ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"741"> sion à un feu assez foible, & alors elle forme une espece de verre semblable à de la corne. Cette matiere est volatile au feu, insoluble dans l'eau. M. Henckel a cru que cette lune cornée étoit une espece de verre malléable si recherché par les anciens, vû que cette substance a de la fléxibilité. Les Alchimistes ont regardé la lune cornée comme un moyen de parvenir à la calcination de l'argent; ils ont exposé cette substance pendant long - tems au feu de réverbere sans la laisser entrer en fusion, & ils se promettent de grands effets de cette chaux.

La volatilité de la lune cornée, la rend très - difficile à réduire, il faut pour cela recourir à des intermedes. On met de l'antimoine dans une cornue avec la lune cornée; on donne un feu très - violent, par ce moyen l'acide du sel marin s'unit à l'antimoine & forme du beurre d'antimoine, & l'argent reste au fond de la cornue uni avec un peu d'antimoine, dont on le sépare en le faisant détonner avec du nitre.

On peut encore faire cette réduction de la lune cornée, en mettant avec elle du plomb dans une cornue, la réduction est faite aussi - tôt que le plomb a été fondu. Il se forme au - dessus du plomb une scorie qui ressemble beaucoup à de la lune cornée, & qui en a le poids; expérience, qui suivant M. Zimmermann, mérite l'attention des Chimistes.

Le soufre s'unit avec l'argent, & le rend si fusible & si divisé, qu'il perce les creusets, & en mêmetems il devient si cassant, que l'on peut le pulvériser. C'est sur la disposition que le soufre a de s'unir à l'argent, qu'est fondée l'opération par laquelle l'on dégage l'or d'avec l'argent par la voie seche, parce que le soufre ne touche point à l'or. Voyez, séparation ou départ par la voie seche. Lorsque l'argent est uni avec le soufre, l'eau forte n'agit plus sur ce métal, parce qu'il est alors entouré d'une enveloppe grasse, qui le défend contre l'action de l'acide. On peut dégager l'argent du soufre, en le faisant fondre avec du cuivre, auquel on pourra joindre un peu de limaille de fer à la fin de l'opération. On peut encore dégager ce soufre par le moyen de l'alkali fixe, en prenant garde de ne point faire du foie de soufre qui dissoudroit l'argent: ce soufre se dégagera aussi, si on joint du mercure sublimé avec l'argent sulfuré, alors le soufre s'unira au mercure & fera du cinnabre, tandis que l'argent s'unira à l'acide du sel marin avec qui il fera la lune cornée.

Les Alchimistes, toujours occupés de mysteres, ont donné plusieurs noms différens à l'argent; ils ont désigné ce métal sous le nom de luna, lumen minus, regina, Diana, mater Dianoe, fermentum album. Ils ont cru que pour être de l'or, il ne lui manquoit qu'un soufre colorant, mais ils n'ont point jugé à propos de nous expliquer ce qu'ils entendoient parlà.

Les Chimistes disent, que l'argent est composé, 1°. d'une terre fine qui se démontre par sa fixité au feu, & par la difficulté qu'on a de le calciner, 2°. d'une terre inflammable qui est le phlogistique, 3°. d'une terre mercurielle qui lui donne la fusibilité.

A l'exception de la pierre infernale, l'argent n'est d'aucun usage dans la Médecine & dans la Pharmacie; les prétendues teintures lunaires dont parlent quelques auteurs, sont des remedes très - suspects, vû que l'argent par lui - même ne donne point de couleur, & lorsqu'il en donne une, elle est dûe au cuivre avec qui il est mêlé.

Les usages de l'argent dans les arts & métiers, sont très - étendus & très - connus de tout le monde, on ne s'arrêtera pas à les décrire ici, vû qu'il en sera parlé aux articles où l'on traite ces différens arts.

Quand on voudra argenter une piece à froid, on n'aura qu'à faire dissoudre de l'argent dans de l'eauforte; on précipitera la dissolution par le cuivre; on mêlera l'argent qui se sera précipité, avec parties égales de sel ammoniac & de sel marin; on frottera avec ce mélange la piece de cuivre jaune que l'on voudra argenter. D'autres artistes sont dans l'usage de se servir de sel marin & de crême de tartre, au lieu du mélange précédent.

Lune cornée (Page 9:741)

Lune cornée, (Chimie Métall.) les Chimistes nomment ainsi l'argent qui a été dissout dans l'esprit de nitre, & précipité par de l'esprit de sel, par une dissolution de sel marin, ou de sel ammoniac. Pour cette opération, on fait dissoudre de l'argent dans de l'esprit de nitre; ensuite on fait dissoudre du sel marin ou du sel ammoniac dans de l'eau; on verse l'une de ces dissolutions, ou bien simplement de l'esprit de sel dans l'esprit de nitre chargé d'argent, il devient trouble & laiteux; on ajoute de l'eau claire, & on laisse reposer ce mélange. Au bout de quelque tems il tombe au fond du vaisseau une poudre ou un précipité blanc; on décante la liqueur qui surnage, & on verse de nouveau de l'esprit de nitre, ou de l'esprit de sel sur le précipité, & l'on fait chauffer le tout au bain de sable; on décante cette nouvelle liqueur; on verse de l'eau chaude sur le précipité; on le fait bouillir; on réitere la même chose plusieurs fois, jusqu'à ce que l'eau soit entierement insipide; on la décante, & l'on fait sécher la poudre blanche ou le précipité qui a été ainsi édulcoré; c'estlà ce qu'on nomme lune cornée. C'est de l'argent combiné avec l'acide du sel marin: cette combinaison de l'argent est très - aisée à mettre en fusion; & quand elle a été fondue, elle forme une masse qui ressemble à de la corne; c'est ce qui lui a fait donner le nom de lune cornée. Cette matiere conserve une certaine flexibilité; de - là vient que M. Henckel a cru que ce pouvoit être - là le verre malléable des anciens.

Il n'y a point de moyen plus sûr d'avoir un argent bien pur & dégagé de toute partie cuivreuse, que de le mettre en lune cornée. On peut ensuite en retirer ce métal ou le réduire, en mettant la lune cornée dans un creuset enduit de savon; on y joint la moitié de son poids de sel de tartre bien sec & pulvérisé, que l'on couvrira d'huile, de suif, ou de quelque matiere grasse, on placera le creuset dans un fourneau de fusion; on ne donnera d'abord qu'un degré de feu suffisant pour faire rougir le creuset; on l'augmentera ensuite, & l'on remettra de tems en tems de nouvelle matiere grasse; lorsqu'il ne partira plus de fumée du creuset, on le vuidera à l'ordinaire dans un cône de fer enduit de suif. Voyez la Chimie pratique de M. Maquer.

Lune (Page 9:741)

Lune, (Mythologie.) Pindare l'appelle ingénieusement l'oeil de la nuit, & Horace, la reine du silence, Diana, quoe silentium regis! C'étoit après le soleil, la plus grande divinité du paganisme: Hésiode la fait fille de Théa, c'est - à - dire, de la divinité. Une partie des peuples orientaux l'honoroient sous le titre d'Uranie, ou de Céleste. C'est elle que les Egyptiens adoroient sous le symbole du boeuf Apis; les Phéniciens sous le nom d'Astarté; les Perses sous le nom de Militra; les Arabes sous le nom d'Alizat; les Africains sous le nom du dieu Lunus; les Grecs & les Romains sous le nom de Diane.

L'Ecriture - sainte parle souvent du culte que l'on rendoit à la reine du ciel, car le soleil en étoit le roi; & Macrobe a prétendu que toutes les divinités des payens pouvoient se rapporter à ces deux astres. Du moins il est sûr qu'ils firent l'un & l'autre les premiers objets de l'idolatrie chez la plûpart des peuples de la terre.

Les hommes frappés de ces deux globes lumineux [p. 742] qui brilloient sur tous les autres avec tant de grandeur & de régularité, se persuaderent aisément qu'ils étoient les maîtres du monde, & les premiers dieux qui le gouvernoient. Ils les crurent animés; & comme ils les voyoient toûjours les mêmes, & sans aucune altération, ils jugerent qu'ils étoient immuables & éternels.

Dès - lors on commença à se prosterner devant eux, à leur bâtir des temples découverts, & à leur adresser mille hommages, pour se les rendre favorables.

Mais la lune ne paroissant que la nuit, inspira le plus de craintes & de frayeurs aux hommes; ses influences furent extrèmement redoutées; de - là vinrent les conjurations des magiciennes de Thessalie, celles des femmes de Crotone, les sortiléges, & tant d'autres superstitions de divers genres, qui n'ont pas encore disparu de dessus notre hémisphere.

César ne donna point d'autres divinités aux peuples du Nord, & aux anciens Germains que le feu, le soleil, & la lune. Le culte de ce dernier astre franchit les bornes de l'océan germanique, & passa de la Saxe dans la grande Bretagne.

Il ne fut pas moins répandu dans les Gaules; & si nous en croyons l'auteur de la religion des Gaulois, il y avoit un oracle de la lune desservi par des druidesses dans l'île de Saïn, située sur la côte méridionale de la basse - Bretagne.

En un mot, on ne vit qu'un petit nombre de philosophes Grecs & Romains, qui regarderent la lune comme une simple planete, & pour m'exprimer avec Anaximandre, comme un feu renfermé dans la conca vité d'un globe dix - neuf fois plus grand que la terre. C'est - là, disent - ils, que les ames moins legeres que celles des hommes parfaits, sont reçûes, & qu'elles habitent les vallées d'Hécate, jusqu'à ce que dégagées de cette vapeur qui les avoit empêchées d'arriver au séjour céleste, elles y parviennent à la fin. (D. J.)

LUNEBOURG (Page 9:742)

LUNEBOURG, (Géog.) Luneburgum, ville d'Allemagne, au cercle de la basse Saxe, capitale du duché de même nom. Elle étoit autrefois impériale, mais à présent elle appartient à l'électeur de Hannover; elle a une bonne douane & des salines d'un revenu considérable, sur le produit desquelles sont assignées les pensions de toutes les personnes en charge & des gens d'église; de sorte que ce qui passe ailleurs pour un honoraire, est à Lunebourg un vrai salaire, si l'origine de ce mot donnée par Turnebe, à sale, n'est pas fausse. Lunebourg se trouve située avantageusement, près d'une montagne qui lui fournit beaucoup de chaux pour bâtir, & sur l'Elmenow, à 14 lieues S. E. de Hambourg, 31 N. de Brunswick. Long. 28. 15. lat. 53. 28.

Sagittarius (Gaspard) littérateur, & célebre historiographe d'Allemagne, naquit à Lunebourg en 1643. Ses principaux ouvrages, comme historiographe, tous écrits en latin, sont l'histoire de la Lusace, du duché de Thuringe, des villes d'Harderwick, d'Halberstad, & de Nuremberg; l'histoire de la succession des princes d'Orange, jusqu'à Guillaume III, &c. Il a publié en latin comme littérateur, un traité des oracles, un livre sur les chaussures des anciens, intitulé de nudipedalibus veterum, la vie de Tullia fille de Cicéron, & quelques autres, dont le P. Nicéron vous donnera la liste dans ses mémoires des hommes illustres, tome IV. page 229. Sagittarius est mort en 1694. (D. J.)

LUNEL (Page 9:742)

LUNEL, (Blason.) on appelle ainsi dans le Blason quatre croissans appointés en forme de rose à quatre feuilles; ils ne sont d'usage qu'en Espagne.

LUNENSE MARMOR (Page 9:742)

LUNENSE MARMOR, (Hist. nat.) nom que les anciens donnoient à une espece de marbre blanc plus connu sous le nom de marbre de Carrare. Il étoit très - estimé chez les anciens; il est d'un blanc très - pur, d'un tissu très - serré, & d'un grain très - fin; il s'en trouve encore beaucoup en Italie; il est plus dur que les autres especes de marbre, & a plus de transparence. Quelques auteurs l'ont confondu avec le marbre de Paros; mais ce dernier n'est pas d'un tissu aussi solide, & n'est point si blanc que le marbre de Carrare, quoiqu'il ait plus d'éclat que lui. Em. Mendez d'Acosta, hisloire naturelle des minéraux, page 190. ( - )

LUNETTE (Page 9:742)

LUNETTE, s. f. (Dioptr.) instrument composé d'un ou de plusieurs verres, & qui a la propriété de faire voir distinctement ce qu'on n'appercevroit que foiblement ou point du tout à la vûe simple.

Il y a plusieurs especes de lunettes; les plus simples sont les lunettes à mettre sur le nez, qu'on appelle autrement besicles, & qui sont composées d'un seul verre pour chaque oeil. Voyez Besicles. L'invention de ces lunettes est de la fin du xiij. siecle; on l'a attribuée sans preuve suffisante au moine Roger Bacon. On peut voir sur ce sujet le traité d'optique de M. Senith, & l'histoire des Mathématiques de M. de Montucla, tome I. page 424. Dans cette même histoire on prouve (voyez la page 433. & les additions) que l'inventeur de ces lunettes est probablement un florentin nommé Salvino de Gl'armati, mort en 1317, & dont l'épitaphe qui se lisoit autrefois dans la cathédrale de Florence, lui attribue expressément cette invention. Alexandre Despina, de l'ordre des freres Prêcheurs, mort en 1313 à Pise, avoit aussi découvert ce secret, comme on le voit par ce passage rapporté dans une chronique manuscrite; ocularia ab aliquo primo facta, & communicare nolente, ipse fecit & communicavit.

Il est très - singulier que les anciens qui connoissoient les effets de la résraction, puisqu'ils se servoient de spheres de verre pour brûler (voyez Ardent), n'ayent pas connu l'effet des verres lenticulaires pour grossir. Il est même très - singulier que le hasard seul ne leur ait pas fait connoître cette propriété; mais il l'est encore davantage qu'entre l'invention des lunettes simples, qui est d'environ 1300 (car il y a des preuves qu'elles étoient connues dès 1299), & l'invention des lunettes à plusieurs verres, ou lunettes d'approche, il se soit écoulé 300 ans; car l'invention de ces dernieres est du commencement du xvij. siecle. Voyez l'article Télescope, où nous détaillerons les propriétés de ces sortes de lunettes.

Il y a des lunettes à mettre sur le nez, qu'on appelle des conserves; mais elles ne méritent véritablement ce nom, que lorsqu'elles sont formées de verres absolument plans, dont la propriété se borneroit à affoiblir un peu la lumiere sans changer rien d'ailleurs à la disposition des rayons. Dans ce cas. ils pourroient servir à une vûe qui seroit bonne d'ailleurs, c'est - à - dire, ni myope ni presbyte, mais qui auroit seulement le défaut d'être blessée par une lumiere trop vive. Ainsi les lunettes qu'on appelle conserves, ne méritent donc point ce nom, parce qu'elles sont presque toûjours formées de verres convexes, qui servent à remédier à un défaut réel de la vûe; défaut qui consiste à ne pas voir distinctement les objets trop proches & trop petits; ce défaut augmente à mesure qu'on avance en âge.

Les grandes lunettes d'approche s'appellent plus particulierement télescopes: elles sont formées de plusieurs verres convexes; les petites lunettes d'approche, qu'on appelle aussi lorgnettes d'opéra, sont composées de deux verres, un objectif convexe, & un oculaire concave. Voyez Objectif, Oculaire, & Télescope.

Nous avons parlé au mot Foyer, des variations que M. Bouguer a observées dans le foyer des grandes

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