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3°. L'oeil nud ou armé d'un télescope, voit dans
la face de la lune des parties plus obscures que d'autres,
qu'on appelle maculoe ou taches. A travers
le télescope, les bornes de la lumiere paroissent
dentelées & inégales, composées d'arcs dissemblables,
convexes & concaves. On observe aussi des
parties lucides, dispersées ou semées parmi de plus
obscures, & on voit des parties illuminées par - delà
les limites de l'illumination: d'autres intermédiaires,
restant toujours dans l'obscurité & auprès des taches,
ou même dans les taches: on voit souvent de ces
petites taches lumineuses. Outre les taches qu'avoient
observées les anciens, il en est d'autres variables,
invisibles à l'oeil nud, qu'on nomme taches
nouvelles, qui sont toujours opposées au soleil, &
qui se trouvent par cette raison dans les parties qui
sont le plutôt éclairées dans le croissant, & qui perdent
dans le décours leur lumiere plus tard que les
autres intermédiaires, tournant autour de la lune,
& paroissant quelquefois plus grandes & quelquefois
plus petites. Voyez
Or, comme toutes les parties de la surface de la lune sont également illuminées par le soleil, puisqu'elles en sont également éloignées; il s'ensuit delà que s'il y en a qui paroissent plus brillantes, & d'autres plus obscures, c'est qu'il en est qui réfléchissent les rayons du soleil plus abondamment que d'autres, & par conséquent qu'elles sont de différente nature: les parties qui sont le plutôt éclairées par le soleil, sont nécessairement plus élevées que les autres, c'est - à - dire qu'elles sont au - dessus du reste de la surface de la lune. Les nouvelles taches répondent parfaitement aux ombres des corps terrestres.
4°. Hévelius rapporte qu'il a souvent trouvé
dans un tems très - serein, lors même que l'on pouvoit
voir les étoiles de la 6
5°. Cassini a souvent observé que Saturne, Jupiter & les étoiles fixes, lorsqu'elles se cachoient derriere la lune, paroissoient près de son limbe, soit éclairé, soit obscur, changer leur figure circulaire en ovale; & dans d'autres occultations, il n'a point trouvé du tout d'altération; il arrive de même que le soleil & la lune se levant & se couchant dans un ho<cb->
Or, comme nous savons par une expérience certaine
que la figure circulaire du soleil & de la lune
ne se changent en elliptique qu'à cause de la réfractionque
les rayons de ces astres souffrent dans l'atmosphere,
il est donc permis d'en conclure que dans les
tems où la figure presque circulaire des étoiles est
changée par la lune, cet astre est alors entouré d'une
matiere dense qui réfracte les rayons que les étoiles
envoient; & que si dans d'autres tems on n'observe
point ce changement de figure, cette même
matiere ne se trouve plus autour de la lune. Voyez
6°. La lune est donc un corps opaque, couvert de montagnes & de vallées. Riccioli a mesuré la hauteur d'une de ces montagnes, & a trouvé qu'elle avoit 9 milles ou environ, 3 lieues de haut. Il y a de plus dans la lune de grands espaces, dont la surface est unie & égale, & qui réfléchissent en même tems moins de lumiere que les autres. Or, comme la surface des corps fluides est naturellement unie, & que ces corps entant que transparens transmettent une grande partie de la lumiere, & n'en réfléchissent que fort peu, plusieurs astronomes ont conclu de - là que les taches de la lune sont des corps fluides transparens, & que lorsqu'elles sont fort étendues, ce sont des mers. Il y a donc dans la lune des montagnes, des vallées & des mers. De plus, les parties lumineuses des taches doivent être par la même raison des îles & des péninsules. Et puisque dans les taches & près de leur limbe on remarque certaines parties plus hautes que d'autres, il faut donc qu'il y ait dans les mers de la lune des rochers & des promontoires.
Il faut avouer cependant que d'autres astronomes ont prétendu qu'il n'y avoit point de mers dans la lune; car si on regarde, disent - ils, avec un bon télescope les grandes taches que l'on prend pour des mers, on y remarque une infinité de cavernes ou de cavités très - profondes, ce qui s'apperçoit principalement par le moyen des oinbres qui sont jettées au - dedans lorsque la lune croît, ou lorsqu'elle est en décours. Or c'est, ajoutent - ils, ce qui ne paroît guere convenir à des mers d'une vaste étendue. Ainsi ils croient que ces régions de la lune ne sont point des mers, mais qu'elles sont d'une matiere moins dure & moins blanche que les autres contrées des pays montueux.
7°. La lune est entourée, selon plusieurs astronomes, d'un atmosphere pesant & élastique, dans lequel les vapeurs & les exhalaisons s'élevent pour retomber ensuite en forme de rosée ou de pluie.
Dans une éclipse totale de soleil, on voit la lune couronnée d'un anneau lumineux parallele à sa circonférence.
Selon ces astronomes, on en a trop d'observations pour en douter. Dans la grande éclipse de 1715, on vit l'anneau à Londres, & par - tout ailleurs; Kepler a observé qu'on a vu la même chose à Naples & à Anvers dans une éclipse de 1605; & Wolf l'a observé aussi à Leipsick dans une de 1706, décrite fort au - long dans les acta eruditorum, avec cette circonstance remarquable que la partie la plus voisine de la lune étoit visiblement plus brillante que celle qui en étoit plus éloignée, ce qui est confirmé par les observations des astronomes françois dans les mémoires de l'Académie de l'année 1706.
Il faut donc, concluent - ils, qu'il y ait autour de la lune quelque fluide dont la figure corresponde à celle de cet astre, & qui tout - à - la - fois réfléchisse & brise les rayons du soleil; il faut aussi que ce fluide soit plus dense près du corps de la lune, & plus rare au - dessus; or comme l'air qui environne notre terre [p. 734]
Cependant d'autres astronomes prétendent que quand des étoiles s'approchent de la lune, elles ne paroissent souffrir aucune réfraction, ce qui prouveroit que la lune n'a point d'atmosphere, du - moins telle que notre terre. Ils ajoutent qu'il y a beaucoup d'apparence que sur la lune il n'y a jamais de nuages, ni de pluies. Car s'il s'y trouvoit des nuages, on les verroit, disent - ils, se répandre indifféremment sur toutes les régions du disque apparent, en sorte que ces mêmes régions nous seroient souvent cachées: or c'est ce qu'on n'a point observé. Il faut donc que le ciel de la lune soit parfaitement serein. Cependant les nuages pourroient se trouver dans la partie de l'atmosphere qui n'est point éclairée du soleil: car la chaleur qui est très - grande dans la partie éclairée, l'unique hémisphere qu'il nous est permis d'appercevoir, cette chaleur, dis - je, excitée par les rayons du soleil qui éclairent sans discontinuer ces régions de la lune pendant près de quinze fois 24 heures, suffit, ce semble, pour raréfier l'atmosphere de la lune. De plus, au sujet de cette atmosphere, M. le Monnier dit avoir remarqué en 1736 & 1738, que l'étoile Aldebaran s'avançoit en plein jour un peu sur le disque éclairé de la lune, où cette même étoile disparut ensuite après avoir entamé très - sensiblement le disque, & cela vers le diametre horisontal de la lune.
8°. La lune est donc à tous égards un corps semblable à la terre, & qui paroît propre aux mêmes fins; en effet, nous avons fait voir qu'elle est dense, opaque, qu'elle a des montagnes & des vallées; selon plusieurs auteurs, elle a des mers avec des îles, des péninsules, des rochers & des promontoires, une atmosphere changeant où les vapeurs & les exhalaisons peuvent s'élever pour y retomber ensuite; enfin elle a un jour & une nuit, un soleil pour éclairer l'un, & une lune pour éclairer l'autre, un été & un hiver, &c.
On peut encore conclure de - là par analogie une infinité d'autres propriétés dans la lune. Les changemens auxquels son atmosphere est sujette, doivent produire des vents & d'autres météores, &, suivant les différentes saisons de l'année, des pluies, des brouillards, de la gelée, de la neige, &c. Les inégalités de la surface de la lune doivent produire de leur côté des lacs, des rivieres, des sources, &c.
Or comme nous savons que la nature ne produit rien en vain, que les pluies & les rosées tombent sur notre terre pour faire végéter les plantes, & que
Moyen de mesurer la hauteur des montagnes de la
lune. Soit E D,
Parmi les autres observateurs qui ont tâché de représenter la figure de la lune, telle qu'on l'apperçoit avec des lunettes ordinaires, on compte principalement Langrenus, Hevelius & Grimaldi. Ils ont surtout représenté dans leur sénélographie, ou description de la lune, les plus belles taches. Hevelius qui appréhendoit les guerres civiles qui se seroient élevées entre les Philosophes modernes, si on donnoit leurs noms aux taches de la lune, au lieu de leur distribuer tout ce domaine, comme il se l'étoit proposé, jugea à propos d'y appliquer des noms de notre Géographie. Il est vrai que ces taches ne ressemblent guere, tant par rapport à leurs situations qu'à leurs figures, aux mers & aux continens de notre terre, dont ils portent le nom; cependant on a recommandé jusqu'ici aux Astronomes, ces noms géographiques, qui ne sauroient leur devenir trop familiers, principalement à ceux qui veulent étudier dans Ptolomée la Géographie ancienne.
M. le Monnier prétend que de toutes les figures de la lune qui ont été publiées jusqu'ici, celles qui ont été gravées en 1635 par le fameux D. Mellan, par ordre de Peirese, sur les observations de Gassendi, & qui consiste en trois phases (dont l'une représente la pleine lune, & les deux autres le premier quartier & le décours), sont sans contredit les meilleures & les plus ressemblantes. Quoiqu'il n'y ait pas plus de vingt ans qu'elles sont devenues plubliques, ces mêmes phases sont néanmoins des plus anciennes, puisqu'elles ont précédé celles d'Hevelius & de Riccioli, qui sont celles qu'on a le plus imitées, & dont les Astronomes ont le plus fait d'usage jusqu'à ce jour.
M. le Monnier a donné dans ses institutions astronomiques,
pag. 140, trois différentes figures ou
phases de la lune. La premiere est celle qu'Hevelius
a publiée en 1645, avec les termes de la plus grande
& de la plus petite libration; la seconde a été publiée
pour la premiere fois dans les mém. de l'académie
royale des Sciences, pour l'année 1692; les
termes de la plus grande & de la plus petite libra<pb->
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