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Il est cependant beaucoup mieux, disent quelques-uns, d'employer la pierre, ou le libage, s'il est possible, sur - tout pour les murs de face, de refend ou de pignons; & faire, si l'on veut, les remplissages en moilon à bain de mortier, lorsque le roc est d'inégale hauteur dans toute l'étendue du bâtiment.
On peut encore par économie, ou autrement,
lorsque les fondations ont beaucoup de hauteur,
pratiquer des arcades B,
Des fondemens sur la glaise. Quoique la glaise ait
l'avantage de retenir les sources au - dessus & au - dessous d'elle, de sorte qu'on n'en est point incommodé
pendant la bâtisse, cependant elle est sujette à de
très - grands inconvéniens. Il faut éviter, autant qu'il
est possible, de fonder dessus, & prendre le parti
de l'enlever, à moins que son banc ne se trouvât
d'une épaisseur si considérable, qu'il ne fût pas possible
de l'enlever sans beaucoup de dépense; & qu'il
ne se trouvât dessous un terrein encore plus mauvais,
qui obligeroit d'employer des pieux d'une longueur
trop considérable pour atteindre le bon fonds; alors
il faut tourmenter la glaise le moins qu'il est possible,
raison pour laquelle on ne peut se servir de pilotis;
(q) l'expérience ayant appris qu'en enfonçant un
pilot,
(q) Pilotis est un assemblage de pilots fichés près à - près dans la terre.
Lorsqu'il s'agit d'un bâtiment de peu d'importance, on se contente quelquefois de poser les premieres assises sur un terrain ferme, & lié par des racines & des herbes qui en occupent la totalité, & qui se trouvent ordinairement de trois ou quatre piés d'épaisseur posés sur la glaise.
Des fondemens sur le sable. Le sable se divise en deux especes; l'une qu'on appelle sable ferme, est sans difficulté le meilleur, & celui sur lequel on peut fonder solidement & avec facilité; l'autre qu'on appelle sable bouillant, est celui sur lequel on ne peut fonder sans prendre les précautions suivantes.
On commence d'abord par tracer les alignemens sur le terrain, amasser près de l'endroit où l'on veut bâtir, les matériaux nécessaires à la construction, & ne fouiller de terre que pour ce que l'on peut faire de maçonnerie pendant un jour; poser ensuite sur le fond, le plus diligemment qu'il est possible, une assise de gros libages, ou de pierres plates, sur laquelle on en pose une autre en liaison, & à joint recouvert avec de bon mortier; sur cette derniere on en pose une troisieme de la même maniere, & ainsi de suite, le plus promptement que l'on peut, afin d'empêcher les sources d'inonder le travail, comme cela arrive ordinairement. Si l'on voyoit quelquefois les premieres assises flotter & paroître ne pas prendre une bonne consistance, il ne faudroit pas s'épouvanter, ni craindre pour la solidité de la maçonnerie, mais au contraire continuer sans s'inquiéter de ce qui arrivera; & quelque tems après on s'appercevra que la maçonnerie s'affermira comme si elle avoit été placée sur un terrein bien solide. On peut ensuite élever les murs, sans craindre jamais que les fondemens s'affaissent davantage. Il faut sur tout faire attention de ne pas creuser autour de la maçonnerie, de peur de donner de l'air à quelques sources, & d'y attirer l'eau, qui pourroit faire beaucoup de tort aux fondemens. Cette maniere de fonder est d'un grand usage en Flandre, principalement pour les fortifications.
Il se trouve à Bethune, à Arras, & en quelques autres endroits aux environs, un terrein tourbeux, qu'il est nécessaire de connoître pour y fonder solidement. Dès que l'on creuse un peu dans ce terrein, il en sort une quantité d'eau si prodigieuse, qu'il est impossible d'y fonder sans qu'il en coute beaucoup pour les épuisemens. Après avoir employé une infinité de moyens, on a enfin trouvé que le plus court & le meilleur étoit de creuser le moins qu'il est possible, & de poser hardiment les fondations, employant les meilleurs matériaux que l'on peut trouver. Cette maçonnerie ainsi faite, s'affermit de plus en plus, sans être sujette à aucun danger. Lorsque l'on se trouve dans de semblables terreins que l'on ne connoît pas, il faut les sonder un peu eloignés de l'endroit où l'on veut bâtir, afin que si l'on venoit à sonder trop avant, & qu'il en sortît une source d'eau, elle ne pût incommoder pendant les ouvrages. Si quelquefois on employoit la maçonnerie de pierrée, dit M. Belidor, ce devroit être principalement dans ce cas; car étant d'une prompte exécution, & toutes ses parties faisant une bonne liaison, sur - tout lorsqu'elle est faite avec de la pozzolanne, de la cendrée de Tournay, ou de la terrasse de Hollande, elle fait un massif, ou une espece de banc, qui ayant reçu deux piés ou deux piés & demi d'épaisseur, est si solide, que l'on peut fonder dessus avec confiance. Cependant, lorsque l'on est obligé d'en faire usage, il faut donner plus d'empatement à la fondation, afin que comprenant plus de [p. 832]
On peut encore fonder d'une maniere différente de
ces dernieres, & qu'on appelle par coffre,
Lorsque l'on veut fonder dans l'eau, & qu'on ne peut faire des épuisemens, comme dans de grands lacs, bras de mer, &c. si c'est dans le fond de la mer, on profite du tems que la marée est basse, pour unir le terrain, planter les repaires, & faire les alignemens nécessaires. On doit comprendre pour cela non - seulement le terrain de la grandeur du bâtiment, mais encore beaucoup au - delà, afin qu'il y ait autour des murailles, une berme assez grande pour en assurer davantage le pié; on emplit ensuite une certaine quantité de bateaux, des matériaux nécessaires, & ayant choisi le tems le plus commode, on commence par jetter un lit de cailloux, de pierres, ou de moilons, tels qu'ils sortent de la carriere, sur lesquels on fait un autre lit de chaux, mêlé de pozzolanne, de cendrée de Tournay, ou de terrasse de Hollande. Il faut avoir soin de placer les plus grosses pierres sur les bords, & leur donner un talud de deux fois leur hauteur; ensuite on fait un second lit de moilon ou de cailloux que l'on couvre encore de chaux & de pozzolanne comme auparavant, & alternativement un lit de l'un & un lit de l'autre. Par la propriété de ces différentes poudres, il se forme aussi - tôt un mastic, qui rend cette maçonnerie indissoluble, & aussi solide que si elle avoit été faite avec beaucoup de précaution; car quoique la grandeur des eaux & les crues de la mer empêchent qu'on ne puisse travailler de suite, cependant on peut continuer par reprises, sans que cela fasse aucun tort aux ouvrages. Lorsque l'on aura élevé cette maçonnerie au - dessus des eaux, ou au rez - de - chaussée, on peut la laisser pendant quelques années à l'épreuve des inconvéniens de la mer, en la chargeant de tous les matériaux nécessaires à la construction de l'édifice, afin qu'en lui donnant tout le poids qu'elle pourra jamais porter, elle s'affaisse également & suffisamment par - tout. Lorsqu'au bout d'un tems on s'apperçoit qu'il n'est arrivé aucun accident considérable à ce massif, on peut placer un grillage de charpente,
On peut encore fonder dans l'eau d'une autre maniere
(
Des fondemens sur pilotis. Il arrive quelquefois
qu'un terrein ne se trouvant pas assez bon pour fonder
solidement, & que voulant creuser davantage,
on le trouve au contraire encore plus mauvais: alors
il est mieux de creuser le moins que l'on pourra, &
poser dessus un grillage de charpente A,
Mais lorsqu'il s'agit de donner encore plus de solidité au terrein, on enfonce diagonalement dans chacun des intervalles du grillage, un ou deux pilots D de remplage ou de compression sur toute l'étendue des fondations; & sur les bords du grillage, des pilots de cordage ou de garde E près - à - près, le long desquels on pose des palplanches pour empêcher le courant des eaux, s'il s'en trouvoit, de dégrader la maçonnerie. Palladio recommande expressément, lorsque l'on enfonce des pilots, de les frapper à petits coups redoublés, parce que, dit - il, en les chassant avec violence, ils pourroient ébranler le fond. On acheve ensuite de remplir de charbon, comme dit Vitruve, ou, ce qui vaut encore mieux, de cailloux ou de moilons à bain de mortier, les vuides que la tête des pilots a laissés: on arrase bien le tout, & on éleve dessus les fondemens.
Pour connoître la longueur des pilots, que Vitruve
conseille de faire en bois d'aune, d'olivier ou de
chêne, & que Palladio recommande sur - tout de faire
en chêne, il faut observer, avant que de piloter,
jusqu'à quelle profondeur le terrein fait une assez
grande résistance, & s'oppose fortement à la pointe
d'un pilot que l'on enfonce exprès. Ainsi sachant de
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