ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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combien il s'est ensorcé, on pourra déterminer la
longueur des autres en les faisant un peu plus longs,
se pouvant rencontrer des endroits où le terrein résiste
moins & ne les empêche point d'entrer plus
avant. Palladio conseille de leur donner de longueur
la huitieme partie de la hauteur des murs qui doivent
être élevés dessus; lorsque la longueur est déterminée,
on en peut proportionner la grosseur en leur
donnant, suivant le même auteur, environ la douzieme
partie de leur longueur, lorsqu'ils ne passent
pas douze piés, mais seulement douze ou quatorze
lorsqu'ils vont jusqu'à dix huit ou vingt piés; & cela
pour éviter une dépense inutile de pieces de bois
d'un gros calibre.
Comme ces pilots ont ordinairement une de leurs
extrémités faite en pointe de diamant, dont la longueur
doit être depuis une fois & demie de leur diametre
jusqu'à deux fois, il faut avoir soin de ne pas
leur donner plus ni moins; car lorsqu'elles ont plus,
elles deviennent trop soibles & s'émoussent lorsqu'elles trouvent des parties dures; & lorsqu'elles
sont trop courtes, il est très - difficile de les faire entrer.
Quand le terrein dans lequel on les enfonce ne
résiste pas beaucoup, on se contente seulement, selon
Palladio, de brûler la pointe pour la durcir, & quelquefois
aussi la tête, afin que les coups du mouton ne
l'éclatent point; mais s'il se trouve dans le terrein
des pierres, cailloux ou autres choses qui résistent &
qui en émoussent la pointe, on la garnit alors d'un
sabot ou lardoir A, fig. 43, espece d'armature de
fer (fig. 44.) faisant la pointe, retenue & attachée
au pilot par trois ou quatre branches. L'on peut
encore en armer la tête B d'une virole de fer qu'on
appelle frette, pour l'empêcher de s'éclater, & l'on
proportionne la distance des pilots à la quantité que
l'on croit avoir besoin pour rendre les fondemens
solides. Mais il ne faut pas les approcher l'un de
l'autre, ajoute encore Palladio, de plus d'un diametre,
afin qu'il puisse rester assez de terre pour les
entretenir.
Lorsque l'on veut placer des pilots de bordage ou
de garde A, fig. 45, entrelacés de palplanches B le
long des fondemens, on fait à chacun d'eux, après
les avoir équarris, deux rainures C opposées l'une à
l'autre de deux pouces de profondeur sur toure leur
longueur, pour y enfoncer entre deux des palplanches
B qui s'y introduisent à coulisse, & dont l'épaisseur
differe selon la longueur: par exemple, si
elles ont six piés, elles doivent avoir trois pouces
d'épaisseur; si elles en ont douze, qui est la plus grande
longueur qu'elles puissent avoir, on leur donne
quatre pouces d'épaisseur, & cette épaisseur doit
déterminer la largeur des rainures C sur les pilots,
en observant de leur donner jusqu'aux environs d'un
pouce de jeu, afin qu'elles y puissent entrer plus facilement.
Pour joindre les palplanches avec les pilots, on
enfonce d'abord deux pilots perpendiculairement
dans la terre, distant l'un de l'autre de la largeur des
palplanches, qui est ordinairement de douze à quinze
pouces, en les plaçant de maniere que deux rainures
se trouvent l'une vis - à - vis de l'autre. Après cela
on enfonce au refus du mouton une palplanche entre
les deux, & on la fait entrer à force entre les
deux rainures; ensuite on pose à la même distance
un pilot, & on enfonce comme auparavant une autre
palplanche, & on continue ainsi de suite à battre
alternativement un pilot & une palplanche. Si le
terrein résistoit à leur pointe, on pourroit les armer
comme les pilots, d'un sabot de fer par un bout,
& d'une frette par l'autre.
On peut encore fonder sur pilotis, en commençant
d'abord par enfoncer le long des fondemens,
au refus du mouton, des rangées de pilots (fig. 46.)
éloignés les uns des autres d'environ un pié ou deux,
plus ou moins, disposés en échiquier; en observant
toujours de placer les plus forts & les plus longs dans
les angles, ayant beaucoup plus besoin de solidité
qu'ailleurs pour retenir la maçonnerie: ensuite on
récépera tous les pilots au même niveau, sur lesquels
on posera un grillage de charpente A, comme cidevant,
de maniere qu'il se trouve un pilot sous
chaque croisée, pour l'arrêter dessus avec une cheville
à tête perdue (fig. 47.), après quoi on pourra
enfoncer des pilots de remplage & élever ensuite les
fondemens à l'ordinaire: cette maniere est très bonne
& très - solide.
Quoiqu'il arrive très - souvent que l'on emploie
les pilots pour affermir un mauvais terrein, cependant
il se trouve des circonstances où on ne peut
les employer, sans courir un risque évident. Si l'on
fondoit, par exemple, dans un terrein aquatique,
sur un sable mouvant, &c. alors les pilots seroient
non - seulement très - nuisibles, mais encore éventeroient les sources, & fourniroient une quantité prodigieuse
d'eau qui rendroit alors le terrein beaucoup
plus mauvais qu'auparavant: d'ailleurs on voit tous
les jours que ces pilots ayant été enfoncés au refus
du mouton avec autant de difficulté que dans un
bon terrein, sortent de terre quelques heures après,
ou le lendemain, l'eau des sources les ayant repoussés,
en faisant effort pour sortir; de maniere que
l'on a renoncé à les employer à cet usage.
Si l'on entreprenoit de rapporter toutes les manieres
de fonder, toutes les différentes qualités de
terreins, & toutes les différentes circonstances où
l'on se trouve, on ne finiroit jamais. Ce que l'on
vient de voir est presque suffisant pour que l'on puisse
de soi - même, avec un peu d'intelligence & de
pratique, faire un choix judicieux des différens
moyens dont on peut se servir, & suppléer aux inconvéniens
qui surviennent ordinairement dans le
cours des ouvrages.
Des outils dont se servent les carriers pour tirer la
pierre des carrieres. La fig. 48 est une pince de fer
quarré, arrondi par un bout A, & aminci par l'autre
B, d'environ six à sept piés de long, sur deux
pouces & demi de grosseur, servant de levier.
La fig. 49 est une semblable pince, mais de deux
pouces de grosseur sur quatre à cinq piés de long,
employée aux mêmes usages.
La fig. 50 est un rouleau qui se place dessous les
pierres ou toute espece de fardeau, pour les transporter,
& que l'on fait rouler avec des leviers, fig.
158 & 159, dont les bouts A entrent dans les trous
B du rouleau, fig. 50, ne pouvant rouler d'eux - mêmes,
à cause du grand fardeau qui pese dessus.
La fig. 51 est aussi un rouleau de bois, mais sans
trous, & qui pouvant rouler seul en poussant le fardeau,
n'a pas besoin d'être tourné avec des leviers,
comme le précédent.
Les fig. 52 & 53 sont des instrumens de fer, appellés
esses, qui ont depuis dix jusqu'à treize & quatorze
pouces de long, sur quinze à vingt lignes de
grosseur, ayant par chaque bout une pointe camuse
aciérée; le manche a depuis quatre jusqu'à huit
piés de long. Ces esies servent à souchever entre
les lits des pierres pour les dégrader.
La fig. 54. est la même esse vûe du côté de l'oeil.
Les fig. 55 & 57 sont des masses de fer quarrées,
appellées mails, qui ont depuis trois jusqu'à quatre
pouces & demi de grosseur, sur neuf à quatorze
pouces de long, avec un manche d'environ deux
piés à deux piés & demi de longueur, fort menu &
élastique, pour donner plus de coup à la masse. Ils
servent à enfoncer les coins, fig. 62 & 63, dans les
filieres (r) des pierres, ou les entailles que l'on y a
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faites avec le marteau, fig. 61, pour les rompre.
Les fig. 56 & 58 sont les mêmes mails vûs du côté
de l'oeil.
La fig. 59 est un instrument appellé tire - terre,
fait à - peu - près comme une pioche, dont le manche
differe, comme celui des esses, fig. 52 & 53. Il sert
à tirer la terre que l'on a souchevée avec ces mêmes
esses entre les lits des pierres; ce qui lui a donné
le nom.
La fig. 60 est le même tire - terre vû du côté de
l'oeil.
Les fig. 62 & 63 sont deux coins de fer, depuis
vingt lignes jusqu'à trois pouces de grosseur, & depuis
neuf pouces jusqu'à un pié de long, amincis par
un bout pour placer dans des filieres ou entailles
faites dans les pierres pour les séparer.
La fig. 64 est un cric composé d'une barre de fer
plat, enfermé dans l'intérieur d'un morceau de bois,
ayant des dents sur sa longueur, & mû en montant
& en descendant, par un pignon arrêté à demeure
sur la manivelle A; ce qui fait qu'en tournant
cette manivelle, & qu'en posant le croc B du cric
sous un fardeau, on peut l'élever à la hauteur que
l'on juge à propos.
La fig. 65 est une espece de plateau appellé baquet, suspendu sur des cordages A, & ensuite à l'esse
B, qui répond au treuil du singe, fig. 26, qui sert à
monter les moilons que l'on arrange dessus.
Des outils dont se servent les maçons & tailleurs de
pierre dans les bâtimens. La fig. 66 est une regle de
bois plate, de six piés de long, qui sert aux maçons
pour tirer des lignes sur des planchers, murs, &c.
Il s'en trouve de cette espece jusqu'à douze piés de
long.
La fig. 67 est aussi une regle de bois de six piés
de long, mais quarrée, qui se place dans les embrasures
(s) des portes & croisées, pour en former
la feuilleure.
La fig. 68 est une regle de bois de quatre piés de
long, quarrée comme la derniere, & servant aux
mêmes usages. Ces trois especes de regles se posent
souvent & indifféremment à des surfaces sur lesquelles
on pose les deux piés A du niveau, fig.
75, afin d'embrasser un plus long espace, & par là
prendre un niveau plus juste.
La fig. 69 est une équerre de fer mince, depuis
dix - huit pouces jusqu'à trois piés de longueur chaque
branche, à l'usage des tailleurs de pierre.
La fig. 70 est un instrument de bois appellé fausse - équerre, sauterelle ou beuveau droit, fait pour prendre
des ouvertures d'angle.
La fig. 71 est un instrument aussi de bois, appellé
beuveau concave, fait pour prendre des angles
mixtes.
La fig. 72 est encore un instrument appellé beuveau convexe, fait aussi pour prendre des angles
mixtes. Ces trois instrumens se font depuis un pié
jusqu'à deux piés de longueur chaque branche, &
la longueur à proportion. Ils peuvent s'ouvrir & se
fermer tout - à - fait par le moyen des charnieres A
& des doubles branches B.
La fig. 73 est une fausse - équerre ou grand compas,
qui sert à prendre des ouvertures d'angles &
des espaces, & que les appareilleurs portent souvent
avec eux pour appareiller les pierres.
La fig. 74 est un petit compas à l'usage des tailleurs
de pierre.
La fig. 75 est un instrument appellé niveau, qui
avec le secours d'une grande regle, pour opérer
(r) Des filieres sont des especes de joints qui se trouvent naturellement
entre les pierres dans les carrieres.
(s) Une embrasure est l'intervalle d'une porte ou d'une croisée,
entre la superficie extérieure du mur & la superficie intérieure.
plus juste, sert à poser les pierres de niveau, à mesure
que les murs s'élevent.
La fig. 76 est aussi un niveau, mais d'une autre
espece.
La fig. 77 est une regle d'appareilleur, ordinairement
de quatre piés de long, sur laquelle les piés &
les pouces sont marqués, & que les appareilleurs
portent toujours avec eux dans les bâtimens.
La fig. 78 est un coin de fer d'environ deux ou
trois pouces de grosseur, & depuis huit jusqu'à douze
pouces de long, pour fendre les pierres, & les
débiter.
La fig. 79 est une masse de fer appellée grosse masse, d'environ deux à trois pouces de grosseur, sur
dix à quatorze pouces de long, & qui avec le secours
du coin, comme nous l'avons vû ci devant,
sert à fendre & débiter les pierres.
La fig. 80 est le même mail vû du côté de l'oeil.
La fig. 81 est une autre masse de fer plus petite
que la précédente, appellée petite masse, d'environ
dix - huit lignes ou deux pouces de grosseur, sur six
à huit pouces de long, qui avec la pointe ou poinçon,
fig. 110, sert à faire des trous dans la pierre.
La fig. 82 est la même masse vûe du côté de l'oeil.
La fig. 83 & 85 sont des marteaux appellés têtus,
à l'usage des tailleurs de pierre, lorsqu'ils ont des
masses de pierre à rompre. Ces especes de marteaux
ont depuis deux jusqu'à trois pouces de gros, &
depuis neuf pouces jusqu'à un pié de long, & les
deux bouts en sont creusés en forme d'un V.
Les fig. 84 & 86 sont les mêmes têtus vûs du côté
de l'oeil.
La fig. 87 est aussi un têtu, mais plus petit & plus
long, & dont un côté est fait en pointe, à l'usage
des maçons pour démolir.
La fig. 88 est le même vu du côté de l'oeil.
La fig. 89 est un marteau à deux pointes, dont
se servent les tailleurs de pierre pour dégrossir les
pierres dures, les piquer & les rustiquer.
La fig. 90 est le même marteau vu du coté de l'oeil.
La fig. 91 est un marteau à pointe du côté A, servant
aux mêmes usages que le précédent, & de l'autre
B, aminci en forme de coin, avec un tranchant
taillé de dents qu'on appelle bretelures; ce côté
sert pour brételer les pierres dures ou tendres lorsqu'elles ont été dégrossies avec la pointe A du même
marteau, ou celle A du marteau fig. 95.
La fig. 92 est le même vu du côté de l'oeil.
La fig. 93 est un marteau dont le côté brételé B
sert aux mêmes usages que le précédent, & l'autre
côté appellé hache, sert pour hacher les pierres &
les finir lorsqu'elles ont été brételées. Ce côté A est
fait comme le côté B, excepté qu'il n'y a point de
brételures.
La fig. 94 est le même vu du côté de l'oeil.
La fig. 95 est un marteau dont le côté B sans brételure
est appellé hache; & l'autre aussi appellé hache, mais plus petite, est fait pour dégrossir les pierres
tendres.
La fig. 96 est le même vu du côté de l'oeil.
La fig. 97 est un marteau dont les deux côtés
sont faits pour tailler & dégrossir la pierre tendre.
La fig. 98 est le même vu du côté de l'oeil.
La fig. 99 est un ciseau large, mince & aciéré par
un bout, qui, avec le secours du maillet, fig. 111,
sert à tailler les pierres & à les équarrir.
La fig. 100 est un marteau à l'usage des maçons,
dont un côté est quarré & l'autre est fait en hache,
pour démolir les cloisons ou murs faits en plâtre.
La fig. 101 est le même vu du côté de l'oeil.
La fig. 102 est un marteau à deux pointes aussi à
l'usage des maçons, pour démolir toutes especes de
murs en plâtre, moilon ou pierre.
La fig. 103 est le même vu du côté de l'oeil.
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