la lassitude douloureuse. 2°. Les genres différens de douleurs fixes, topiques, telles que la céphalalgie ou le mal de tête sans tension, la cephalée ou le mal de tête avec tension, la migraine, le clou, qui est très - souvent un symptôme d'histéricité, l'ophtalgie ou la douleur aux yeux, l'odontalgie ou le mal aux dents, la douleur à l'oreille, le soda, vulgairement cremoison, la gastrique ou douleur d'estomac, la douleur au foie (voyez Hépatite, Ictere), à la rate, la colique proprement dite, qui est la douleur aux intestins (voyez Colique), la passion jliaque ou miserere, l'hypochondrialgie, qui est la douleur à la région du foie, de la rate, l'histéralgie, mal de mere, ou douleur de matrice, la néphrétique, à laquelle se rapportent le calcul comme cause, la courbature, la sciatique, la douleur des parties génitales.

V I. Classe. Maladies qui affectent l'esprit, qu'on peut appeller avec les anciens maladies paraphroniques. Caractere. L'altération ou l'aliénation de l'esprit, la dépravation considérable de la faculté de penser, en tant que l'exercice de cette faculté, sans cesser de s'en faire, souvent même rendu plus actif, n'est pas conforme à la droite raison, & peut en général être regardé comme un état de délire, sans fievre,

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