ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"815"> encore pierre blanche ou craye, celle qui est employée aux mêmes usages: la meilleure vient de Champagne.

Pierre d'appui, ou seulement appui, celle qui étant placée dans le tableau insérieur d'une croisée, sert à s'appuyer.

Auge, du latin lavatrina, une pierre placée dans des basses - cours, pour servir d'abreuvoir aux animaux domestiques.

Seuil, du latin limen, celle qui est posée au rezde - chaussée, dont la longueur traverse la porte, & qui formant une espece de feuillure, sert de battement à la traverse inférieure du chassis de la porte de menuiserie.

Borne, celle qui a ordinairement la forme d'un cône de deux ou trois piés de hauteur, tronqué dans son sommet, & qui se place dans l'angle d'un pavillon, d'un avant - corps, ou dans celui d'un piédroit de porte cochere, ou de remise, ou le long d'un mur, pour en éloigner les voitures, & empêcher que les moyeux ne les écorchent & ne les fassent éclater.

Banc, celle qui est placée dans des cours, bassescours, où à la principale porte des grands hôtels, pour servir de siege aux domestiques, ou dans un jardin, à ceux qui s'y promenent.

Des libages. Les libages sont de gros moilons ou quartiers de pierre rustique & malfaite, de quatre, cinq, six, & quelquefois sept à la voie, qui ne peuvent être fournis à la toise par le carrier, & que l'on ne peut équarir que grossierement, à cause de leur dureté, provenant le plus souvent du ciel des carrieres, ou d'un banc trop mince. l a qualité des libages est proportionnée à celle de la pierre des differentes carrieres d'où on les tire: on ne s'en sert que pour les garnis, sondations, & autres ouvrages de cette espece. On emploie encore en libage les pierres de taille qui ont été coupées, ainsi que celles qui proviennent des démolitions, & qui ne peuvent plus servit.

On appelle quartier de pierre, lorsqu'il n'y on a qu'un à la voie.

Carreaux de pierre, lorsqu'il y en a deux ou trois.

Libage, lorsqu'il y en a quatie, cinq, six, & quelquefois sept à la voie.

Du moilon. Le moilon, du latin mollis. que Vitruve appelle coementum, n'étant autre chose que l'éclat de la pierre, en est par conséquent la partie la plus tenore: il provient aussi quelquefois d'un banc trop mince. Si qualité principale est d'être bien équarri & bien gistant, parce qu'alors il a plus de lit, & consomme moins de mortier ou de plâtre.

Le meilleur est celui que l'on tire des carrieres d'Arcueil. La qualité des autres est proportionnée à la pierre des carrieres dont on le tire, ainsi que celui du saubourg saint Jacques, du sauboug saint Marceau, de Vaugirard, & autres.

On l'emplore de quatre manieres différentes; la premiere qu'on appelle en moilon de plat, est de le poser horisontalement sur son t, & en liaison dans la construction des murs mitoyens, de refend & autres de cette espece élevés d'aplomb. La seconde qu'on appelle en modon d'appareil, & dont le parement est apparent, exige qu'il soit bien équarri, à vives arrêtes, comme la pierre, piqué proprement, de hauteur, & de largeur égale, & bien posé de niveau, & en haison dans la construction des murs de sace, de terrasse, &c. La troisieme qu'en appelle en moilon de couge, est de le poser sur son champ (&) dans la construction des voutes. La quatrieme qu'on appelle en moilon piqué, est après l'avoir équarri & ébouriné, de le piquer sur son parement avec la

() platte, est la surface la plus
pointe du marteau, fig. 91, pour la construction des voûtes des caves, murs de basses - cours, de clôture, de puits, &c.

Du moilon selon ses façons. On appelle moilon blanc, chez les ouvriers, un platras, & non un moilon; ce qui est un défaut dans la construction.

Moilon esmillé, celui qui est grossierement équarri, & ébouziné avec la hachette, fig. 106, à l'usage des murs de parcs de jardin, & autres de peu d'importance.

Moilon bourru ou de blocage, celui qui est trop mal - fait & trop dur pour être équarri, & que l'on emploie dans les fondations, ou dans l'intérieur des murs, tel qu'il est sorti de la carriere.

Le moilon de roche, dit de meuliere, est de cette derniere espece.

Toutes ces especes de moilons se livrent à l'entrepreneur à la voie ou à la toise, & dans ce dernier cas l'entrepreneur se charge du toisé.

Du marbre en général. Le marbre, du latin marmor, dérivé du grec MARMEREIN, reluire, à cause du poli qu'il reçoit, est une espece de pierre de roche extrèmement dure, qui porte le nom des différentes provinces où sont les carrieres dont on le tire. Il s'en trouve de plusieurs couleurs; les uns sont blancs ou noirs, d'autres sont variés ou mêlés de taches, veines, mouches, ondes & nuages, différemment colorés; les uns & les autres sont opaques, le blanc seul est transparent, lorsqu'il est débité par tranches minces. Aussi M. Félibien rapporte - t - il que les anciens s'en servoient au lieu de verre pour les croisées des bains, étuves & autres lieux qu'on vouloit garantir du froid; & qu'à Florence, il y avoit une église très - bien éclairée, dont les croisées en étoient garnies.

Le marbre se divise en deux especes; l'une qu'on appelle antique, & l'autre moderne: par marbre antique, l'on comprend ceux dont les carrieres sont épuisées, perdues ou inaccessibles, & que nous ne connoissens que par les ouvrages des anciens: par marbres modernes, l'on comprend ceux dont on se sert actuellement dans les bâtimens, & dont les carrieres sont encore existantes. On ne l'emploie le plus communément, à cause de sa cheretée, que par revêtissement ou incrustation, étant rare que l'on en fasse usage en bloc, à l'exception des vases, figures, colonnes & autres ouvrages de cette espece. Il se trouve d'assez beaux exemples de l'emploi de cette matiere dans la décoration intérieure & extérieure des châtcaux de Versailles, Trianon, Marly, Sceaux, &c. ainsi que dans les différens bosquets de leurs jardins.

Quoique la diversité des marbres soit infinie, on les réduit cependant à deux especes; l'une que l'on nomme veiné, & l'autre breche; celui - ci n'étant autre chose qu'un amas de petits cailloux de différente couleur fortement unis ensemble, de maniere que lorsqu'il se casse, il s'en forme autant de breches qui lui ont fait donner ce nom.

Des marbres antiques. Le marbre antique, dont les carrieres étoient dans la Grece, & dont on voit encore de si belles statues en Italie, est absolument inconnu aujourd'hui; à son défaut on se sert de celui de Carrare.

Le lapis est estimé le plus beau de tous les marbres antiques; sa couleur est d'un bleu foncé, moucheté d'un autre bleu plus clair, tirant sur le céleste, & entremêlé de quelque veines d'or. On ne s'en sert, a cause de sa rareté, que par incrustation, tel qu'on en voit quelques pieces de rapport à plusieurs tables dans les appartemens de Trianon & de Marly.

Le porphyre, du grec W=ORFUOS2, pourpre, passe pour le plus dur de tous les marbres antiques, &, après le lapis, pour un des plus beaux; il se tiroit [p. 816] autrefois de la Numidie en Afrique, raison pour laquelle les anciens l'appelloient lapis Numidicus; il s'en trouve de rouge, de verd & de gris. Le porphyre rouge est fort dur; sa couleur est d'un rouge foncé, couleur de lie de vin, semé de petites taches blanches, & reçoit très - bien le poli. Les plus grands morceaux que l'on en voye à présent, sont le tombeau de Bacchus dans l'église de sainte Constance, près celle de sainte Agnès hors les murs de Rome; celui de Patricius & de sa femme dans l'église de sainte Marie majeure; celui qui est sous le porche de la Rotonde, & dans l'intérieur une partie du pavé; une frise corinthienne, plusieurs tables dans les compartimens du lambris; huit colonnes aux petits autels, ainsi que plusieurs autres colonnes, tombeaux & vases que l'on conserve à Rome. Les plus grands morceaux que l'on voye en France, sont la cuve du roi Dagobert, dans l'église de saint Denis en France, & quelques bustes, tables ou vases dans les magasins du roi. Le plus beau est celui dont le rouge est le plus vif, & les taches les plus blanches & les plus petites. Le porphyre verd, qui est beaucoup plus rare, a la même dureté que le précédent, & est entremêlé de petites taches vertes & de petits points gris. On en voit encore quelques tables, & quelques vases. Le porphyre gris est tacheté de noir & est beaucoup plus tendre.

Le serpentin, appellé par les anciens ophites, du grec OFIS2, serpent, à cause de sa couleur qui imite celle de la peau d'un serpent, se tiroit anciennement des carrieres d'Egypte. Ce marbre tient beaucoup de la dureté du porphyre; sa couleur est d'un verd bran, mêlée de quelques taches quarrées & rondes, ainsi que de quelques veines jaunes, & d'un verd pâle couleur de ciboule. Sa rareté fait qu'on ne l'emploie que par incrustation. Les plus grands morceaux que l'on en voit, sont deux colonnes dans l'église de S. Laurent, in lucina, à Rome, & quelques tables dans les compartimens de pavés, ou de lembris de plusieurs édifices antiques, tel que dans l'intérieur du panthéon, quelques petites colonnes corinthiennes au tabernacle de l'église des Carmelites de la ville de Lyon, & quelques tables dans les appartemens & dans les magasins du roi.

L'albâtre, du grec ALABASTRWN, est un marbre blanc & transparent, ou varié de plusieurs couleurs, qui se tire des Alpes & des Pyrénées; il est fort tendre au sortir de la carriere, & se durcir beaucoup à l'air. Il y en a de plusieurs especes, le blanc, le varié, le moutahuto, le violet & le roquebrue. L'albâtre blanc sert à faire des vases, figures & autres ornemens de moyenne grandeur. Le varié se divise en trois especes; la premiere se nomme oriental; la seconde le fleuri, & la troisieme lagatato. L'oriental se divise encore en deux, dont l'une, en forme d'agate, est mêlée de veines roses, jaunes, bleues, & de blanc pâle; on voit dans la galerie de Versailles plusieurs vases de ce marbre, de moyenne grandeur. Lautre est ondé & mêlé de veines grises & rousses par longues bandes. Il se trouve dans le bosquet de l'étoile à Versailles, une colonne ionique de cette espece de marbre, qui porte un buste d'Alexandre. L'albâtre fleuri est de deux especes; l'une est tachetée de toutes sortes de couleurs, comme des fleurs d'où il tire son nom; l'autre, veiné en forme d'agate, est glacé & transparent; il se trouve encore dans ce genre d'albâtre qu'on appelle en Italie à pecores, parce que ces taches ressemblent en quelque sorte à des moutons que l'on peint dans les paysages. L'albâtre agatato est de même que l'albâtre oriental; mais dont les couleurs sont plus pâles. L'albâtre de moutahuto est fort tendre; mais cependant plus dur que les agates d'Allemagne, aux quelles il ressemble. Sa couleur est d'un fond brun, mêlée de veine grise qui semble imiter des figures de cartes géographiques; il s'en trouve une table de cette espece dans le sallon qui précede la galerie de Trianon L'albâtre violet est ondé & transparent. L'albâtre de Roquebrue, qui se tire du pays de ce nom en Languedoc, est beaucoup plus dur que les précédens; sa couleur est d'un gris foncé & d'un rouge brun par grandes taches; il y a de toutes ces especes de marbres dans les appartemens du roi, soit en tables, figures, vases, &c.

Le granit, ainsi appellé, parce qu'il est marqué de petites taches formées de plusieurs grains de sables condensés, est très - dur & reçoit mal le poli; il est évident qu'il n'y a point de marbre dont les anciens n'ayent tiré de si grands morceaux, & en si grande quantité; puisque la plûpart des édifices de Rome, jusqu'aux maisons des particuliers, en étoient décorés. Ce marbre étoit sans doute très - commun, par la quantité des troncs de colonnes qui servent encore aujourd'hui de bornes dans tous les quartiers de la ville. Il en est de plusieurs especes; celui d'Egypte, d'Italie & de Dauphiné; le verd & le violet. Le granit d'Egypte, connu sous le nom de Thebaïcum marmor, & qui se tiroit de la Thébaïde, est d'un fond blanc sale, mêlé de petites taches grises & verdâtres, & presque aussi dur que le porphyre. De ce marbre sont les colonnes de sainte Sophie à Constantinople, qui passent 40 piés de hauteur. Le granit d'Italie qui, selon M. Felibien, se tiroit des carrieres de l'île d'Elbe, a des petites taches un peu verdâtres, & est moins dur que celui d'Egypte. De ce marbre sont les seize colonnes corinthiennes du porche du Panthéon; ainsi que plusieurs cuves de bains servant aujourd'hui à Rome de bassins de fontaines. Le granit de Dauphiné qui se tire des côtes du Rhône, près de l'embouchure de Lisere, est très - ancien, comme il paroît par plusieurs colonnes qui sont en Provence. Le granit verd est une espece de serpentin ou verd antique, mêlé de petites taches blanches & vertes; on voit à Rome plusieurs colonnes de cette espece de marbre. Le granit violet qui se tire des carrieres d'Egypte, est mêlé de blanc, & de violet par petites taches. De ce marbre sont la plûpart des obélisques antiques de Rome, tel que ceux de saint Pierre du Vatican, de saint Jean de Latran, de la porte du Peuple, & autres.

Le marbre de jaspe, du grec UOS2, verd, est de couleur verdâtre, mêlé de petites taches rouges. Il y a encore un jaspe antique noir & blanc par petites taches, mais qui est très - rare.

Le marbre de Paros se tiroit autrefois d'une île de l'Archipel, nommée ainsi, & qu'on appelle aujourd'hui Peris ou Parissa. Varron lui avoit donné le nom de marbre lychnites, du grec LUXNWS2, une lampe, parce qu'on le tailloit dans les carrieres à la lumiere des lampes. Sa couleur est d'un blanc un peu jaune & transparent, plus tenure que celui dont nous nous servons maintenant, approchant de l'albâtre, mais pas si blanc; la plûpart des statues antiques sont de ce marbre.

Le marbre verd antique, dont les carrieres sont perdues, est très rare. Sa couleur est mêlée d'un verd de gazon, & d'un verd noir par taches d'inégales formes & grandeur; il n'en reste que quelques chambranles dans le vieux château de Meudon.

Le marbre blanc & noir, dont les carrieres sont pordues, est mêlé par plaques de blanc très - pur, & de noir très - noir. De ce marbre sont deux petites colonnes corinthiennes dans la chapelle de S. Roch aux Mathurins, deux autres composites dans celle de Rostaing aux Feuillans rue S. Honoré, une belle table au tombeau de Louis de la Trémouille aux Célestins, ainsi que les pié d'estaux & le parement d'autel de la chapelle de S. Benoît dans l'église de

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