ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"817"> S. Denys en France, qui en sont incrustés.

Le marbre de petit antique est de cette derniere espece, c'est à - dire blanc & noir; mais plus brouillé, & par petites veines, ressemblant au marbre de Barbançon. On en voit deux petites colonnes ïoniques dans le petit appartement des bains à Versailles.

Le marbre de brocatelle se tiroit autrefois près d'Andrinople en Grece: sa couleur est mêlée de petites nuances grises, rouges, pâles, jaunes, & isabelles: les dix petites colonnes corinthiennes du tabernacle des Mathurins, ainsi que les huit composites de celui de sainte Génevieve, sont de ce marbre. On en voit encore quelques chambranles de cheminées dans les appartemens de Trianon, & quelques tables de moyenne grandeur dans les magazins du roi.

Le marbre africain est tacheté de rouge brun, mêlé de quelques veines de blanc sale, & de couleur de chair, avec quelques silets d'un verd soncé. Il se trouve quatre consolles de ce marbre en maniere de cartouche, au tombeau du marquis de Gesvres dans l'église des peres Célestins à Paris. Scamozzi parle d'un autre marbre africain très - dur, recevant un très - beau poli, d'un fond blanc, mêlé de couleur de chair, & quelquefois couleur de sang, avec des veines brunes & noires fort déliées, & ondées.

Le marbre noir antique étoit de deux especes; l'un qui se nommoit marmor luculleum, & qui se tiroit de Grece, étoit fort tendre. C'est de ce marbre que Marcus Scaurus fit tailler des colonnes de trente - huit piés de hauteur, dont il orna son palais; l'autre appellé par les Grecs BALSATES2, pierre de touche, & par les Italiens, pietra di paragone, pierre de comparaisor, que Vitruve nomme index; parce qu'il sert à éprouver les métaux, se tiroit de l'Ethiopie, & étoit plus estimé que le premier: ce marbre etoit d'un noir gris tirant sur le fer. Vespasien en fit faire la figure du Nil, accompagnée de celle des petits enfans, qui signifioient les crues & recrues de ce fleuve, & qui de son tems fut posée dans le temple de la paix. De ce marbre sont encore à Rome deux sphynx au bas du Capitole; dans le vestibule de l'orangerie de Versailles une figure de reine d'Egypte; dans l'église des peres Jacobins rue S. Jacques à Paris, quelques anciens tombeaux, ainsi que quelques vases dans les jardins de Meudon.

Le marbre de cipolin, de l'italien cipolino, que Scamozzi croit être celui que les anciens appelloient augustum ou tiberium marmor, parce qu'il fut découvert en Egypte du tems d'Auguste & Tibere, est formé de grandes ondes ou de nuances de blanc, & de vert pâle couleur d'eau de mer ou de ciboule, d'où il tire son nom. On ne l'employoit anciennement que pour des colonnes ou pilastres. Celles que le roi fit apporter de Lebeda autrefois Leptis, près de Tripoli, sur les côtes de Barbarie, ainsi que les dix corinthiennes du temple d'Antonin & de Faustine, semblent être de ce marbre. On en voit encore plusieurs pilastres dans la chapelle de l'hôtel de Conti, près le collége Mazarin, du dessein de François Mansard.

Le marbre jaune est de deux especes; l'une appellée jaune de sienne, est d'un jaune isabelle, sans veine, & est très - rare: aussi ne l'emploie - t - on que par incrustation dans les compartimens. On voit de ce marbre dans le sallon des bains de la reine au Louvre, des scabellons de bustes, qui sans doute sont très - précieux. L'autre appellée dorée, plus jaune que le précédent, est celui à qui Pausanias a donné le nom de marmor croceum, à cause de sa couleur de safran: il se tiroit près de la Macédoine; les bains publics de cette ville en étoient construits. Il se trouve encore à Rome dans la chapelle du mont de piété, quatre niches incrustées de ce marbre.

Le marbre de bigionero, dont les carrieres sont perdues, est très rare. Il y en a quelques morceaux dans les magazins du roi.

Le marbre de lumachello, appellé ainsi, parce que sa couleur est mêlée de taches blanches, noires & grises, formées en coquilles de limaçon, d'où il tire son nom, est très - rare, les carrieres en étant perdues: on en voit cependant quelques tables dans les appartemens du roi.

Le marbre de picciniseo, dont les carrieres sont aussi perdues, est veiné de blanc, & d'une couleur approchante de l'isabelle: les quatorze colonnes corinthiennes des chapelles de l'église de la Rotonde à Rome, sont de ce marbre.

Le marbre de breche antique, dont les carrieres sont perdues, est mêlé par tache ronde de différente grandeur, de blanc, de noir, de rouge, de bleu & de gris. Les deux corps d'architecture qui portent l'entablement où sont nichées les deux colonnes de la sépulture de Jacques de Rouvré, grand - prieur de France, dans l'église de S. Jean de Latran à Paris, sont de ce marbre.

Le marbre de breche antique d'Italie, dont les carrieres sont encore perdues, est blanc, noir, & gris: le parement d'autel de la chapelle de S. Denys à Montmartre, est de ce marbre.

Des marbres modernes. Le marbre blanc qui se tire maintenant de Carrare, vers les côtes de Gènes, est dur & fort blanc, & très - propre aux ouvrages de sculpture. On en tire des blocs de telle grandeur que l'on veut; il s'y rencontre quelquefois des crystallins durs. La plûpart des figures modernes du petit parc de Versailles sont de ce marbre.

Le marbre de Carrare, que l'on nomme marbre vierge, est blanc, & se tire des Pyrénées du côté de Bayonne. Il a le grain moins fin que le dernier, reluit comme une espece de sel, & ressemble au marbre blanc antique, dont toutes les statues de la Grece ont été faites; mais il est plus tendre, pas si beau, sujet à jaunir & à se tacher: on s'en sert pour des ouvrages de sculpture.

Le marbre noir moderne est pur & sans tache, comme l'antique; mais beaucoup plus dur.

Le marbre de Dinant, qui se tire près de la ville de ce nom dans le pays de Liége, est fort commun & d'un noir très - pur & très - beau: on s'en sert pour les tombeaux & sépultures. Il y a quatre colonnes corinthiennes au maître autel de l'église de S. Martindes - Champs, du dessein de François Mansard; six colonnes de même ordre au grand autel de S. Louis des peres Jésuites, rue S. Antoine, quatre autres de même ordre dans l'église des peres Carmes déchaussés; & quatre autres composites à l'autel de sainte Thérese de la même église, sont de ce marbre. Les plus belles colonnes qui en sont faites, sont les six corinthiennes du maître autel des Minimes de la Place royale à Paris.

Le marbre de Namur est aussi fort commun, & aussi noir que celui de Dinant, mais pas si parfait, tirant un peu sur le bleuâtre, & étant traversé de quelques filets gris: on en fait un grand commerce de carreau en Hollande.

Le marbre de Thée qui se tire du pays de Liege, du côté de Namur, est d'un noir pur, tendre, & facile à tailler: recevant un plus beau poli que celui de Namur & de Dinant. Il est par conséquent très propre aux ouvrages de sculpture. On en voit quelques chapiteaux corinthiens dans les églises de Flandres, & plusieurs têtes & bustes à Paris.

Le marbre blanc veiné qui vient de Carrare, est d'un bleu foncé sur un fond blanc, mêlé de taches grises & de grandes veines. Ce marbre est sujet à jaunir & à se tacher. On en fait des piédestaux, en<pb-> [p. 818] tablemens, & autres ouvrages d'Architecture; de ce marbre est la plus grande partie du tombeau de M. le Chancelier le Tellier, dans l'église de S. Gervais à Paris.

Le marbre de Margorre qui se tire du Milanez, est fort dur & assez commun. Sa couleur est d'un fond bleu, mêlé de quelques veines brunes, couleur de fer; une partie du dome de Milan en a été bâti.

Le marbre noir & blanc qui se tire de l'abbaye de Leff près de Dinant, a le fond d'un noir très - pur avec quelques veines fort blanches. De ce marbre sont les quatre colonnes corinthiennes du maître - autel de l'Eglise des Carmélites du faubourg S. Jacques.

Le marbre de Barbançon qui se tire du pays de Hainaut, est un marbre noir veiné de blanc, qui est assez commun. Les six colonnes torses composites du baldaquin du Val - de - Grace, l'architrave de corniche corinthienne de l'autel de la chapelle de Créqui aux Capucines, sont de ce marbre. Le plus beau est celui dont le noir est le plus noir, & dont les veines sont les plus blanches & déliées.

Le marbre de Givet se tire près de Charlemont, sur les frontieres de Luxembourg. Sa couleur est d'un noir veiné de blanc, mais moins brouillé que le Barbançon. Les marches du baldaquin du Val - de - Grace sont de ce marbre.

Le marbre de Portor se tire du pié des Alpes, aux environs de Carrare. Il en est de deux sortes; l'un qui a le fond très - noir mêlé de quelques taches & veines jaunes dorées, est le plus beau; l'autre dont les veines sont blanchâtres est moins estimé. On voit de ce marbre deux colonnes ioniques au tombeau de Jacques de Valois, duc d'Angoulême, dans l'église des Minimes de la Place royale; deux autres de même ordre dans la chapelle de Rostaing de l'église des Feuillans rue S. Honoré; plusieurs autres dans l'appartement des bains à Versailles, & plusieurs tables, chambranles de cheminées, foyers, &c. au même château, à Marly & à Trianon.

Le marbre de S. Maximin est une espece de portor, dont le noir & le jaune sont très - vifs: on en voit quelques échantilions dans les magasins du roi.

Le marbre de serpentin moderne vient d'Allemagne, & sert plutôt pour des vases & autres ornemens de cette espece, que pour des ouvrages d'Architecture.

Le marbre verd moderne est de deux especes; l'une que l'on nomme improprement verd d'Egypte, se tire près de Carrare sur les côtes de Gènes. Sa couleur est d'un verd foncé, mêlé de quelques taches de blanc & de gris - de - lin. Les deux cuves rectangulaires des sontaines de la Gloire, & de la Victoire dans le bosquet de l'arc de triomphe à Versailles, la cheminée du cabinet des bijoux, & celle du cabinet de monseigneur le dauphin à S. Germain en Laye, sont de ce marbre; l'autre qu'on nomme verd de mer, se tire des environs. Sa couleur est d'un verd plus clair, mêlé de veines blanches. On en voir quatre colonnes ioniques dans l'église des Carmélites du faubourg saint Jacques à Paris.

Le marbre jaspé est celui qui approche du jaspe antique; le plus beau est celui qui en approche le plus.

Le marbre de Lumachello moderne vient d'Italie, & est presque semblable à l'antique; mais les taches n'en sont pas si bien marquées.

Le marbre de Breme qui vient d'Italie, est d'un fond jaune mêlé de taches blanches.

Le marbre occhio di pavone, oeil de paon, vient aussi d'Italie, & est mêlé de taches blanches, bleuâtres, & rouges, ressemblantes en quelque sorte aux especes d'yeux qui sont au bourdes plumes de la queue des paons; ce qui lui a fait donner ce nom.

Le marbre porta sancta ou serena, de la porte sainte ou seraine, est un marbre mêlé de grandes taches & de veines grises, jaunes & rougeâtres: on en voit quelques échantillons dans les magasins du roi.

Le marbre fior di persica, ou fleur de pêcher, qui vient d'Italie, est mêlé de taches blanches, rouges & un peu jaunes: on voit de ce marbre dans les magasins du roi.

Le marbre di Vescovo, ou de l'évêque, qui vient aussi d'Italie, est mêlé de veines verdâtres, ttaversées de bandes blanches, allongées, arrondies & transparentes.

Le marbre de brocatelle, appellé brocatelle d'Espagne, & qui se tire d'une carriere antique de Tortose en Andalousie, est très - rare. Sa couleur est mêlée de petites nuances de couleurs jaune, rouge, grise, pâle & isabelle. Les quatre colonnes du maître - autel des Mathurins à Paris sont de ce marbre; ainsi que quelques chambranles de cheminées à Trianon, & quelques petits blocs dans les magasins du roi.

Le marbre de Boulogne est une espece de brocatelle qui vient de Picardie, mais dont les taches sont plus grandes, & mêlées de quelques filets rouges. Le jubé de l'église métropolitaine de Paris en est construit.

Le marbre de Champagne qui tient de la brocatelle, est mêlé de bleu par taches rondes comme des yeux de perdrix; il s'en trouve encore d'autres mêlés par nuances de blanc & de jaune pâle.

Le marbre de Sainte Baume se tire du pays de ce nom en Provence. Sa couleur est d'un fond blanc & rouge, mêle de jaune approchant de la brocatelle. Ce marbre est fort rare, & a valu jusqu'à 60 livres le pié cube. Il s'en voit deux colonnes corinthiennes à une chapelle à côté du maître - autel de l'église du Calvaire au Marais.

Le marbre de Tray qui se tire près Sainte Baume en Provence, ressemble assez au précédent. Sa couleur est un fond jaunâtre, tacheté d'un peu de rouge, de blanc & de gris mêlé. Les pilastres ioniques du sallon du château de Seaux, quelques chambranles de cheminée au même château, & quelques autres à Trianon, sont de ce marbre.

Le marbre de Languedoc est de deux especes; l'une qui se tire près de la ville de Cosne en Languedoc, est très - commun. Sa couleur est d'un fond rouge, de vermillon sale, entremêlé de grandes veines & taches blanches. On l'emploie pour la décoration des principales cours, vestibules, péristiles, &c. Les retraites de la nef de S. Sulpice, l'autel de Notre Dame de Savonne dans l'église des Augustins déchaussés à Paris, ainsi que les quatorze colonnes ioniques de la cour du château de Trianon, sont de ce marbre; l'autre qui vient de Narbonne, & qui est de couleur blanche, grise & bleuâtre, est beaucoup plus estimé.

Le marbre de Roquebrue qui se tire à sept lieues de Narbonne, est à - peu - près semblable à celui du Languedoc; & ne differe qu'en ce que ses taches blanches sont toutes en forme de pommes rondes: il s'en trouve plusieurs blocs dans les magasins du roi.

Le marbre de Caen en Normandie, est presque semblable à celui de Languedoc, mais plus brouillé, & moins vif en couleur. Il se trouve de ce marbre à Vallery en Bourgogne, au tombeau de Henri de Bourbon prince de Condé.

Le marbre de griotte, ainsi appellé, parce que sa couleur approche beaucoup des griottes ou cerises, se tire près de Cosne en Languedoc, & est d'un rouge foncé, mêlé de blanc sale; le chambranle de cheminée du grand appartement du roi à Trianon, est de ce marbre.

Le marbre de bleu turquin vient des côtes de Genes. Sa couleur est mêlé de blanc sale, sujette à

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.