ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"819"> jaunir & à se tacher. De ce marbre sont l'embassement du piédestal de la statue équestre de Henri IV. sur le pont - neuf, & les huit colonnes respectivement opposées dans la colonnade de Versailles.

Le marbre de Serancolin se tire d'un endroit appellé le Val d'or, ou la vallée d'or, près Serancolin & des Pyrénées en Gascogne. Sa couleur est d'un rouge couleur de sang, mêlé de gris, de jaune, & de quelques endroits transparens comme l'agate; le plus beau est très - rare, la carriere en étant épuisée. Il se trouve dans le palais des tuileries quelques chambranles de cheminées de ce marbre. Les corniches & bases des piédestaux de la galerie de Versailles, le pié du tombeau de M. le Brun dans l'église de S. Nicolas du chardonnet, sont aussi de ce marbre: on en voit dans les magasins du roi des blocs de douze piés, sur dix - huit pouces de grosseur.

Le marbre de Balvacaire se tire au bas de Saint - Bertrand, près Cominges en Gascogne. Sa couleur est d'un fond verdâtre, mêlée de quelques taches rouges, & fort peu de blanches: il s'en trouve dans les magasins du roi.

Le marbre de campan se tire des carrieres prés Tarbes en Gascogne, & se nomme de la couleur qui y domine le plus: il y en a de blanc, de rouge, de verd & d'isabelle, mêlé par taches & par veines. Celui que l'on nomme verd de campan est d'un verd très vif, mêlé seulement de blanc, & est fort commun. On en fait des chambranles, tables, soyers, &c. Les plus grands morceaux que l'on en ait, sont les huit colonnes ioniques du château de Trianon.

Le marbre de siguan qui est d'un verd brun mêlé de taches rouges, qui sont quelquefois de couleur de chair mêlée de gris, & de quelques filets verds dans un même morceau; il ressemble assez au moindre campan verd. Le piédestal extraordinaire de la cosonne funéraire d'Anne de Montmorency, Connétable de France, aux Célestins; les piédestaux, socles & appuis de l'autel des Minimes de la Place royale, & les quatre pilastres corinthiens de la chapelle de la Vierge dans l'église des Carmes déchaussés à Paris, sont de ce marbre.

Le marbre de Savoie qui se tire du pays de ce nom, est d'un fond rouge, mêlé de plusieurs autres couleurs, qui semblent être mastiquées De ce marbre sont les deux colonnes ioniques de la porte de l'hôtel - de - ville de Lyon.

Le marbre de gauchenet qui se tire près de Dlnant, est d'un fond rouge brun, tacher, & mêle de quelques veines blanches. On voit de ce marbre quatre colonnes au tombeau du cardinal de Biraque, dans l'église de la Culture sainte Catherine; quatre aux autels de saint Ignace & de saint François Xavier, dans l'église de saint Louis des peres Jésuites, rue saint Antoine; six au maître - autel de l'église de saint Eustache, quatre à celui de l'église des Cordeliers, & quatre au maître - autel de l'église des Filles - Dieu, rue saint Denis, toutes d'ordre corinthien.

Le marbre de Leff, abbaye près de Dinant, est d'un rouge pâle, avec de grandes plaques & quelques veines blanches. Le chapiteau du sanctuaire derriere le baldaquin du Val - de - grace à Paris, est de ce marbre.

Le marbre de rance qui se tire du pays de Hainaut, & qui est très - commun, est aussi de différente beauté. Sa couleur est d'un fond rouge sale, mêlé de taches, & de veines bleues & blanches. Les plus grands morceaux que l'on en ait à Paris, sont les six colonnes corinthiennes du maître - autel de l'église de la Sorbonne. On en voit à la chapelle de la Vierge de la même église, quatre autres de même ordre & de moyenne grandeur; & huit plus petites aux quatre autres petits autels. Les huit colonnes ioniques de la clôture de saint Martin des champs, les huit composites aux autels de sainte Marguerite, & de saint Casimir dans l'église de saint Germain des Prés, sont de ce marbre. Les plus beaux morceaux que l'on en voit, sont les quatre colonnes & les quatre pilastres françois de la galerie de Versailles, les vingt - quatre doriques du balcon du milieu du château; ainsi que les deux colonnes corinthiennes de la chapelle de Créqui aux Capucines.

Le marbre de Bazalto a le fond d'un brun clair & sans tache, avec quelques filets gris seulement, mais si déliés, qu'ils ressemblent à des cheveux qui commencent à grisonner: on en voit quelques tables dans les appartemens du Roi.

Le marbre d'Auvergne, qui se tire de cette province, est d'un fond couleur de rose, mêlé de violet, de jaune & de vert; il se trouve dans la piece entre la salle des ambassadeurs & le sallon de lagrande galerie à Versailles, un chambranle de cheminée de ce marbre.

Le marbre de Bourbon, qui se tire du pays de ce nom, est d'un gris bleuâtre & d'un rouge sale, mêlé de veines de jaune sale. On en fait communément des compartimens de pavé de sallons, vestibules, péristiles, &c. Le chambranle de la cheminée de la salle du bal à Versailles, & la moitié du pavé au premier étage de la galerie du nord, de plain pié à la chapelle, sont de ce marbre.

Le marbre de Hon, qui vient de Liege, est de couleur grisâtre & blanche, mêlé d'un rouge couleur de sang. Les piédestaux, architraves & corniches du maître autel de l'église de S. Lambert à Liege, sont de ce marbre.

Le marbre de Sicile est de deux especes; l'un que l'on nomme ancien, & l'autre moderne. Le premier est d'un rouge brun, blanc & isabelle, & par taches quarrées & longues, semblables à du taffetas rayé; ses couleurs sont très - vives. Les vingt - quatre petites colonnes corinthiennes du tabernacle des PP. de l'Oratoire rue saint Honoré, ainsi que quelques morceaux de dix à douze piés de long dans les magasins du Roi, sont de ce marbre. Le second, qui ressemble à l'ancien, est une espece de breche de Verone; voyez ci - après. On en voit quelques chambranles & attiques de cheminée dans le château de Meudon.

Le marbre de Suisse est d'un fond bleu d'ardoise, mêlé par nuance de blanc pâle.

Des marbres de breche moderne. La breche blanche est mêlée de brun, de gris, de violet, & de grandes taches blanches.

La breche noire ou petite breche est d'un fond gris, brun, mêlé de taches noires & quelques petits points blancs. Le socle & le fond de l'autel de Notre - Dame de Savonne, dans l'église des PP. Augustins déchaussés à Paris, sont de ce marbre.

La breche dorée est mêlée de taches jaunes & blanches. Il s'en trouve des morceaux dans les magasins du Roi.

La breche coraline ou serancoline a quelques taches de couleur de corail. Le chambranle de la principale piece du grand appartement de l'hôtel de Saint - Pouange à Paris, est de ce marbre.

La breche violette ou d'Italie moderne a le fond brun, rougeâtre, avec de longues veines ou taches violettes mêlées de blanc. Ce marbre est très - beau pour les appartemens d'été; mais si on le néglige & qu'on n'ait pas soin de l'entretenir, il passe, se jaunit, & est sujet à se tacher par la graisse, la cire, la peinture, l'huile, &c.

La breche isabelle est mêlée de taches blanches, violettes & pâles, avec de grandes plaques de couleur isabelle. Les quatre colonnes doriques isolées dans le vestibule de l'appartement des bains à Versailles, sont de ce marbre. [p. 820]

La breche des Pyrénées est d'un fond brun, mêlé de gris & de plusieurs autres couleurs. De ce marbre sont deux belles colonnes corinthiennes au fond du maître autel de Saint Nicolas des Champs à Paris.

La breche grosse ou grosse breche, ainsi appellée parce qu'elle a toutes les couleurs des autres breches, est mêlée de taches rouges, grises, jaunes, bleues, blanches & noires. Des quatre colonnes qui portent la châsse de Sainte Génevieve dans l'église de ce nom à Paris, les deux de devant sont de ce marbre.

La breche de Vérone est entremêlée de bleu, de rouge pâle & cramoisi. Il s'en trouve un chambranle de cheminée dans la derniere piece de Trianon, sous le bois du côté des sources.

La breche sauveterre est mêlée de taches noires, grises & jaunes. Le tombeau de la mere de M. Lebrun, premier peintre du Roi, qui est dans sa chapelle à Saint Nicolas du chardonnet, est de ce marbre.

La breche saraveche a le fond brun & violet, mêlé de grandes taches blanches & isabelles. Les huit colonnes corinthiennes du maître autel des grands Augustins, sont de ce marbre.

La breche saraveche petite, ou petite breche saraveche, n'est appellée ainsi que parce que les taches en sont plus petites.

La breche sette bazi ou de sept bases, a le fond brun, mêlé de petites taches rondes de bleu sale. Il s'en trouve dans les magasins du Roi.

Il se trouve encore à Paris plusieurs autres marbres, comme celui d'Antin, de Laval, de Cerfontaine, de Bergoopzom, de Montbart, de Malplaquet, de Merlemont, de Saint - Remy & le royal, ainsi que quelques breches, comme celles de Florence, de Florieres, d'Alet, &c.

Les marbres antiques s'emploient par corvée, & se payent à proportion de leur rareté; les marbres modernes se payent depuis douze livres jusqu'à cent livres le pié cube, façon à part, à proportion de leur beauté & de leur rareté.

Des défauts du marbre. Le marbre, ainsi que la pierre, a des défauts qui peuvent le faire rebuter: ainsi on appelle.

Marbre fier celui qui, à cause de sa trop grande dureté, est difficile à travailler, & sujet à s'éclater comme tous les marbres durs.

Marbre pouf, celui qui est de la nature du grais, & qui étant travaillé ne peut retenir ses arrêtes vives, tel est le marbre blanc des Grecs, celui des Pyrénées & plusieurs autres.

Marbre terrasseux, celui qui porte avec lui des parties tendres appellées terrasses, qu'on est souvent obligé de remplir de mastic, tel que le marbre de Languedoc, celui de Hon, & la plûpart des breches.

Marbre filardeux, celui qui a des fils qui le traversent, comme celui de Sainte - Baume, le serancolin, le rance, & presque tous les marbres de couleur.

Marbre camelotté, celui qui étant de même couleur après avoir été poli, paroît tabisé, comme le marbre de Namur & quelques autres.

Du marbre selon ses façons. On appelle marbre brut celui qui étant sorti de la carriere en bloc d'échantillon ou par quartier, n'a pas encore été travaillé.

Marbre dégrossi, celui qui est débité dans le chantier à la scie, ou seulement équarri au marteau, selon la disposition d'un vase, d'une figure, d'un profil, ou autre ouvrage de cette espece.

Marbre ébauché, celui qui ayant déja reçu quelques membres de sculpture ou d'architecture, est travaillé à la double pointe (fig. 89.) pour l'un, & approché avec le ciseau pour l'autre.

Marbre píqué, celui qui est travaillé avec la pointe du marteau (fig. 91.) pour détacher les avant - corps des arriere - corps dans l'extérieur des ouvrages rustiques.

Marbre mattc, celui qui est frotté avec de la prêle (a) ou de la peau de chien de mer (b), pour détacher des membres d'architecture ou de sculpture de dessus un fond poli.

Marbre poli, celui qui ayant été frotté avec le grais & le rabot (c) & ensuite repassé avec la pierre de ponce, est poli à force de bras avec un tampon de linge, & de la potée d'émeril pour les marbres de couleur, & de la potée d'étain pour les marbres blancs, celle d'émeril les rouffissant. Il est mieux de se servir, ainsi qu'on le pratique en Italie, d'un morceau de plomb au lieu de linge, pour donner au marbre un plus beau poli & de plus longue durée; mais il en coûte beaucoup plus de tems & de peine. Le marbre sale, terne ou taché, se repolit de la même maniere. Les taches d'huile, particulierement sur le blanc, ne peuvent s'effacer, parce qu'elles pénetrent.

Marbre fini, celui qui ayant reçu toutes les opérations de la main - d'oeuvre, est prêt à être posé en place.

Marbre artificiel, celui qui est fait d'une composition de gypse en maniere de stuc, dans laquelle on met diverses couleurs pour imiter le marbre. Cette composition est d'une consistance assez dure & reçoit le poli, mais sujette à s'écailler. On fait encore d'autres marbres artificiels avec des teintures corrosives sur du marbre blanc, qui imitent les différentes couleurs des autres marbres, en pénétrant de plus de quatre lignes dans l'épaisseur du marbre: ce qui fait que l'on peut peindre dessus des figures & des ornemens de toute espece: ensorte que si l'on pouvoit débiter ce marbre par feuilles très - minces, on en auroit autant de tableaux de même façon. Cette invention est de M. le comte de Cailus.

Marbre feint, peinture qui imite la diversité des couleurs, veines & accidens des marbres, à laquelle on donne une apparence de poli sur le bois ou sur la pierre, par le vernis que l'on pose dessus.

De la brique en général. La brique est une espece de pierre artificielle, dont l'usage est très - nécessaire dans la construction des bâtimens. Non - seulement on s'en sert avantageusement au lieu de pierre, de moilon ou de plâtre, mais encore il est de certains genres de construction qui exigent de l'employer préférablement à tous les autres matériaux, comme pour des voûtes legeres, qui exigent des murs d'une moindre épaisseur pour en retenir la poussée; pour des languettes (d) de cheminées, des contre - coeurs, des foyers, &c. Nous avons vu ci - devant que cette pierre étoit rougeâtre & qu'elle se jettoit en moule; nous allons voir maintenant de quelle maniere elle se fabrique, connoissance d'autant plus nécessaire, que dans de certains pays il ne s'y trouve souvent point de carrieres à pierre ni à plâtre, & que par - là on est forcé de faire usage de brique, de chaux & de sable.

De la terre propre à faire de la brique. La terre la plus propre à faire de la brique est communément appellée terre glaise; la meilleure doit être de couleur grise ou blanchâtre, grasse, sans graviers ni cailloux, étant plus facile à corroyer. Ce soin étoit fort recommandé par Vitruve, en parlant de celles dont les anciens se servoient pour les cloisons, murs, planchers, &c. qui étoient mêlées de foin & de paille hachée, & point cuites, mais seulement séchées au soleil pendant quatre ou cinq ans, parce

(a) Prêle, espece de plante aquatique très - rude. (b) Chien de mer, sorte de poisson de mer dont la peau d'une certaine rudesse est très - bonne pour cet usage. (c) Rabot, est un morceau de bois dur avec lequel on frotte le marbre. (d) Espece de cloison qui sépare plusieurs tuyaux de cheminée dans une souche.

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