ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"906"> embarquer, débarquer & appareiller, & il empèche que les matelots ne s'en écartent lorsqu'ils vont à terre.

Maître mateur (Page 9:906)

Maître mateur, (Marine.) Il assiste à la visite & recette des mâts, a soin de leur conservation, qu'ils soient toûjours assujettis sous l'eau dans les fosses, & qu'ils ne demeurent pas exposés à la pluie & au soleil. Il fait servir les arbres du Nord aux beauprés & mâts de hune, & autres mâtures d'une seule piece. Il fait faire les hunes, barres & chouquets, des grandeurs & proportions qu'ils doivent être, &c.

Maître valet (Page 9:906)

Maître valet, (Marine.) c'est un homme de l'équipage qui a soin de distribuer les provisions de bouche, & qui met les vivres entre les mains du cuisinier selon l'ordre qu'il en reçoit du capitaine. Son poste est à l'écoutille, entre le grand mât & l'artimon. Il a un aide ou assistant qu'on appelle maitre valet d'eau, qui fait une partie de ses fonctions lorsqu'il ne peut tout faire, & qui est chargé de la distribution de l'eau douce.

Maître en fait d'armes (Page 9:906)

Maître en fait d'armes, (Escrime.) celui qui enseigne l'art de l'Escrime, & qui, pour cet effet, tient salle ouverte où s'assemblent ses écoliers.

Les maitres en fait d'armes composent une des cinq ou six communautés de Paris qui n'ont aucun rapport au commerce: elle a ses statuts comme les autres.

Maîtres écrivains (Page 9:906)

Maîtres écrivains, (Art. méch.) la communauté des maîtres experts jurés écrivains, expéditionnaires & arithméticiens, teneurs de livres de comptes, établis pour la vérification des écritures, signatures, comptes & calculs contestés en justice, doit son établissement à Charles IX. roi de France en 1570. Avant cette érection, la profession d'enseigner l'art d'écrire étoit libre, comme elle est encore en Italie & en Angleterre. Il y avoit pourtant quelques maîtres autorisés par l'université, mais ils n'empêchoient point la liberté des autres. Ce droit de l'université subsiste encore; il vient de ce qu'elle avoit anciennement enseigné cet art, qui faisoit alors une partie de la Grammaire. Pour instruire clairement sur l'origine d'un corps dont les talens sont nécessaires au public, il faut remonter un peu haut & parler des faussaires.

Dans tous les tems, il s'est trouvé des hommes qui se sont attachés à contrefaire les écritures & à fabriquer de faux titres. Suivant l'histoire des contestations sur la diplomatique, pag. 99, il y en avoit dans tous les états, parmi les moines & les clercs, parmi les séculiers, les notaires, les écrivains & les maîtres d'écoles. Les femmes mêmes se sont mêlées de cet exercice honteux. Les siecles qui paroissent en avoir le plus produit, sont les sixieme, neuvieme & onzieme. Dans le seizieme, il s'en trouva un assez hardi pour contrefaire la signature du roi Charles IX. Les dangers auxquels un talent si funeste exposoit l'état, firent réfléchir plus sérieusement qu'on n'avoit fait jusqu'alors sur les moyens d'en arrêter les progrès. On remit en vigueur les ordonnances qui portoient des peines contre les faussaires, & pour qu'on pût les reconnoître, on forma d'habiles vérificateurs: Adam Charles, secrétaire ordinaire du roi Charles IX. & qui lui avoit enseigné l'art d'écrire, fut chargé par ce prince de faire le choix des sujets les plus propres à ce genre de connoissances. Il répondit aux vûes de son prince en homme habile & profond dans son art, & choisit parmi les maîtres qui le professoient ceux qui avoient le plus d'expérience. Ils se trouverent au nombre de huit, qui sur la requête qu'ils présenterent au roi, obtinrent des lettres patentes d'érection au mois de Novembre 1570, lesquelles furent enregistrées au parlement le 31 Janvier 1576.

Ces lettres patentes sont écrites sur parchemin en lettres gothiques modernes, très - bien travaillées; la premiere ligne qui est en or a conservé toute sa fraîcheur; elles peuvent passer en fait d'écriture, pour une curiosité du seizieme siecle. Ces lettres établissent les maîtres écrivains privativement à tous autres, pour faire la vérification des écritures & signatures contestées dans tous les tribunaux, & enseigner l'écriture & l'arithmétique à Paris & par tout le royaume.

Telle est l'origine de l'établissement des maîtres écrivains, dont l'idée est dûe à un monarque françois; il convient à présent de s'étendre plus particulierement sur cette compagnie.

Cet établissement fut à peine formé, qu'Adam Charles qui en étoit le protecteur, qui visoit au grand, & qui par son mérite s'étoit élevé à une place éminente à la cour, sentit que pour donner un relief à cet état naissant, il lui falloit un titre qui le distinguât aux yeux du public, & qui lui attirât son estime & sa confiance. Il supplia le roi d'accorder à chacun des maîtres de la nouvelle compagnie, dont il étoit le premier, la qualité de secrétaire ordinaire de sa chambre, dont sa majesté l'avoit décoré. Comme cette qualité engageoit à des fonctions, Charles IX. ne la donna qu'à deux des maitres écrivains qui étoient obligés de se trouver à la suite du roi, l'un après l'autre par quartier.

Les maitres écrivains vérificateurs, ou du moins les deux qui étoient secrétaires de la chambre de sa majesté, ont été attachés à la cour jusqu'en 1633; voici le motif qui fit cesser leurs fonctions à cet égard. Rien de plus évident que l'établissement des maitres écrivains avoit procuré aux écritures une correction sensible; il avoit même déja paru sur l'art d'écrire quelques ouvrages gravés avec des préceptes. Cependant malgré ces secours, il régnoit encore en général un mauvais gout, un reste de gothique qu'il étoit dangereux de laisser subsister. Il consistoit en traits superflus, en plusieurs lettres quoique différentes qui se rapprochoient beaucoup pour la figure; enfin en abréviations multipliées dont la forme toujours arbitraire, exigeoit une étude particuliere de la part de ceux qui en cherchoient la signification. On peut sentir que le concours de tous ces vices, rendoit les écritures cursives aussi difficiles à lire que fatiguantes aux yeux. Pour bannir absolument ces défauts, le parlement de Paris qui n'apportoit pas moins d'attention que le roi aux progrès de cet art, ordonna aux maitres écrivains de s'assembler & de travailler à la correction des écritures, & d'en fixer les principes. Après plusieurs conférences tenues à ce sujet par la société des maitres écrivains, Louis Barbedor qui étoit alors secrétaire de la chambre du roi & syndic, exécuta un exemplaire de lettres françoises ou rondes, & le Bé un autre sur les lettres italiennes ou bâtardes; ces deux artistes avoient un mérite supérieur. Le premier, homme renommé dans son art, étoit savant dans la construction des caracteres pour les langues orientales. Le second, qui ne lui cédoit en rien dans l'écriture, avoit eu l'honneur d'enseigner à écrire au roi Louis XIV. Ces deux écrivains présenterent au parlement les pieces qu'ils avoient exécutées: cette cour après en avoir fait l'examen, décida par un arrêt du 26 Février 1633; qu'à l'avenir on ne suivroit point d'autres alphabets, caracteres, lettres & forme d'écrire, que ceux qui étoient figurés & expliqués dans les deux exemplaires. Que ces exemplaires seroient gravés, burinés & imprimés au nom de la communauté des maitres écrivains vérificateurs. Enfin, que ces exemplaires resteroient à perpétuité au greffe de la cour, & que les pieces qui se tireroient des gravures seroient distribuées par tout le royaume, pour servir sans doute [p. 907] de modele aux particuliers, & de regle aux maitres pour enseigner la jeunesse. Il est aisé de sentir que le but de cet arrêt étoit de simplifier l'écriture & empêcher toute innovation dans la forme des caracteres & dans leurs principes.

Les deux secrétaires de la chambre du roi, dont les fonctions consistoient à écrire & à lire les ouvrages d'écritures adressés aux rois, devenant inutiles par le réglement dicté par cet arrêt du parlement; on jugea à - propos de les supprimer. Mais, quoique les maitres écrivains n'eussent plus l'honneur d'être de la suite du roi, ils ne perdirent pas pour cela le droit d'avoir toujours dans leur compagnie deux secrétaires de sa majesté. Parmi ceux qui ont joui de ce titre, on remarque Gabriel Alexandre en 1658, Nicolas Duval en 1677, Nicolas Lesgret en 1694, & Robert Jacquesson en 1727.

Après avoir parlé d'un titre honorable qui fit autrefois distinguer les maitres écrivains, je laisserois quelque chose à desirer, si je négligeois d'instruire des priviléges qui leur ont été accordés par les rois successeurs de Charles IX. Cette espece d'instruction est importante; elle fera connoître que les souverains n'ont pas oublié un corps, qui depuis son institution a perfectionné l'écriture, abregé le développement des principes, simplifié les opérations de l'arithmétique, découvert les trompeuses manoeuvres des faussaires, & cherché continuellement à être utile à leurs concitoyens, dont l'ingratitude va aujourd'hui jusqu'à le méconnoître.

Henri IV. dont la bonté pour ses peuples ne s'effacera jamais, leur a donné des lettres patentes qui sont datées de Folembrai le 22 Décembre 1595, par lesquels ils sont dispensés de toutes commissions abjectes & de toutes charges viles, à l'exemple de tous les régens & maîtres - ès - arts de l'université de Paris. C'est sur ce sujet que le 13 Octobre 1657, le châtelet a rendu un jugement où cette jurisdiction s'exprime en termes bien honorables pour l'état de maitre ecrivain. Il y est dit, que l'excellence de l'art d'écrire mérite cette exemption; & plus bas, que les charges viles & abjectes de police sont incompatibles avec la pureté & la noblesse de leur art, reconau sans contredit pour le pere & le principe des sciences.

Louis XIII. ne perdit point de vûe les maitres écrivains. Dans des lettres patentes qu'il donna en leur faveur le 30 Mars 1616, il déclare qu'il n'a point entendu comprendre en l'édit de création de deux maîtres en chacun metier, ladite n aitrise d'écrivain juré, qu'elle auroit exceptée & reservée, déclarant nulles toutes lettres & provisions qui en pourroient avoir été ou être expédiées.

Louis XIV. par un arrêt de son conseil privé du 10 Novembre 1672, ordonne que la communauté des maîtres écrivains seroit exceptée de la création de deux lettres de maitrise de tous arts & métiers, créées par son édit du mois de Juin 1660 en faveur de M. le duc de Choiseal. C'est par ce dernier titre que les maitres écrivains ont fait évanouir depuis peu toutes les espérances d'un particulier qui étoit revétu d'un privilége de monseigneur le duc de Bourgogne, pour enseigner l'art d'écrire & tenir classe ouverte.

Louis XV. aujourd'hui régnant n'a pas été moins favorable aux maitres écrivains, que ses prédécesseurs, dans une occasion d'où dépendoit toute leur fortune. Les maitres des petites écoles avoient obtenu un arrêt du conseil du 9 Mai 1719, qui leur donnoit le droit d'enseigner l'écriture, l'ortographe, l'arithmétique & tout ce qui en est émané, comme les comptes à parties doubles & simples & les changes étrangers. Un arrêt de cette conséquence, à qui l'autorité suprème donnoit un poids qu'il n'étoit pas possible de renverser, étoit un coup de foudre pour les maitres écrivains; en effet, il les dépouilloit du plus solide de leurs avantages. J'ignore les moyens dont se servirent les maitres des petites écoles pour surprendre la cour & parvenir à le posséder; mais il est certain que le roi ayant été fidelement instruit de l'injustice de cet arrêt, l'annulla & le cassa par un autre du 4 Avril 1724.

Je ne m'étendrai pas davantage sur les titres & priviléges des maitres écrivains; mais avant d'entrer dans un détail sommaire de leurs statuts, qu'il me soit permis de parler des grands maitres qui ont illustre cette compagnie.

Les Grecs & les Romains élevoient des statues aux grands hommes, qui s'étoient distingués dans les arts & dans les sciences. Cet usage n'a point lieu parmi nous, mais on consacre leurs noms dans l'histoire; jusqu'à présent aucun ouvrage n'a parlé de ceux qui se sont fait admirer par la beauté de leur écriture, & par leur talent à former de belles mains pour le service de l'état, comme si les grands maitres dans ce genre ne pouvoient pas parvenir au même degré de célébrité que ces fameux artistes dont les noms sont immortels. Un auteur dans le journal de Verdun en a dit la raison; c'est que le fracas est nécessaire pour remuer l'imagination du plus grand nombre des hommes, & qu'un bien réel qui s'opere sans bruit ne touche que les gens sensés.

Je pourrois passer sous silence le tems qui s'est écoulé depuis l'établissement des maîtres écrivains vérificateurs, jusqu'à l'arrêt du parlement de 1633, dont j'ai parlé plus haut. Mais dans cet intervalle il a paru des écrivains respectables que les amateurs seront bien aises de reconnoître. Les laisser dans l'oubli, ce seroit une injustice & même une ingratitude: les voici.

Jean de Beauchêne se fit de la réputation par une methode sur l'art d'écrire qui parut en 1580.

Jean de Beaugrand, reçu professeur en 1594, étoit un habile homme, écrivain du roi & de ses bibliotheques, & secrétaire ordinaire de sa chambre. Il fut choisi pour enseigner à écrire au roi Louis XIII. lorsqu'il étoit dauphin, & pour lequel il a fait un livre gravé par Firens, où l'on trouve des cadeaux, sur - tout aux deux premieres pieces, ingénieusement composés & d'un seul trait.

Guillaume le Gangneur, natif d'Angers, & secrétaire ordinaire de la chambre du roi, fut un artiste célebre dans son tems. Ses oeuvres sur l'écriture parurent en 1599, ils sont gravés savamment par Frisius, qui étoit pour - lors le plus expert graveur en lettres, & contiennent les écritures françoise, italienne & greque. Chaque morceau traite des dimensions qui conviennent à chaque lettre & à chaque écriture, avec démonstrations. M. l'abbé Joly, grand chantre de l'église de Paris, en fait l'éloge dans son Traité des écoles épiscopales pag. 466, il dit que les caracteres grecs de cet écrivain surpassent ceux du nouveau Testament grec imprimé par Robert Etienne l'an 1550. Cet artiste qui avoit une réputation étonnante, & que tous les Poëtes de son siecle ont chanté, mourut vers l'an 1624.

Nicolas Quittrée, reçu professeur en 1598, étoit éleve de Gangneur, & fut comme lui un très - habile homme. Il n'a point fait graver, & j'ai entre mes mains quelques morceaux de ses ouvrages, qui prouvent son génie & son adresse dans l'art.

De Beaulieu, gentilhomme de Montpellier, a été fort connu, & a fait un livre sur l'écriture en 1624, gravé par Matthieu Greuter, allemand.

Desperrois, en 1628, donna au public un ouvrage sur l'art d'écrire, qui fut goûté.

Ces maîtres ont vécu dans les premiers tems de l'établissement de la communauté des maîtres Ecrivains jurés. Je vais parcourir un champ plus vaste, c'est - à - dire depuis la correction arrivée aux caracte<pb->

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.