ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"833"> combien il s'est ensorcé, on pourra déterminer la longueur des autres en les faisant un peu plus longs, se pouvant rencontrer des endroits où le terrein résiste moins & ne les empêche point d'entrer plus avant. Palladio conseille de leur donner de longueur la huitieme partie de la hauteur des murs qui doivent être élevés dessus; lorsque la longueur est déterminée, on en peut proportionner la grosseur en leur donnant, suivant le même auteur, environ la douzieme partie de leur longueur, lorsqu'ils ne passent pas douze piés, mais seulement douze ou quatorze lorsqu'ils vont jusqu'à dix huit ou vingt piés; & cela pour éviter une dépense inutile de pieces de bois d'un gros calibre.

Comme ces pilots ont ordinairement une de leurs extrémités faite en pointe de diamant, dont la longueur doit être depuis une fois & demie de leur diametre jusqu'à deux fois, il faut avoir soin de ne pas leur donner plus ni moins; car lorsqu'elles ont plus, elles deviennent trop soibles & s'émoussent lorsqu'elles trouvent des parties dures; & lorsqu'elles sont trop courtes, il est très - difficile de les faire entrer. Quand le terrein dans lequel on les enfonce ne résiste pas beaucoup, on se contente seulement, selon Palladio, de brûler la pointe pour la durcir, & quelquefois aussi la tête, afin que les coups du mouton ne l'éclatent point; mais s'il se trouve dans le terrein des pierres, cailloux ou autres choses qui résistent & qui en émoussent la pointe, on la garnit alors d'un sabot ou lardoir A, fig. 43, espece d'armature de fer (fig. 44.) faisant la pointe, retenue & attachée au pilot par trois ou quatre branches. L'on peut encore en armer la tête B d'une virole de fer qu'on appelle frette, pour l'empêcher de s'éclater, & l'on proportionne la distance des pilots à la quantité que l'on croit avoir besoin pour rendre les fondemens solides. Mais il ne faut pas les approcher l'un de l'autre, ajoute encore Palladio, de plus d'un diametre, afin qu'il puisse rester assez de terre pour les entretenir.

Lorsque l'on veut placer des pilots de bordage ou de garde A, fig. 45, entrelacés de palplanches B le long des fondemens, on fait à chacun d'eux, après les avoir équarris, deux rainures C opposées l'une à l'autre de deux pouces de profondeur sur toure leur longueur, pour y enfoncer entre deux des palplanches B qui s'y introduisent à coulisse, & dont l'épaisseur differe selon la longueur: par exemple, si elles ont six piés, elles doivent avoir trois pouces d'épaisseur; si elles en ont douze, qui est la plus grande longueur qu'elles puissent avoir, on leur donne quatre pouces d'épaisseur, & cette épaisseur doit déterminer la largeur des rainures C sur les pilots, en observant de leur donner jusqu'aux environs d'un pouce de jeu, afin qu'elles y puissent entrer plus facilement.

Pour joindre les palplanches avec les pilots, on enfonce d'abord deux pilots perpendiculairement dans la terre, distant l'un de l'autre de la largeur des palplanches, qui est ordinairement de douze à quinze pouces, en les plaçant de maniere que deux rainures se trouvent l'une vis - à - vis de l'autre. Après cela on enfonce au refus du mouton une palplanche entre les deux, & on la fait entrer à force entre les deux rainures; ensuite on pose à la même distance un pilot, & on enfonce comme auparavant une autre palplanche, & on continue ainsi de suite à battre alternativement un pilot & une palplanche. Si le terrein résistoit à leur pointe, on pourroit les armer comme les pilots, d'un sabot de fer par un bout, & d'une frette par l'autre.

On peut encore fonder sur pilotis, en commençant d'abord par enfoncer le long des fondemens, au refus du mouton, des rangées de pilots (fig. 46.) éloignés les uns des autres d'environ un pié ou deux, plus ou moins, disposés en échiquier; en observant toujours de placer les plus forts & les plus longs dans les angles, ayant beaucoup plus besoin de solidité qu'ailleurs pour retenir la maçonnerie: ensuite on récépera tous les pilots au même niveau, sur lesquels on posera un grillage de charpente A, comme cidevant, de maniere qu'il se trouve un pilot sous chaque croisée, pour l'arrêter dessus avec une cheville à tête perdue (fig. 47.), après quoi on pourra enfoncer des pilots de remplage & élever ensuite les fondemens à l'ordinaire: cette maniere est très bonne & très - solide.

Quoiqu'il arrive très - souvent que l'on emploie les pilots pour affermir un mauvais terrein, cependant il se trouve des circonstances où on ne peut les employer, sans courir un risque évident. Si l'on fondoit, par exemple, dans un terrein aquatique, sur un sable mouvant, &c. alors les pilots seroient non - seulement très - nuisibles, mais encore éventeroient les sources, & fourniroient une quantité prodigieuse d'eau qui rendroit alors le terrein beaucoup plus mauvais qu'auparavant: d'ailleurs on voit tous les jours que ces pilots ayant été enfoncés au refus du mouton avec autant de difficulté que dans un bon terrein, sortent de terre quelques heures après, ou le lendemain, l'eau des sources les ayant repoussés, en faisant effort pour sortir; de maniere que l'on a renoncé à les employer à cet usage.

Si l'on entreprenoit de rapporter toutes les manieres de fonder, toutes les différentes qualités de terreins, & toutes les différentes circonstances où l'on se trouve, on ne finiroit jamais. Ce que l'on vient de voir est presque suffisant pour que l'on puisse de soi - même, avec un peu d'intelligence & de pratique, faire un choix judicieux des différens moyens dont on peut se servir, & suppléer aux inconvéniens qui surviennent ordinairement dans le cours des ouvrages.

Des outils dont se servent les carriers pour tirer la pierre des carrieres. La fig. 48 est une pince de fer quarré, arrondi par un bout A, & aminci par l'autre B, d'environ six à sept piés de long, sur deux pouces & demi de grosseur, servant de levier.

La fig. 49 est une semblable pince, mais de deux pouces de grosseur sur quatre à cinq piés de long, employée aux mêmes usages.

La fig. 50 est un rouleau qui se place dessous les pierres ou toute espece de fardeau, pour les transporter, & que l'on fait rouler avec des leviers, fig. 158 & 159, dont les bouts A entrent dans les trous B du rouleau, fig. 50, ne pouvant rouler d'eux - mêmes, à cause du grand fardeau qui pese dessus.

La fig. 51 est aussi un rouleau de bois, mais sans trous, & qui pouvant rouler seul en poussant le fardeau, n'a pas besoin d'être tourné avec des leviers, comme le précédent.

Les fig. 52 & 53 sont des instrumens de fer, appellés esses, qui ont depuis dix jusqu'à treize & quatorze pouces de long, sur quinze à vingt lignes de grosseur, ayant par chaque bout une pointe camuse aciérée; le manche a depuis quatre jusqu'à huit piés de long. Ces esies servent à souchever entre les lits des pierres pour les dégrader.

La fig. 54. est la même esse vûe du côté de l'oeil.

Les fig. 55 & 57 sont des masses de fer quarrées, appellées mails, qui ont depuis trois jusqu'à quatre pouces & demi de grosseur, sur neuf à quatorze pouces de long, avec un manche d'environ deux piés à deux piés & demi de longueur, fort menu & élastique, pour donner plus de coup à la masse. Ils servent à enfoncer les coins, fig. 62 & 63, dans les filieres (r) des pierres, ou les entailles que l'on y a [p. 834] faites avec le marteau, fig. 61, pour les rompre.

Les fig. 56 & 58 sont les mêmes mails vûs du côté de l'oeil.

La fig. 59 est un instrument appellé tire - terre, fait à - peu - près comme une pioche, dont le manche differe, comme celui des esses, fig. 52 & 53. Il sert à tirer la terre que l'on a souchevée avec ces mêmes esses entre les lits des pierres; ce qui lui a donné le nom.

La fig. 60 est le même tire - terre vû du côté de l'oeil.

Les fig. 62 & 63 sont deux coins de fer, depuis vingt lignes jusqu'à trois pouces de grosseur, & depuis neuf pouces jusqu'à un pié de long, amincis par un bout pour placer dans des filieres ou entailles faites dans les pierres pour les séparer.

La fig. 64 est un cric composé d'une barre de fer plat, enfermé dans l'intérieur d'un morceau de bois, ayant des dents sur sa longueur, & mû en montant & en descendant, par un pignon arrêté à demeure sur la manivelle A; ce qui fait qu'en tournant cette manivelle, & qu'en posant le croc B du cric sous un fardeau, on peut l'élever à la hauteur que l'on juge à propos.

La fig. 65 est une espece de plateau appellé baquet, suspendu sur des cordages A, & ensuite à l'esse B, qui répond au treuil du singe, fig. 26, qui sert à monter les moilons que l'on arrange dessus.

Des outils dont se servent les maçons & tailleurs de pierre dans les bâtimens. La fig. 66 est une regle de bois plate, de six piés de long, qui sert aux maçons pour tirer des lignes sur des planchers, murs, &c. Il s'en trouve de cette espece jusqu'à douze piés de long.

La fig. 67 est aussi une regle de bois de six piés de long, mais quarrée, qui se place dans les embrasures (s) des portes & croisées, pour en former la feuilleure.

La fig. 68 est une regle de bois de quatre piés de long, quarrée comme la derniere, & servant aux mêmes usages. Ces trois especes de regles se posent souvent & indifféremment à des surfaces sur lesquelles on pose les deux piés A du niveau, fig. 75, afin d'embrasser un plus long espace, & par là prendre un niveau plus juste.

La fig. 69 est une équerre de fer mince, depuis dix - huit pouces jusqu'à trois piés de longueur chaque branche, à l'usage des tailleurs de pierre.

La fig. 70 est un instrument de bois appellé fausse - équerre, sauterelle ou beuveau droit, fait pour prendre des ouvertures d'angle.

La fig. 71 est un instrument aussi de bois, appellé beuveau concave, fait pour prendre des angles mixtes.

La fig. 72 est encore un instrument appellé beuveau convexe, fait aussi pour prendre des angles mixtes. Ces trois instrumens se font depuis un pié jusqu'à deux piés de longueur chaque branche, & la longueur à proportion. Ils peuvent s'ouvrir & se fermer tout - à - fait par le moyen des charnieres A & des doubles branches B.

La fig. 73 est une fausse - équerre ou grand compas, qui sert à prendre des ouvertures d'angles & des espaces, & que les appareilleurs portent souvent avec eux pour appareiller les pierres.

La fig. 74 est un petit compas à l'usage des tailleurs de pierre.

La fig. 75 est un instrument appellé niveau, qui avec le secours d'une grande regle, pour opérer

(r) Des filieres sont des especes de joints qui se trouvent naturellement entre les pierres dans les carrieres. (s) Une embrasure est l'intervalle d'une porte ou d'une croisée, entre la superficie extérieure du mur & la superficie intérieure.

plus juste, sert à poser les pierres de niveau, à mesure que les murs s'élevent.

La fig. 76 est aussi un niveau, mais d'une autre espece.

La fig. 77 est une regle d'appareilleur, ordinairement de quatre piés de long, sur laquelle les piés & les pouces sont marqués, & que les appareilleurs portent toujours avec eux dans les bâtimens.

La fig. 78 est un coin de fer d'environ deux ou trois pouces de grosseur, & depuis huit jusqu'à douze pouces de long, pour fendre les pierres, & les débiter.

La fig. 79 est une masse de fer appellée grosse masse, d'environ deux à trois pouces de grosseur, sur dix à quatorze pouces de long, & qui avec le secours du coin, comme nous l'avons vû ci devant, sert à fendre & débiter les pierres.

La fig. 80 est le même mail vû du côté de l'oeil.

La fig. 81 est une autre masse de fer plus petite que la précédente, appellée petite masse, d'environ dix - huit lignes ou deux pouces de grosseur, sur six à huit pouces de long, qui avec la pointe ou poinçon, fig. 110, sert à faire des trous dans la pierre.

La fig. 82 est la même masse vûe du côté de l'oeil.

La fig. 83 & 85 sont des marteaux appellés têtus, à l'usage des tailleurs de pierre, lorsqu'ils ont des masses de pierre à rompre. Ces especes de marteaux ont depuis deux jusqu'à trois pouces de gros, & depuis neuf pouces jusqu'à un pié de long, & les deux bouts en sont creusés en forme d'un V.

Les fig. 84 & 86 sont les mêmes têtus vûs du côté de l'oeil.

La fig. 87 est aussi un têtu, mais plus petit & plus long, & dont un côté est fait en pointe, à l'usage des maçons pour démolir.

La fig. 88 est le même vu du côté de l'oeil.

La fig. 89 est un marteau à deux pointes, dont se servent les tailleurs de pierre pour dégrossir les pierres dures, les piquer & les rustiquer.

La fig. 90 est le même marteau vu du coté de l'oeil.

La fig. 91 est un marteau à pointe du côté A, servant aux mêmes usages que le précédent, & de l'autre B, aminci en forme de coin, avec un tranchant taillé de dents qu'on appelle bretelures; ce côté sert pour brételer les pierres dures ou tendres lorsqu'elles ont été dégrossies avec la pointe A du même marteau, ou celle A du marteau fig. 95.

La fig. 92 est le même vu du côté de l'oeil.

La fig. 93 est un marteau dont le côté brételé B sert aux mêmes usages que le précédent, & l'autre côté appellé hache, sert pour hacher les pierres & les finir lorsqu'elles ont été brételées. Ce côté A est fait comme le côté B, excepté qu'il n'y a point de brételures.

La fig. 94 est le même vu du côté de l'oeil.

La fig. 95 est un marteau dont le côté B sans brételure est appellé hache; & l'autre aussi appellé hache, mais plus petite, est fait pour dégrossir les pierres tendres.

La fig. 96 est le même vu du côté de l'oeil.

La fig. 97 est un marteau dont les deux côtés sont faits pour tailler & dégrossir la pierre tendre.

La fig. 98 est le même vu du côté de l'oeil.

La fig. 99 est un ciseau large, mince & aciéré par un bout, qui, avec le secours du maillet, fig. 111, sert à tailler les pierres & à les équarrir.

La fig. 100 est un marteau à l'usage des maçons, dont un côté est quarré & l'autre est fait en hache, pour démolir les cloisons ou murs faits en plâtre.

La fig. 101 est le même vu du côté de l'oeil.

La fig. 102 est un marteau à deux pointes aussi à l'usage des maçons, pour démolir toutes especes de murs en plâtre, moilon ou pierre.

La fig. 103 est le même vu du côté de l'oeil.

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