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Philibert Delorme conseille de faire la chaux avec les mêmes pierres avec lequelles on bâtit, parce que, dit - il, les sels volatils dont la chaux est dépourvue après sa cuisson, lui sont plus facilement rendus par des pierres qui en contiennent de semblables.
De la maniere à faire cuire la chaux. On se sert pour
cuire la chaux de bois ou de charbon de terre, mais
ce dernier est préférable, & vaut beaucoup mieux;
parce que non - seulement il rend la chaux beaucoup
plus grasse & plus onctueuse, mais elle est bien plutôt
cuite. La meilleure chaux, selon cet auteur, est
blanche, grasse, sonore, point éventée; en la
mouillant, rend une fumée abondante; & lorsqu'on
la détrempe, elle se lie fortement au rabot,
Il est bon de savoir que plus la chaux est vive, plus elle foisonne en l'éteignant, plus elle est grasse & onctueuse, & plus elle porte de sable.
Si la qualité de la pierre peut contribuer beaucoup à la bonté de la chaux, aussi la maniere de l'éteindre avant que de l'unir avec le sable ou le ciment, peut réparer les vices de la pierre, qui ne se rencontre pas également bonne par - tout où l'on veut bâtir.
De la maniere d'éteindre la chaux. L'usage ordinaire
d'éteindre la chaux en France, est d'avoir deux
bassins A & B,
La chaux ainsi éteinte, on la laissera refroidir quelques jours, après lesquels on pourra l'employer. Quelques - uns prétendent que c'est - là le moment de
Mais si on vouloit la conserver, il faudroit avoir soin de la couvrir de bon sable, d'environ un pié ou deux d'épaisseur. Alors elle pourroit se garder deux ou trois ans sans perdre sa qualité.
Il arrive quelquefois que l'on trouve dans la chaux éteinte des parties dures & pierreuses, qu'on appelle biscuits ou recuits, qui ne sont d'aucun usage, & qui pour cela sont mis à part pour en tenir compte au marchand. Ces biscuits ne sont autre chose que des pierres qui ont été mal cuites, le feu n'ayant pas été entretenu également dans le fourneau; c'est pour cela que Vitruve & Palladio prétendent que la chaux qui a demeuré deux ou trois ans dans le bassin, est beaucoup meilleure; & leur raison est que s'il se rencontre des morceaux qui ayent été moins cuits que les autres, ils ont eu le tems de s'éteindre & de se détremper comme les autres. Mais Palladio en excepte celle de Padoue, qu'il faut, dit - il, employer aussi - tôt après sa fusion: car si on la garde, elle se brûle & se consomme de maniere qu'elle devient entierement inutile.
La maniere que les anciens pratiquoient pour
éteindre la chaux, étoit de faire usage seulement
d'un bassin creusé dans la terre, comme seroit celui
B de la
Les endroits qui fournissent le plus communément de la chaux à Paris & aux environs, sont Boulogne, Senlis, Corbeil, Melun, la Chaussée près Marly, & quelques autres. Celle de Boulogne qui est faite d'une pierre un peu jaunâtre, est excellente & la meilleure. On employe à Mets & aux environs une chaux excellente qui ne se fuse point. Des gens qui n'en connoissoient pas la qualité, s'aviserent d'en fuser dans des trous bien couverts de sable. L'année suivante, ils la trouverent si dure, qu'il fallut la casser avec des coins de fer, & l'employer comme du moilon. Pour bien éteindre cette chaux, dit M. Belidor, il la faut couvrir de tout le sable qui doit entrer dans le mortier, l'asperger ensuite d'eau à différente reprise. Cette chaux s'éteint ainsi sans qu'il sorte de fumée au dehors, & fait de si bon mortier, que dans ce pays - là toutes les caves en sont faites sans aucun autre mélange que de gros gravier de riviere, & se change en un mastic si dur, que lorsqu'il a fait corps, les meilleurs outils ne peuvent l'entamer.
Comme il n'est point douteux que ce ne peut être que l'abondance des sels que contiennent de certaines pierres, qui les rendent plus propres que d'autres à faire de bonne chaux; il est donc possible par ce moyen d'en faire d'excellente dans les pays où elle a coutume d'être mauvaise, comme on le va voir. [p. 824]
Il faut d'abord commencer, comme nous l'avons
dit ci - dessus, par avoir deux bassins A & B,
Il faut encore remarquer que toutes les eaux ne sont pas propres à éteindre la chaux; celles de riviere & de source sont les plus convenables: celle de puits peut cependant être d'un bon usage, mais il ne faut pas s'en servir sans l'avoir laissé séjourner pendant quelque tems à l'air, pour lui ôter sa premiere fraîcheur qui ne manqueroit pas sans cela de resserrer les pores de la chaux, & de lui ôter son activité. Il faut sur - tout éviter de se servir d'eau bourbeuse & croupie, étant composée d'une infinité de corps étrangers capables de diminuer beaucoup les qualités de la chaux. Quelques uns prétendent que l'eau de la mer n'est pas propre à éteindre la chaux, ou l'est très - peu, parce qu'étant salée, le mortier fait de cette chaux seroit difficile à sécher. D'autres au contraire prétendent qu'elle contribue à faire de bonne chaux, pourvû que cette derniere soit forte & grasse, parce que les sels dont elle est composée, quoique de différente nature, concourent à la coagulation du mortier; au lieu qu'étant foible, ses sels détruisent ceux de la chaux comme leur étant inférieurs.
De la chaux selon ses façons. On appelle chaux vive celle qui bout dans le bassin lorsqu'on la détrempe.
Chaux éteinte ou fusée, celle qui est détrempée, & que l'on conserve dans le bassin. On appelle encore chaux fusée, celle qui n'ayant point été éteinte, est restée trop long - tems exposée à l'air, & dont les sels & les esprits se sont évaporés, & qui par conséquent n'est plus d'aucun usage.
Lait de chaux, ou laitance, celle qui a été détrempée claire, qui ressemble à du lait, & qui sert à blanchir les murs & plafonds.
La chaux se vend à Paris, au muid contenant douze septiers, le septier deux mines, & la mine deux minots, dont chacun contient un pié cube. On la mesure encore par futailles, dont chacune contient quatre piés cubes: il en faut douze pour un muid, dont six sont mesurés combles, & les autres rases.
Du sable. Le sable, du latin sabulum, est une matiere qui differe des pierres & des cailloux; c'est une espece de gravier de différente grosseur, âpre, raboteux & sonore. Il est encore diafane ou opaque, selon ses différentes qualités, les sels dont il est formé, & les différens terreins où il se trouve: il y en a de quatre especes; celui de terrein ou de cave, celui de riviere, celui de ravin, & celui de mer. Le sable de cave est ainsi appellé, parce qu'il se tire de la fouille des terres, lorsque l'on construit des fondations de bâtiment. Sa couleur est d'un brun noir. Jean Martin, dans sa traduction de Vitruve, l'appelle sable de fossé. Philibert de Lorme l'appelle sable de terrain. Perault n'a point voulu lui donner ce nom, de peur qu'on ne l'eût confondu avec terreux, qui est le plus mauvais dont on puisse jamais se servir. Les ouvriers l'appellent sable de cave, qui est l'arena di cava des Italiens. Ce sable est très bon lorsqu'il a été séché quelque tems à l'air. Vitruve prétend qu'il est meilleur pour les enduits & crépis des murailles & des plafonds, lorsqu'on l'emploie nouvellement tiré de la terre; car si on le garde, le soleil & la lune l'alterent, la pluie le dissout, & le convertit en terre. Il ajoute encore qu'il vaut beaucoup mieux pour la maçonnerie que pour les enduits, parce qu'il est si gras & se seche si promptement, que le mortier se gerse; c'est pourquoi, dit Palladio, on l'emploie préférablement dans les murs & les voutes continues.
Ce sable se divise en deux especes; l'une que l'on nomme sable mâle, & l'autre sable femelle. Le premier est d'une couleur foncée & égale dans son même lit; l'autre est plus pâle & inégale.
Le sable de riviere est jaune, rouge, ou blanc,
& se tire du fond des rivieres ou des fleuves, avec
des dragues,
Le sable de riviere est un gravier, qui selon Scammozzi & Alberti, n'a que le dessus de bon, le dessous étant des petits cailloux trop gros pour pouvoir s'incorporer avec la chaux & faire une bonne liaison. Cependant on ne laisse pas que de s'en servir dans la construction des fondemens, gros murs, &c. après avoir été passé à la claye. (m)
Le sable de mer, est une espece de sablon fin, que l'on prend sur les bords de la mer & aux envi<->
(m) Une claie est une espece de grille d'osier, qui sert à tamiser le sable.
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